Interview avec Serge Wilmes dans Le Quotidien "Nous sommes trop souvent sur un constat alarmiste"

Interview: Le Quotidien (Erwan Nonet)

Le Quotidien: Les efforts portés par le gouvernement sont-ils suffisants pour protéger la biodiversité au Luxembourg?

Serge Wilmes: Nous avons une stratégie claire et nous faisonsbeaucoup d'efforts, par exemple pour restaurer les cours d'eau. Nous n'avons pas atteint nos objectifs, mais il y a des choses qui se font. Je trouve que nous sommestrop souvent sur un constat alarmiste.

Le Quotidien: Mais les études montrent quela nature n'est pas en bon état...

Serge Wilmes: C'est une face de la réalité. Je vois aussi que des communes, des particuliers ou des entreprises restaurent des étangs, des tourbières ou verdissent des bâtiments. Il ya beaucoup d'actions qui sont faites, mais elles ne sont pas encore assez valorisées (NDLR: Le Quotidien y consacre une page tous les samedis). Le plus important, c'est la confiance. Je suis un optimiste réaliste. Il faut encourager les citoyens pour qu'ils avancent et il faut le faire parce que restaurer la biodiversité estfaisable, même si ce sera dur. Il y a un nouvel espoir. Des oiseaux disparus reviennent parce que nous réalisons des efforts en ce sens. Ça ne sert à rien d'être systématiquement négatif.

Le Quotidien: La rétrogradation de la protection du loup, que le Luxembourg a votée, n'est-elle pas un mauvais signal?

Serge Wilmes: Mais si nous en sommes arrivés là, c' est parce que le loup, qui avait quasiment disparu, est de nouveau présent en Europe: c' est une évolution positive! Et nous ne voulonspas nous en débarrasser, il n'y aura de toute façon jamais de hordes au Luxembourg. Nous avons juste apporté notre soutien à une vague de solidarité pour des pays qui ont des problèmes avec les loups afin qu'ils puissent en tuer davantage. Mais cela ne nous concerne pas vraiment.

Le Quotidien: Il n'y a pourtant qu'environ 22 000 loups en Europe et ils ne sont pas totalement sauvés...

Serge Wilmes: Il n'existe pas de monitoring unifié en Europe et donc pas de statistiques fiables sur l'état de leur population. Dans certaines régions, leur forte présence provoque des conflits avec les habitants, notamment les agriculteurs(NDLR: selon la Commission européenne, les loups sont responsables de 0,06 % de la mortalité des ovins en Europe. Ils n'ont jamais causé la mort d'une personne lors des 40 dernières années). Certains pays,comme la Grèce ou l' Espagne, voulaient depuis longtemps que le loup soit moins protégé. Je crois qu'il faudrait revoir ces mécanismes pourqu'ils soient plus flexibles. Car le loup reste protégé, quoi qu'il arrive.

Membre du gouvernement

WILMES Serge

Date de l'événement

28.10.2024