Pierre Gramegna au sujet de ses fonctions ministérielles

Le Jeudi: Votre nomination a été une surprise. Comment avez-vous été approché et pourquoi avez-vous accepté ce poste?

Pierre Gramegna: Sans rire, je pourrais dire que je ne sais pas comment cela s'est fait. Cela a été une grande surprise pour moi, je ne m'y attendais pas du tout. Cela m'a évidemment fait plaisir. Mais si j'ai accepté, c'est avant tout parce que j'ai reçu des assurances qui se sont retrouvées dans le programme. Je parle principalement de la volonté d'atteindre d'ici à la fin de la législature un solde structurel des finances publiques d'au moins 0,5% du PIB et de maîtriser la dette publique pour la maintenir en dessous de 30% du PIB.

Le Jeudi: Vous parlez d'un niveau de dette publique maintenu aux alentours de 30% du PIB. Peut-on en déduire que l'Etat ne cédera pas sa participation dans le capital de BGL BNP Paribas? (NDLR: participation qui a conduit le gouvernement à emprunter 2 milliards d'euros à l'époque).

Pierre Gramegna: Aucune décision n'a été prise sur ce sujet.

Le Jeudi: Commert bordez-vous votre métier de ministre et votre action au gouvernement. Quelles seront vos priorités?

Pierre Gramegna: Des priorités, il y en a plusieurs. A court terme, il faut faire voter la loi sur les douzièmes provisoires. Une loi qui va permettre à l'Etat de fonctionner ces quatre prochains mois et qui a été préparée par le gouvernement précédent. La deuxième priorité est de préparer le budget pour 2014, qui devra être soumis au vote en avril. Mais mon action s'inscrit dans le moyen terme, sur cinq ans. Pour parvenir à atteindre les objectifs d'équilibre financier et budgétaire évoqués plus haut, il y a beaucoup de travail. Nous allons passer en revue toutes les dépenses, chaque article budgétaire et sa raison d'être. Tout cela sera fait en 2014. 2015 sera le premier budget de progrès.

Le Jeudi: A la tête de la Chambre de commerce, vous aviez des prises de position très tranchées concernant les priorités en termes de réformes. Désormais ministre, pensez-vous pouvoir mener ces réformes à bien, vous sentez-vous soutenu en cela par le gouvernement et, laquelle de ces réformes souhaiteriez-vous voir adopter prioritairement?

Pierre Gramegna: Concernant mes fonctions à la Chambre de commerce, il faut être bien clair: maintenant que je suis ministre, ce n'est pas pour défendre les propositions de la Chambre. Je suis là pour mettre en oeuvre le programme de gouvernement. C’est ma responsabilité et cela commandera mon action. Heureusement, il y a de nombreux points qui sont proches. Pas tous, mais quelques-uns quand même.

Le Jeudi: L'instauration d'un fonds souverain, pour lequel vous avez longtemps plaidé, est-il un bon exemple de cette proximité?

Pierre Gramegna: Oui. Un fonds souverain comprend deux aspects. Le premier est de rassembler toutes les participations de l'Etat au sein d'une même structure. Cela est dans le programme. L'autre volet, c'est le financement de ce fonds par les excédents de recettes et les recettes volatiles. Sur ce point, rien n'est prévu. Mais le fait que le premier point figure au programme est pour moi une bonne chose.

Le Jeudi: Xavier Bettel a confirmé lors de la déclaration gouvernementale la hausse de la TVA, hausse à laquelle, sous votre ancienne casquette, vous n'étiez par favorable. A combien estimez-vous cette hausse?

Pierre Gramegna: Les calculs sont en train d'être faits. Mais si on considère la volonté affirmée par le Premier ministre de conserver à l'échelle européenne le taux normal le plus bas, la marge d'augmentation n'est pas très élevée.

Le Jeudi: Comment s'est déroulée votre première expérience à l'Eurogroupe et à l'Ecofin?

Pierre Gramegna: C'était très agréable. Les ministres s’apprécient et se connaissent les uns et les autres. Et j'ai eu droit à un accueil agréable à l'Eurogroupe. Pour I'Ecofin, il y avait deux points importants à l'ordre du jour. Concernant l'Union bancaire, j'ai défendu la vision de la gouvernance qu'en a le Luxembourg, à savoir une voix par Etat membre. Le deuxième dossier, plus difficile, est celui de la fiscalité sur l'épargne. Sur celui-ci, on est presque isolé. Dans ce contexte, j'ai rappelé que l'on est favorable à un échange automatique d'informations au 1er janvier 2015 pour les paiements d'intérêts au sein de I'UE. Mais pour l'élargissement du champ d'application de la directive, on maintient les conditions préalables déjà posées, à savoir des discussions menées par la Commission avec la Suisse, Monaco, Saint-Marin, Andorre et le Liechtenstein afin d'établir un "level playing field" pour éviter une fuite de capitaux hors de I’UE et préserver sa capacité d'investir pour relancer l'économie et la croissance.

Le Jeudi: Pensez-vous que vous pourrez tenir longtemps votre position?

Pierre Gramegna: La semaine prochaine, le Conseil européen va se repencher sur la question. On a fait comprendre que l'on ne fait pas de la résistance pour faire de la résistance. Quand les conditions seront remplies...

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