Nicolas Schmit à l'occasion de la conférence sur les changements climatiques à Montréal

Monsieur le Président,

Que nous ayons adopté le protocole de Kyoto ou non, que nous disposions d’engagements chiffrés de réduction des émissions pour la période 2008 à 2012 ou non, nous sommes tous confrontés à la même réalité du changement climatique.

Ce changement climatique est une menace sérieuse pour le développement et la sécurité. Les pertes humaines et matérielles qu’il a déjà causées sont énormes. Elles continueront d’augmenter. C’est pourquoi il est capital qu’à cette 11e conférence à Montréal se dégage une volonté commune de toutes les parties de poursuivre la mise en œuvre efficace de la convention des Nations unies sur les changements climatiques.

Le Luxembourg a la ferme volonté de contribuer activement à des engagements précis en ce sens.

Se basant sur le principe de précaution, l’Union européenne s’est fixé comme objectif de limiter l’augmentation de la température globale à 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. Toutes les recherches scientifiques nous indiquent avec un degré de certitude de plus en plus élevé qu’à défaut d’y parvenir les conséquences seront désastreuses et irréversibles. L’adaptation au changement climatique atteint ainsi ses limites ; nous nous devons de renforcer notre action préventive, et le temps presse.

Cette limite de 2°C ne pourra être respectée que si nous parvenons à réduire les émissions au niveau mondial de manière substantielle, probablement de moitié, d’ici 2050. Il va sans dire qu’un effort collectif sera requis. Il est capital que nous nous mettions d’accord dès maintenant sur la nécessité de lancer un processus pour la période après 2012 – un processus auquel participeront toutes les parties à la Convention, selon leurs responsabilités communes mais différenciées, et leurs capacités respectives. L’UE a retenu cette année que le groupe des pays développés devrait faire des efforts largement au-dessus de la moyenne en réduisant ses émissions de 15 à 30 % d'ici 2020 et de 60 à 80 % d'ici 2050 par rapport aux valeurs de référence prévues dans le protocole de Kyoto.

Dans le cadre du protocole de Kyoto, le Luxembourg s’est engagé à réduire ses émissions de CO2 de 28 %. Objectif ambitieux et difficile à réaliser. Au niveau national, nous avons mis en place un programme de promotion des économies d’énergie et des énergies renouvelables. Ainsi, en moins de 3 ans, notre pays est devenu le leader mondial en ce qui concerne la puissance photovoltaïque installée par habitant, avec plus de 50 Watt par habitant.

Nous avons également créé en 2004 un fonds de financement des mécanismes de Kyoto doté dans une première phase de 15 millions d’Euros pour les années 2005 et 2006. Il nous permettra de participer à des projets CDM et JI.

Monsieur le Président,

Les pays industrialisés devront non seulement continuer à assurer leur rôle de leader dans un futur régime; ils devront aussi se montrer solidaires envers les pays en développement, souvent les plus exposés aux conséquences du changement climatique. La mise en œuvre des objectifs du millénaire doivent contribuer à améliorer la sécurité environnementale et le respect des équilibres écologiques.

Le Luxembourg pour sa part s’est engagé à Rio en 1992 de porter son aide publique au développement à 0,7 % du produit national brut en l’an 2000, objectif qui a été dépassé et qui atteint 0,85 % du PNB.

Monsieur le Président,

La lutte contre l’effet de serre n’est pas seulement un énorme défi pour préserver les écosystèmes de notre planète, elle constitue également une formidable chance pour le développement de nouvelles technologies respectueuses de l’environnement. Il n’y a à cet égard pas d’opposition entre le renforcement de la croissance et le développement économique d’une part, et une utilisation plus rationnelle et plus économe des ressources naturelles d’autre part. Nous devons, grâce à un cadre approprié d’incitations, orienter nos économies vers un développement plus durable en encourageant notamment la recherche et l’innovation technologique, ainsi que la diffusion des technologies environnementales existantes. Ceci est particulièrement vrai pour le domaine de l’approvisionnement en énergie à un moment où la consommation d’hydrocarbures est en forte augmentation.

Monsieur le Président,

Nous avons la possibilité de lancer un processus aboutissant à un nouveau régime climatique multilatéral à la fois équitable et efficace d’un point de vue environnemental et économique. Seule une approche basée sur la solidarité, la responsabilité partagée et la coopération entre toutes les Parties nous permettra d’y arriver, dans l’intérêt de nous tous et des générations futures.

Je vous remercie.

Dernière mise à jour