Visite officielle en Fédération de Russie: rencontre avec le président Vladimir Poutine

Du 30 octobre au 1er novembre 2002, le Premier ministre Jean-Claude Juncker a effectué une visite officielle en Fédération de Russie. Il a été accompagné du ministre de l'Economie et ministre des Transports, Henri Grethen.


M. Juncker rencontre M. Vladimir Poutine, Président de la Fédération de Russie

Point culminant de la visite a été la rencontre avec le président russe Vladimir Poutine au Kremlin. Jean-Claude Juncker a, par ailleurs, eu des pourparlers avec son homologue, le Premier ministre russe Mikhail Kasyanov, le ministre des Affaires étrangères, Igor Ivanov, le Vice-Président de la Douma, Vladimir Loukine ainsi que le Président du Conseil de la Fédération de l'Assemblée fédérale de la Fédération de Russie Sergey Mironov.

Dépôt d'une gerbe en souvenir des victimes de la prise d'otages

Compte tenu de la tragique prise d'otages dans le théâtre de Moscou qui ne s'est déroulée que quelques jours avant la visite officielle de Jean-Claude Juncker en Russie, toutes les entrevues politiques ont été marquées évidemment de prime abord par le dossier tchétchène ainsi que la question du terrorisme. Premier homme politique étranger en visite à Moscou depuis la prise d'otages, le Premier ministre luxembourgeois s'est rendu sur les lieux du drame afin d'y déposer une gerbe en souvenir des victimes. "Cette visite a lieu à un moment douloureux pour la Russie. Les Luxembourgeois se sont sentis très proches du peuple russe et des victimes", a déclaré M. Juncker. "Nous condamnons avec véhémence ces actions terroristes qui hier ont frappé Moscou et qui demain peuvent frapper n'importe qui à n'importe quel endroit."


M. Juncker dépose une gerbe au Théâtre à la mémoire des victimes de la prise d’otages

Concernant l'issue de la prise d'otages, le Premier ministre notait: "Il y a eu beaucoup de victimes. Mais nous savons tous qu'il aurait pu y avoir beaucoup plus de victimes." Se disant un "Européen atypique", le Premier ministre a précisé qu'il ne viendrait pas à Moscou "pour faire la leçon aux autorités russes et pour leur faire savoir comment ils auraient dû gérer la crise, parce que dans une situation de ce type, on ne peut faire que des erreurs."

L'entrevue du Premier ministre Juncker avec le Président Poutine au Kremlin - entrevue qui a duré plus longtemps que prévue - a permis de faire un large tour d'horizon des dossiers d'actualité politique internationale et européenne, évoquant au-delà du dossier tchétchène et de la lutte contre le terrorisme, le dossier de Kaliningrad, la crise irakienne et les relations UE-Russie.

Haut de page

Le dossier tchétchène

A l'issue de la rencontre avec le Président russe, le Premier ministre luxembourgeois a déclaré avoir tiré "un certain nombre de leçons" des événements tragiques de Moscou, la principale étant la nécessité de "redoubler d'efforts dans la lutte de la communauté internationale contre le terrorisme". Quant au dossier plus spécifique de la Tchétchénie, duquel Jean-Claude Juncker et Vladimir Poutine ont longuement discuté, le Premier ministre luxembourgeois, conscient de la "complexité du dossier" a souligné la nécessité de trouver une solution politique à cette crise. Il a par ailleurs, précisé qu'il avait "l'impression qu'une solution politique est en cours". Aussi, lors d'une conférence de presse, le Premier ministre luxembourgeois a-t-il déclaré: "J'ai retenu de mes entretiens avec le Président de la Fédération, le Premier ministre et le Ministre des Affaires étrangères que nos amis russes restent attachés à la recherche d'une solution politique et pacifique.". En même temps M. Juncker a condamné les interventions militaires en Tchétchénie qui serait "contraires aux droits de l'homme".

Haut de page

Kaliningrad

Dans le dossier "Kaliningrad", le Premier ministre Juncker a informé Vladimir Poutine sur les résultats des discussions menées lors du dernier sommet européen à Bruxelles. "La solution raisonnable voudra que nous respections le fait que la Russie ait une position particulière qui est parfaitement compréhensible. Mais nous respectons également les droits qui découlent de l'exercice par la Lituanie de sa souveraineté.", a dit M. Juncker. Par ailleurs, il y aurait la nécessité de veiller au respect des frontières extérieures de l'Union européenne.

Haut de page

Crise irakienne

Pour ce qui est de la crise irakienne, "nos positions sont proches" a précisé Jean-Claude Juncker. Le Premier ministre a pourtant précisé à ce sujet lors d'une conférence de presse, que tous ces interlocuteurs s'étaient montrés plutôt pessimistes quant à une éventuelle résolution commune parmi les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU.

Au-delà des dossiers européens et internationaux évoqués au Kremlin avec le Président Poutine, le Premier ministre luxembourgeois a passé en revue, ensemble avec son homologue russe Mikhail Kasyanov, les "substantielles" relations bilatérales russo-luxembourgeoises dont les deux interlocuteurs se sont dits très satisfaits.


M. Juncker rencontre son homologue russe Mikhail Kasyanov

Haut de page

Relations bilatérales "substantielles"

Les échanges politiques se sont, en effet, multipliés ces derniers temps à tous les niveaux. Les deux interlocuteurs se sont prononcés en faveur d'un dialogue politique continu et renforcé entre la Russie et le Luxembourg.

Accord dans le domaine de la lutte contre le terrorisme

Au niveau politique, les deux Premier ministres ont ainsi convenu de signer un accord entre la Russie et le Luxembourg dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et ceci conformément à l'article 81 de l'accord de partenariat UE-Russie.

Echanges commerciaux

Le Luxembourg étant le dixième investisseur direct et le huitième investisseur industriel en Russie, les relations bilatérales sont notamment importantes au niveau économique. Or, pour ce qui est des échanges commerciaux, "il nous reste encore beaucoup à faire pour corriger le niveau des échanges", a affirmé Jean-Claude Juncker qui considère le volume des échanges commerciaux comme insuffisant. Le Premier ministre russe a confirmé dans ce contexte que son gouvernement est disposé à donner de nouvelles impulsions aux relations commerciales. Une entrevue visant à intensifier les échanges commerciaux est d'ores et déjà prévue entre les deux homologues. Le ministre du Transport luxembourgeois M. Henri Grethen a en outre convenu avec ses interlocuteurs de la création de commissions bilatérales chargées de stimuler les entrepreneurs russes et luxembourgeois dans la voie de nouveaux investissements hors frontières visant à donner ainsi de nouvelles impulsions aux échanges commerciaux.

Coopération "fructueuse" dans le domaine aérospatial

Jean-Claude Juncker s'est également réjoui de la "coopération fructueuse russo-luxembourgeoise" mise en place dans le domaine de l'aérospatial. Le Premier ministre luxembourgeois a rappelé que d'ores et déjà 6 satellites luxembourgeois ont été mis en orbite au moyen de lanceurs russes. D'autres lancements sont en cours de préparation et le Luxembourg envisage de lancer le prochain satellite de la société SES également à partir de la Russie.

Circulation aérienne

En matière de circulation aérienne, les deux homologues ont évoqué la question des normes communautaires, ses répercussions pour la l'aviation russe et le problème consécutif de la limitation russe des survols aériens de la Sibérie, auquel se trouve confrontée la société Cargolux. En effet, suite au fait qu'un certain nombre d'appareils russes se sont vu interdire le survol de l'Union européenne en raison de leurs nuisances incompatibles avec les standards définis par Bruxelles, la Russie avait répondu par limiter, à son tour, aux avions européens le survol de ses territoires. Ces mesures ont depuis un certain temps d'énormes répercussions pour la société Cargolux qui doit faire de considérables détours lors de ses vols à destination de l'Asie. L'homologue russe s'est dit prêt à revoir le dossier en question afin de vérifier les possibilités en vue d'un éventuel assouplissement des mesures prises à l'adresse du Luxembourg.

Coopération culturelle

Dans le domaine culturel, M. Kasyanov a tenu à remercier Jean-Claude Juncker pour son initiative, formulée au cours du Sommet européen de Stockholm, d'organiser le sommet UE-Russie en marge des solennités pour le tricentenaire de St. Peétersbourg. Jean-Claude Juncker y avait aussi invité les autres quatorze pays de l'Union européenne à contribuer activement à la célébration du tricentenaire par le financement de certains projets. Le gouvernement luxembourgeois s'est proposé de soutenir financièrement la restauration de deux anciens bâtiments au centre de Saint-Pétersbourg. Le Sommet UE-Russie aura lieu en mai 2003 à Saint-Pétersbourg.

Rapatriement des archives de la "Grande Loge"

Autre sujet évoqué par la délégation luxembourgeoise lors des discussions avec le chef du gouvernement russe a été le rapatriement des archives de la "Grande Loge" à Luxembourg. Cet important archive qui avait été confisqué à l'époque de la Deuxième Guerre mondiale par les Allemands, fut retrouvé par après à Moscou. Jean-Claude Juncker a pu obtenir un accord de principe de son homologue russe quant à la restitution de ce patrimoine. Par ailleurs a été évoquée la question des créances du Luxembourg à l'égard de la Russie d'avant 1917.


M. Juncker en compagnie de M. Grethen et de M. Igor Ivanov, ministre des Affaires étrangères russe

Le Premier ministre a également eu une entrevue avec le ministre des Affaires étrangères Igor Ivanov. Les deux interlocuteurs y avaient fait un grand tour d'horizon des grands dossiers d'actualité politique. La question tchétchène y figurait à nouveau au centre des discussions tout comme la question de Kaliningrad et la question irakienne.

Haut de page

Soutien financier

Au-delà des rencontres politiques, la délégation luxembourgeoise a visité, lors de son séjour à Moscou, le plus grand hôpital pédiatrique de la Fédération de Russie. Ce centre hospitalier comptant quelque 1100 lits est spécialisé dans le traitement d'enfants atteints du cancer ou d'autres maladies graves et peut, grâce à l'aide du gouvernement luxembourgeois, avoir recours à un équipement moderne d'intervention. L'hôpital pédiatrique à Moscou est, en effet, au centre d'un projet luxembourgeois d'équipement de laboratoire, projet qui a été confié au CRP-Santé du Luxembourg.

Dernière mise à jour