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Discours d'Octavie Modert à l'occasion de la journée d'action OGM, le 22 mars 2009
Les OGM sont un sujet d’actualité, qui nous concerne et préoccupe tous, que nous soyons agriculteurs, consommateurs ou décideurs politiques.
La transformation génétique en milieu confiné est connue et utilisée, depuis longtemps dans de nombreux domaines : médecine, pharmacie, chimie, etc.…
Cependant en agriculture et en alimentation, donc le milieu ouvert, où la mise sur le marché des plantes transgéniques remonte seulement au milieu des années quatre-vingt-dix, l’utilisation, la consommation et la dissémination d’OGM dans l’environnement naturel, soulève des questions auxquelles toutes les réponses ne sont pas encore connues, notamment en ce qui concerne les effets à long terme des OGM sur le milieu naturel, sur la biodiversité, mais aussi sur la santé humaine, et finalement pour l’agriculture biologique bien plus encore que pour l’agriculture conventionnelle.
En attendant, nous, les responsables du Ministère de l’Agriculture estimons que l’application du principe de précaution est de mise en agriculture.
C’est également dans ce sens que le Ministre de la Santé entend au nom du gouvernement luxembourgeois faire usage de la clause de sauvegarde prévu à la directive 2001/18 pour interdire le maïs transgénique MON810 à Luxembourg.
Le Luxembourg par la voix de son Ministre de l’Agriculture s’est toujours opposé au niveau communautaire à l’introduction des OGM en agriculture. Je peux vous assurer que nous allons continuer dans cette direction.
Depuis longtemps l’agriculture luxembourgeoise a résolument opté pour des filières de production de qualité, afin de se démarquer positivement des produits de masse en provenance d’outre-mer et de survivre face à la globalisation et à la mondialisation croissante des échanges des produits agricoles.
Dans ce concept, visant à valoriser les atouts du terroir et offrir aux consommateurs des produits agricoles régionaux haut de gamme d’une qualité irréprochable, il n’y a actuellement pas de place pour la culture des OGM.
Certes, les consommateurs doivent en contrepartie, faire l’effort pour payer le prix de telles productions exemptes d’OGM.
En tout cas, si nous voulons continuer à bénéficier dans le futur d’une production agricole sans OGM, nous devons nous donner les moyens pour maintenir au Luxembourg et en Europe une agriculture indépendante, économiquement viable et compétitive.
Et même si la culture de certains OGM était autorisée au Luxembourg, le Ministère de l’Agriculture a doté notre pays d’une législation nationale très stricte en matière de coexistence entre OGM et cultures traditionnelles, en sorte qu’une mise en culture d’OGM sera pratiquement impossible. Nous sommes un pays à taille réduite, avec un morcellement des champs important, il ne s’agit pas d’être imprudent en la matière – même si la Commission européenne nous observe de près au nom de la libre circulation et du seuil de tolérance de 0.9% arrêté au niveau communautaire. Je suis d’avis qu’il faut une réelle liberté de choix, non seulement dans une direction à sens unique telle que voulue actuellement par la Commission européenne.
Plus que jamais je reste convaincue du bien fondé de notre législation sur la coexistence. Elle assure une transparence absolue et une responsabilisation sévère concernant les cultures d’OGM. Nos mesures nationales confèrent une garantie et une protection maximale aux producteurs n’ayant pas recours aux OGM, vis-à-vis d’une dissémination involontaire d’OGM sur leur exploitation agricole, et continuent ainsi à garantir la liberté de choix des agriculteurs et des consommateurs.
Mais il ne faut pas ignorer que les cultures d’OGM progressent rapidement hors d’Europe. C’est pourquoi, nos mesures de coexistence restent le meilleur rempart contre les OGM.
Cependant nos agriculteurs sont confrontés à une autre difficulté, et elle est de taille : à savoir se procurer une alimentation fourragère pour animaux sans OGM. Leur liberté de choix est fondamentalement réduite sur ce point, et il ne s’agit pas de diaboliser les agriculteurs européens ou luxembourgeois à cet égard, c’est une circonstance indépendante de leur volonté et de leur choix. Plutôt que de stigmatiser les producteurs agricoles traditionnels, il convient de cibler vos actions contre les grands producteurs internationaux et les multinationales produisant sur d’autres continents, qui mettent nos agriculteurs peu à peu devant le fait accompli en matière d’alimentation animale.
Le Luxembourg est actuellement un pays libre de cultures d’OGM.
Si chaque organisme génétiquement modifié est différent, nous n’en connaissons pas les conséquences sur le long terme. C’est une situation qui n’est pas imputable aux agriculteurs luxembourgeois, et le Ministère de l’Agriculture continuera à voter contre les OGM au niveau communautaire, comme il l’a toujours fait par le passé, et comme tous les membres de Gouvernement luxembourgeois compétents en la matière, Ministre de l’Environnement, Ministre de la Santé, l’ont eux aussi constamment fait dans leurs enceintes européennes respectives.
Vous savez qu’il y a eu récemment des évolutions politiques au niveau décisionnel de l’UE en matière d’autorisation d’OGM, et le Ministre de l’Environnement M. Lux vient de nous en parler en y ayant activement collaboré. Le Gouvernement luxembourgeois dans son ensemble a décidé de prendre une initiative qui nous sera maintenant annoncée par le Ministre de la Santé M. di Bartolomeo.
Le sujet des OGM est complexe et comporte de multiples facettes. Difficile à communiquer dans ses nombreuses conséquences et effets sur le plan de la recherche, du commerce et de l’alimentation, il faut prendre garde à ne pas imputer la faute à ceux qui n’y sont pas à l’origine, mais sont contraints à en subir les conséquences : les agriculteurs autant que les consommateurs.
Je vous remercie de votre attention.