Claude Wiseler au sujet de l'avenir de la gestion du trafic au Luxembourg

Dina Freitas: Sur la route le conduisant à l'Automobile Club le 9 février dernier, Claude Wiseler, ministre des Travaux publics, en a fait l'expérience. Un comble ou une confirmation pour celui qui justement était venu pour parler "gestion du trafic". C'est donc avec beaucoup d'intérêt que Claude Wiseler a écouté les explications sur le trafic-info et le projet CarLink car, comme I'ACL, le ministre des Travaux publics croit en la gestion du trafic et a de grands projets.

Claude Wiseler : Nous allons déposer un projet de loi prévoyant la création au sein des Ponts et Chaussées d'une division spéciale qui s'occupera exclusivement de gestion du trafic. Pour l'instant c'est la division centrale de la voirie qui en est accessoirement responsable, sa mission principale étant la construction et l'entretien des routes. Or, je voudrais mettre à disposition des personnes qui puissent se concentrer sur cette tâche.

Ensuite, nous avons plusieurs voies qui s'offrent à nous. D'abord le CITA, parce que c'est un système qui peut encore être développé.Tel qu'il fonctionne actuellement, le systèmea surtout une mission, importante mais unique, de sécurité. Nous sommes capables, grâce au système de surveillance du CITA, de détecter les problèmes en quelques secondes sur les endroits sensibles tels que les tunnels ou les échangeurs et d'envoyer très rapidement des équipes de secours sur place.

Les prochaines étapes pour le CITA concerneront davantage la gestion du trafic. Les informations que nous recevons sur le réseau autoroutier doivent être transmises aux automobilistes. Il y a plusieurs manières pour ce faire. D'abord, on peut passer par le CITA-même. Cela se fait déjà aujourd'hui mais de manière insuffisante. Il faudrait pouvoir annoncer l'état du trafic à plus d'endroits, notamment sur les accès à l'autoroute. Mais cela n'a de sens que si nous avons des déviations possibles à proposer. Or, au Luxembourg ce n'est pas évident. Lorsqu'il y a un problème sur une autoroute, nous n'avons pas la possibilité de dévier le trafic sur une autre autoroute parce que nous n'avons pas de système double. Et le dévier sur les routes nationales n'est pas d'un grand secours aux heures de pointe puisqu'elles sont aussi saturées.

La deuxième manière de faire suivre l'information passe par d'autres instruments, notamment le système GPS ou d'autres relais que l'on trouve déjà et qui seront encore plus présents à l'avenir dans les voitures.

Dina Freitas: Concrètement, comment la gestion du trafic peut-elle régler nos problèmes de trafic au Luxembourg ?

Claude Wiseler: Nous ne pourrons jamais régler les problèmes de surplus de trafic si nos routes ne peuvent pas l'absorber. Mais nous pouvons mettre à disposition des informations utiles. Ensuite, c'est aux automobilistes soit de les ignorer soit de les utiliser p.ex pour changer leur heure de départ ou leur itinéraire. Je ne me fais pas d'illusion, cela ne permettra pas d'en finir avec les embouteillages. Mais nous espérons aider les gens à prendre leurs décisions de manière différente, ce qui devrait tout de même permettre une légère amélioration de la situation. Informer les gens sur ce qui les attend sur la route est déjà une aide précieuse.

Dina Freitas: Justement, ne pourrait-on pas prévenir les automobilistes des problèmes sur l'autoroute avant qu'ils n'y accèdent ?

Claude Wiseler: C'est faisable, mais ce n'est efficace que s'il y a un réseau de rechange. Or, tel qu'il est aujourd'hui le réseau luxembourgeois n'offre pas vraiment d'alternatives. Par exemple, en cas de problème sur l'autoroute de Dudelange, si je dévie le trafic par Hesperange en direction du Howald, aux heures de pointe personne n'y gagnera. Nous sommes limités dans nos capacités de déviation. Par contre, nos capacités en matière d'information peuvent permettre une formation moins rapide des embouteillages. Et nous devrons améliorer notre réseau routier de même que le réseau des transports en commun.

Dina Freitas: Peut-on remédier à cette insuffisance en matière de réseau de rechange ?

Claude Wiseler: Nous n'aurons jamais un réseau de rechange complet, mais le plan sectoriel des transports essaie d'organiser une politique de mobilité coordonnée en corrigeant notre réseau là où c'est le plus nécessaire. Il s'agit notamment de donner la priorité aux transports publics. Les développer, cela signifie bien sûr investir dans le rail, train ou tram, mais aussi dans la route, puisque c'est par là que passe la majorité des transports publics. Le plan sectoriel comporte ainsi un chapitre consacré aux corridors bus, où nous analysons comment rendre plus efficace et rapide l'accès des bus à la capitale. Un autre chapitre est consacré aux P&R reliés aux transports en commun, notamment de l'autre côté des frontières. Nos priorités en matière de construction de routes doivent être compatibles avec I'IVL La ville de Luxembourg, la "Nordstad" et Esch/Belval étant les pôles de développement, ce sont ces liaisons-là qui sont prioritaires. Nous construirons donc la liaison Micheville pour relier le site Belval et Esch au réseau autoroutier. Nous développerons également les réseaux internes de ces pôles. Donc, tôt ou tard, nous devrons faire le contournement sud d'Ettelbruck et celui au nord de Diekirch. Il y a également les contournements demandés par beaucoup de communes et où nos priorités sont les pôles secondaires de développement. C'est notamment le cas du contournement de Junglinster, de Bascharage ou de Differdange. Il s'agit à chaque fois de respecter un concept de développement.

Pour maîtriser les grands flux quotidiens de frontaliers, la mise à 2X3 voies de I'A6 et I'A3 sont nécessaires et logiques. On nous a beaucoup critiqués, mais il faut savoir que le transit représente 20 à 25% du trafic sur ces tracés. Il ne s'agit pas de créer 3 pistes qui bouchonneront à l'entrée de la capitale mais plutôt d'assurer la fluidité des véhicules en transit. De plus, en cas d'accident une troisième voie permettra de mieux faire passer le trafic ce qui évitera beaucoup d'accrochages et réduira les embouteillages. Enfin, ces travaux seront l'occasion de créer un corridor qui pourra être utilisé par les bus en cas de bouchons. Certes leur vitesse y serait limitée pour des raisons de sécurité, mais au moins, ils ne seraient plus bloqués.

Dina Freitas: La mission du CITA en matière de gestion du trafic se limitera-t-elle aux autoroutes ?

Dans une première étape oui, parce que nous y disposonsdes moyens nécessaires pour obtenir rapidement et sans erreur les informations utiles. Dans une deuxième étape nous élargirons le champ d'action. Nous devrons être un jour capables d'envoyer sur le système GPS des avertissements automatiques en cas d'accidents, bouchons ou chantiers sur le réseau national. Sans les caméras du CITA, nous pourrons réunir les informationsnécessairesgrâceà la police ouà vos informateurs.

L'efficacité et la rapidité de distribution d'une information fiable sont essentielles en matière de gestion du trafic. Notre avantage est que, notre territoire étant réduit, la surveillance et la visibilité de l'information sont réalisables.

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