Interview de Romain Schneider dans Le Quotidien

"Des domaines en faillite? Non, et heureusement!"

Interview : Le Quotidien (Erwan Nonet)

Le Quotidien: La crise sanitaire a-t-elle les mêmes impacts pour toutes les entreprises du secteur viticole du Grand-Duché?

Romain Schneider: Certaines souffrent certainement plus que d'autres, comme dans tous les secteurs d'activité. Mais il est certain que la fermeture totale de l'Horeca a provoqué une forte baisse des ventes. Certaines entreprises ont saisi la possibilité du chômage partiel ou des congés familiaux pour une partie de leurs employés, mais il faut aussi noter que la viticulture a pu profiter d'un effet psychologique positif: celui de pouvoir continuer à travailler. D'autant que tout le monde est d'accord sur le fait que la récolte 2020 se présente bien!

Le Quotidien: Le gouvernement a alloué des aides aux entreprises en difficulté. Connaissez-vous le montant qu'a touché le secteur viticole?

Romain Schneider: Non, nous n'avons pas fait cette différenciation.

Le Quotidien: Avez-vu eu connaissance d'entreprises dont les difficultés sont telles qu'elles risquent la faillite?

Romain Schneider: Non, et heureusement! Même s'il en existait en très grande difficulté, il existe des plans d'aide pour les soutenir et aussi l'espoir de remonter la pente avec une belle récolte. Quoi qu'il en soit, nous serons toujours à leurs côtés pour les aider à surmonter cette épreuve dans les semaines et les mois à venir.

Le Quotidien: Avez-vous déjà des pistes pour soutenir le secteur dans l'après-crise?

Romain Schneider: Un plan de relance substantiel est prévu pour aider l'Horeca et il aura des répercussions sur la viticulture. J'ai également demandé à la profession de me montrer, chiffres à l'appui, quelles ont été leurs pertes de chiffre d'affaires en comparant les mois de mars, avril et mai 2019 et 2020. En fonction de ce que je verrai, je proposerai différentes pistes au Conseil de gouvernement.

Le Quotidien: De quelle nature pourraient-elles être?

Romain Schneider: En plus de profiter du paquet de relance de l'Horeca, nous pourrions avancer le versement de certaines subventions normalement réglées enfin d'année. Les domaines auraient dès lors des liquidités qui permettraient de répondre aux besoins urgents. Nous préparons aussi un amendement à la loi agraire qui permettra d'anticiper la nouvelle PAC (NDLR: la politique agricole commune de l'Union européenne), particulièrement pour inciter à l'achat de nouvelles machines et ainsi préparer le futur. Nous lancerons également une grande campagne de promotion pour les produits de l'agriculture, de la viticulture et de l'horticulture dans le but de mettre en avant les produits locaux, saisonniers et bios. Le vin, évidemment, y tiendra toute sa place.

Le Quotidien: La réouverture de l'Horeca est imminente, mais qu'en attendez-vous? Il ne faut sans doute pas espérer un miracle puisqu'elle ne signifie pas que la crise soit passée…

Romain Schneider: Lorsque le secteur ouvrira, cela fera tout de même du bien à la viticulture et à tous les secteurs connexes à la restauration. Mais vous avez raison, nous ne retrouverons certainement pas rapidement un niveau d'activité égal à celui d'avant la crise. Nous espérons cependant tous une reprise d'activité croissante, dans ce contexte particulier où il reste indispensable de respecter les gestes barrières pour ne pas repartir en arrière.

Le Quotidien: Si l'on devait évoquer un aspect positif à la crise sanitaire, ce serait sans doute cette volonté montrée par de nombreux domaines de trouver de nouveaux clients via leurs boutiques en ligne et une meilleure communication sur les réseaux sociaux...

Romain Schneider: J'ai beaucoup apprécié cette présence digitale plus offensive qui a permis de développer la vente directe grâce à des services de livraison efficaces. Certains vignerons m'ont dit que, grâce à cela, leurs ventes vers la clientèle privée avaient progressé de manière spectaculaire. Malheureusement, cela ne compensera pas les conséquences de la fermeture de l'Horeca, l'annulation de nombreuses fêtes –et pas uniquement sur la Moselle – et les baisses de ventes de vin dans les grandes surfaces... Mais si le contact avec les clients, et particulièrement en ce qui concerne la vente de vin, doit rester la priorité, cette diversification apportée par internet est très positive.

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