Allocution prononcée par Paul Helminger, bourgmestre de la Ville de Luxembourg à l'occasion de la visite d'Etat du Président de la République hellénique

Visite d'Etat du Président de la République hellénique

S.E. Monsieur Constantin Stephanopoulos

Séance académique au Cercle municipal

en présence de LL.AA.RR. le Grand-Duc et la Grande-Duchesse

Allocution prononcée par Monsieur Paul Helminger, bourgmestre de la Ville de Luxembourg

Monsieur le Président,

J’ai le grand plaisir de pouvoir vous accueillir aujourd'hui au Cercle municipal et - au nom du collège échevinal, du conseil municipal et de tous mes concitoyens - de vous souhaiter une très chaleureuse bienvenue à Luxembourg.

Altesses Royales,

Permettez-moi, au nom de la Ville, de Vous remercier de nous faire l’insigne honneur d’être parmi nous, conférant ainsi un éclat tout particulier à la cérémonie d’accueil de notre illustre hôte.

En vous accueillant aujourd’hui, Monsieur le Président, nous avons l’honneur et le privilège de recevoir - pour la première fois dans l’histoire de notre capitale – un chef d’Etat grec.

Au cours de votre longue carrière, qui vous a mené de l’exercice du droit à la politique, vous avez participé en 1974 à la transition démocratique de votre pays après la dictature militaire et à son accession à l’Union européenne en 1981. Votre impressionnant parcours politique vous a amené à assumer des responsabilités de plus en plus importantes dans la vie politique et dans la société de votre pays jusqu’à ce que, en 1995, vous accédiez à la charge suprême de Président de la République, fonction dans laquelle vous avez été confirmé l’année dernière. Depuis votre accession à la présidence de votre pays, vous n’en assurez pas seulement la représentation avec une grande dignité, vous vous efforcez encore de jouer un rôle de médiateur dans les conflits qui, hélas, opposent nombreux de vos voisins. Je sais que la situation dans les Balkans et au Proche Orient vous préoccupe beaucoup; sachez que nous partageons vos soucis et que le Luxembourg vous soutient dans vos efforts de médiation.

Altesses Royales,

Monsieur le Président,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Les liens qui existent entre nos deux pays sont profonds et amicaux. La Grèce est l’un des rares pays européens qui n’ait pas, à un moment ou un autre de notre histoire pourtant millénaire, occupé notre pays.

Peu de chances donc de pouvoir restaurer un jour un pan d’enceinte hellénique, peu de chances de pouvoir inaugurer un jour un circuit Périclès.

Par contre vous, votre pays, n’avez cessé d’occuper nos esprits. Ce n’est pas par hasard que notre plus ancien lycée s’appelle Athénée et je ne suis pas le seul – mais nous n’avons jamais été très nombreux – à avoir choisi, sans doute dans un moment d’insouciance juvénile, d’apprendre le grec ancien plutôt que l’anglais. Vous avez donc occupé - parfois torturé nos esprits. Vous les avez surtout illuminés.

Pardonnez au bourgmestre que je suis de ne pas m’égarer dans les méandres de la mythologie et surtout pas dans les arcanes de la philosophie que vos chroniqueurs et vos penseurs ont pourtant tellement enrichis – mais je voudrais dire un mot de la polis, de la cité dont d’Athènes à Sparte et à Thèbes, vos prédécesseurs – qui sont aussi les nôtres – ont défini les fonctions et les ambitions. La Cité, ce noyau essentiel de toute vie en commun, ce premier cercle d’ambitions partagées, d’actions solidaires, de convivialité, nous vous en devons la première conception moderne. Nous avons certes élargi - mais très récemment seulement, au siècle dernier – le cercle de ceux qui peuvent  pleinement y participer jusqu’à y comprendre aujourd’hui les ressortissants de l’Union européenne, mais plus que jamais la cité, la ville est aujourd’hui le point d’ancrage de la chaîne de subsidiarité qui rapproche la discussion et la décision du citoyen, fin ultime après tout de toute politique.

Mais laissons là l’histoire et la philosophie politique, Monsieur le Président, et regardons le présent. Depuis le milieu des années cinquante, lorsque les premiers Grecs sont arrivés dans notre pays, nombreux de vos concitoyens ont choisi notre pays pour y vivre. Ils représentent l’une des 120 nationalités non luxembourgeoises qui constituent près de 58% de la population de cette capitale européenne.

Il y en a à la date d’aujourd’hui 1402 dont plus de la moitié - 729 exactement – habitent la Ville de Luxembourg. En 1964 déjà vos compatriotes ont fondé l’Amicale des Hellènes – aujourd’hui Association des Hellènes du Luxembourg. Depuis 1976 le siège de l’Association se trouve dans un immeuble mis à sa disposition par la Ville de Luxembourg et abritant en outre l’école de grec et le centre culturel grec, de même que l’église orthodoxe grecque.

Je suis heureux de pouvoir saluer aujourd’hui parmi nous quelques-uns de nos concitoyens grecs: fonctionnaires européens, hommes d’affaires, professeurs, instituteurs, employés de banques, artisans…. Ils prennent une part active à la vie de notre communauté qu’ils enrichissent de leurs compétences, de leur culture, de leur amitié. Qu’ils en soient très sincèrement remerciés.

En 1993 dans le cadre d’un programme culturel dont l’objectif est d’intensifier le sentiment de solidarité entre Luxembourgeois et résidents étrangers par le biais de l’action culturelle, la Ville de Luxembourg avait organisé un programme de manifestations intitulé “Regards sur la culture grecque” qui a connu un vif succès.

Deux ans plus tard, dans le cycle des villes européennes de la culture instigué par Madame Melina Mercouri, ancien ministre grec de la culture, notre ville était consacrée “Ville européenne de la culture” et l’un des événements majeurs de cette année culturelle, à laquelle tout le pays fut associé, était la première mondiale d’“Electre”, l’opéra du grand compositeur grec contemporain Mikis Theodorakis.

Monsieur le Président,

Altesses Royales,

De vraies relations ne sont jamais à sens unique. La Grèce a toujours été une destination appréciée des Luxembourgeois. Et si Luxair ne dessert, hélas, plus Athènes, elle affiche souvent complet à destination de Corfou, de Rhodes, de Crète ou de Kos. Je tire ma révérence à un pays qui a réussi, aux couleurs de son drapeau, à établir l’image de marque d’un ciel bleu illuminant à perpétuité un sanctuaire blanc, perché sur un rocher dépouillé. Tant de sérénité, voilà une invitation irrésistible à s’échapper, ne fût-ce que l’espace de quelques jours de nos préoccupations habituelles. Mais vous savez bien, Monsieur le Président, que le monde, hélas, n’est pas tel que nous le rêvons, même pas la Grèce, et le Luxembourg non plus. Nous y travaillons cependant.

Comme les Grecs, les Luxembourgeois ont dû lutter dans le passé pour garder leur liberté et affirmer leur indépendance. Aujourd'hui les Grecs tout comme les Luxembourgeois considèrent leur engagement en Europe aussi bien comme une garantie de leur indépendance que comme un gage de la paix. Cette paix, nous souhaitons ardemment  la partager avec tous les peuples d’Europe et du monde.

Monsieur le Président,

Permettez-moi, au nom de tous mes concitoyens et en mon nom personnel, de vous souhaiter encore une fois une très chaleureuse bienvenue dans notre ville: Kalos Ilthate is to Louxemvourgho! (Bienvenue à Luxembourg)

Efharisto poly. (Merci beaucoup)

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