Marie-Josée Jacobs: "Les principes sont adoptés maïs pas toujours appliqués"

Marion Bur: Madame Jacobs, cette semaine nous avons vu une profusion de messages politiques défendant la cause féminine. Doit-on y voir de la récupération politique ou un réel intérêt pour la Journée de la femme?

Marie-Josée Jacobs: Je ne pense pas qu'il s'agisse de récupération politique. De plus en plus de monde se sent concerné par le sujet. C'est une bonne chose, mais j'espère que cet intérêt ne s'arrêtera pas au 8 mars. Il faudra poursuivre les efforts au-delà de cette date, car les inégalités sont toujours présentes dans notre société.

Marion Bur: Les syndicats sont préoccupés par les inégalités observées sur le marché du travail. Savoir qu'il existe encore de nos jours des écarts de salaires entre hommes et femmes occupant le même poste, c'est aberrant non?

Marie-Josée Jacobs: Absolument. Même s'il existe aujourd'hui une obligation d'inscrire dans les conventions collectives de travail le principe de l'égalité de traitement entre les deux sexes, on sait qu'en pratique, il n'est pas toujours appliqué. Il faudrait introduire une obligation de résultat pour les entreprises. On pourrait par exemple introduire une phrase dans le plan de maintien dans l'emploi du ministère du Travail, qui stipulerait l'obligation pour les patrons d'appliquer les mêmes traitements de salaire pour les hommes et les femmes. Par ailleurs, lors de nos "actions positives", nous essayons de promouvoir l'accès des femmes à des postes de décision, car elles n'y sont pas suffisamment représentées.

Marion Bur: Effectuer ce travail de sensibilisation mais sans pouvoir légiférer, n'est-ce pas un peu frustrant?

Marie-Josée Jacobs: Mes attributions s'arrêtant au ministère de l'Égalité des chances, je ne peux qu'essayer de faire passer le message en Conseil des ministres, et trouver des partenaires qui m'aident à transposer des principes en loi. Mais grâce au plan national d'égalité adopté par chaque ministère, tous les ministres se sont engagés à faire appliquer l'égalité entre hommes et femmes dans leurs propres services. Avec une obligation de résultat. Une évaluation est en cours pour dresser un premier bilan, et une seconde sera réalisée à la fin de cette législature.

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