Le ministre de la Santé, Mars Di Bartolomeo, au sujet de l'avortement au Luxembourg

Le Jeudi: Combien de femmes subissent chaque année une interruption de grossesse?

Mars Di Bartolomeo: Nous ne disposons pas de chiffres fiables à ce sujet. Cela présente certes des inconvénients mais permet aussi une certaine flexibilité.

Le Jeudi: Est-ce là un sujet tabou pour les politiques?

Mars Di Bartolomeo: Ce n'est pas exactement cela... mais c'est un sujet intime et le prix à payer pour avoir le chiffre à la dernière virgule près est peut-être trop élevé.

Le Jeudi: La loi de 1978 sur l'avortement vous semble-t-elle satisfaisante en l'état?

Mars Di Bartolomeo: Elle a le mérite d'exister. Elle donne des possibilités bien définies pour pratiquer l'avortement thérapeutique. Il faut se rendre à l'évidence que pour l'instant il n'existe pas de majorité politique pour changer cette loi et rien n'est prévu à ce sujet dans l'accord gouvernemental.

Le Jeudi: Faute de conventions bilatérales, les interruptions de grossesse réalisées à l'étranger ne sont pas remboursées. Pourquoi?

Mars Di Bartolomeo: Il y a une loi luxembourgeoise qui règle les indications (de I'ITG, ndir). Pour les interruptions de grossesse qui correspondent à ces indications, un remboursement est fait au Luxembourg. On ne peut pas avoir une loi luxembourgeoise qui règle I'ITG et en pratiquer une autre forme à l'étranger.

Avec votre question, ce n'est pas l'interruption thérapeutique que vous visez, c'est l'avortement général. Si les caisses de maladie remboursaient tous les avortements pratiqués à l'étranger, alors la loi ne correspondrait plus à la réalité.

Le Jeudi: La loi actuelle offre de larges possibilités d'interprétation. Elle induit de fait une inégalité entre des patientes qui se retrouvent face à des médecins 'ayant toute latitude de lire le texte de façon plus ou moins personnelle ou libérale...

Mars Di Bartolomeo: Oui.

Le Jeudi: Dans le programme gouvernemental, il est prévu de faciliter l'accès des jeunes à la contraception. Qu'en est-il?

Mars Di Bartolomeo: Nous sommes en train de mener des discussions à ce sujet avec nos partenaires pour garantir l'accès gratuit des jeunes aux préservatifs et à la pilule du lendemain.

Il faut trouver les bons relais pour que cela fonctionne et ne pas en faire une question alibi, mais trouver des solutions viables et efficaces.

Le Jeudi: Envisagez-vous la délivrance gratuite de la pilule contraceptive?

Mars Di Bartolomeo: Ce n'est pas prévu, mais c'est à discuter.

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