Jean-Claude Juncker, Discours à l'occasion de l'inauguration du monument en mémoire aux enrôlés de force luxembourgeois morts en captivité à Tambov et à Kirsanov, Russie

Monsieur le Gouverneur,
Monsieur le Ministre,
Messieurs les Ambassadeurs,
Chers représentants des Anciens de Tambov,
Mesdames, Messieurs,

Les hommes ont inventé la langue pour leur permettre d’exprimer des sentiments forts. Or, la langue ne connaît pas de mots suffisamment forts pour traduire ce que nous ressentons ce matin.

Il y a 70 ans, le 30 août 1942, l’occupant nazi a introduit l’enrôlement de force des jeunes Luxembourgeois dans les armées allemandes. La Deuxième Guerre mondiale, cette terrible guerre mondiale, a éloigné en les déracinant de leur patrie des milliers de Luxembourgeois qui devaient revêtir un uniforme nazi, qui n’était pas le leur. Cette guerre qui a brisé tant de biographies, qui a interrompu tant de rêves, qui a empêché aux jeunes d’être jeunes, a amené beaucoup de Luxembourgeois dans cette région de la Russie.

Aucun discours, aucun assemblage de phrases ne peut refléter le malheur et les sacrifices de ces jeunes Luxembourgeois.

Nous sommes ici pour honorer la mémoire de tous ces jeunes. Et nous sommes ici pour honorer la mémoire de ceux qui furent emprisonnés ici. Nous sommes ici pour les remercier pour ce qu’ils ont fait pour leur pays, pour leur patrie, pour leurs familles. Nous sommes ici pour célébrer en fait une toute dernière fois la fin de la guerre. Nous sommes ici parce que le génie des peuples européens nous a permis de mettre fin à ce funeste décret de l’histoire, qui voulait que l’Europe soit divisée en deux parties pour tout jamais.

Pour la première fois dans l’histoire des hommes, les hommes des générations postérieures ont su transformer cette éternelle prière d’après guerre « Plus jamais la guerre ! », en un programme politique qui déploie ses bienfaits jusqu’à ce jour.

En fait cet endroit, qui pour nous est un endroit sacré, impose le silence. Mais nous n’avons pas le droit de rester silencieux. Nous devons dire et redire aux hommes d’aujourd’hui : Plus jamais la guerre !

Le monument que nous venons d’inaugurer est un monument de paix. Je voudrais remercier tous ceux dont le concours des volontés a fait que nous puissions être ici ce matin.

Nous sommes venus, oui, le cœur lourd, mais nous sommes aussi venus le cœur rempli de joie, parce que sont nées entre cette région de la Russie est mon pays des relations cordiales. Donc je voudrais remercier le gouverneur et les autres autorités de leur hospitalité remarquable. Promettons aujourd’hui solennellement de tout faire pour garder vive la mémoire !

J’aurais envie de m’adresser directement aux anciens prisonniers, mais en fait l’émotion m’en empêche. Je voudrais tout simplement leur dire le respect des jeunes générations. Et je voudrais leur dire qu’ils ne sont pas oubliés, et que nous sommes fiers d’eux.

Je voudrais que l’amitié entre la Russie et le Grand-Duché de Luxembourg perdure. Nous admirons de tout notre cœur la grande nation russe et le grand peuple russe, dont nous savons les sacrifices et les malheurs.

Vive l’amitié entre les peuples russe et luxembourgeois!

Merci!

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