"Davantage de maisons relais". La ministre de l'Égalité des chances, Marie-Josée Jacobs, au sujet de l'écart salarial entre les femmes et les hommes au Luxembourg

Nadia Di Pillo: Quel est l'écart salarial au Luxembourg?

Marie-Josée Jacobs: Il m'est un peu difficile de répondre à cette question parce que j'ignore sur quelle base la Commission a fait ses calculs. Pour ce qui est du Luxembourg, mon ministère a réalisé une étude il y a deux ans. Celle-ci montre que si on enlève les différences structurelles de l'emploi féminin et masculin (durée de carrière, ancienneté dans l'entreprise, formation...), il reste un pourcentage de 12% d'écart, qui relève simplement de la discrimination pure et simple.

Nadia Di Pillo: Comment s'explique cet écart salarial?

Marie-Josée Jacobs: Bien que les filles aient de meilleurs résultats scolaires que les garçons, elles sont orientées différemment. Surreprésentées dans les filières littéraires, économiques et sociales, elles sont quasiment absentes des filières technologiques. Elles s'engagent traditionnellement vers des professions moins rémunératrices et où les perspectives de promotion sont plus limitées. C'est une des raisons expliquant cet écart salarial. Il y en a d'autres, comme la difficulté à concilier vie professionnelle et familiale.

Nadia Di Pillo: Justement, la Commission européenne demande aux États membres de trouver les meilleures solutions pour aider les femmes à concilier ces contraintes.

Marie-Josée Jacobs: Dans la lignée de la stratégie de Lisbonne, nous voulons mettre à la disposition des familles davantage de structures d'accueil des enfants. En coopération avec les administrations communales, nous espérons étoffer le réseau des maisons relais au cours des prochaines années. Je rappelle qu'en ce qui concerne les infrastructures, l'État participe à hauteur de 50%, avec une somme maximale de 10.000 euros par place. Nous avons reçu beaucoup de demandes de la part des communes qui sont très enthousiastes.

D'autre part, nous avons mis en route un projet de loi sur le statut des assistantes maternelles. Grâce à une meilleure formation et la mise en place d'un véritable réseau, les enfants seront mieux encadrés et les parents bénéficieront d'une meilleure qualité.

Nadia Di Pillo: Que faites-vous pour encourager les entreprises à supprimer les écarts des rémunérations?

Marie-Josée Jacobs: Une panoplie d'actions positives sont mises en place dans les entreprises. Je citerai en exemple la Dexia-BIL qui a reçu le prix féminin de l'entreprise 2003. Ou encore le bureau d'ingénieurs conseil Luxplan, lauréate également, qui a notamment travaillé sur la sensibilisation à l'aspect du genre. Beaucoup d'entreprises font de gros efforts en matière d'égalité. Les actions positives trouvent vraiment un écho très favorable dans les entreprises. Celles-ci prennent de plus en plus conscience du rôle de la formation des femmes. L'accès à la formation après un congé parental demeure essentiel. Il faut continuer à assurer l'employabilité des femmes sur le marché du travail.

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