Interview avec Xavier Bettel dans L'essentiel

"On ne vous laisse pas tomber"

Interview: L'essentiel (Nicolas Martin Et Thomas Holzer)

L'essentiel: Quelles sont vos premières impressions lors de cette visite en Ukraine?

Xavier Bettel: C'est de l'émotion, du respect, de l'humilité par rapport à un peuple qui se bat, à des villes détruites, à des charniers humains. Par rapport à des gens à qui j'ai demandé ce qui leur restait et qui m'ont répondu "Rien". J'ai vu de la solidarité aussi. Un peuple qui ne baisse pas les bras.

L'essentiel: Ces lieux ressemblent-ils àce que vous imaginiez?

Xavier Bettel: Je découvre encore plus de dégâts, de guerre. Les images sont une chose, mais voir des immeubles, des supermarchés, des routes, des ponts détruits, des existences détruites, des vies brisées... c'est beaucoup d'émotion.

L'essentiel: Avez-vous ressenti de l'appréhension pour ce voyage?

Xavier Bettel: Moi, je suis ici quelques heures, les gens vivent ici donc je ne vais pas me plaindre. C'est là qu'on réalise le prix de la paix et l'importance de se battre pour ses valeurs.

L'essentiel: Ce déplacement a-t-il une dimension symbolique ou est-il le signe d'un nouvel élan de soutien?

Xavier Bettel: Les deux. Il est symbolique. C'est le président Zelensky qui m'a invité. Quand Volodymyr m'a dit que c'était important pour lui que je vienne ici, je n'ai pas hésité. Je suis ici pour montrer le soutien du Luxembourg via les aides fournies et aussi l'élan de solidarité qu'il y a au Grand-Duché. Je suis fier d'être Premier ministre d'un pays qui comprend qu'aujourd'hui on aide et que demain on pourra peut-être compter sur les autres.

L'essentiel: Le Luxembourg va-t-il s'investir davantage?

Xavier Bettel: Il y a des engagements multilatéraux et on est en contact direct avec l'autorité ukrainienne pour aider sur certains projets qui sont en train d'être discutés.

L'essentiel: L'Ukraine fait-elle partie de l'Europe?

Xavier Bettel: L'Ukraine partage avec nous un continent, celui de l'Europe. Elle doit faire partie de cette famille européenne, mais aujourd'hui, c'est le statut de candidat et il y a encore des devoirs à faire. On sait très bien que l'adhésion comme membre n'est pas pour demain. On a des critères à respecter, mais je pense que de ne pas leur donner la perspective de continuer dans les efforts entrepris serait un mauvais signal. Aujourd'hui, le message est de dire aux Ukrainiens "On ne vous laisse pas tomber".

L'essentiel: Regrettez-vous vos échanges avec Vladimir Poutine?

Xavier Bettel: Non, pas du tout. Je l'ai fait à la demande du président Zelensky et je peux vous dire que s'il me demande de recontacter Poutine, je le ferai.

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