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Jean-Claude Juncker à la Banque nationale de Belgique : la coordination des politiques économiques relève avant tout de la compétence des gouvernements
C’était sur invitation du gouverneur de la Banque nationale de Belgique que le Premier ministre et président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, s’est rendu à Bruxelles le 12 mars 2008 pour participer au Forum financier belge organisé par la BNB. Son intervention était intitulée :"La gouvernance de la zone euro peut-elle être améliorée ?".
Devant un public issu en particulier du monde bancaire, financier et économique, Jean-Claude Juncker a d’abord réitéré les grandes étapes de la création de la monnaie unique et de la formation de l’Eurogroupe. Aujourd’hui, l’Eurogroupe, ensemble avec la Banque centrale européenne, est l’instance la plus visible qui incarne la "gouvernance économique" de l’euro selon Jean-Claude Juncker.
Concernant le renforcement des structures de gouvernance de l’espace euro, surtout en ce qui concerne le pôle politique par rapport au pôle monétaire, le président de l’Eurogroupe a mis en garde contre deux pièges : économique d’un côté et politique de l’autre.
Sur le plan économique, le Premier ministre a estimé qu’il convient de se méfier d’un discours sur la gouvernance économique présumant que la "Banque centrale européenne serait hyper sensible à l'inflation et que le contrepoids consisterait à encourager une politique centrée sur la croissance". Selon Jean-Claude Juncker, en économie, une politique anti-inflationniste n’exclut pas une politique économique orientée vers la croissance et l’emploi.
"Il ne faut pas comparer ce qui a priori n’est pas comparable" a souligné Jean-Claude Juncker en faisant allusion à des comparaisons entre la Réserve fédérale des Etats-Unis et la BCE. Pour continuer, "l’économie américaine est nettement plus flexible" que ce n’est le cas avec les "rigidités" dans l’espace euro.
D’un point de vue politique, le président de l’Eurogroupe a rappelé le processus de ratification encore en cours du traité de Lisbonne, traité qui définit un arrangement institutionnel pour les politiques de l’Eurogroupe, et en précise les compétences. Le débat sur le renforcement de la gouvernance économique de la zone euro devrait avoir lieu à l’intérieur des limites définies par le futur traité de Lisbonne, selon le Premier ministre.
Dans ce contexte, Jean-Claude Juncker a également rappelé que la résolution du 13 décembre 1997 prévoit explicitement une coordination des politiques économiques dans le cadre de réunions informelles des ministres des Finances des États membres de la zone euro. "On s’était mis d’accord sur la nécessité qu’il y aurait au niveau de la zone euro de surveiller de façon plus étroite nos politiques macroéconomiques respectives […] et les situations et politiques budgétaires nationales."
Si Jean-Claude Juncker a reconnu que, malgré l’absence d’une base légale dans les traités existants, l’Eurogroupe a réalisé progressivement une "institutionnalisation informelle", ce caractère informel contient toujours des inconvénients. Pour lui, il existe un "manque d’appropriation nationale en ce qui concerne la coordination des politiques économiques" même si la surveillance multilatérale – la peer review et la peer pressure – est très développée voire exigeante au sein de l’Eurogroupe. Toutefois, pour une amélioration de la gouvernance économique au sein de la zone euro, "il faut une réelle volonté politique de mieux nous accorder entre nous [Etats membres de l’espace euro]", a ajouté Jean-Claude Juncker. Le président de l’Eurogroupe a également précisé qu’il tient "beaucoup à l’aspect confidentiel de nos travaux", même si cela signifie une visibilité moindre.
En matière de représentation extérieure, Jean-Claude Juncker s’est félicité que l’Eurogroupe est aujourd’hui fermement établi comme partenaire dans les enceintes de concertation et de coordination internationale tels que le G7 et le FMI. Tout en regrettant que cette représentation vers l’extérieur reste "fragmentée".
Enfin, concernant les relations entre l’Eurogroupe et la BCE, Jean-Claude Juncker ne voit pas "comment, au niveau formel, le dialogue pourrait être amélioré".