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Jean-Claude Juncker et Luc Frieden en visite de travail en Lituanie
Du 22 au 23 avril, Jean-Claude Juncker, Premier ministre a effectué, en compagnie de Luc Frieden, ministre du Trésor et du Budget, une visite de travail en Lituanie.
Les deux membres du gouvernement luxembourgeois y ont eu une série d'entretiens avec le président de la République de Lituanie, Valdas Adamkus, le Premier ministre, Ronaldas Paksas, le président du parlement Arturas Paulauskas ainsi qu'avec des représentants de différents partis politiques représentés dans le Seimas (le parlement lituanien).
Au centre des discussions figurait l'élargissement de l'Union européenne et de l'Otan. La Lituanie, ancienne république de l'Union soviétique et indépendante depuis 1991, considère l'adhésion à ces deux organisations comme prioritaires. Jean-Claude Juncker s'est dit impressionné par les progrès effectués par la République de Lituanie dans certains domaines clés. Aussi s'est-il montré confiant que l'adhésion de la Lituanie à l'Union européenne et à l'Otan ne saurait tarder.
A propos de l'élargissement de l'Otan, le Premier ministre luxembourgeois s'est prononcé en faveur de nouvelles discussions d'adhésion, qui seraient entamées dans un délais de trois ans après l'adhésion de la Pologne, la Hongrie et la République tchèque. Ces discussions permettraient alors d'impliquer différents pays qui jouent un rôle stabilisateur dans leurs régions respectives. Cette décision devrait être prise lors du prochain sommet de l'Otan à Prague, en 2002.
En ce qui concerne l'élargissement de l'Union européenne, Jean-Claude Juncker a souligné que les décisions prises lors du Conseil de l'Union européenne en 1997 à Luxembourg étaient toujours d'actualité. Ces décisions spécifient que les candidats à l'adhésion devraient être jugés de manière individuelle et exclusivement sur la base des résultats atteints lors des processus de réforme et d'adaptation. Les progrès effectués par la Lituanie dans ce domaine sont très encourageants, étant donné qu'elle a déjà bouclé 13 chapitres de négociation avec l'Union européenne sur les 29 chapitres prévus, et se situe ainsi juste derrière la Pologne, qui a déjà clôturé 15 chapitres de négociation.
Autre sujet abordé lors des entrevues: la situation de Kaliningrad, une enclave russe qui se situe entre la Pologne et la Lituanie. Après l'élargissement, cette enclave formera une frontière externe avec la Russie à l'intérieur même de l'Union européenne. Jean-Claude Juncker a appuyé l'idée d'évoquer cette question lors des négociations entre la Commission européenne d'une part et la Pologne et la Lituanie d'autre part. Dans ce contexte, le Premier ministre luxembourgeois a estimé que les expériences quotidiennes lituaniennes et polonaises acquises par la contact direct avec Kaliningrad représentaient un apport très précieux.
Au niveau des relations bilatérales, le chef du gouvernement luxembourgeois et ses interlocuteurs lituaniens ont déploré le fait que notamment les relations économiques étaient sous-développées. Par conséquent celles-ci devraient être étendues et approfondies. Par ailleurs, il a été constaté que Luxembourgeois et Lituaniens se connaissent peu. D'où l'idée de favoriser des échanges culturels entre les deux pays.
C'est devant un public composé d'étudiants de l'université de Vilnius, que le Premier ministre prononça un discours remarqué dans lequel il s'est notamment penché sur les défis que l'Union européenne devra relever dans les prochaines années. Elle devra par exemple redéfinir la répartition des compétences entre les Etats membres et le conseil des ministres d'une part et la Commission et le Parlement européens d'autre part. Jean-Claude Juncker a souligné qu'il serait important de ne jamais perdre de vue l'idée qui se trouve à la base du processus d'intégration européen, à savoir la pacification définitive du continent européen. Aujourd'hui et à un moment où l'élargissement permet d'envisager une paix continentale, cette dimension historique revête encore plus d'importance. Et de préciser, qu'aujourd'hui le processus d'intégration est tellement avancé que l'Europe ne pourra plus progresser avec la "méthode Monnet", c'est-à-dire grâce à une politique des petits pas. Au dire du Premier ministre, il importe désormais d'impliquer directement les citoyens européens dans le projet européen. La méthode préconisée par Jean-Claude Juncker est celle d'un débat public très large sur l'orientation future de l'Union européenne.
Ce débat, qui serait mené avec les citoyens, les partis politiques, les syndicats et d'autres organisations, devrait permettre de déterminer un fois pour toutes quelle Europe est souhaitée. Cette Europe serait-elle plutôt un communauté assez libre d'Etats nationaux, une zone de libre échange plus poussée, ou une communauté solidaire d'Etats européens, qui placent les valeurs comme la liberté, la démocratie et le droit au-dessus des intérêts purement économiques. La particularité du processus d'intégration européen, résiderait précisément, au dire de Jean-Claude Juncker dans cet attachement à ces valeurs fondamentales communes, un attachement qu'il faudrait à tout prix préserver à l'avenir, voire étendre à la dimension sociale. Et de préciser que ce débat n'avait pas encore commencé et qu'il ne serait pas possible de le conclure à l'horizon 2004.
Echange de vues entre le ministre de la Justice, Luc Frieden et son homologue lituanien, Gintautas Bartkus
En marge de la visite du Premier ministre luxembourgeois, le ministre de la Justice, Luc Frieden, a eu un échange de vues avec son homologue lituanien, Gintautas Bartkus. Ce dernier a fourni à Luc Frieden des informations sur les principales réformes en matière de droit entreprises par la Lituanie au cours des dernières années. Ainsi la Lituanie a adopté récemment un nouveau code civil et criminel. Pour ce faire, elle s'est inspirée des législations allemande et néerlandaise. Luc Frieden, pour sa part, a souligné qu'il importait d'avancer rapidement en matière de création d'un espace européen de sécurité, de liberté et de justice. Ceci était particulièrement important dans le domaine du droit familial ainsi que dans celui de la lutte contre l'immigration clandestine et le crime organisé. Les deux ministres était d'accord pour souligner qu'il faudrait impliquer dès que possible les candidats à l'adhésion à l'Union européenne dans les mécanismes de la collaboration européenne dans les domaines de la justice et de la police.