"Pas dans un esprit de démantèlement mais de solidarité". Interview avec le ministre de la Santé et de la Sécurité sociale, Mars Di Bartolomeo, au sujet de la réforme de la politique de la santé et de l'assurance maladie

La Voix du Luxembourg: Qu'allez-vous changer?

Mars Di Bartolomeo: Jusqu'à présent, on a surtout discuté d'infrastructures, de plan hospitalier. Je vais formuler un concept cohérent de plan national de santé.

Par ailleurs, on a trop tendance à mettre l'accent sur la réaction à des problèmes au lieu d'une approche plus active commençant par la prise de conscience des gens que la maladie n'est pas une fatalité, que la santé ne tombe pas du ciel. Elle peut se mériter, doit s'entretenir. Or nous vivons dans une société où le mode de vie de certains est tel qu'ils préprogramment eux-mêmes leur maladie. Il faut commencer à les responsabiliser, les aider à adopter un mode de vie plus sain. Cela va bien plus loin que la simple prévention.

Des actions de prévention existent déjà!

Mars Di Bartolomeo: Il faut faire de la prévention non pas par des campagnes isolées mais de façon cohérente, dès la petite enfance, à l'école, dans la famille, les entreprises, avec le concours des hôpitaux et prestataires de soins, en coopération avec d'autres ministères.

L'expérience de bourgmestre d'une commune de 18.000 habitants supposant une collaboration transversale au sein du collège échevinal me sera très utile. J'essaierai de recréer une telle coopération au niveau des ministères.

Il n'empêche que les gens peuvent tomber malades?

Mars Di Bartolomeo: Pour la prise en charge des malades, je veillerai à une couverture adéquate en soins de proximité et à la finalisation des projets hospitaliers en évitant "la course à l'armement", en privilégiant la spécialisation.

Pour la petite histoire, il y a tout de même une justice en ce bas monde. Regardez le projet de Rehazenter. Il devait être construit à Dudelange et je l'aurais ouvert en tant que maire. Le gouvernement suivant a décidé de l'installer au Kirchberg et je vais l'inaugurer en tant que ministre. Mais trêve de plaisanterie: dans les projets hospitaliers, je m'appliquerai à ne pas seulement planifier les murs mais aussi les équipements et l'offre médicale en fonction des besoins.

Le déficit des caisses de maladie représente un défi immédiat?

Mars Di Bartolomeo: Je vais exiger de tout un chacun d'y mettre du sien. Non pas pour poser un cautère sur une jambe de bois mais pour une stratégie à moyen et long terme visant à l'équilibre. Le sujet des cotisations n'est pas tabou, celui de nouvelles recettes possibles non plus. Je ne m'attaque pas au déficit des caisses de maladie dans un esprit de démantèlement mais de solidarité. Et le dernier mot reviendra à l'Union des caisses de maladie.

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