Interview: L'essentiel (Thomas Holzer)
L'essentiel: Craignez-vous une guerre en Ukraine?
François Bausch: Cela se présente mal, mais j'ai toujours espoir. Je me sens propulsé 50 ans en arrière, au moment de la guerre froide. Il ne faut pas exagérer en évoquant une guerre mondiale, mais il y a un risque de guerre régionale avec des répercussions internationales.
L'essentiel: Y compris au Luxembourg?
François Bausch: Évidemment, le Luxembourg est dépendant de la situation internationale. Prenez les prix de l'énergie, l'impact est énorme. C'est pourquoi il est important de développer les énergies renouvelables. Pour des raisons écologiques, mais aussi pour être moins dépendants de pays qui n'ont pas les mêmes valeurs démocratiques.
L'essentiel: La Russie est le deuxième fournisseur de gaz au Luxembourg...
François Bausch: Le robinet de gaz ne sera pas complètement fermé, mais nous essayons de diversifier nos approvisionnements. Cela dit, un fournisseur de moins nous amène à être dépendant d'autres, notamment en matière de prix.
L'essentiel: La finance peut-elle être impactée?
François Bausch: Forcément, en tant que place financière, les liens sont partout. Si la Russie était exclue du système Swift (Coopérative créée en 1973 à l'initiative de 239 banques pour faciliter les transferts d'argent dans le monde), le fonctionnement de la place serait entravé. Mais il faut parfois accepter certains inconvénients plutôt que de laisser passer une telle agression.
L'essentiel: Le Luxembourg est membre de l'OTAN. Des soldats seront-ils déployés?
François Bausch: Oui, mais pas pour intervenir directement. Il s'agit de sécuriser les frontières autour de l'Ukraine. L'OTAN a pour projet de mobiliser des troupes, notamment en Roumanie, en Bulgarie ou encore dans les pays Baltes, qui ont peur. Et je les comprends.
L'essentiel: La défense européenne, vous êtes pour?
François Bausch: Oui, car c'est plus efficace et moins cher. Une approche unifiée est dans l'intérêt de tout le monde.