François Bausch au sujet du projet de contournement

"Ce contournement n'est pas primordial"

"Si, en tant que ministre du Développement durable et des Infrastructures, je ne suis pas demandeur de ce contournement, je comprends bien la situation. Je suis donc tout à fait disposé à ce que l'on cherché une solution pour améliorer la situation de la circulation dans la région. Mais pour cela, il faut que tout le monde soit disposé à discuter. Et lorsque j'entends qu'à la manifestation de jeudi dernier, Sanem ne souhaitait même plus entendre parler des variantes que la commune a pourtant proposées..."

Interview: Erwan Nonet

Le Quotidien: Jeudi dernier, vous déclariez: "S'il s'avère en fin de compte que deux communes se mettent mutuellement des bâtons dans les roues (...), je rappellerai au gouvernement qu'on peut rapidement économiser 100 millions d'euros" (Le Quotidien du 25 juillet). C'était une boutade où êtes-vous vraiment prêt à abandonner le projet?

François Bausch: (il rit) Non, ce n'était pas une boutade! Je pose simplement le problème sereinement. Le tracé, choisi par l'ancien gouvernement et repris par nous, passe à travers une zone classée Natura 2000. Or pour construire une route sur un massif boisé classé, les procédures sont très compliquées... et très longues. Il faut notamment prouver qu'il n'y a pas d'autres tracés possibles et que celui qui est choisi est à la hauteur des résultats attendus.

Le Quotidien: Justement, Sanem est très impliquée dans ce dossier. Sa posture inflexible peut-elle faire flancher le projet?

François Bausch: Non seulement il faudrait négocier à Bruxelles mais il y aura aussi des consultations de la population et de la commune. Georges Engel (NDLR : le bourgmestre de Sanem, LSAP) a déjà dit qu'il utiliserait tous les recours. Et il y en a, cela va jusqu'au tribunal administratif. À chaque étape, on pourrait donc se retrouver à la case départ. Est-ce qu'il est raisonnable d'engager 100 millions d'euros dans le plan de financement pluriannuel sur un projet dont on sait dès le départ que les autorisations, si elles arrivent, ne seront pas formalisées d'ici au moins cinq, six ou sept ans?

Le Quotidien: Vous ne semblez pas convaincu...

François Bausch: Il serait plus simple pour moi de donner mon accord. Michel Wolter (NDLR : le maire de Bascharage, CSV) serait très content et moi, de toute façon, je ne verrai certainement pas la conclusion de cette histoire avant la fin de ma législature! Mais pourquoi rester dans une illusion et promettre aux habitants de Bascharage que l'on va construire ce contournement alors que, quoi qu'il arrive, on en est très loin?

Le Quotidien: Sanem a proposé d'autres tracés. Sont-ils tous mauvais?

François Bausch: Je ne sais pas encore. Ils sont en train d'être analysés par mes services.

Le Quotidien: La question du contournement ne se pose pas que pour elle-même, elle sous-tend la création d'une zone d'activités économiques et d'un dépôt pétrolier. Si la rocade de Bascharage ne se fait pas, qu'en est-il du reste?

François Bausch: C'est effectivement la question majeure et elle ne dépend pas de moi. C'est au ministre de l'Economie de trancher. Si on ne construit pas les dépôts pétroliers et que l'on crée une zone d'activités qui ne génère pas un accroissement du trafic de camions, le contournement est-il nécessaire? Ce n'est pas à moi de décider.

Le Quotidien: Est-ce que cela veut dire que vous auriez de nouvelles pistes pour le dépôt pétrolier?

François Bausch: Non, personne n'en veut.

Le Quotidien: Mais, pour vous, ce projet routier ne semble pas prioritaire et justifier un passage en force...

François Bausch: Ce contournement n'est pas primordial pour le grand réseau routier luxembourgeois. L'intérêt de cette route est régional : il s'agit de désengorger Bascharage et de rattacher la zone d'activité et le dépôt pétrolier au réseau sans passer par le centre-ville.

Le Quotidien: Comprenez-vous les habitants de Bascharage qui le réclament?

Évidemment, le trafic est terrible sur la route nationale. Mais Georges Engel n'a pas tort lorsqu'il dit que cette situation a été créée par la ville elle-même. C'est l'urbanisation de la commune, où tout se concentre autour d'une seule et même route, qui a provoqué cela. En fait, Bascharage, c'est le mauvais exemple type. C'est pour éviter ce genre de problème que l'on crée des plans sectoriels.

Le Quotidien: Comment faire, alors, pour débloquer la situation?

François Bausch: Si, en tant que ministre du Développement durable et des Infrastructures, je ne suis pas demandeur de ce contournement, je comprends bien la situation. Je suis donc tout à fait disposé à ce que l'on cherché une solution pour améliorer la situation de la circulation dans la région. Mais pour cela, il faut que tout le monde soit disposé à discuter. Et lorsque j'entends qu'à la manifestation de jeudi dernier, Sanem ne souhaitait même plus entendre parler des variantes que la commune a pourtant proposées...

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