Allocution de Lydia Mutsch lors de l'assemblée générale du Service de santé au travail de l'industrie

©MSAN
Lydia Mutsch, ministre de la Santé

Monsieur le Président,

Mesdames, Messieurs,

C’est toujours un grand plaisir pour moi d’assister à l’assemblée générale du STI (Service de Santé au Travail de l'Industrie) pour prendre connaissance de vos initiatives développées l’année dernière pour vos salariés travaillant dans des entreprises industrielles clefs pour l’économie luxembourgeoise.

D’après les récentes statistiques de l’Organisation internationale du travail (OIT), les accidents de travail et les maladies professionnelles demeurent un fléau, qui malgré tous nos efforts, tuent chaque jour 6.000 personnes dans le monde !

Mourir de son travail est la forme la plus extrême et la plus choquante de la vulnérabilité du salarié. En tant que ministre de la Santé, cela me fait à chaque fois beaucoup de peine quand j’apprends à nouveau qu’un accident de travail mortel s’est produit au Luxembourg et/ou qu’un salarié est mort d’une maladie grave liée à son travail.

La mortalité au travail n’est pourtant pas une fatalité. La plupart des accidents graves et beaucoup de maladies sont évitables et des vies peuvent être sauvées.

Comment ? Vous le savez bien : il faut une prise de conscience de la responsabilité de chaque acteur pour espérer entrainer un changement positif. Je le sais bien, je prêche ici la bonne parole aux convaincus ; vous êtes conscients de vos responsabilités, et votre présence aujourd’hui en grand nombre en témoigne. Je vous en remercie. Par contre, je vous demande d’aborder cette thématique aux décideurs d’entreprise que vous côtoyez. La santé et la sécurité au travail est bien l’affaire de nous tous.

Mesdames, Messieurs,

Les personnes développant des allergies sont de plus en plus nombreuses dans nos sociétés. L'asthme est la maladie pulmonaire liée au travail la plus fréquente en Europe. On estime qu’un épisode d’aggravation de l’asthme sur sept, est lié au travail et que les expositions professionnelles représentent environ 15 % de tous les cas d’asthme de l’adulte. Les agents responsables se comptent par centaines.

La problématique des asthmes professionnels est qu’elle continue à évoluer après écartement du milieu nocif. Il faut une collaboration accrue entre le médecin traitant, le médecin du contrôle médical et le médecin du travail. Cette collaboration est non seulement nécessaire dans le cadre de la déclaration de la maladie professionnelle, mais aussi dans le cadre d’une détection plus précoce des asthmes débutants où l’on a encore le temps d’agir afin d’éviter leurs chronicités.

Un des défis est sûrement comment assurer la traçabilité des expositions professionnelles au cours de la carrière des salariés.  Au Luxembourg en matière de traçabilité, nous avons de la chance et le potentiel d’agir, car nos services de santé au travail sont tous informatisés et ceci dès leurs créations il y a une bonne vingtaine d’années.

Dans ce cadre, j’aimerais remercier le STI, qui à travers son système informatique de collecte de données est capable de faire une association entre l’aspect santé et les risques au travail. Vous avez investi beaucoup de temps et d’argent dans ce système, qui d’après les informations reçues par ma Division de la Santé au travail et de l’Environnement, est très performant pour identifier par exemple un asthme d’origine professionnelle.  

Chers invités,

Permettez-moi d’élucider brièvement une thématique dont l’importance ne fait que croître. Il s’agit de la santé mentale au travail. C’est un facteur déterminant de bien-être des personnes et de productivité pour l’entreprise d’après l’OMS.

Chacun sait que le travail est bon pour la santé morale, mais des conditions de travail néfastes peuvent entrainer des problèmes de santé au niveau physique (aggravation du mal du dos par exemple) et au niveau mental. Ceci favorise aussi l’usage nocif de substances addictives, comme l’alcool, le tabagisme, la prise de drogues et de médicaments.

La dépression et les troubles de l’anxiété sont les deux problèmes courants de santé mentale qui agissent sur notre capacité à travailler. Le plan d’action mondial de l’OMS pour la santé mentale 2013-2020 sollicite les États membres à s’occuper des déterminants sociaux de la santé mentale, comme le niveau de vie et les conditions de travail.

Les activités de prévention et de promotion de la santé sont indispensables pour réduire la stigmatisation et les discriminations. La prise en charge des risques psychosociaux affectant la santé des salariés, comme le harcèlement, le stress et le burn-out doivent être dans nos priorités !

Le Luxembourg s’attaque à une des conséquences ultimes de cette problématique, à savoir le suicide. Le ministère de la Santé a développé un plan national de prévention du suicide 2015-2019 dans lequel les médecins du travail ont un rôle de prévention à jouer et je sollicite les employeurs présents de les aider dans cette tâche.

Mesdames, Messieurs,

Avant de conclure, j’aimerais adresser le thème de la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail « SafeDay », qui aura lieu chaque année le 28 avril. Le thème 2018, est axé sur la sécurité et la santé des jeunes travailleurs. Ses jeunes, âgés de 15 à 24 ans sont les plus exposés en matière de santé et sécurité au travail.

D’après l’Organisation internationale du travail, 15 % des jeunes effectuent des travaux qualifiés de dangereux, souffrent d’un taux d’accident jusqu’à 40 % plus élevé que les salariés plus âgés.

De nombreux facteurs peuvent accroitre la vulnérabilité des jeunes salariés au travail, comme leur stade de développement physique et surtout psychologique face aux risques. De même, leur manque d’expérience professionnelle et de formation pose problème.

Le Centre national de rééducation, le Rehazenter prend en charge chaque année des jeunes qui ont perdu une main ou des doigts lors d’accidents de travail terribles. Par après, toute une vie bascule pour ces personnes. Mon ministère, en étroite collaboration avec nos partenaires, s’efforcent à aider ces jeunes, en leur permettant éventuellement via le statut de salarié handicapé ou via la procédure de reclassement, de retrouver un emploi adapté.

En tant que Ministre de la Santé et de l’Égalité des chances, j’aimerais vous faire part, que l’accès au monde du travail des personnes souffrantes de handicaps et/ou qui sont en reclassement externe me tient particulièrement à cœur. Je me réjouis que mon ministère fait partie intégrante du nouveau projet COSP-HR (Centre d’évaluation et d’Orientation Socio-Professionnelles pour les demandeurs d’emplois ayant le statut d’Handicapé et/ou en Reclassement externe).

Ce projet est cofinancé par le Fonds social européen et par les trois ministères concernés à savoir la Santé, le Travail et la Famille. Il permet de définir les compétences restantes pour ces personnes ayant de vrais problèmes de santé et d’établir un projet professionnel réaliste. Les médecins spécialisés en rééducation et réadaptation fonctionnelle du Rehazenter et les psychiatres du CHNP avec leurs équipes spécialisées font partie intégrante de ce projet.

Afin de donner les meilleures chances de réussites, l’ADEM, l’UEL et l’INDR (l’Institut national pour le développement durable et la responsabilité sociale des entreprise) ont été associés dès le début à ce projet, qui a débuté l’année dernière.

Les résultats de 2017 sont prometteurs, car sur 162 personnes déclarées prêt sur le marché du travail après été évaluées et soutenues, 50 personnes travaillent actuellement (30%) et j’aimerais féliciter les employeurs en question pour leurs soutiens en offrant un avenir professionnel à ces personnes.

Mesdames, Messieurs,

Pour finir, j’aimerais bien vous assurer que le ministère de la Santé considère que le STI offre un service de qualité à ses membres, tout en restant à l’écoute afin d’offrir un service innovateur aux entreprises affiliées. Le service compétant de mon ministère me témoigne de la bonne collaboration avec le STI et ceci dans un esprit ouvert et amical.

J’aimerais féliciter tout personnellement le Dr Pierre Blaise et toute son équipe médicale et paramédicale sur place, pour votre engagement en matière de promotion de la santé et de la prévention de maladies.

Je vous remercie pour toute votre attention.

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