Jean Asselborn, Discours à l'occasion du petit-déjeuner de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF)

Accompagnement des transitions

Madame la Présidente,
Messieurs les Secrétaires généraux,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Je vous remercie de l’initiative de notre réflexion d’aujourd’hui.

Nous l’avons une nouvelle fois entendu ce matin: la Francophonie est de plus en plus active pour contribuer à la prévention et au règlement pacifique des conflits et des crises politiques, et je m’en félicite. Il est essentiel que nous mettions en oeuvre les textes fondateurs de notre engagement en la matière, en particulier les déclarations de Bamako et de Saint Boniface, et bien sûr le suivi qui leur a été donné au sommet de Montreux.

La Francophonie, au travers de la panoplie de ses instruments d’alerte précoce et de réaction rapide, met, et doit mettre, son expertise et son savoir�?faire, qui sont complémentaires des activités menées par les autres organisations régionales et internationales, au service de la démocratie et de l’ordre constitutionnel dans ses Etats membres.

Nous devons tout particulièrement soutenir notre organisation dans ses efforts pour accompagner les processus électoraux. La tenue d’élections libres et transparentes constitue une étape décisive en vue du retour à l’ordre constitutionnel. La Guinée est un excellent exemple pour l’action de la Francophonie dans ce domaine. L’OIF a mis à disposition des experts francophones pour renforcer les capacités des institutions électorales et les accompagner dans la planification et l’exécution des différentes tâches afférentes au processus électoral. L’OIF a également été un membre précieux du Groupe de contact sur la Guinée, et est désormais un membre de la Formation Guinée de la Commission de consolidation de la paix des Nations Unies que mon pays a l’honneur de présider.

Il sera important que l’OIF continue, en coopération et en coordination étroite avec d’autres instances, à accompagner la Guinée sur la voie de la consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit, notamment en vue des élections législatives qui devraient se tenir encore cette année, et dont les préparatifs doivent obligatoirement se faire dans le dialogue national avec toutes les parties concernées.

Nous pouvons, collectivement, améliorer encore notre dispositif, par exemple en développant davantage la réactivité de notre Organisation face à des risques de crise, surtout quand un coup d’Etat, une rupture de l’ordre constitutionnel ou un déréglement du processus de construction de l’Etat de droit sont à craindre. Nos mécanismes d’alerte fonctionnent, mais nous peinons parfois à traduire en actions concrètes nos analyses d’une situation donnée.

En 2000 déjà, par la déclaration de Bamako, nous nous sommes donné l’instrument de suspendre la participation aux instances de la Francophonie, en cas de rupture de la démocratie ou de violations des droits de l’homme. C’est très bien: le fait d’avoir recours à cette suspension pour avertir ceux de nous qui se croient intouchables et au-dessus du droit montre que nous savons faire preuve de courage, quand il le faut.

Mais, trop souvent encore nous ne faisons que réagir à des évidences. Quand nous avons suspendu la Syrie en juillet, les exactions avaient duré depuis quatre mois déjà.

Madame la Présidente,

L’accompagnement des transitions, c’est aussi un engagement de la Francophonie pour le maintien et la consolidation de la paix. Dans ce domaine, beaucoup reste à faire. Malgré toute la bonne volonté de nos dirigeants, nous avons du mal à fournir, collectivement, suffisamment d’agents de maintien et de consolidation de la paix, et surtout de casques bleus pour les opérations de maintien de la paix de l’ONU, pour répondre aux besoins. Or, nombre des opérations onusiennes ont lieu dans des pays francophones où la présence de casques bleus francophones revêtirait une grande importance. Le Luxembourg cherche autant qu’il peut d’apporter sa part en termes de troupes, mais ces ressources y sont, comme vous l’imaginez, limitées. Nous avons de ce fait récemment financé la traduction de manuels d’entraînement des casques bleus onusiens vers les langues officielles de l’ONU, et en particulier le français. C’est notre contribution modeste pour encourager le déploiement de davantage de contingents francophones, qui feront une différence sur le terrain puisqu’ils peuvent communiquer avec les populations locales qu’ils protègent.

Madame la Présidente,

Pour finir, un mot sur les transitions les plus récentes, si je puis dire ainsi, que l’OIF accompagne. En Tunisie et en Egypte, où les sociétés civiles courageuses, organisées et responsables ont donné l’exemple à tout le monde arabe, la Francophonie est au rendez�?vous. Je me félicite vivement que notre organisation s’engage en Tunisie pour le renforcement des capacités des structures électorales, pour la formation des forces qui doivent sécuriser les élections et pour le traitement du contentieux électoral. J’espère vivement que l’OIF continuera à appuyer de toutes ses forces les transitions démocratiques dans ces deux pays phares du printemps arabe, et qu’elle n’hésitera pas non plus à s’engager davantage et de manière plus critique.

Je vous remercie.

Membre du gouvernement

ASSELBORN Jean

Date de l'événement

20.09.2011

Type(s)

Réunion internationale (sauf UE)