L'homéopathie remboursée. Interview avec le ministre de la Santé et de la Sécurité sociale, Mars Di Bartolomeo

Le Jeudi: Des cadavres dans les tiroirs du ministère?

Mars Di Bartolomeo: Non, rien de spécial à signaler. Dans la maison, le travail suit son cours. Notre but premier est de mettre en route le programme de coalition. Nous voulons par ailleurs démarrer le plan national de la santé. Il reste du travail législatif à faire.

Quels changements par rapport à votre prédécesseur?

Mars Di Bartolomeo: Le programme gouvernemental comporte quelques nouveautés. Je veux mettre l'accent sur l'amélioration de la qualité de vie des gens. Il s'agit de promouvoir les modes de vtë qui favorisent la santé. Il devient ainsi urgent de lutter contre le stress, la mauvaise alimentation, l'exposition à des substances nocives, l'abus de cigarette,... tout ce qui provoque des maladies cardio-vasculaires, les cancers. Il faut un changement de mentalité. La maladie n'est pas une fatalité. Il faut soigner sa santé.

Naturellement, on continuera aussi à apporter une grande attention aux médecines préventive et curative.

Vous voulez donner plus de poids à la médecine "alternative". Par quels moyens?

Mars Di Bartolomeo: Hormis le remboursement des médicaments homéopathiques, le gouvernement déposera un projet de loi ayant comme objectif la reconnaissance et la réglementation de certaines médecines complémentaires comme l'homéopathie, la chiropactie, l'ostéopathie, l'acupuncture,... sous condition qu'elles soient pratiquées par un médecin ou placées sous la surveillance d'un médecin.

Il existe, par ailleurs, la possibilité de rembourser des actes exercés par des professionnels des médecines complémentaires. Cela existe déjà pour les kinésithérapeutes.

Quels projets dans le domaine hospitalier?

Mars Di Bartolomeo: La carte sanitaire et le plan hospitalier seront remis à jour. Les infrastructures continueront à être modernisées. Les projets en cours seront, bien sûr, achevés.

L'accent sera mis sur les synergies, les collaborations entre hôpitaux, sur une distribution intelligente des tâches – par exemple selon les spécialités -, et sur une gestion rationnelle des établissements. La concurrence à outrance ne sert à rien. Quant aux services de proximité, nous n'y toucherons pas.

Parallèlement, vous projetez de faciliter l'accès aux médecins généralistes. Pourquoi?

Mars Di Bartolomeo: Afin d'éviter que les services d'urgence des hôpitaux ne soient débordés. Le généraliste doit rester proche de son patient, dont il suit souvent le dossier médical depuis des années.

Il peut réaliser un premier examen de la personne et ensuite l'envoyer chez un spécialiste, si nécessaire. Je pense que la création de cabinets médicaux regroupant plusieurs médecins reste une piste à creuser. Cela faciliterait notamment le service de garde et de nuit ainsi que les remplacements.

Vous dites porter également une attention particulière à la dépendance...

Mars Di Bartolomeo: C'est vrai. Cela s'inscrit dans notre volonté d'améliorer la qualité de vie et la santé des gens.

D'abord, il devient urgent de créer des infrastructures d'accueil et de thérapies supplémentaires comme des "Fixerstuben", des points de distribution de seringues,... Ensuite, il faut surveiller la distribution de médicaments d'une manière plus étroite.

Une Agence des drogues et des médicaments est censée surveiller le marché des produits pharmaceutiques et effectuer des analyses chimiques et physico-chimiques des produits. L'abus des psychotropes est devenu monnaie courante de nos jours. Une réaction's'impose.

Est-ce dans cette logique que vous comptez privilégier les non-fumeurs?

Mars Di Bartolomeo: Fumer peut provoquer des maladies graves. C'est pourquoi nous comptons privilégier les non-fumeurs et convaincre les fumeurs d'abandonner la cigarette.

Nous voulons adapter notre politique aux efforts européens. Prochaine étape: la ratification de la convention de l'Organisation mondiale de la santé relative au tabagisme. Nous lancerons par ailleurs des campagnes d'information, de sensibilisation,... avec nos partenaires, les associations comme la Ligue luxembourgeoise contre le cancer avec laquelle nous proposons des consultations anti-tabac.

Les soins palliatifs restent un sujet controversé... Dans quelle direction doit-on aller?

Mars Di Bartolomeo: Il ne faut pas confondre soins palliatifs et euthanasie. Le projet de foi relatif aux soins palliatifs et à l'accompagnement de fin de vie sera réexaminé. Nous voulons aller dans le sens d'un testament de fin de vie qui garantit les droits du patient et un encadrement optimal en phase terminale de la vie.

Quant à l'euthanasie, elle reste un problème complexe qui partage les gens. Elle nécessite encore bien de discussions.

Autre ministère à votre charge, la Sécurité sociale. Quelles priorités?

Mars Di Bartolomeo: En 2005, on dressera le bilan des caisses de pension. Les lois sur les indemnités de maladie et l'assurance maladie restent à reformer, tout comme l'assurance dépendance et l'assurance invalidité.

Le maintien du paiement du salaire en cas de maladie continuera à être discuté. Dans ce contexte, on analysera des éléments de l'avis du Conseil économique et social.

Le but doit être d'apporter plus de transparence et de clarté.

II faut aussi combler un trou de 100 millions des caisses de maladie. Comment réussir?

Mars Di Bartolomeo: Une seule solution: la solidarité. La santé n'a pas de prix mais un coût. Il faut trouver un financement, à court, à moyen et à long terme. Trouver une issue est difficile: je m'oppose cependant aux détériorations des prestations, à la libéralisation du secteur, à la privatisation des assurances et au déconventionnement des médecins. Il faut éviter la naissance d'une médecine à plusieurs vitesses.

De l'autre côté, il faut mieux s'organiser, faire des économies sans pour autant mettre en péril l'accès à la prise en charge des patients et sa qualité.

Dernière mise à jour