Jean-Claude Juncker en visite officielle en République portugaise

En réponse à l’invitation de son homologue portugais, exprimée en mars 2003 lors de sa visite au Luxembourg, le Premier ministre Jean-Claude Juncker s'est rendu du 5 au 6 avril 2004 pour une visite officielle au Portugal. Il était accompagné de Marie-Josée Jacobs, ministre de la Famille, de la Solidarité sociale et de la Jeunesse, ministre de la Promotion féminine, et d'Anne Brasseur, ministre de l’Education nationale, de la Formation professionnelle et des Sports.

L'actualité européenne à l'ordre du jour de l'entrevue avec le Premier ministre portugais

Le Premier ministre Jean-Claude Juncker a été accueilli par son homologue portugais José Manuel Durão Barroso à la résidence officielle du Premier ministre. Les deux chefs de gouvernement ont eu un échange de vues sur les grands dossiers d’actualité européenne tels que le suivi du Sommet européen de Bruxelles, le processus de Lisbonne, les perspectives financières ainsi que la future Présidence luxembourgeoise du Conseil de l’Union européenne. Les relations bilatérales, et plus particulièrement la situation politique et économique du Portugal ainsi que l'intégration scolaire d'enfants portugais dans le système luxembourgeois furent également abordées.

Lors de la conférence de presse conjointe, Jean-Claude Juncker a mis en garde contre une réforme anticipée du pacte de stabilité. "Il ne faudra pas amender le pacte tant qu'il ne sera pas respecté par tous les Etats membres", a-t-il estimé. Toutefois, le pacte pourrait gagner en cohérence s'il pouvait s'adapter aux différentes phases de croissance ou de ralentissement conjoncturels.

En ce qui concerne la Constitution européenne, les deux chefs de gouvernement ont souligné la nécessité d'y inscrire "de façon inéquivoque" le principe de l'égalité entre les Etats membres: "Ce n'est pas une inscription formelle, il traduit un état d'esprit, une philosophie de cohabitation et de communauté", a déclaré Jean-Claude Juncker.

Le Premier ministre portugais partage, par ailleurs, entièrement le point de vue de Jean-Claude Juncker qui a estimé que "l'Union européenne n'est pas une question de grands et de petits pays mais bien de petites et grandes amibitions".

A la question d'une candidature éventuelle du commissaire européen portugais aux Affaires intérieures Antonio Vitorino au poste de président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker a répondu qu'il pouvait s'imaginer sans problème "un ressortissant portugais à la tête de la Commission".

Les deux Premier ministres se sont felicités par ailleurs des excellentes relations bilatérales qu'entretiennent les deux pays et ceci à tous les niveaux. Depuis leur arrivée au Luxembourg dans les années 1960, les Portugais ont contribué à la richesse du pays, a déclaré Jean-Claude Juncker. Il ne s'agirait pas seulement d'une "richesse en valeur, mais surtout d'une richesse humaine et culturelle sans pareille".

Par contre, Jean-Claude Juncker a regretté qu'au niveau des échanges commerciaux, le Portugal ne figure pas parmi les 10 premiers pays partenaires du Luxembourg. La Chambre de commerce luso-luxembourgeoise, récemment créée, devrait permettre de remédier à cette situation et d'améliorer le volume des échanges entre les deux pays, a noté le Premier ministre luxembourgeois.

Les deux gouvernements envisagent aussi d'augmenter la fréquence des vols entre le Luxembourg et le Portugal, qui, à l'heure actuelle, est considérée comme insuffisante.

Au niveau des relations de coopération entre le Luxembourg et le Portugal, l'idée d'une coopération triangulaire directe avec le Cap-Vert a été discutée. Celle-ci se baserait sur le modèle déjà établi avec São Tomé e Principe. L'idée est de mettre en oeuvre un programme de bourses pour des étudiants capverdiens leur permettant de suivre un cycle universitaire complet au Portugal.

Lors du déjeuner offert par le Premier ministre portugais en l'honneur de son homologue luxembourgeois, les dossiers d'actualité internationale, et notamment la situation en Afghanistan, en Irak et au Kosovo, ont été discutés.

Le prochain cadre financier de l'Union européenne et plus particulièrement les perspectives financières ont été au centre de l'entrevue que Jean-Claude Juncker a eue par la suite avec la ministre des Finances Manuela Ferreira Leite.

L'intégration des enfants d'origine portugaise dans le système éducatif luxembourgeois

L'intégration de la communauté portugaise dans le système éducatif luxembourgeois a été un autre grand point à l'ordre du jour des discussions entre les Premier ministres Juncker et Durão Barroso et entre les ministres de l'Education nationale Anne Brasseur et David Justino. Du côté portugais, l'accent a été largement mis sur la problématique de l'enseignement de la langue portugaise dans les écoles au Luxembourg.

Le Premier ministre luxembourgeois a soulevé d'emblée l'importance du maintien du contact des jeunes Portugais résidant au Luxembourg avec leur langue maternelle, tout en rappelant que l'apprentissage du luxembourgeois est indipensable dans le cadre d'une bonne intégration de ces jeunes au Grand-Duché.

Lors de son entrevue avec son homologue David Justino, Anne Brasseur a exposé, pour sa part, les mesures que le gouvernement luxembourgeois a déjà prises et continue de prendre au Luxembourg en collaboration avec le ministère de l'Education portugais: classes d'accueil et d'insertion, cours intégrés. Le ministre luxembourgeois a également rappelé la réalisation de matériel didactique pour l'enseignement du luxembourgeois, les intervenants portugais et le dialogue avec les parents pour faciliter l'intégration des enfants portugais dans le système luxembourgois.

Anne Brasseur et David Justino ont décidé en outre d'intensifier la collaboration et les échanges entre les enseignants luxembourgeois et portugais.

Echange de vues sur la politique d'immigration

L'immigration a été le thème principal des réunions que la ministre de la Famille, de la Solidarité sociale et de la Jeunesse Marie-Josée Jacobs a eues, de son côté, avec le secrétaire d'Etat de l'Administration interne, le Dr. Nuno Miguel Miranda de Magalhaes, et le ministre Nuno Morais Sarmento. Traditionnel pays d'émigration, le Portugal est devenu depuis la fin des années 1990 un pays d'immigration, notamment de deux grands groupes de ressortissants: ceux originaires des anciennes colonies portugaises et ceux provenant de l'Europe de l'Est.

A l'ordre du jour des discussions figurait ainsi la nouvelle loi en matière d'immigration, adoptée en février 2003, qui a introduit un système de permis de travail valable pendant un an. La violence domestique fut un autre sujet que la ministre Marie-Josée Jacobs a abordé avec ses interlocuteurs, qui se sont montrés très intéressés par la nouvelle loi luxembourgeoise à ce sujet.

Le 5 avril 2004, Jean-Claude Juncker a également eu l’occasion de s’entretenir avec le président de l’Assemblée nationale de la République portugaise, João Bosco Mota Amaral.

Le Premier ministre luxembourgeois a évoqué dans ce contexte  la "dimension sentimentale" que représente pour lui cette visite au Parlament, vu les vifs souvenirs qui lui restent de l'éclosion de la jeune démocratie portugaise qu'il a "vécue et suivie" en tant que jeune homme.


Jean-Claude Juncker, Marie-Josée Jacobs et Anne Brasseur reçus par le vice-président de l'Assemblée nationale

Audience auprès du président de la République

En fin d’après-midi, le Premier ministre Jean-Claude Juncker a été reçu en audience par le président de la République portugaise, Jorge Sampaio, au Palais de Belém. L’audience a été suivie d’un dîner en l’honneur des hôtes luxembourgeois.


Jean-Claude Juncker accueilli par le président Jorge Sampaio

Le deuxième jour de sa visite officielle, Jean-Claude Juncker s'est entretenu avec le secrétaire général du Parti socialiste, Eduardo Ferro Rodrigues, ainsi qu’avec les secrétaires généraux des syndicats CGTP-IN et UGT, Manuel Carvalho et João Proença.

Accueil chaleureux à l'Université de Coimbra: merci au Portugal

Le chef du gouvernement luxembourgeois a été également l’hôte de la prestigieuse Université de Coimbra. Il y a eu un échange de vues avec les étudiants de la faculté de droit sur le thème "L’avenir de l’Europe".

Créée en 1290, l'Université de Coimbra est la plus ancienne université du Portugal, une des plus anciennes du monde, et elle compte aujourd'hui plus de 23.000 étudiants, dont 70% ne sont pas originaires du district de Coimbra.

Accueilli chaleureusement par le maire de Coimbra, Carlos Manuel De Sousa Encarnacao, le Premier ministre a relevé que "malgré la distance géographique qui sépare nos deux pays, l'amitié qui lie Luxembourgeois et Portugais est immense".

Devant les habitants de Coimbra Jean-Claude Juncker a rendu hommage au Portugal et aux Portugais: "Le Portugal a des raisons de dire merci au Luxembourg, mais l'inverse est vrai aussi. Les Portugais nous ont apporté des richesses humaines et culturelles, car ils n'ont jamais voulu se démarquer de leur origine. En effet, au Luxembourg, Portugais luxembourgeois et Luxembourgeois portugais, c'est pareil", a affirmé Jean-Claude Juncker.

La visite du Premier ministre au Portugal a pris fin, le 6 avril 2004, par un déplacement à Figueira da Foz, région d'où provient une grande partie des immigrants portugais au Luxembourg.

La population de Figueira da Foz était venue nombreuse pour remercier le gouvernement luxembourgeois pour l'accueil réservé au Grand-Duché aux émigrants de cette ville. Lors d'une réception offerte en l'honneur du Premier ministre Juncker, Eng. Antonio Duarte Silva, président de la Câmara municipal, a relevé les relations très étroites qui existent entre Figueira da Foz et les villes d'Ettelbruck et Diekirch.

"Emigrer, c'est souvent la souffrance. Il faut prendre la décision de quitter le pays, la famille et les amis", a estimé le Premier ministre Jean-Claude Juncker à cette occasion, en ajoutant que "nous nous sentons chez nous lorsque nous sommes ici et vous vous sentez chez vous lorsque vous êtes au Luxembourg".

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