Visite de travail du Premier ministre Jean-Claude Juncker au Sénégal

À leur arrivée à Dakar le 16 janvier 2008, en provenance du Cap-Vert, le Premier ministre Jean-Claude Juncker, accompagné par la ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle, Mady Delvaux-Stehres, et le ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, Jean-Louis Schiltz, furent accueillis par le Premier ministre, Cheikh Hadjibou Soumaré, et tous les membres du gouvernement du Sénégal pour une visite de travail de deux jours.

Visite du lycée technique de Thiès

Lors de cette visite de travail, la délégation a d’abord visité le lycée technique de Thiès en présence du ministre de l’Économie et des Finances sénégalais, Abdoulaye Diop. Ce projet qui s’est étendu sur 5 ans est le plus important projet jamais réalisé par la coopération luxembourgeoise au Sénégal. L’objectif était de construire et d’équiper un lycée pour plus de 1.200 jeunes par la mise en place d’un partenariat avec les entreprises, l’implication des collectivités locales, le développement d’une formation efficace et bien adaptée au marché de travail. Dans ce contexte, le projet prévoit la formation des 19 enseignants sénégalais par des sessions tenues au Lycée technique d’Ettelbruck.

Lors de l’arrivée de la délégation luxembourgeoise, l’atmosphère était à la fête. Il est vrai que la sobriété exemplaire des locaux aménagés va de pair avec des installations techniques qui permettront une formation technique et professionnelle de premier ordre.

La journée se conclut par une visite de la manufacture de tapis de Thiès, très connue pour la qualité de ses tapis faits à la main et par l’originalité des thèmes et des couleurs, tous conçus par des artistes-maison.

Visite de l’île de Gorée

En date du 17 janvier 2008, la délégation fit une visite émouvante à l’île de Gorée, d’où partaient les cargaisons d’esclaves vers les Amériques et qui rappelle donc le lourd tribut qu’a payé le continent noir à l’essor économique du monde occidental. Paradoxalement, l’entrée de la délégation luxembourgeoise dans ce monde concentrationnaire qui a détruit pendant trois siècles tant de vies débute par un accueil bon enfant avec chants et tambours.

Joie qui cède cependant vite la place lorsque les visiteurs pénètrent dans l’une de ces maisons de marchands d’esclaves où étaient littéralement stockés dans des conditions inhumaines, parfois pendant de long mois, ces femmes, hommes et enfants avant d’être entassés sur les voiliers, des négriers, en partance vers le Brésil, Haïti, Cuba ou encore les États-Unis d’Amérique.

Entrevue de Jean-Claude Juncker avec son homologue sénégalais

"Si nous avions avec tous une qualité de coopération comme celle que nous avons avec le Luxembourg, aussi dynamique, aussi compétente, aussi orientée vers la qualité, notre pays aurait certainement fait encore plus de progrès", souligna en début d’entretien le Premier ministre du Sénégal, Cheikh Hadjobou Soumaré, vis-à-vis de Jean-Claude Juncker, Mady Delvaux-Stehres et Jean-Louis Schiltz. Le chef du gouvernement luxembourgeois, quant à lui, a souligné que "notre coopération vise le long terme pour assurer l’avenir des jeunes générations".

Les accords de partenariat économique

Les deux Premier ministres abordaient ensuite les différentes problématiques des accords de partenariat économique (APE), sujet qui figurait également au centre des discussions avec le ministre de l’Économie et des Finances du Sénégal, Abdoulaye Diop. Celui-ci insista, tout comme le Premier ministre Soumaré, pour que les négociations se poursuivent entre l’Europe et l’Afrique en prenant davantage en compte les préoccupations de développement, à côté des considérations commerciales. Le Premier ministre Jean-Claude Juncker a dit comprendre les soucis du Sénégal et des pays africains en général, tout en rappelant que ces soucis sont déjà pris en compte par la Commission européenne. Il a suggéré de rebaptiser les APE pour mettre en exergue l’apport de ces accords au développement et à l’essor économique des pays africains.

De son côté, le ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, Jean-Louis Schiltz, a rappelé l’engagement pris sous la Présidence luxembourgeoise du Conseil de l’Union européenne en mai 2005 de rehausser l’aide publique européenne au développement à 0,7% du RNB (Revenu national brut) à l’horizon 2015. Ceci permettrait une mobilisation adéquate des moyens financiers avec l’objectif d’aider les pays africains à mettre leurs économies en état d’affronter la concurrence internationale d’ici à 15 ou 20 ans.

Quant au ministre Diop, il a souligné l’engagement exemplaire de la coopération luxembourgeoise.

Signature d’une convention avec ENDA-Tiers Monde

Cette fois-ci, la délégation luxembourgeoise est loin des bâtiments officiels, en plein milieu d’un quartier populaire. C’est une cour intérieure entourée de modestes habitations qui a été choisie comme lieu de signature de la Convention de coopération avec l’Organisation non-gouvernementale ENDA-Tiers Monde. Entouré de volontaires de l’ONG et des habitants du quartier qui assistaient en masse à la cérémonie, Jean-Claude Juncker a mis l’accent sur le caractère alternatif de la démarche qui consiste à mobiliser la société civile locale pour lutter contre la pauvreté. Le Premier ministre a notamment souligné, au nom du Grand-Duché, son "admiration aux acteurs de cette organisation qui travaillent sur un terrain difficile, au plus près des populations pauvres, pour les aider à regagner leurs droits les plus élémentaires tel que l’accès à l’éducation."

ENDA est une organisation internationale non-gouvernementale du SUD qui a son siège à Dakar. Elle vise à compléter l’action des autorités gouvernementales en créant une osmose entre les initiatives de base, portées par les associations locales, au niveau d’un quartier par exemple, et les politiques publiques. Son objectif : lutter contre la "pauvreté politique" en aidant les citoyens «à prendre part à tout ce qui touche à leur vie", pour citer le secrétaire exécutif d’ENDA, Joséphine Ouédraogo.

Jean-Claude Juncker: "Nous faisons cela pour les hommes, les femmes et les enfants qui forgeront de leurs mains le monde de demain"

Quant au chef du gouvernement luxembourgeois, il a enchaîné en soulignant que "le Luxembourg entend exprimer sa solidarité et sa volonté de coopérer avec ENDA. La convention que nous allons signer en est la preuve. Nous faisons cela pour les hommes, les femmes et les enfants qui forgeront de leurs mains le monde de demain."

La convention fut signée par le ministre Jean-Louis Schiltz et Joséphine Ouédraogo en présence du Premier ministre Jean-Claude Juncker et du président d’honneur d’ENDA, Cheikh Hamadou Kane. Elle établit le cadre de la coopération pour la période 2008-2011 et prévoit une contribution luxembourgeoise de 800.000 euros. La convention fixe également qu’ENDA donne un appui à la coopération luxembourgeoise, notamment en offrant des stages pour le personnel de cette dernière.