Henri Grethen et Charles Goerens au sujet du conflit irakien

Le ministre de l’Economie, Henri Grethen et le ministre de la Défense, Charles Goerens, ont commenté la situation concernant le conflit en Irak et ses éventuelles conséquences, lors d’un entretien avec le quotidien luxembourgeois, la Voix du Luxembourg, publié le 20 mars 2003.

Pour ce qui est des éventuelles conséquences économiques du conflit irakien, tout dépendra, selon Henri Grethen, de la durée du conflit. « Si le conflit est bref les conséquences seront limitées, notamment parce que les prix du pétrole baisseront, et ils sont déjà en train de baisser d’ailleurs ; si par contre le conflit s’éternise alors je n’oserai me prononcer » a affirmé le ministre. « Dans cette dernière hypothèse, des effets négatifs pour l’économie seraient à craindre et si le prix du baril de pétrole gravitait autour des 35 voire 40 $, alors cela pourrait provoquer une baisse de 0,4 à 0,5 % du produit intérieur brut en Europe » a-t-il poursuivi. Le ministre de l’économie a analysé la situation et pense que le pétrole est au centre du problème car celui-ci peut directement influencer la croissance à travers la baisse de la confiance (ménages et entreprises), la hausse de l’inflation, la perte de compétitivité des entreprises, la diminution des investissements, sans oublier les perturbations provoquées sur les marchés financiers ou touristiques.

Quant à la situation économique actuelle, le ministre a rejeté le terme de récession. En effet, il a précisé que les indicateurs économiques en sa possession, n’inspirent pas le pessimisme. « Nous semblons avoir atteint des planchers, et tout indique que les marchés boursiers sont plutôt orientés à la hausse qu’à la baisse » a commenté le ministre. Il a également ajouté que ni son ministère, ni les entreprises ou le secteur financier, ne voient actuellement de raisons pour adopter des mesures spécifiques permettant de faire face aux événements.  « Sachez tout de même que dans le cadre des réunions Ecofin et Eurogroupe nous avons arrêté avec les partenaires européens des mesures à prendre si le conflit devait perdurer » a rassuré Henri Grethen.

Pour Charles Goerens, « il faut raison garder et ne rien dramatiser car le Luxembourg reste en dehors du conflit et n’est pas en guerre ». Le ministre s’est cependant déclaré préoccupé par l’absence de considération suffisante pour le droit international et le manque de repères forts, l’Otan, l’Onu, l’Europe et l’économie faisant dès le début partie des perdants de la guerre. « La cacophonie d’une Europe incapable de définir une politique commune est particulièrement préjudiciable et il faudrait que l’Europe parle enfin d’une voix. Quant à l’Onu et l’Otan ces organismes sont et restent indispensables car ils ont permis d’établir des rapports civilisés entre les différentes nations», a –t-il noté.

Sur le plan de la coopération, Charles Goerens a affirmé que le Luxembourg ne pouvait rester insensible à des situations de détresse et qu’un rôle dans la réhabilitation et la reconstruction de l’Irak sera joué par le canal d’ONG et à travers l’ONU.

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