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Visite officielle du Premier ministre Jean-Claude Juncker en Pologne
Du 1er au 3 avril, Jean-Claude Juncker, Premier ministre, accompagné d'Erna Hennicot-Schoepges, ministre de la Culture, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche ont effectué une visite officielle en République de Pologne.
Le Premier ministre saluant son homologue polonais
Des discussions politiques ont marqué la première partie de la visite de Jean-Claude Juncker en Pologne
Après la cérémonie d'accueil, Jerzy Buzek, Premier ministre polonais et Jean-Claude Juncker se sont retirés pour des entretiens.
Toast lors du banquet officiel du Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, avec le Premier ministre polonais, Jerzy Buzek
La visite du Premier ministre luxembourgeois a eu lieu à un moment crucial pour la Pologne. En effet, des élections générales qui d'ailleurs pourraient entraîner d'importants changements politiques, seront organisées en Pologne en septembre 2001. En outre, la Pologne entrera dans l'importante phase des négociations d'adhésion alors que le chancelier allemand Gerhard Schröder vient de proposer une période transitoire de sept ans concernant l'accès des travailleurs polonais au marché du travail européen.
Interrogé par la presse au sujet de cette période transitoire, le Premier ministre luxembourgeois a souligné qu'il conviendrait de relativiser cette discussion. Il a ajouté qu'il faudrait également préparer sans tarder une réponse européenne flexible en la matière.
Concernant les efforts entrepris pars la Pologne en vue de son adhésion future à l'Union européenne, le chef du gouvernement luxembourgeois a salué les progrès effectués par la Pologne dans de nombreux domaines.
Par ailleurs, Jean-Claude Juncker a précisé que le gouvernement luxembourgeois défend toujours la décision prise lors du Conseil européen à Luxembourg, selon laquelle l'adhésion à l'Union devrait dépendre des mérites propres de chaque pays candidat. Et d'ajouter qu'il ne faudrait pas exclure la possibilité que les pays qui ont connu une évolution historique, politique, économique et sociale comparable, puissent entamer la procédure d'adhésion au même moment. Dans ce contexte, il a évoqué une possible collaboration, déjà envisagée lors d'un entretien avec le Premier ministre hongrois, entre les pays Visegrad et ceux du Benelux.
Entrevue avec Aleksander Kwasniewski, président de la République de Pologne
Le Premier ministre Jean-Claude Juncker avec le président de la République de Pologne, Aleksander Kwasniewski
Au cours du premier jour de sa visite officielle, le Premier ministre luxembourgeois fut également reçu par le président polonais, Aleksander Kwasniewski. Ce dernier a exprimé sa satisfaction d'accueillir à nouveau, après dix années, un Premier ministre luxembourgeois en visite officielle en Pologne.
Parmi les principaux sujets abordés par les deux hommes politiques figuraient l'élargissement de l'Union européenne, ainsi que des questions qui pourraient se poser pour les pays limitrophes d'une Union européenne élargie. Les deux hommes politiques ont notamment évoqué l'Ukraine, qui à cause de sa situation géopolitique mériterait plus d'attention selon MM. Kwasniewski et Juncker. Dans le contexte de l'élargissement de l'Union européenne furent également abordés les problèmes liés à la protection de l'environnement et à l'agriculture polonaise.
Lors du premier jour de sa visite, Jean-Claude Juncker a aussi eu des discussions avec le ministre polonais des Affaires étrangères, M. Bartoszewski ainsi qu'avec le ministre des Finances, Jaroslaw Bauc. A l'ordre du jour figuraient par ailleurs des entrevues avec des représentants du monde politique, syndical et économique.
Jean-Claude Juncker a égalment déposé une gerbe sur le tombeau du soldat inconnu. La journée s'est clôturée par un dîner officiel offert par le Premier ministre Buzek.
Le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker dépose une gerbe au pied du tombeau du Soldat inconnu
La première partie de la deuxième journée de la visite fut entièrement consacrée à des entrevues politiques. Ainsi le Premier ministre luxembourgeois et Erna Hennicot-Schoepges ont eu l'occasion de rencontrer le président du parti des agriculteurs, M. Kalinowski. Etant lui-même agriculteur, il est bien placé pour faire une analyse approfondie et objective de l'agriculture polonaise. Au dire de M. Kalinowski, une très grande partie des entreprises agricoles ne survivraient pas après l'entrée de la Pologne dans l'Union européenne. Dans ce contexte, il s'est montré préoccupé devant le sentiment d'impuissance et les attentes irréalistes des petits exploitants, dont les entreprises sont vouées à l'échec après l'adhésion. Il craint qu'en cas de récession économique cette potentielle future armée de chômeurs pourrait être à la base de troubles sociaux. Des efforts pédagogiques conséquents seront nécessaires afin d'éviter le pire et de familiariser la population avec la nouvelle réalité économique.
Erna Hennicot salue le président de la République de Pologne, Aleksander Kwasniewski
M. Kalinowski a par ailleurs déploré le fait que même dans les secteurs prometteurs, des problèmes se fassent ressentir. Il a cité l'exemple de l'industrie de la production et de la transformation de la viande, qui se trouve dans les mains de dirigeants étrangers. Tandis que les coûts de production atteignent des niveaux comparables à ceux de l'Union européenne, les prix de vente ne peuvent suivre pour des raisons évidentes.
"Bien sûr, l'entrée de la Pologne dans l'Union européenne est une priorité pour mon parti" affirme M. Kalinowski. M. Kalinowski a cependant tenu à préciser qu'il préférait s'en tenir à De Gaulle qui avait affirmé que dans les relations entre pays il n'y avait pas de place pour les sentiments. Le Premier ministre luxembourgeois riposta alors en citant également De Gaulle "Je m'envolais avec des idées simples vers un orient compliqué", exprimant ainsi combien le contact avec la réalité du "terrain" était riche en enseignements pour un homme politique européen.
"J'admire le courage et la volonté des Polonais"
La Pologne est un pays en rapide mutation, mais offrant d'énormes possibilités. "J'admire le courage et la volonté des Polonais. Le succès d'une adhésion future à l'Union européenne dépend de la détermination d'un peuple et de sa patience". Ceci est le message que le Premier ministre luxembourgeois a formulé à l'égard de M. Kalinowski et qu'il a exprimé à plusieurs reprises lors de sa visite dans la province polonaise.
Le 3 avril au matin, Jean-Claude Juncker a mené des entretiens avec différents décideurs parlementaires. A cette occasion, furent évoqués les efforts déployés par le parlement polonais afin d'adapter la législation polonaise à "l'acquis communautaire". Or, étant donné la situation économique et sociale actuelle, l'entrée en vigueur immédiate de différentes lois s'avère parfois difficile. Les interlocuteurs du Premier ministre luxembourgeois ont cependant tenu à souligner qu'il existe entre les différents partis politiques polonais un large consensus en ce qui concerne la nécessité de ces réformes.
Jean-Claude Juncker, Erna Hennicot et B. Geremek, président du parti Union pour les Libertés (UW)
L'entrevue avec le président de la coalition des partis de gauche, Leszek Miller, dont la formation jouit d'une grande popularité auprès des électeurs, amenés à s'exprimer en septembre 2001, s'est également révélée intéressante. Tout comme les autres interlocuteurs de Jean-Claude Juncker, Leszek Miller souligna qu'il n'existe pas vraiment d'alternative à une adhésion à l'Union européenne. En revanche, en Pologne on aurait l'impression que la perspective de l'élargissement rencontre moins d'enthousiasme qu'il y a quelque temps dans les Etats membres de l'Union européenne. Réagissant à cette remarque, Jean-Claude Juncker a tenu à préciser que les décisions prises lors du Conseil de l'Union européenne à Luxembourg étaient toujours valables. Il a ajouté qu'il accordait beaucoup plus d'importance au contenu des livres d'histoire qu'aux sondages d'opinion. Et précisément les leçons contenues dans ces livres d'histoire, notamment la nécessité d'ancrer la paix en Europe, obligeraient les Etats membres actuels à trouver une voie commune.
Les deux hommes politiques ont reconnu que de nombreux malentendus subsistent. Ainsi en Europe, certains Etats membres craignent l'invasion de la main-d'œuvre polonaise qui, selon ces mêmes Etats membres, ne pourrait être freinée que par de longues périodes transitoires. En Pologne, en revanche, l'on redouterait le bradage du sol polonais en cas d'absence de périodes transitoires en sa faveur. En tout cas, MM. Miller et Juncker ont souligné que les visites officielles à l'instar de celle que le Premier ministre effectuait en Pologne avaient le mérite de favoriser la compréhension mutuelle et de maintenir un débat constructif dans le cadre du processus d'élargissement.
A la découverte de la province polonaise
Souhaitant découvrir les multiples facettes de la Pologne, le Premier ministre luxembourgeois a tenu à visiter la province polonaise. C'est ainsi qu'en compagnie d'Erna Hennicot-Schoepges, Jean-Claude Juncker a visité la région de Lublin située à la frontière entre la Pologne et l'Ukraine.
La délégation luxembourgeoise s'est d'abord rendue dans l'école primaire et moyenne de Wola Uhruska où les élèves ont adressé de nombreuses questions aux représentants luxembourgeois. Par ses réponses, le Premier ministre a notamment tenté de replacer dans le bon contexte les attentes formulées par les élèves par rapport à l'élargissement.
Jean-Claude Juncker et Erna Hennicot-Schoepges répondent aux questions des éléves du gymnase de Wola Urushka
Photos: Tom Wagner/SIP
L'impression générale fut complétée par la visite d'une exploitation agricole transformée en chambres d'hôtes ainsi que d'une autre entreprise qui vise à produire des aliments de qualité.
Ce déplacement a également permis au Premier ministre de visiter le poste frontière avec l'Ukraine, pays qui formera après l'adhésion de la Pologne à l'Union européenne la frontière Est de l'Europe. Cette visite a une fois de plus illustré la complexité du processus d'élargissement.
A côté des sujets politiques, une place d'honneur était réservée à la culture.
Le 2 avril 2001, Erna Hennicot-Schoepges, pour sa part, a mené des discussions avec le ministre polonais de la culture, M. Ujazdowski, le ministre de l'Education, M. Wittbrodt ainsi qu'avec le ministre des sciences, M. Wiszniewski. Lors de ces discussions la coopération entre le Luxembourg et la Pologne dans les différents domaines fut abordée.
Erna Hennicot-Schoepes et son homologue polonais
Le nouveau programme de coopération retenu entre la Pologne et le Luxembourg prévoit entre autres des manifestations culturelles communes dans le cadre de "Europalia 2001", un engagement accru en faveur des littératures polonaise et luxembourgeoise ainsi qu'un échange mutuel d'artistes, de musiciens, de professeurs et d'experts. Par ailleurs, il a été décidé de créer des contacts entre des centres de recherche luxembourgeois et le Centre universitaire d'une part et des centres polonais d'autre part. Les modalités d'une collaboration dans le cadre du sixième Programme cadre de la recherche furent également discutées. La ministre luxembourgeoise a saisi l'occasion de ces rencontres pour fournir à ses homologues polonais des informations sur la "European University Foundation" ainsi que sur le projet ENA, "European Navigator".
Photos: Tom Wagner/SIP