Le ministre de la Justice Luc Frieden fait le point sur l'évolution des demandes d'asile au Luxembourg

Le ministre de la Justice Luc Frieden a présenté le 17 octobre 2003 les dernières statistiques relatives aux demandes d’asile enregistrées au Luxembourg et aux retours de demandeurs d’asile déboutés. Bilan: le nombre de demandes est en hausse depuis 2002, le nombre de pays d’origine augmente aussi et l’Ex-Yougoslavie reste de loin le plus important pays d’origine des demandeurs d’asile. En 2003, ont été organisés 586 retours de demandeurs d’asile déboutés.

Evolution du nombre de demandes d’asile

Dans les années 1996 et 1997, précédant le conflit au Kosovo, le nombre de demandes d’asile se situait entre 300 et 400 par an. En 1998 et 1999, pendant le conflit, 1.709 respectivement 2.921 personnes ont introduit une demande au Luxembourg. Ce chiffre est retombé à environ 600 demandes par an pour les années 2000 et 2001. Depuis 2002, le nombre de demandes a de nouveau augmenté, s’élevant à 1.042 pour 2002 et à 1.010 pour la période de janvier à septembre 2003. Aux dires du ministre, il faut s’attendre à plus de 1.300 demandes d’asile pour 2003.

La majorité des demandeurs d’asile vient des pays de l’Ex-Yougoslavie (352 en 2003), devançant de loin la Biélorussie (54), l’Albanie (51) et l’Algérie (51). 43 demandeurs sont originaires de la Russie et 30 de la Géorgie.

Concernant plus particulièrement la Yougoslavie, la plupart des demandeurs d’asile viennent du Kosovo (254). Le nombre de demandeurs originaires du Monténégro et de la Serbie est en baisse, a ajouté Luc Frieden. La politique des retours du gouvernement luxembourgeois aurait engendré l’arrêt des flux de nouveaux demandeurs de ces deux régions, expliqua le ministre.

Parallèlement à l’augmentation du nombre de demandes, la diversité des pays d’origine des demandeurs d’asile s’accentue, remarqua le ministre Luc Frieden. Le nombre de pays africains parmi les pays d’origine augmente également.

Les retours de demandeurs d’asile déboutés

Pendant la période de 2001 à 2003, le gouvernement a considérablement augmenté le nombre de retours de demandeurs d’asile déboutés vers leur pays d’origine, qui a augmenté de 180 en 2001 à 586 en 2003.

De plus, 107 personnes ont été transférées dans d’autres pays de l’UE, compétents pour traiter les demandes d’asiles de ces personnes (Convention de Dublin). Ces chiffres ne tiennent pas compte des personnes qui sont retournés volontairement dans leur pays, sans l’assistance du gouvernement. Le ministre Frieden a toutefois regretté que ces personnes ne soient pas très nombreuses.

L’augmentation du nombre de retours s’explique, selon le ministre de la Justice, par le fait que les concernés disposent aujourd’hui de tous les papiers nécessaires à leur retour.

"Les retours font partie d’une politique d’asile crédible"

Lors de la conférence de presse, le ministre de la Justice a réitéré la position du gouvernement en matière de politique d’asile: "Le gouvernement luxembourgeois estime que les retours de demandeurs déboutés font partie d’une politique d’asile crédible et responsable". De plus, la politique du gouvernement luxembourgeois serait conforme à celle des autres pays européens, a-t-il ajouté.

"Le gouvernement a le devoir et l’obligation d’appliquer les lois", continua le ministre, "mais au-delà de cela, nous sommes d’avis qu’il s’agit ici de la seule solution à la problématique de l’asile et de l’immigration et du seul moyen pour préserver la cohésion sociale."

Face au nombre croissant de demandeurs d’asile au Luxembourg, le ministre a averti que la politique des retours du gouvernement continuera.

Admettant qu’il s’agissait d’un sujet très sensible, le ministre Luc Frieden a assuré de ne pas ignorer la misère et les problèmes humains. Mais la venue sans cesse de nouveaux demandeurs d’asile rendrait impossible toute autre solution en la matière.

Le ministre ne voit pas d’alternatives à la politique des retours. En matière d’immigration, la priorité serait donnée aux ressortissants de l’Union européenne, ce qui limiterait les possibilités d’accueil d’immigrés de pays tiers. Par ailleurs, toute immigration devrait s’adapter aux réalités économiques, dit le ministre.

Le ministre a aussi répété que la régularisation des demandeurs d’asile qui se trouvent depuis plusieurs années au Luxembourg ne serait pas réalisable. Une telle action serait comprise comme une incitation à prolonger au maximum la procédure d’asile.

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