François Biltgen: "Éviter que le chômage dure" Le ministre du travail au sujet de la modernisation du droit du travail

Le Quotidien: Pourquoi organiser cette conférence-débat sur le livre vert de la Commission européenne traitant de la modernisation du droit du travail...

François Biltgen: Avant tout, c'est important de bien préciser ce qu'est un livre vert. Dans la procédure européenne, un livre vert offre un éventail d'idées dans le but de lancer, à l'échelle de l'Union, une consultation et un débat sur une thématique précise. Après cette consultation, ce livre vert peut devenir un livre blanc, c'est-à-dire un ensemble argumenté de propositions, voire plus tard, une directive. La conférence-débat d'aujourd'hui s'inscrit dans l'idée de relancer le débat sur l'Europe sociale. L'idée est de débattre sur le droit du travail, pour savoir comment et à quel degré le droit du travail peut contribuer à marier social et flexibilité. C'est donc un débat de fond et c'est important de savoir s'il s'inscrit dans une problématique de droit communautaire.

De plus, le Luxembourg doit livrer sa position officielle pour le 31 mars. D'où l'importance de cette conférence-débat. Je tenais également à montrer au commissaire européen responsable de l'emploi, Vladimir Spidla, qui sera présent, que ce débat n'est pas réservé qu'aux cabinets ministériels.

Le Quotidien: Quelles sont les grandes idées de ce livre vert sur lesquelles vous allez débattre?

François Biltgen: Pour moi, l'idée principale est que dans l'avenir nous voulons éviter les situations de plans sociaux. Donc qu'il faut trouver une solution pour le maintien de l'emploi, éviter que des gens soient forcés de passer par les cases licenciement et chômage. Et surtout, il faut régler le problème du chômage longue durée. Ces situations où des gens ne sortent pas plus du chômage et se coupent de tout, petit à petit... C'est ça, le vrai défi.

Le Quotidien: Quelles pourraient être les solutions?

François Biltgen: Une piste intéressante est celle des indemnités élevées par rapport au dernier salaire, ce qui permettrait d'éviter de tomber dans un trou social. Évidemment, pour supporter un tel système, il faut mettre en place toutes les conditions nécessaires à un retour rapide à l'emploi.

Le Quotidien: C'est-à-dire?

François Biltgen: Le problème du chômage ne se résout pas seulement avec la politique de l'emploi. Il faut également insister sur l'éducation et créer les conditions économiques adéquates.

Le Quotidien: Le chômage est-il réellement un problème au Luxembourg?

François Biltgen: C'est vrai que quand j'évoque la situation luxembourgeoise avec mes homologues européens, ils ont tendance à sourire. En Europe, nous sommes toujours parmi les meilleurs concernant la faiblesse du taux de chômage. Mais nous ne sommes plus les meilleurs. Les Danois sont aujourd'hui devant nous... Pour autant, il ne faut pas se voiler la face. Le chômage augmente au Grand-Duché, et cela s'explique par deux facteurs: le manque de qualification et la concurrence des travailleurs de la Grande Région. Actuellement, 80% des chômeurs ont plus de 40 ans, 59 % sont sans emploi depuis plus de 12 mois et 60 % d'entre eux sont des gens non qualifiés. C'est pourquoi il est nécessaire d'œuvrer sur le système scolaire, pour que ceux qui font leurs études au Luxembourg puissent avoir une meilleure formation.

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