Le Premier ministre Jean-Claude Juncker aux "Europäische Verfassungstage" à Francfort

Le Premier ministre Jean-Claude Juncker a participé à la séance d'ouverture des "Europäische Verfassungstage" (journées de la constitution européenne), qui se se sont tenus le 6 novembre 2003 à Francfort sous le thème de "Unsere Zukunft in Europa - Die aktuellen Herausforderungen der Europäischen Einigung" (Notre avenir en Europe - Les défis actuels de l'intégration européenne).


Jean-Claude Juncker et Valéry Giscard d'Estaing

"Il ne faudra pas refaire, il ne faudra pas défaire, mais il faudra parfaire"

Le Premier ministre y a prononcé un discours de politique européenne, dans lequel il a abordé les perspectives et les défis de l'Union européenne ainsi que les enjeux de la Conférence intergouvernementale.

Parmi les autres orateurs de la séance d'ouverture ont figuré Valéry Giscard d'Estaing, Président de la Convention sur l'avenir de l'Europe, Günter Verheugen, Commissaire européen responsable de l'élargissement, Rolandas Paksas, Président de la Lituanie et Roland Koch, ministre-président du Land de Hesse.

Jean-Claude Juncker a commencé son discours sur une note humoristique en disant qu’il est chose vaine de délibérer sur la question de savoir quel Etat membre de l’Union européenne appartient à la catégorie des "petits pays" et quel autre à celle des "grands". "Il n’y a que deux Etats membres de l’Union européenne qui seraient à qualifier de "grands", à savoir le Grand-Duché de Luxembourg et la Grande-Bretagne". Aussi le débat "grands Etats - petits Etats" serait-il futile, a-t-il argumenté.

Jean-Claude Juncker a fait appel aux 950 auditeurs présents dans la Paulskirche de cesser de se lamenter sur l’état actuel des affaires dans l’Union européenne, mais de se réjouir plutôt sur les acquis européens. A titre d’exemple, le Premier ministre a cité l’euro qui s’est avéré être un facteur de stabilité sur une scène politique et économique internationale mouvementée et qui a su faire face "aux chocs externes grâce à un système ordonné". Pour Jean-Claude Juncker, l’euro est un succès, qui montre que les Européens, quand ils se fixent un objectif précis et un calendrier fixe, sont aptes à réaliser des "exploits impressionnants". "Nous ne serons capables de tels succès à l’avenir que si nous n’oublions pas ces exploits du passé", a continué le Premier ministre en faisant allusion au projet de constitution européenne actuellement sous l’analyse des gouvernements européens à la Conférence intergouvernementale (CIG).


Jean-Claude Juncker lors de son discours

Parlant de la CIG, le chef de gouvernement luxembourgeois a relevé qu’il ne s’agit pas maintenant de défaire le projet de constitution européenne présenté par la Convention sur l’avenir de l’Europe sous la houlette de son président Valéry Giscard d’Estaing. "Il ne faudra pas refaire, il ne faudra pas défaire, mais il faudra parfaire", a résumé le Premier ministre sa position par rapport au projet de constitution.

Répliquant aux propos de Valéry Giscard d’Estaing, qui a affirmé dans son intervention que la future constitution européenne devrait être compréhensible pour un élève, sinon pour un professeur, Jean-Claude Juncker a dit: "Je ne suis ni élève, ni professeur, mais acteur en Europe". Ainsi, serait-il utile de mieux pouvoir comprendre, voire clarifier la finalité de certains passages du volet institutionnel de la future constitution, comme par exemple la présidence du Conseil des ministres de l’Union européenne.

Le Premier ministre a déploré que la future constitution européenne ne traite pas suffisamment des questions sociales en Europe, qui, selon lui, sont tout de même des questions qui concernent directement un chacun. Il serait, en effet, indispensable de définir dans les années à venir un socle de minima sociaux pour les salariés européens.

Il serait également opportun, selon le Premier ministre, de réaliser de vraies avancées en matière de politique étrangère et de sécurité commune (PESC). Un premier pas en avant consisterait en l’adoption, lors de la Conférence intergouvernementale, du vote à la majorité qualifiée en matière de PESC.

Jean-Claude Juncker a cité un autre domaine où il faudrait avoir "plus d’Europe", à savoir l’Union économique et monétaire (UEM). "Nous avons vivement besoin d’une meilleure coordination des politiques économiques en Europe. C’est là aussi que le bât blesse".


Roland Koch, ministre-président du Land de Hesse, le Premier ministre Jean-Claude Juncker, le Président de la Lituanie Rolandas Paksas, le maire de Francfort Petra Roth, Valéry Giscard d'Estaing et le Commissaire européen Günter Verheugen (de g. à dr.)

Finalement, le Premier ministre a plaidé pour "plus d’Europe" en matière de défense tout en précisant qu’il ne s’agit pas par là de créer des antagonismes par rapport aux Etats-Unis, mais plutôt de faire en sorte que l’Europe assume ses propres responsabilités en matière de sécurité européenne. "Les Européens ne seront crédibles que s’ils sont à même de prendre des responsabilités concernant leur propre sécurité", a-t-il conclu.

Les "Europäische Verfassungstage" est un congrès international public qui s’est tenu à la Paulskirche de Francfort, ville qui se considère de plus en plus comme ville européenne étant donné qu'elle abrite le siège de la Banque centrale européenne (BCE) et que Walter Hallstein, le premier Président de la Commission européenne (1958-1967), a eu des liens étroits avec l'Université de Francfort.

Le congrès, a été organisé conjointement par le Land de Hesse et la Ville de Francfort, a eu comme objectif d'informer le grand public sur les principes et les défis de la future constitution européenne. Il a eu lieu à un moment crucial des négociations de la conférence intergouvernementale qui a été officiellement lancée le 4 octobre 2003.

En marge du congrès, le Premier ministre a eu une entrevue avec Jean Lemierre, Président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) dont le Premier ministre est Président du Conseil des gouverneurs depuis mai 2003.