"L'avenir en train", Claude Wiseler au sujet de la liaison ferroviaire Thionville-Belval-Longwy

Le Quotidien: Que représente cette nouvelle liaison entre la France et le Luxembourg pour vous?

Claude Wiseler: Cette mesure est axée sur le site de Belval, ce qui la rend extrêmement importante. Dans sa planification, ce projet a été conçu de la sorte qu'un jour, au moins 40% des employés du site puissent y accéder en transport public. Il est donc indispensable que nous ayons une gare qui ait les capacités nécessaires. Aujourd'hui déjà, 40% des gens qui arrivent tous les jours pour travailler sur Esch-Belval sont des lorrains. Il était donc logique de desservir ce site par une ligne entre leur domicile et leur lieu de travail.

Le Quotidien: À l'heure actuelle, le site de Belval manque encore de dynamisme. À votre avis, le vrai départ, c'est pour quand?

Claude Wiseler: Il faut dire qu'on voit que les choses commencent lentement mais sûrement à bouger. Un projet concernant l'université a été voté à la Chambre et les premières constructions viennent d'être entamées. Il est clair que la finition du site va prendre plusieurs années et c'est tout à fait normal pour des projets de cette envergure. Je ne peux pas donner de date définitive, mais nous estimons que dans plusieurs années, les bâtiments de l'université seront utilisables.

Le Quotidien: Quelle logique avez-vous poursuivie en mettant l'université au cœur de Belval?

Claude Wiseler: L'université est un facteur d'attractivité très important pour toutes sortes d'entreprises du domaine de la technologie et de la recherche, qui trouveront sur ce site les partenaires nécessaires à leur développement. Ceci n'est pas un site comme d'autres, c'est un site qui jouera un rôle extrêmement important dans le développement du pays et de la région, d'où les 1,3 milliard d'euros que l'État y a investis. C'est de la politique d'avenir, au sens propre du terme.

Le Quotidien: En parlant d'investissement, quelles seront vos grandes priorités au niveau des liaisons ferroviaires entre le Grand-Duché et la Lorraine à l'avenir?

Claude Wiseler: L'expansion de la ligne qui relie le Luxembourg et la France via Bettembourg est une priorité absolue. Face à l'augmentation ces dernières années du transport public et du fret, cette ligne est arrivée aux limites de ses capacités. Pour garantir un fonctionnement adapté, une extension est indispensable. Les CFL ont acquis dix automotrices supplémentaires d'une capacité d'un peu plus de 300 personnes chacune, qui devraient être livrées vers la moitié de l'année prochaine afin de disposer de capacités supplémentaires. Il est essentiel d'augmenter la proportion d'utilisateurs du transport ferroviaire chez les frontaliers. Il faut donc que ce dernier soit cohérent du début jusqu'à la fin.

Le Quotidien: Pensez-vous que vos calculs deviendront réalité? Le passage d'un maximum de frontaliers de la voiture personnelle au train sera-t-il réalisable?

Claude Wiseler: Quand on observe ce qui se passe sur les autoroutes tous les jours, je pense que si nous améliorons encore notre offre, nous pourrons effectivement créer une alternative intéressante au transport individuel. Bien sûr, nous ne pourrons jamais résoudre tous les problèmes, comme par exemple l'ensemble du transport de proximité du domicile à la gare, mais je pense que de plus en plus de personnes vont changer de selle et prendre le train. Aujourd'hui, 14% des frontaliers utilisent les transports publics, un chiffre que nous devons faire augmenter dans les dix ans qui viennent. Notre objectif est qu'en 2030, 25% du trafic transfrontalier soit assuré par les transports publics. Nous avons donc encore du pain sur la planche dans les prochaines années.

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