Jean-Claude Juncker, Discours prononcé à l'occasion de la cérémonie de remise du titre de docteur honoris causa de la faculté de droit de l'Université d'Athènes, Grèce

Monsieur le recteur,
Monsieur le Vice-Premier ministre,
Monsieur le président de la République, que je remercie très particulièrement de s'être déplacé,
Monsieur le président de la faculté de droit,
Mesdames et Messieurs les anciennes et anciens,
Ministres et commissaires,
Monsieur le Premier ministre, que je remercie lui aussi tout particulièrement d'être venu,
Monsieur le président de la Nouvelle Démocratie,
Monsieur le président Flogaitis,
Mesdames et Messieurs,

Mes chers amis.

Je suis – alors que parfois honoré ailleurs – tout particulièrement fier de me voir décerner le titre de Docteur honoris causa de votre université, qui n'est pas n'importe quelle université, puis qu'il s'agit de l'Université nationale d'Athènes, dont la réputation mondiale n'est pas à faire.

Lorsque, pendant le vol qui m'a conduit de Luxembourg à Athènes, je me suis davantage familiarisé avec – comme disent les économistes et les ministres des Finances, qui ne réfléchissent pas – les données fondamentales de votre université, je me suis aperçu qu'à l'université d'Athènes il y a 120.000 étudiants et 2.200 enseignants.

Comme le vice-recteur de l'université de Luxembourg m'accompagnait, que je salue cordialement, je me suis renseigné sur, comme disent les ministres des Finances naïfs, sur les données fondamentales de la nouvelle université du Luxembourg, qui fut créée contre ma volonté il y a quelques années. Et je me suis aperçu qu'à l'université de Luxembourg il a y 5.000 étudiants, mais 500 enseignants.

Donc, à Luxembourg il y a 1 enseignant sur 10 étudiants, alors qu'à Athènes – une université dont la réputation mondiale n’est plus à faire – il y a 1 enseignant pour 60 étudiants. Et puis je me suis aperçu du fait qu'il y a 28 étudiants grecs qui étudient à Luxembourg, et il n'y a pas un seul Luxembourgeois qui fait ses études à Athènes.

Et puis je me suis rendu compte du fait que, sur 2,8 étudiants grecs à Luxembourg, il y a un enseignant et que pour 0 étudiants luxembourgeois il y en a 2.200 à Athènes. Ce qui prouve à l'évidence, mon cher ministre des Finances, que l'allocation des ressources humaines diffère d'un pays à l'autre.

Je dois vous dire, excellences, mes chers amis, qu’Athènes, pour nous autres européens, luxembourgeois et pour moi-même, n'est pas un endroit neutre. On ne va pas à Athènes comme on va dans n'importe quelle ville européenne, puisque, d'une façon directe, indirecte, nous sommes tous d’une certaine façon des descendants des pères d'Athènes. Et donc, nous sommes tous redevables de la civilisation grecque, qui s'est construite lentement au cours des siècles, par soubresauts, par mouvements brusques, par gesticulations énormes, et qui par la découverte de la rationalité a permis à notre civilisation, que nous aimons appeler "occidentale", de se distinguer par rapport à d'autres.

J'aime la découverte hellénique de la rationalité, parce que je crois toujours que la construction européenne, elle aussi est une affaire rationnelle, mais elle n'est pas seulement rationnelle, elle est aussi sentimentale. Elle est d'esprit, elle est de cœur. Il faut avoir les deux pour comprendre toutes ses dimensions.

L'apport de la Grèce à la civilisation qui est et qui fut, fut énorme. Et l'apport de votre honorable université à la pensée et la méditation européenne ne le furent pas moins.

Aujourd'hui je peux dire « notre université », puisque j'ai apprécié à la relecture des performances de cette université, quel enrichissement elle a apporté à la méditation européenne, et j'ai relu, tout en le sachant déjà, que l'apport de cette université, de ses professeurs, de ses étudiants fut énorme lorsqu'il s'agissait de mettre un terme au régime terrible des colonels, que j'ai observé de loin lorsque j’étais jeune. Les professeurs, les étudiants de cette université ont su dire non à la domination par autrui et ont refusé la violence physique, la violence morale, la violence intellectuelle en s'opposant au régime dictatorial qui a eu cours en Grèce.

La liberté intellectuelle c'est la faculté, le pouvoir de dire non. Et les professeurs et les étudiants de cette université ont su dire non à un moment où il apparaissait être plus facile de dire oui, comme tant d'autres.

En le faisant, les professeurs – dont certains sont devenus ministres et députés par la suite – et les étudiants ont poursuivi, en faisant l'engagement de leur vie, le message qui résume la première phrase de la déclaration d'indépendance de la Grèce que monsieur le professeur a eu la délicatesse de mettre en exergue de son discours qui concernait ma personne. Et je voulais le remercier d'avoir trouvé les mots justes, bien qu'ils furent, mais par endroits seulement, exagérés et en règle générale empreinte d'une politesse intellectuelle qui, Monsieur le professeur, m'honore profondément.

Je me sens donc en communion profonde avec cette université, avec la nation grecque.

La Grèce, on le dit souvent, mais on ne sait plus ce que cette référence veut dire, a inventé, j’ose dire, la démocratie. Et les professeurs, les étudiants de cette université ont su la défendre lorsqu'elle était menacée. Ceux qui vous ont précédé, mais vous poursuivez cette tâche, ont inventé la démocratie et ont inventé la règle de droit.

Celui qui réfléchit à l'existence humaine, au destin et au devenir de l'homme, et donc celui qui aime les autres, c'est-à-dire les hommes ; et celui qui aime le droit, c'est-à-dire la règle normative et les deux sont indissociables – on ne peut pas aimer les hommes lorsqu'on n'aime pas le droit, et on est un mauvais constructeur de droit lorsqu'on n'aime pas les hommes. Quand moi, j'aime les hommes ; quand moi, j'aime les autres ; quand moi, j'aime le droit ; quand moi, j'aime la règle normative que le droit impose à l'organisation de la cité, je me sens grec. Je me sens européen, puisque la Grèce et l'Europe sont, comme disait Pascal, des choses qui vont ensemble. Europe et la Grèce sont deux êtres vivants qui vont ensemble.

Comme j'aime les hommes, comme j'aime le droit, comme j'aime la règle de droit, comme j'aime les choses qui vont ensemble, très naturellement je suis grec, je suis européen et tout à fait naturellement je suis devenu, il ne pouvait pas y avoir d'autre issue, Docteur honoris causa de cette université, titre dont je tire une grande fierté.

Je vous ai parlé, mes chers amis, de la Grèce qui fut et qui suscita l'admiration à travers les siècles. Je voudrais vous parler avec modestie de la Grèce qui suscite toujours l'admiration et de la Grèce telle qu'elle est.

La Grèce, pour le dire en un mot qui résume tout un raisonnement et toute une pensée articulée, a sa place en Europe. En dépit des difficultés qui sont actuellement les siennes, la Grèce a évidemment sa place au sein de la zone euro. La Grèce a sa place en Europe, la Grèce est un moteur constructif de l'avenir européen, parce que, outre ses nombreuses qualités, la Grèce a des particularités que les autres pays de l'Union européenne n'ont pas.

La Grèce est la grande spécialiste des Balkans. J'ai survolé les Balkans en venant à Athènes. Qui connaît mieux les complications de cette région ultratourmentée que constituent les Balkans, que la Grèce. Qui connaît mieux que la Grèce l'Albanie, aux prises avec des difficultés énormes, qui peuvent paraître aujourd'hui insurmontables. Qui connaît mieux que la Grèce l'autre rive de la Méditerranée, où se rencontrent l'Égypte, la Libye, la Tunisie, dont la plupart des gouvernements aujourd'hui se révèlent avoir été les grands spécialistes, tout en ne voyant pas venir les mouvements profonds, alors que la Grèce est à l'écoute de l'autre rive de la Méditerranée.

La Grèce a des oreilles autrement plus grandes, lorsqu'il s'agit des Balkans, lorsqu'il s'agit de l'Albanie, lorsqu'il s'agit de l'autre rive que la Méditerranée, que tous les autres pays européens.

La Grèce, qui regarde la Turquie et le monde turcophone avec d'autres yeux et qui l'écoute avec d’autres oreilles, qui a su développer une faculté d'écoute que les autres n'arriveront jamais à avoir.

La Grèce, donc, qui est constructrice, qui est motrice et qui est aussi, sans se perdre dans un quelconque voyeurisme, l'observateur privilégié et l'informateur excellent des autres européens sur les parties de l'Europe qui l'avoisinent, ou qui, de l'autre côté de la Méditerranée jettent le regard sur le continent européen avec beaucoup d'espoir et beaucoup d'enthousiasme.

La Grèce a sa place en Europe, à cause de vous qui êtes là ; à cause des autres qui vous ont délégués, mais aussi à cause de Platon et de Socrate. Platon et Socrate ne peuvent pas jouer en deuxième division de l'Europe. Leur place est en première division, tout comme la place des Grecs aujourd'hui est en première division.

Vous devez savoir que j'ai étudié l'ancien grec, mais pendant 6 mois seulement. Et puis j'ai abandonné et j'ai choisi le latin, plus facile que l'ancien grec. Et puis, pour les études de juriste, auxquelles je me destinais déjà, l'enseignement du latin fut plus propice à la bonne compréhension des adages qui ont fait l'architecture du droit romain et de tous les droits qui sont suivis.

Mais pour les hommes de ma génération, la Grèce, ce fut Platon, ce fut Socrate, ce fut Thucydide, ce fut Solon, ce furent tous les autres, innombrables. Mais ce fut aussi Mikis Theodorakis, ce fut Melina Mercouri – aux funérailles de laquelle j'ai assisté en tant que jeune ministre du Travail qui assistait à une réunion informelle des ministres du Travail à Athènes – c'est Nana Mouskouri…

Je ne tire pas, pour ne pas les gêner, une parallèle entre les grands ancêtres de la pensée grecque et ceux qui la traduisent en d'autres mots, avec d'autres mélodies dans un langage contemporain. Mais il faut savoir que pour nous, les autres européens éloignés de la Grèce, séparés de la Grèce par cette région compliquée des Balkans, dont j'estime qu'il faudra que nous l'intégrions dans l'ensemble et dans la sphère de solidarité de paix européenne, que la Grèce moderne nous a parlé par ceux que je viens de mentionner.

Évidemment la place de la Grèce, le milieu naturel, l'ambiance naturelle, vivante de la Grèce, est au sein de la zone euro. Je me suis toujours opposé à ceux, je devrais dire aux idiots, qui ont suggéré que la Grèce devrait quitter la zone euro.

Mes chers amis, l'Europe n'est pas faite pour éjecter. L'Europe est faite pour intégrer. Et la Grèce a su intégrer l'Union européenne après tant de péripéties, après une période dictatoriale des plus terribles. La Grèce a su intégrer l'Union européenne et la Grèce a su intégrer – avec des données qui parfois donnaient lieu à interrogations – la zone euro. Et donc elle doit faire partie de cette zone qui organise l'intersection entre la solidité de ceux qui parfois ont été fautifs et la solidarité de ceux qui se portent mieux, dû à de nombreux accidents positifs de l'histoire.

Je plaide toujours – Georges mon cher ami, le ministre des Finances, le sait bien – la cause de la solidité. Il n'y a pas d'avenir et il n'y a pas de survie pour la zone euro si ceux qui ont été moins performants en termes de compétitivité et en matière de consolidation fiscale ne se vouent pas corps et âme à la solidité. La consolidation budgétaire est sans alternative et sans option. Le fait que ceux qui sont moins performants doivent exceller dans la recherche d'une compétitivité mieux articulée est une évidence.

Je le dis avec Thucydide qui, il y a 2.300 ans, a dit que l'histoire est un éternel recommencement. Le passé doit servir d'enseignement au présent et les erreurs du passé peuvent être évitées. Que tous les Grecs d'aujourd'hui soient comme Thucydide et réfléchissent à l'enseignement qui fut proféré par un des plus grands Grecs qui furent.

Mais il est évident qu'à la solidité, mise en œuvre par ceux qui apparaissent comme étant plus faibles, alors qu’ils ne le sont pas devant l'histoire, alors que leur passé les porte vers un avenir radieux, qu'à cette exigence de solidité correspond une exigence non moins forte qui est celle de la solidarité. Et la Grèce, pour ce qu'elle fut, pour ce qu'elle est, pour ce qu'elle pourra devenir et pour ce qu'elle sera, mérite évidemment cette solidarité européenne.

Nous devons tous apprendre – vous les Grecs, nous les Luxembourgeois, tous les Européens – à gérer d'une façon collective et solidaire la monnaie unique. Exigence à laquelle je faisais référence lorsque j'ai parlé de l'intersection qui doit se construire entre la solidité et la solidarité.

Être membre de la zone euro impose des obligations ardentes à ceux qui partagent la monnaie unique. Et donc, il doit y avoir un consensus, non seulement informel, mais vraiment formalisé sur les obligations qui résultent de l'appartenance à la zone euro. Mais lorsque nous discutons de l'intersection de la solidité des uns et de la solidarité des autres – et la solidité d'aujourd'hui dans le chef des uns peut devenir exigence de solidité demain dans le chef des autres, et solidarité dans le chef des uns aujourd'hui peut devenir exigence de solidarité dans le chef des autres demain – nous devons toujours faire en sorte que tous en Europe nous respections la dignité des nations.

J'étais peiné par le fait que notamment, s'agissant de la Grèce, certains aient oublié de parler de la Grèce avec l’exigence de dignité qui s'impose à chacun, qui comprend dans son entièreté l'identité et toute la dimension de la Grèce. Curieusement, après tous les martyrs européens, après tous les déchirements continentaux, nous n'avons pas appris à respecter la dignité des autres. – Sauf le Luxembourg, qui n'a pas de passé guerrier, tout en ayant été victime de l'affrontement des autres. – La dignité exige qu'on parle de la Grèce avec la retenue que l'histoire et le devenir de la nation grecque imposent à tout observateur.

Je voudrais, indépendamment des considérations gravitant autour de l'euro, vous dire que la dignité de la nation grecque exige par exemple que nos amis britanniques fassent revenir en Grèce les reliefs et les autres signes archéologiques qui appartiennent à cette nation et qui n'ont aucun droit d'avoir été appropriés par d'autres. Je voudrais qu'au nom de la dignité de la nation hellénique, ce qui nous appartient nous soit retourné. Les monuments éternels grecs sont aussi nos monuments éternels. Et je voudrais qu'ils redeviennent complets et donc que nos amis britanniques fassent preuve, non pas de générosité, mais de justice redistributive, en retournant à la nation grecque ce qui n'appartient pas à la nation britannique.

Donc, cette danse, ce tango, ce mélange, cette intersection entre solidité et solidarité devrait trouver application, je crois, dans tous les domaines. Parce qu’il est facile de se dire européen lorsque tout va bien. Lorsqu'il n'y a pas de problèmes, tout le monde se tape sur l'épaule, et il y a des processions interminables, de longs cortèges des amis de l'Europe. Mais lorsque quelqu'un va mal, plus mal ; lorsque quelqu'un est en difficultés, alors il faut montrer ce que solidarité et conscience européenne veulent dire.

Et je voudrais dire, sans m'immiscer dans l'internalité des problèmes qui sont les vôtres et que je connais au détail, parce que j'aime les Grecs et j'aime cette nation – pour le moment dans la tourmente, parce qu'elle cherche une issue à ses problèmes – je voudrais dire que les sacrifices qui sont demandés aux Grecs, notamment aux plus humbles et aux plus ordinaires des Grecs qui ne sont pas moins intelligents que les plus riches, je voudrais dire à mes amis grecs que ça vaut la peine. On peut discuter du détail des mesures. Mais les Grecs d'aujourd'hui doivent savoir qu'ils sont en train de construire l'avenir de leurs enfants. Si on continue comme si rien n'était, si on ne réagit pas, si on ne consolide pas, l'avenir des jeunes Grecs de demain sera autrement plus difficile que la réalité des Grecs d'aujourd'hui. Et donc, il est le devoir de la génération qui est d'assurer la prospérité et le bonheur de la génération qui nous succédera.

Mais cela doit se faire avec un sens aigu de l'équité sociale. Si on est inattentif lorsqu'il s'agit de maintenir la cohésion sociale en vie et d'en faire une réalité qui dure, on risque de tout perdre. Et je dis avec Solon que la règle de droit, donc la norme qui s'impose à tous, doit être juste, Solon qui a rédigé des lois égales pour les nobles et pour les roturiers, fixant pour chacun une justice droite. Il s'agit d'appliquer, lorsqu'on agit, la justice droite, c'est-à-dire l'équité sociale qui assure la cohérence et la cohésion sociale ; qui fait en sorte que les efforts d'aujourd'hui ne soient pas perçus comme une exigence du moment, mais comme une prémisse qui fera, lorsqu'on la rencontrera, le bonheur des générations à venir.

Je crois profondément que, ni pour les Grecs, ni pour tous les autres qui habitent notre continent, il n’y aura pas de bonheur, si nous ne veillons pas au maintien de la vivacité du projet européen.

Nous pensons toujours qu'il est plus difficile aujourd'hui de plaider la cause de l'intégration européenne. Ce n'est pas vrai. Ceux qui, en 1945, sont retournés des camps de concentration, martyrisés, torturés, battus, presque tués ; et ceux qui sont revenus des champs de bataille et ont regardé la mort les yeux dans les yeux, ils avaient beaucoup plus de mal à concevoir l'idée que, plus jamais cette phrase éternelle d'après-guerre qui dit « plus jamais la guerre » devrait devenir non seulement une prière, mais un programme politique.

Ce programme politique que les pères de l'Europe ont adopté – certains en prison, certains en camp de concertation, certains dans la misère absolue, certains dans le désespoir le plus intégral – cette prière, ce concept de vouloir à tout prix l'Europe pour éviter au continent la répétition des affres du passé, est devenu un programme politique qui sort ses effets bénéfiques jusqu'à aujourd'hui.

Les hommes et les femmes de ma génération n'ont rien donné à l'Europe. Rien ! Nous avons hérité de l'Europe.

Oui, moi et d'autres, certains ici, avons contribué à doter l'Europe d'un marché unique et d'une monnaie unique. J'ai négocié l'Acte unique, parce que je suis vieux, je suis un vétéran, je suis ministre depuis 28 ans – mais je rends attentif au fait que de temps à autre il y a des élections au Luxembourg, donc je ne suis pas un putschiste, je suis régulièrement réélu. J'ai présidé la conférence intergouvernementale qui a conduit au traité de Maastricht et à la monnaie unique, à l'euro. Je dis souvent que, comme je suis le dernier signataire du traité de Maastricht qui est encore actif en politique, l'euro et moi nous sommes les seuls survivants du traité de Maastricht. Mais nous avons peu donné, parce que nous avons pour obligation ardente de soigner l'héritage que nous avons reçu de ceux qui nous ont précédés.

Alors, devant ces réalités et devant cet énorme espoir que je continue d’avoir pour l'Europe, je voudrais dire que je ne vois pas d'Europe sans la Grèce ; je ne vois pas la construction européenne sans la Grèce ; je ne vois pas la construction monétaire de l'Europe sans la Grèce. La Grèce a toute sa place dans les deux ensembles que constituent l'Union européenne et la zone monétaire que nous appelons celle de l'euro.

Et je voudrais dire que je suis fier d'être Docteur honoris causa de votre faculté de droit, parce que je suis juriste et je n'ai pas fait de doctorat en droit. J'étais étudiant à Strasbourg, mais je n'ai pas aimé le droit, je dois le dire.

(…)

Mais je suis devenu juriste parce que j'aime la rationalité, j'aime la logique juridique, au moment où jeune assistant parlementaire, je commençais à écrire des textes de droit, ce que je fais encore aujourd'hui au quotidien, parce que je prétends toujours que, lorsqu'on écrit et donc fait le droit, on reste en contact avec cette science exacte que constitue le droit.

Je le dis pour les économistes qui se vouent à une science qui est moins exacte que le droit, bien que je sache que la faculté du droit englobe à Athènes également les sciences économiques. Mais comme président de l'Eurogroupe, je sais que le droit est une science plus exacte que l'économie. Je m'excuse auprès des sommités économiques qui sont ici rassemblés.

Je voudrais donc que la Grèce défende son honneur et dit ce qu'elle a à dire. Qu'elle soit modeste, oui, mais qu'elle soit exigeante à l'égard d'elle-même et à l'égard de ceux qui sont ses partenaires et – c’est mon cas – ses amis en Europe.

Je voudrais qu'après que la Grèce soit devenue championne d'Europe en foot, qu'elle redevienne, pour le rester, championne en Europe.

Merci beaucoup.

Membre du gouvernement

JUNCKER Jean-Claude

Organisation

Ministère d'État

Date de l'événement

07.02.2011