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"Le traité de Lisbonne, c'était déjà le plan B". Jean Asselborn au sujet du référendum irlandais sur le traité de Lisbonne
Le Quotidien: Quelles sont vos premières impressions sur le choix irlandais?
Jean Asselborn: Je pense qu'il faut prendre en compte ce qui s'est passé et les conséquences. Comme les Irlandais ont dit non au traité de Lisbonne, celui-ci ne rentrera pas en vigueur au 1er janvier 2009. Çà, c'est la première conséquence.
Ensuite, les ministres européens des Affaires étrangères se voient la semaine prochaine à Luxembourg, nous allons évoquer la situation. Et il y a un Conseil européen à Bruxelles jeudi et vendredi prochain. Le futur du traité de Lisbonne en sera le thème principal. Les discussions devraient permettre de savoir s'il faut continuer ou non les ratifications.
Le Quotidien: Est-ce une catastrophe pour l'Europe?
Jean Asselborn: Il faut éviter le mot "catastrophe". Le mal européen, c'est que nous n'arrivons pas à lier dans l'esprit des peuples le sort national et européen. Les autorités irlandaises n'ont jamais réussi à faire ce lien. Je ne leur jette pas la pierre, car c'est un lien difficile à établir. C'est une lacune que partagent beaucoup de pays. Il aurait fallu démontrer aux Irlandais que la raison de la hausse économique qu'ils ont connue ces trente dernières années, c'est grâce à l'Europe.
L'image est terrible pour l'Europe: nous ne sommes pas capables d'effacer la barre que nous avons nous même placée.
Le Quotidien: Doit-on en conclure que l'Europe a atteint ses limites?
Jean Asselborn: Je ne crois pas. À mes yeux, l'Europe n'a pas atteint ses limites car dans de nombreux domaines, comme la sécurité, l'économie ou l'immigration, elle se révèle un outil nécessaire dans un monde globalisé. Encore une fois, je suis persuadé que nous n'avons pas su expliquer l'intégration européenne. C'est au quotidien, qu'il faut montrer que tout ce que l'Europe fait est dans l'intérêt des politiques nationales. Mais je ne pense pas qu'on pourra redresser la barre dans les six mois.
Deutschlandfunk: Restez-vous optimiste pour l'idée européenne?
Jean Asselborn: Oui, même si ça va être difficile. Il faut comprendre que le traité de Lisbonne, c'était déjà le plan B. Je ne suis pas sûr qu'on arrive à dégager un plan C. Il y va aussi de la crédibilité de l'Europe. Il faut maintenant voir ce que l'on peut faire et ce que l'on ne doit pas faire. La pire des choses serait de casser l'élan européen.
Deutschlandfunk: Si le traité de Lisbonne n'est pas appliqué, Jean-Claude Juncker ne pourra pas occuper la future présidence de I'UE. Cela ne change-t-il pas la donne dans la perspective des élections législatives?
Jean Asselborn: Je ne suis pas dans cette logique. Depuis quelques mois, beaucoup d'encre a coulé dans les journaux à ce sujet. Elle a certainement coulé pour rien...