Dernière modification le
M. Goerens à la conférence internationale sur le financement du développement à Monterrey
Charles Goerens, ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire, a participé à la conférence internationale sur le financement du développement qui s'est tenue à Monterrey (Mexique) du 18 au 22 mars 2002.
Quelques 170 délégations ont pris part à cette conférence, dont une soixantaine de chefs d'Etat et de gouvernement.
Lors de la conférence, la communauté internationale a souhaité réserver une suite concrète aux engagements qu'elle a pris dans la déclaration du Millénaire - adoptée en septembre 2000 à New York - visant en particulier à réduire de 50% l'extrême pauvreté d'ici 2015. La Banque mondiale estime qu'une aide publique au développement (APD) supplémentaire annuelle de 40 à 60 milliards de dollars est nécessaire pour permettre la réalisation de cet objectif.
Les participants à la conférence ont adopté le vendredi 22 mars une déclaration intitulée "Consensus de Monterrey", créant un nouveau partenariat mondial pour le développement. Ce texte porte sur un ensemble de propositions permettant la mobilisation de nouvelles ressources nationales et internationales, concernant la dette, le commerce et le rôle du secteur privé pour financer le développement.
S'agissant du point le plus sensible, la réalisation de l'objectif d'une aide publique au développement de 0,7% du revenu national brut, le texte dispose que "nous invitons instamment les pays développés qui ne l'ont pas encore fait à prendre des mesures concrètes pour atteindre les objectifs consistant à consacrer 0,7% de leur PNB à l'aide publique au développement en faveur des pays en développement et à affecter une part de 0,15 % à 0,20% aux PMA".
Dans son intervention (pdf), M. Goerens a exprimé sa préoccupation face à la baisse de l'APD mondiale depuis une dizaine d'années. La moyenne de l'APD, a-t-il précisé, est en effet tombée en 2000 à un niveau critique correspondant à seulement 0,22 % du PNB des pays de l'OCDE. Ainsi, l'APD en faveur de l'Afrique, qui en 1990 était encore de 25,4 milliards de dollars, est tombée à 15,7 milliards de dollars en 2000.
En 2000, l'APD de l'Union européenne et de ses Etats membres a été de quelque 25 milliards, soit plus de 50% du total, alors que celle des Etats-Unis a été de 10 milliards de dollars. S'il n'est pas sûr si les efforts nécessaires pour respecter les engagements du Millénaire seront fournis, la conférence de Monterrey devrait néanmoins arrêter la baisse de l'APD et conduire à une augmentation de celle-ci au cours des prochaines années.
Ainsi l'UE a pu s'engager, suite aux conclusions du Conseil européen de Barcelone, à atteindre une APD de 0,39% d'ici 2006, alors que le niveau actuel de celle-ci est de 0,33%. Cela représenterait une APD additionnelle de 7 milliards de dollars vers 2006 et une augmentation de 20 milliards sur la période 2000-2006. Le président Bush a pour sa part annoncé une augmentation de 5 milliards de dollars par an de l'aide de son pays resté jusqu'à présent à 0,1 % de son PNB.
L'action menée avant et lors de la conférence par les pays ayant déjà atteint une APD de 0,7 % - Suède, Danemark, Pays-Bas, Norvège et Luxembourg - a sans doute contribué à ce renversement de tendance. Qu'il soit rappelé dans ce contexte l'article publié dans le International Herald Tribune par les Premiers ministres de ces cinq pays. Plusieurs délégations ont également salué dans leur intervention l'effort particulier consenti par le Luxembourg et les autres pays du club des 0,7 %.
Le consensus de Monterrey engage aussi les pays en développement à réaliser des réformes, notamment dans le domaine de la bonne gestion des affaires publiques. Dans son discours (pdf), M. Goerens a souligné qu' "Il importe autant que les pays en développement réalisent des réformes indispensables pour assurer la bonne gouvernance. Il s'agit en particulier de promouvoir le bon fonctionnement des institutions publiques, d'éliminer la corruption, de réduire les inégalités et de mettre en place des systèmes fiscaux et administratifs efficaces et transparents".
En marge de la conférence, M. Goerens a eu des entretiens avec M. Mark Malloch Brown, l'administrateur du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), ainsi qu'avec Mme Thoraya Obaid, directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP).
Le PNUD s'est félicité de ce que le Luxembourg siège cette année comme membre à part entière au Conseil d'administration du PNUD et du FNUAP. M. Goerens et M. Brown ont passé en revue les différents programmes de coopération que le Luxembourg réalise avec le PNUD, dont deux importants projets de soutien au Programme pour le Peuple Palestinien (PAPP) du PNUD dans les domaines de l'eau et de l'éducation. M. Brown a aussi proposé de signer un accord général de coopération pour mieux encadrer cette coopération.
Mme Obaid s'est félicitée de l'appui généreux que le Luxembourg a donné à un projet de son agence en faveur des femmes afghanes et de leurs enfants. Elle a fait rapport de l'état d'avancement de ce projet. Elle a par ailleurs exprimé sa préoccupation face à la situation financière de son organisation suite aux récentes décisions du Président américain de suspendre le versement au FNUAP d'une contribution de 34 millions de dollars pour cette année.
M. Goerens a également eu des entretiens avec les ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays-cible dont ceux du Cap-Vert, du Mali, du Nicaragua et du El Salvador. Lors de son entretien avec M. Norman Caldera, ministre des Affaires étrangères du Nicaragua, il a exprimé son plein appui au gouvernement du président Bolanos dans sa lutte contre la corruption. Mme Eugenia d'Avila, ministre des Affaires étrangères du El Salvador lui a annoncé la visite qu'elle se propose d'effectuer au Luxembourg le 10 avril 2002 pour signer un nouvel accord général de coopération.
|
Information transmise par le ministère des Affaires étrangères, du Commerce extérieur, de la Coopération et de la Défense