Dernière modification le
Interview avec Luc Frieden dans Paperjam "Je veux avoir les explications derrière l'info"
Interview: Paperjam (Thierry Labro)
Paperjam: Quel est votre tout premier souvenir marquant lié à un média?
Luc Frieden: C'est certainement le fait que j'ai travaillé pendant de nombreuses années comme étudiant pour RTL au Luxembourg à partir de l'âge de 17 ans jusqu'à la fin de mes études universitaires. Je couvrais des sujets d'actualité politique et je faisais des commentaires juridico-politiques qui sont probablement à l'origine de ma carrière politique.
Paperjam: Quelle place occupe l'information dans votre quotidien?
Luc Frieden: Une place très importante. J'écoute d'abord le fil info de France Info. Puis le World in Two Minutes de la BBC et, avant que Paperjam envoie sa newsletter, je lis le Wort et le Financial Times.
Paperjam: Quelle est la principale qualité d'un bon média?
Luc Frieden: Avoir une information fiable et, pour moi, creuser un peu les sujets. Je ne suis pas intéressé uniquement par un titre. Je veux avoir les explications derrière l'info.
Paperjam: Est-ce que vous sentez à un moment donné le besoin de prendre de la dis tance avec l'actualité?
Luc Frieden: Jamais
Paperjam: Les réseaux sociaux jouent un rôle dans votre consommation de l'information?
Luc Frieden: À part regarder certaines photos, je trouve que la communication sur les réseaux sociaux est trop superficielle parce qu'elle est forcément très réduite. C'est bien pour suivre l'actualité, mais je préfère aller au fond des choses.
Paperjam: Êtes-vous à l'aise avec l'image que les médias renvoient de vous?
Luc Frieden: Parfois.
Paperjam: Quelle a été la couverture médiatique qui vous a le plus surpris dans votre carrière?
Luc Frieden: Le plus surpris, de façon positive, par quelques-unes des photos à la une de Paperjam.
Paperjam: Avez-vous déjà trouvé qu'un article vous avait vraiment mal compris?
Luc Frieden: Régulièrement! L'aspect frustrant pour un homme politique est la quasi-impossibilité de répondre du tac au tac puisque l'article est écrit et publié. On voudrait apporter son point de vue, mais cela se passe souvent après, dans une autre édition du même journal, au mieux. Mais c'est décalé.
Paperjam: Quel est le rôle du journalisme d'investigation dans notre démocratie?
Luc Frieden: S'il est bien fait, ce qui n'est pas toujours le cas, il peut aider évidemment à être un facteur d'information et de contrôle en démocratie. Mais, là encore, comme dans tout le journalisme, ce qui m'intéresse, c'est la qualité journalistique, et, comme partout dans la vie, il y a des gens qui font leur métier plus sérieusement que d'autres.
Paperjam: Est-ce que vous entretenez des rap ports avec les journalistes en dehors de vos fonctions?
Luc Frieden: Il m'arrive certainement d'avoir des journalistes comme amis, oui.
Paperjam: Pensez-vous que le gouvernement a une responsabilité particulière vis-à-vis de la liberté de la presse?
Luc Frieden: Absolument. Je crois que la démocratie est quelque chose d'extrêmement important, qu'il faut toujours, tous les jours, renforcer la démocratie et que, dans une démocratie, une presse libre et indépendante est essentielle. C'est aussi la raison pour laquelle je suis pour l'aide financière à la presse parce qu'elle permet une pluralité des médias. La liberté de la presse est un élément-clé d'une société libre, mais j'ajouterai "d'une société dont les idées évoluent". Il faut que les gens lisent aussi la presse pluraliste.
Paperjam: Comment réagir face au discours médiatique populiste ou clivant?
Luc Frieden: En soutenant la presse sérieuse, en s'attaquant aux informations fausses ou malintentionnées. Et je crois que la meilleure réaction est de réagir, d'agir, de répondre.
Paperjam: Faut-il éduquer les jeunes à décrypter l'information?
Luc Frieden: Absolument. Je crois que l'éducation aux médias et à l'utilisation des médias sociaux est essentielle aujourd'hui.
Paperjam: Un mot, peut-être, même s'il n'est pas positif, pour le 25e anniversaire, sur Paperjam?
Luc Frieden: Paperjam est une success-story remarquable qui a enrichi le spectre média tique du Luxembourg pour plusieurs raisons. La première, c'est que c'est en français, alors que les médias traditionnels sont majoritairement en allemand. Ensuite, Paperjam a choisi un créneau économique qui n'est pas couvert ou pas couvert de la même façon par les journaux traditionnels luxembourgeois avant la naissance de Paperjam. En 25 ans, Paperjam a beaucoup évolué. Aujourd'hui, c'est une source d'information dans les milieux économiques et au-delà. Et je sais d'expérience - quand j'ai été dans le secteur privé pendant dix années avant de retourner en politique - que des collègues ont souvent fait référence aux infos de Paperjam dans leurs discussions et dans leurs échanges.
À côté d'autres médias, le magazine joue un rôle extrêmement positif et il a enrichi le monde médiatique au Luxembourg.
Paperjam: Qu'est-ce que vous aimez le plus?
Luc Frieden: Les couvertures de Paperjam sont absolument exceptionnelles et je suis pleinement admiratif de la qualité artistique et journalistique des photos.
Il n'y a aucun média, à Luxembourg, qui ait osé faire ce genre de photos.
J'ai eu l'honneur et le plaisir d'être une demi-douzaine de fois à la une. Un de vos photographes a même réussi à me convaincre de m'asseoir sur mon bureau à la banque pour me prendre en photo. C'est une photo qui, comme d'ailleurs certaines autres photos de Paperjam, a conduit à beaucoup de commentaires très positifs...sur le photographe.
Paperjam: Un dernier mot?
Luc Frieden: Médiavore