"Notre aéroport ne sera jamais sur la liste noire". Lucien Lux au sujet de l'aéroport de Luxembourg

Michel Petit: L'administration de l'aéroport transformée en établissement public: un premier pas vers la privatisation?

Lucien Lux: Non, ceux qui avancent cela ont tout faux. Je ne comprends pas de telles réactions. Il n'est pas question de privatisation. Qu'on arrête avec ça. Pour les fonctionnaires, il n'y aura aucun changement.

Mais nous sommes sous la pression européenne, des directives, mais aussi de I'OACI (Organisation de l'aviation civile internationale). Les directives nous imposent, d'une part, la transparence financière de l'aviation, d'autre part l'indépendance. En d'autres termes, les recettes (taxes et autres) doivent servir aux dépenses de l'aviation. Aujourd'hui, le Luxembourg, où les recettes de l'État arrivent dans un pot commun et sont redistribuées ensuite, n'est pas en mesure de se conformer aux directives.

C'est cela, mon seul souci: comment structurer l'aéroport et avoir une comptabilité séparée. Je déposerai le texte pour fin octobre. La Chambre devrait se prononcer en 2007. L'Europe nous a donné 6 mois de plus pour nous conformer, soit jusque mi-2007. La transformation en un établissement public est peut-être l'unique solution, peut-être même une très grande chance.

Michel Petit: Et la sécurité, mise en cause notamment par l'OACI?

Lucien Lux: Tout ce qui touche à la sécurité aérienne restera sous le contrôle de l'État. La sécurité est un ancien souci. Lorsque je suis arrivé, j'ai découvert un certain laxisme. À l'aéroport, les gens ne prennent pas trop au sérieux cette situation, mise en évidence par un audit de I'OACI, en 2004.

Nous commençons à sortir doucement de cette situation. L'OACI publiera une liste noire en 2008. J'assure que le Luxembourg ne fera jamais partie de cette liste noire. Nous sommes sur le bon chemin. Mais il est très difficile ici de changer les mentalités et les habitudes. Il y a déjà eu un licenciement pour la non-conformité aux règles de sécurité.

Michel Petit: A l'aéroport, vous avez des liens privilégiés avec le bureau privé Veritas?

Lucien Lux: Nous avons une longue habitude avec Veritas, notamment sur le plan de la sécurité. C'est notre seul interlocuteur depuis des années. Nous devons voir comment nous pouvons faire jouer la concurrence. Mais nous ne pouvons sortir du système du jour au lendemain.

Cela dit, nous discutons du transfert de compétences de Luxair vers Luxairport (institué depuis 2002). Honnêtement, je comprends que ce soit douloureux pour Luxair. En revanche, je dis qu'on lui donne ainsi l'occasion de se concentrer sur sa vocation première et sur une politique commerciale qui se doit d'être agressive.

Michel Petit: Un mot sur la sécurité routière?

Lucien Lux: Les premières indications d'un rapport que nous attendons sont tout à fait intéressantes et conformes aux constats de 2005. Si le nombre d'accidents de la route ne paraît pas en régression, il semble que le nombre de tués et de blessés graves soit en régression sensible. Cela, sans doute, grâce aux différentes campagnes et à une politique de sensibilisation. Tout mort sur la route fait, personnellement, très mal à un ministre des Transports

Par ailleurs, je serai intransigeant sur le taux d'alcoolémie, que je demande à revoir (0,5/1.000 g contre 0,8 aujourd'hui). J'espère que ce taux sera en vigueur au 1er janvier prochain.

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