Sommet mondial du développement durable

Charles Goerens, ministre de la Coopération, de l’Action humanitaire et de la Défense, ministre de l’Environnement et Eugène Berger, secrétaire d’Etat à l’Environnement, représentent le Luxembourg au Sommet mondial du développement durable, qui a lieu du 26 août au 4 septembre 2002 à Johannesburg.

Ce "deuxième sommet de la Terre", organisé par les Nations unies, réunit plus de 100 chefs d'État et de gouvernement, de même que plusieurs dizaines de milliers de délégués nationaux et de dirigeants d'organisations non-gouvernementales, du monde des affaires et d'autres groupes importants.

Le but du Sommet est de faire le point sur l’environnement et le développement dix ans après la Conférence des Nations unies de Rio de Janeiro et de concrétiser les engagements pris en 1992.


M. Charles Goerens et M. Eugène Berger à Johannesburg. (2e rangée, de g. à dr.) M. Hubert Wurth, représentant permanent du Luxembourg auprès de l'ONU et M. Jean Feyder, directeur de la Coopération et de l'Action humanitaire

L'Europe et le Luxembourg insistent sur la nécessité de faire des projets rapides et concrets (30 août 2002)

Après 4 jours, les négociations au Sommet mondial pour un Développement durable entrent dans une phase décisive et les efforts se multiplient pour que la conférence devienne un succès.

Les travaux se concentrent essentiellement sur 3 importants chantiers, à savoir:

  • l'approbation d'un plan d'action qui fixe les priorités, les objectifs et l'échéancier de l'agenda international en matière de politique de développement durable;

  • l'adoption d'une déclaration politique par laquelle les Nations unies réitèrent leur engagement au développement durable;

  • la création de partenariats entre gouvernements, société civile, entreprises et instituts financiers en vue de réaliser solidairement les actions décidées à Johannesburg.

Actuellement, les décisions se concentrent autour de la finalisation du plan d'action et la délégation luxembourgeoise menée par le secrétaire d'État à l'Environnement Eugène Berger insiste avec les autres membres de l'Union européenne sur la nécessité de progresser plus rapidement, afin d'arriver bientôt à des résultats concrets sur certains points litigieux.

A un moment où les négociations semblaient s'enliser de nouveau dans des éternels échanges de vues d'experts et de fonctionnaires, l'Union européenne a pris l'initiative en exigeant des décisions politiques rapides sur une série de points importants du plan d'action, notamment en insistant sur: l'objectif de 15% de la fourniture de l'énergie primaire par des énergies renouvelables socialement et écologiquement non dommageables; la réduction de 50% d'ici 2010 du nombre de personnes qui n'ont pas d'accès à l'eau potable et à l'hygiène sanitaire l'arrêt de la dégradation des ressources naturelles et de la perte en diversité biologique d'ici 2015.

D'autre part, le Luxembourg a aussi rappelé que les pays développés s'engagent selon un échéancier clairement établi à consacrer 0,7% de leur PNB à l'aide publique au développement durable et que le Luxembourg y consacre déjà 0,82%. La délégation luxembourgeoise était également soucieuse de voir intégré dans le plan d'action un chapitre sur la globalisation de telle sorte qu'elle assure que chaque être humain puisse en tirer un bienfait et qu'elle ne nuise pas à l'environnement. Finalement, elle a insisté sur le respect des droits de l'homme dans un chapitre plus spécifiquement consacré à la condition des femmes.

La détermination de l'Union européenne a quelque peu surpris d'autres délégations notamment celle des Etats-Unis et mis la Présidente de la Conférence sous pression pour présenter prochainement des premiers résultats positifs avant l'arrivée de nombreux Chefs d'Etats la semaine prochaine. La suite des négociations s'annonce dès lors passionnante.

Communiqué par le ministère de l'Environnement

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Energie et biodiversité (30 août 2002)

N’ayant pas pu aboutir dans les délais fixés, les négociations au Sommet mondial du développement durable ont continué le samedi, 31 août 2002, jusqu’à 3 heures du matin. Des avancées notables ont pourtant pu être enregistrées notamment en ce qui concerne la biodiversité et la réduction des ressources naturelles.

Toutefois, quelques points censés être inscrits dans le plan d’action, se trouvaient toujours dans l’impasse, notamment celui des énergies renouvelables. Le Luxembourg, ensemble avec les pays de l’Union européenne, souhaitait, en effet, augmenter la part de l’énergie renouvelable à au moins 15% du total de l’approvisionnement de l’énergie primaire d’ici 2010, objectif non partagé par l’ensemble des participants du Sommet.

L’énergie étant une des priorités luxembourgeoises, le Grand-Duché soutient l’"initiative pour l’éradication de la pauvreté et le développement durable", lancée officiellement par la Commission européenne en marge du Sommet le 1er septembre. L’initiative, qui a pour but d’améliorer l’accès de deux milliards de personnes à des services d’énergie adaptés et durables, implique les pays membres de l’UE, des pays en développement, des ONG et des représentants du secteur privé. Il s’agit d’une des nombreuses initiatives "de type II" (partenariats public-privé), pour lesquelles le Sommet sert de rampe de lancement.

Ces initiatives ne doivent pas, comme le craignent certains, se substituer aux engagements des gouvernements mais renforcer leur mise en œuvre. S’il est clair qu’il sera "nécessaire de mettre en place des garde-fous", elles représentent pour Eugène Berger, secrétaire d’Etat à l’Environnement, un moyen souple et efficace de mettre en œuvre le plan d’action. Le Luxembourg s’est également engagé aux côtés de plusieurs de ses partenaires européens à fournir une participation supplémentaire de 20 millions de dollars au Fonds pour l’Environnement mondial. D’autres points d’achoppement subsistant au cours des négociations étaient le domaine de la santé et notamment les conditions d’hygiène. Selon M. Berger, il y avait de fortes chances pour qu’un accord soit trouvé avant lundi matin, jour de l’arrivée des chefs d’Etat et de gouvernements.

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Plan d'action et déclaration politique du Sommet (2 septembre 2002)

Le 2 septembre 2002, M. Charles Goerens, ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire, ministre de l'Environnement, est arrivé à Johannesburg pour assister à la session plénière du Sommet mondial du Développement durable rassemblant les chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres de l'ONU.

Ensemble avec M. Eugène Berger, secrétaire d'Etat à l'Environnement, M. Goerens a pris part à plusieurs réunions de coordination entre les 15 pays membres de l'Union européenne, lors desquelles le point a été fait sur la mise sur pied d'un plan d'action et d'une déclaration politique du Sommet.

Dans ce contexte, l'attention a été concentrée en particulier sur le chapitre de l'énergie, qui a pu être réglé en fin d'après-midi. Le ministère de l'Environnement a exprimé sa satisfaction quant au fait que ce dernier point ait pu être réglé mais s'est montré légèrement déçu de la formulation du chapitre qui insiste, selon M. Berger, trop peu sur les objectifs quantifiables et les échéances.

M. Goerens a profité de sa présence au Sommet pour avoir un entretien bilatéral avec le vice-président du gouvernement nicaraguayen, ainsi qu'avec M. Mauricio Gomez Lacayo, secrétaire d'Etat aux Relations économiques et à la coopération du Nicaragua.

Les interlocuteurs du Nicaragua ont informé M. Goerens sur les efforts en cours du gouvernement Bolanos pour combattre la corruption. M. Goerens a réitéré le soutien du Luxembourg à cette politique. Il a fait de même avec le soutien exprimé récemment par l'UE suite à l'initiative du gouvernement luxembourgeois.

Les deux délégations ont également évoqué l'état de la coopération bilatérale du Luxembourg avec le Nicaragua. Dans ce cadre, le Nicaragua a fait état de sa satisfaction au sujet du fait que le Luxembourg aie l'intention de finaliser prochainement l'élaboration d'un programme indicatif de coopération (PIC), qui donnera à cette coopération une dimension stratégique et pluriannuelle. La coopération sera également renforcée par la création d'une commission de partenariat.

Le ministre luxembourgeois a ensuite rencontré M. Zéphirin Diabré, administrateur associé du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement). Au cours de cet entretien, M. Goerens et M. Diabré ont analysé les progrès obtenus jusqu'à présent au Sommet mondial du Développement durable, notamment dans les domaines de l'eau, de l'énergie renouvelable et de la santé.


M. Goerens et M. Zéphirin Diabré, administrateur associé du PNUD

Concernant la santé, M. Goerens a rappelé que le Luxembourg participe depuis avril 2002 à l'initiative ESTHER (Ensemble pour une solidarité thérapeutique hospitalière en réseau contre le SIDA). Il s'agit d'un réseau de solidarité hospitalière créé entre le Luxembourg, la France, l'Espagne et l'Italie, auxquels se joindront ensuite les Etats-Unis et qui est destiné à assurer un accès aux rétro-viraux aux malades du SIDA.

Evoquant la récente visite de travail de l'administrateur associé du PNUD au Luxembourg, M. Goerens et M. Diabré se sont félicités des bonnes relations entre le Luxembourg et le PNUD.

Depuis le début des années 1990, le Luxembourg a renforcé sa coopération avec le PNUD en augmentant de façon continuelle sa contribution volontaire au budget central de ce dernier, en finançant des projets dits "multi-bi" qui se déroulent principalement dans les pays cibles du Luxembourg et en participant au financement du programme des Junior Professional Officers du PNUD, qui sont affectés aux bureaux du PNUD dans les pays cibles de la coopération luxembourgeoise. Depuis le début de 2002, le Luxembourg est membre du conseil d'administration du PNUD.

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"Passer aux actes" (3 septembre)

Le 3 septembre 2002, MM. Goerens et Berger ont assisté en marge du Sommet mondial du Développement durable à une "réunion informelle des chefs de délégation ayant le français en commun", organisée sur l’initiative de M. Jacques Chirac. Le Président de la République française y a notamment proposé de placer le prochain Sommet de la Francophonie sous le thème du développement durable et de l’application du plan d’action de Johannesburg.


Le ministre Charles Goerens avec le président Jacques Chirac

Dans son intervention lors de cette réunion, M. Goerens a invité tous les pays membres de la Francophonie de se joindre - comme le Luxembourg le fait - à l’initiative ESTHER, projet de lutte contre le sida destiné à améliorer l’accès aux antirétroviraux.

Ensuite, lors de la session plénière du Sommet mondial du Développement durable de Johannesburg, M. Goerens a rappelé les priorités luxembourgeoises. Le ministre y a notamment insisté sur l’importance d’augmenter l’aide publique au développement des pays développés à au moins 0,7% du revenu national brut d'ici 2010. Actuellement, la moyenne des pays de l’OCDE se situe à 0,22 %. Seuls 5 Etats, dont le Luxembourg, ont atteint ou dépassé l’objectif des 0,7 %, affiché à Rio. L’aide luxembourgeoise se chiffre actuellement à 0,82% et devrait atteindre 1% d’ici 2005. "Si tous les pays industrialisés atteignaient les 0,7%, on ne pourrait non seulement diminuer la pauvreté de moitié, mais l’éradiquer complètement", a affirmé M. Goerens.

Le ministre a également plaidé en faveur de l’ouverture des marchés et de l’intégration des standards environnementaux et sociaux dans la réglementation commerciale, qui, selon lui, devraient aller de pair.

Dans le domaine de l’énergie, un recours massif aux énergies renouvelables de 15% par rapport à la consommation globale aura selon le ministre "sans aucun doute des effets bénéfiques au niveau social, économique et environnemental, tout en contribuant, au niveau géopolitique, à la prévention des conflits".

Autre priorité luxembourgeoise : l’eau et l’assainissement. "Il est de la plus grande nécessité de réduire de moitié, d’ici 2015, le nombre de personnes privées d’eau potable et d’hygiène sanitaire".

Au sujet de la biodiversité, le Luxembourg est en faveur de la création d’un réseau mondial de zones protégées couvrant au moins 5% de la surface mondiale et pérennisé via un protocole juridiquement contraignant, lié à la Convention sur la Diversité Biologique.

Le Luxembourg souhaite, en outre, améliorer la gouvernance internationale en matière d’environnement. Le renforcement du PNUE, qui a largement fait ses preuves, en serait le corollaire.

A la fin de son discours, M. Goerens a évoqué le problème de la santé : "Face au fléau du sida, il n’y a pas de fatalité". "Le seul objectif défendable en la matière est l’accès aux soins pour tous", objectif poursuivi grâce au Fonds global de lutte, mais aussi grâce à des initiatives telles que ESTHER, le réseau de solidarité hospitalière créé récemment entre le Luxembourg, la France, l’Espagne et l’Italie et auquel se sont joints les Etats-Unis. Pour conclure, le ministre a estimé que "la simple survie du genre humain est menacée si nous restons dans l’inertie."


M. Goerens lors de son intervention à Johannesburg

Au cours de l’après-midi, le ministre Goerens a participé à une des quatre tables rondes organisées parallèlement au débat général et placées sous le thème de "Passer aux actes". Rassemblant chaque fois une cinquantaine de représentants de gouvernement, ces tables rondes ont pour but de débattre les moyens de transformer les engagements approuvés en mesures concrètes. Les conclusions des débats seront inclues dans le rapport final du Sommet.

Le ministre a également eu des entrevues avec les ministres des Affaires étrangères du Cap Vert et de la République du El Salvador.

Lancement d’une initiative européenne dans le domaine de l’eau (4 septembre 2002)

A la veille du dernier jour du Sommet mondial du développement durable, M. Goerens, ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, ministre de l’Environnement, a assisté au lancement d’une initiative européenne dans le domaine de l’eau, qui vise à favoriser la gestion intégrée des fleuves transfrontaliers d’ici 2005 et la diminution de moitié d’ici 2015 du nombre de personnes dépourvues d'accès à l'eau propre et à un système sanitaire.

Tenant compte de l’importance de l’eau pour le développement durable, la réduction de la pauvreté, la paix et la sécurité, le Luxembourg figure parmi les pays ayant répondu favorablement à l’invitation de la Commission européenne pour se joindre à l’initiative.

En marge du Sommet, Monsieur le ministre a rencontré, le 4 septembre, M. Diouf, Directeur général de l’Organisation mondiale de l’Alimentation (FAO) et Madame Aïchatou Mindaoudou, Ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et de l’Intégration africaine du Niger.


M. Goerens aux côtés de M. Diouf

M. Goerens a finalement assisté à une réunion de coordination au niveau de l’UE et à la session plénière du Sommet. Après les nombreuses tractations de la semaine dernière, les participants au Sommet sont finalement parvenus à un accord concernant le plan de mise en oeuvre de Johannesburg, destiné à concrétiser les engagements pris au Sommet de la Terre de Rio en 1992.

Il est vrai qu’une réelle flexibilité par rapport aux priorités européennes et luxembourgeoises s’est révélée indispensable en vue de permettre les résultats obtenus.

Ainsi, le Luxembourg - tout comme l’Union européenne - avait proposé de fixer à 15% la part des énergies renouvelables dans la consommation mondiale. Or, le plan de mise en oeuvre ne parle finalement que d’un « accroissement substantiel » et ne fixe ni de pourcentage ni d'échéance.

Toutefois, les Européens ont annoncé dès aujourd’hui une initiative politique destinée à regrouper les pays désireux de se fixer des objectifs chiffrés.

D’autre part, le Sommet mondial du développement durable aura permis un certain nombre d’engagements concrets représentant des avancées significatives, tels:

  • la réduction de moitié du nombre de personnes privées d'accès à l'eau potable et à l'assainissement d’ici 2015;

  • la restauration des stocks de poissons d’ici 2015;

  • la confirmation de l’engagement de Rio d’atteindre une aide publique au développement de 0,7% du PIB;

  • la réduction substantielle de la perte de la diversité biologique d’ici 2010.

Le Sommet a, en outre, permis le lancement de plus de 200 initiatives de type II (projets de partenariat public-privé) et a entraîné l’annonce de la signature du protocole de Kyoto par l’Inde, le Canada, la Chine et la Russie, ce qui permettra d'atteindre le quota de 55 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre nécessaire à la mise en œuvre de l’accord.


M. Goerens avec Mme Aïchatou Mindaoudou, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et de l’Intégration africaine du Niger

M. Goerens s’est montré résolument optimiste pour l’avenir. "Le Sommet a montré la volonté de tous d’aller de l’avant." "En outre, le plan n’interdit à personne d’aller plus loin. Tous les espoirs sont donc permis."

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