"Les chèques-service valent également pour les sports". Le ministre des Sports au sujet du sport au Luxembourg

Le Quotidien: Laquelle de vos fonctions a été ou est la plus difficile: celle de bourgmestre de Wiltz, de secrétaire général du LSAP ou de ministre des Sports?

Romain Schneider: Toutes ces fonctions sont très différentes: le travail politique et administratif du secrétaire général d'un parti politique comporte des attributions très larges, la fonction d'un bourgmestre est de nature locale et régionale et est très proche des citoyens. Pour répondre à votre question, je dirais que la tâche de ministre est le challenge le plus important, puisqu'il constitue le défi actuel.

J'ajouterais que mes deux fonctions précédentes ont permis une bonne préparation à ma fonction de membre du gouvernement. J'ai pu assister aux négociations en vue de la formation de la coalition gouvernementale, ce qui m'a permis de me familiariser avec les dossiers en cours. En tant qu'ancien bourgmestre, je connais les soucis des administrations locales et j'essaye d'en tenir compte dans les décisions à prendre au niveau gouvernemental. Dans la responsabilité de la fonction ministérielle, je conçois que les communes doivent être considérées comme des partenaires, car les projets communs créent des obligations financières et réglementaires à l'égard des deux parties.

Le Quotidien: Quel est pour vous, actuellement, le ministère le plus difficile: l'Agriculture ou les Sports?

Romain Schneider: Le plus difficile est de répondre à votre question. Il y a, à chaque moment, des problèmes spécifiques à résoudre dans tous les domaines. Le défi de résoudre des questions structurelles qui auront un impact déterminant sur le moyen et le long termes existe dans les deux départements. Dans l'Agriculture, le cadre structurel est lié à la politique européenne; il s'agit en particulier de la politique agricole commune européenne à l'horizon 2013.

Dans le département des Sports, il y a lieu de résoudre plusieurs questions qui occupent le débat d'actualité depuis un certain temps. Mais au-delà de cette actualité, il s'agit de ne pas perdre de vue les grandes orientations qui détermineront à l'avenir le sport luxembourgeois: le sport de compétition, le sport amateur, la santé - ce qui comporte une politique pour favoriser l'alimentation saine et l'activité corporelle - et les loisirs. Toutes ces activités correspondent à des actions gouvernementales transversales, auxquelles participent de nombreux départements gouvernementaux. L'étude réalisée sous l'égide du professeur Klaus Bös, de Karlsruhe, sur l'évolution des qualités physiques, des habitudes motrices, de l'état de santé et des habitudes de vie des jeunes de 14 à 18 ans en est un exemple concret.

Le Quotidien: La récente édition du marathon ING a-t-elle donné satisfaction au ministre?

Romain Schneider: J'ai appris par l'organisateur qu'il était satisfait des résultats. Le ministère des Sports n'est pas l'organisateur. Je dois constater que cette manifestation réunit de la meilleure façon ce qu'on peut attendre d'elle: elle satisfait aussi bien aux besoins du sport de compétition qu'aux intérêts de nombreux sportifs occasionnels. J'ai pu relever avec un grand plaisir qu'au marathon et au City Jogging il y avait une foule de participants actifs, même de nombreux collègues, ministres et politiciens, qui ont été remarqués. J'estime que les grandes manifestations, qui attirent de plus en plus de spectateurs, émettent le message positif de pratiquer davantage d'activités sportives. Dans ce contexte, une image positive est donnée par les cyclistes dans les compétitions. Il y a davantage de participants aux randonnées cyclistes et le sport a trouvé un attrait inattendu pour les jeunes.

Le Quotidien: Quelles sont, selon vous, les disciplines sportives les plus favorisées ou pratiquées actuellement? Médiatiquement, c'est certainement le cyclisme qui rayonne actuellement le plus au-delà des frontières.

Romain Schneider: Au Luxembourg, c'est aussi le basket-ball qui a les faveurs du public, rassemblant un nombre impressionnant de spectateurs lors des finales. Le nombre le plus important de licenciés est à l'actif du football.

Le Quotidien: Le football est-il un sport intégrateur?

Romain Schneider: En effet. Je partage entièrement l'esprit du discours de Michel Platini à la plénière du Comité des Régions (Parlement européen), qui a souligné le rôle social et intégrateur du football.

Le Quotidien: Sommes-nous assez performants à cet égard au Luxembourg?

Romain Schneider: Je pense que oui. Je constate principalement que dans les catégories des plus jeunes, toutes les nationalités sont représentées.

Toutes les fédérations veillent activement à une politique d'intégration.

Un instrument important à cet égard est le chèque-service accueil, qui peut être utilisé en matière sportive depuis fin 2009. Les services d'animation et de formation sportives, par le biais des clubs sportifs (en tant que structures d'accueil agréées), peuvent offrir aux enfants leurs activités spécifiques.

Les clubs doivent être membres d'une fédération sportive agréée par le ministère des Sports. Le personnel d'encadrement des enfants de moins de 13 ans ou n'ayant pas encore quitté l'enseignement fondamental doit posséder les qualifications exigées par notre ministère et celui de la Famille. Le montant maximum attribué atteint annuellement les 405 euros.

Le Quotidien: Pouvez-vous affirmer que les mesures dureront jusqu'à la fin de la législature?

Romain Schneider: Le chèque-service accueil est l'une des priorités du gouvernement; il est mis en œuvre sous les auspices du ministère de la Famille. Il y a encore une pénurie d'infrastructures sportives adéquates. Nous nous engageons à assurer à chaque enfant des possibilités d'entraînement satisfaisantes. L'extension du chèque-service aux sports est encore trop peu connue. Voilà pourquoi j'en ai fait la promotion il y a quelques jours devant les représentants communaux, à la journée des Bourgmestres, à Mondorf.

Le Quotidien: Pouvez-vous énumérer les fédérations modèles dans ce contexte?

Romain Schneider: Plusieurs fédérations saisissent la chance de faire leur promotion: le tennis, le basket, la natation, le football, parmi d'autres.

Le Quotidien: Le Luxembourg participe-t-il activement à la lutte antidopage?

Romain Schneider: La cellule de l'Agence luxembourgeoise antidopage (ALAD) est performante et ses contacts au niveau européen sont constructifs.

Le Quotidien: Parlons concrètement d'une discipline sportive: le cyclisme! Votre prédécesseur a dit un jour en s'adressant aux champions luxembourgeois: "Je ne voudrais pas apprendre que vous êtes impliqués dans une sale affaire!" Quel est votre message?

Romain Schneider: Il s'agit d'une question de confiance. Et j'ai cette confiance. Je crois que je peux avoir confiance. Parlant de cyclisme, j'ajouterai qu'on n'aurait pas voulu entendre, la semaine passée, les mauvaises nouvelles à propos de Kim Kirchen, mais son état de santé semble évoluer dans la bonne direction. Cela est rassurant.

Le Quotidien: Comment auriez-vous réagi si la semaine passée vous aviez été à la place de votre homologue française?

Romain Schneider: Comme Madame Bachelot, j'aurais désapprouvé le comportement indécent et surtout l'attitude de l'équipe de football française. Chaque nation est fière de pouvoir participer à un tel championnat. Ce n'est pas la bonne promotion pour une discipline sportive aussi populaire que le foot.

Je ne me serais pas prononcé sur les résultats.

Le Quotidien: Le partenariat public-privé à Livange devient-il un souci majeur?

Romain Schneider: Le projet est inscrit parmi nos priorités. Nous avons besoin d'un stade qui réponde aux normes internationales et européennes, car nous ne pourrons pas éternellement bénéficier d'autorisations d'exception pour les matches internationaux (de Coupe d'Europe, par exemple).

Au-delà des questions de conformité, il y a l'aspect sécurité qui doit être assuré, aussi bien que le confort pour les sportifs, la presse et les spectateurs. Une solution doit être trouvée également pour les requêtes spécifiques des sponsors. Le Luxembourg a vraiment besoin d'un stade de football national...

Le Quotidien: ... mais les petites dimensions du projet ne nous permettront néanmoins pas de jouer dans la ligue des tout grands.

Romain Schneider: Cela n'est pas nécessaire. Nous devons rester réalistes quant au nombre de spectateurs que nous pouvons attirer sur un stade: une dizaine de milliers. Le projet de Livange correspond aux besoins en cette matière. Il incombera à l'État de réaliser les infrastructures nécessaires. Il n'y a pas lieu de concevoir des sites alternatifs, sinon le projet risque de ne jamais se réaliser.

Le Quotidien: Le commerce tire quelques salves contre le projet.

Romain Schneider: Un promoteur est prêt à s'engager et à porter le risque commercial. Faut-il se féliciter qu'il soit disposé à réaliser son projet sur le territoire luxembourgeois? Je le pense. Le projet créera des emplois. Ce qui est positif. Les commerçants qui seraient disposés à s'implanter sur le site n'attendront pas dix ans.

Le Quotidien: Y a-t-il un danger réel que le projet se délocalise dans la Grande Région?

Romain Schneider: On l'aura vu à d'autres occasions sur des emplacements à proximité des frontières.

Le Quotidien: Les écologistes manifestent également leur mécontentement.

Romain Schneider: Toutes les autorisations et études tiendront compte de la législation en vigueur.

Le Quotidien: Qu'en est-il du vélodrome?

Romain Schneider: Le Premier ministre a annoncé que le projet sera mis en construction après 2013. Un groupe de travail a été instauré qui élabore un cahier des charges à transmettre à toutes les communes. Il y en a déjà beaucoup qui ont signalé leur intérêt. Mais les demandes ne peuvent pas être encore reçues officiellement. Nous devons avancer rapidement. J'espère pouvoir annoncer avant la fin de l'année le site choisi, selon les critères du cahier des charges.

L'intérêt pour le vélodrome répond à un besoin réel. Le cyclisme doit être doté d'une infrastructure nationale.

Le Quotidien: La démission de Pilo Fonck de sa fonction de président du Conseil supérieur des Sports repose-t-elle sur des malentendus?

Romain Schneider: Je ne le pense pas. J'ai informé préalablement Gab Deiben et Pilo Fonck que j'entendais ne pas renouveler leurs mandats au Conseil d'administration de la Coque qui viendra à échéance fin juillet. Il n'y a aucun désaveu du Conseil d'administration en fonctions, mais j'ai cherché à renouveler plusieurs mandats, tout en gardant la continuité. La réaction est survenue cinq semaines après l'entretien que j'ai eu avec les deux interlocuteurs et qui portait collégialement sur de nouvelles idées pour la Coque. Je ne suis pas rancunier et je garde toute mon estime à l'égard de ces deux personnalités.

Membre du gouvernement

SCHNEIDER Romain

Thème

Sports

Date de l'événement

27.06.2010

Type(s)

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