"Pour une Europe meilleure ". Contribution écrite de Nicolas Schmit et Alberto Navarro

"Für ein besseres Europe". Von Nicolas Schmit und Alberto Navarro

Aujourd’hui, à l’initiative de l’Espagne et du Luxembourg, les 18 pays qui ont ratifié la Constitution européenne se réunissent à Madrid. Il est bon de rappeler que nous représentons deux tiers des 27 États membres de l’Union et plus de 270 millions de citoyens européens.

Nous voulons aider la présidence allemande dans la tâche difficile et capitale qui l’attend, celle de résoudre l’impasse dans laquelle se trouve actuellement le processus constitutionnel. Nous voulons aussi faire entendre notre voix dans le débat sur l’avenir de l’Europe, sur notre avenir collectif. En effet, la question à laquelle doivent répondre les Européens n’est pas de savoir si la Constitution européenne est toujours vivante. La question fondamentale à laquelle nous devons répondre est celle-ci: quel modèle d’Europe voulons-nous pour le XXIe siècle? Ou, en d’autres termes: que voulons-nous faire ensemble, nous les Européens?

Dans ce monde de plus en plus globalisé et interdépendant, une Europe unie et capable d’agir est plus que jamais nécessaire. Attachés à leur mode de vie et aux valeurs plus spécifiquement européens, nos citoyens éprouvent des inquiétudes face à la mondialisation. Pour faire face aux enjeux de celle-ci et aux inquiétudes qu’elle suscite, nous serons plus efficaces dans de nombreux domaines tels l’emploi, la santé, la lutte contre le terrorisme et la criminalité, celle contre l’immigration illégale, le changement climatique, la précarité en Europe et la pauvreté dans le tiers-monde, ou encore la sécurité énergétique, si nous agissons à un niveau européen plutôt qu’à un niveau exclusivement national. Hors de nos frontières, les États-Unis, la Russie, la Chine, le Japon, l’Amérique latine, l’Afrique ou l’Asie, demandent à l’Europe de participer activement à la gestion des grandes questions et aux grands débats qui divisent notre planète.

Or, depuis un certain temps, l’Europe n’est pas à la hauteur de ces enjeux. Elle n’a pas agi avec toute la décision et toute l’initiative auxquelles l’on pourrait s’attendre venant d’une puissance politique et économique et du plus grand espace de libertés au monde. Plusieurs facteurs, certains réels, d’autres fictifs, ont contribué à engendrer le découragement et l’apathie. À la faiblesse de la croissance économique s’est ajoutée la peur des délocalisations et de la perte d’emploi, les craintes suscitées par un élargissement mal expliqué et les critiques incessantes à l’égard de "Bruxelles", rendue responsable de tout ce qui est perçu comme négatif.

Aujourd’hui, d’aucuns pensent qu’il y a trop d’Europe, et ils demandent la renationalisation des politiques, la réduction de la législation communautaire et le repli sur les identités nationales. Ce serait là un retour en arrière, sans avenir. Pour notre part, nous croyons au contraire que nous avons besoin d’une Europe meilleure, capable d’agir de façon plus coordonnée et plus efficace, et disposant de politiques communes, par exemple dans le domaine de l’immigration ou de l’énergie. Ces questions qui concernent les citoyens au quotidien ne peuvent être résolues dans le seul cadre national.

La Constitution européenne a été négociée pour renforcer la capacité d’initiative d’une Union plus nombreuse dans un monde plus complexe. Le texte du traité définit le modèle d’Europe sur lequel, de l’avis des 18 pays aujourd’hui réunis à Madrid, doit s’appuyer l’avenir, un modèle qui peut être résumé en quatre points:

  1. Une Europe politique et avec des politiques communes. Nous ne pouvons nous résigner à ce que l’Europe ne soit qu’un grand marché ou une zone de libre-échange. Nous avons besoin d’une Europe qui soit un acteur, et non un simple spectateur. Une Europe qui défende nos valeurs et nos intérêts. Qui protège ses citoyens en leur apportant une plus grande sécurité à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières. Nous voulons une Europe politique, qui s’exprime d’une seule voix, avec un ministre des Affaires étrangères et un service extérieur commun. Nous voulons une Europe tirant avantage de son grand marché intérieur mais qui dispose aussi de politiques communes. Ce sont elles qui, pour nos citoyens, apportent véritablement une " valeur ajoutée", qu’il s’agisse notamment de la politique de cohésion économique et sociale, de la politique de protection de l’environnement, de la politique agricole, commerciale, de la politique de concurrence, de la pêche, ou des transports. Mais il nous faut également développer des politiques nouvelles, en matière d’immigration, de coopération policière et judiciaire, d’énergie et de changement climatique, de politique étrangère et de défense.

  2. Une Europe des valeurs et de la solidarité. Ce sont les principes et les valeurs qui nous unissent : le respect de la dignité humaine et des droits de la personne, la liberté, la démocratie, l’État de droit, l’égalité entre les femmes et les hommes. Ces valeurs constituent la base de notre identité européenne. Nos sociétés se définissent par le pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, l’égalité et la solidarité, tant au niveau interne, notamment à travers la cohésion économique et sociale et la protection sociale, qu’à l’échelle internationale, avec la politique commerciale et les politiques de coopération au développement, de défense des droits de l’homme, d’aide humanitaire ou de prévention des conflits.

  3. Une Europe des citoyens et avec les citoyens. L’Europe doit se rapprocher de ses citoyens, mieux leur expliquer la valeur ajoutée de ses politiques pour leurs droits, leur prospérité et leur sécurité. L’Europe ne doit pas être synonyme de bureaucratie mais au contraire ouvrir une voie plus large à la participation des citoyens. Elle doit s’appuyer sur la double légitimité des États et des citoyens. Nous devons développer le concept de citoyenneté européenne, lui donner un contenu réel plus fort, car son rôle pour l’avenir est considérable. La Charte des droits fondamentaux et l’initiative législative populaire contenues dans le traité constitutionnel sont de bons exemples des avancées prévues par celui-ci en ce domaine. L’Europe se fera avec ses citoyens, ou elle ne se fera pas.

  4. Une Europe plus efficace, plus transparente et plus démocratique. Si l’Europe a exercé un attrait jusqu’à présent, c’est parce qu’elle s’est montrée efficace. Nous avons besoin d’institutions fortes, démocratiques et efficaces permettant de décider et de mettre en œuvre les actions et politiques communes et d’en développer de nouvelles, dans le respect du principe de subsidiarité. S’il était déjà difficile à 15 États membres de prendre des décisions à l’unanimité, à 27, l’unanimité, là où elle est prévue dans les traités actuels, est synonyme de paralysie. Notre objectif commun est donc l’extension de la majorité qualifiée mais aussi la simplification des procédures afin que l’action européenne soit plus lisible pour les citoyens. À cette fin, nous devons également impliquer davantage nos parlements nationaux comme le prévoit le traité constitutionnel.

    Voilà notre proposition, une proposition ouverte au dialogue et à la réflexion avec les États qui, pour une raison ou une autre, n’ont pas ratifié le traité. Nous voulons de la sorte contribuer à l’effort que l’Allemagne va entreprendre au cours de ses six mois de présidence pour sortir de la paralysie dans laquelle nous nous trouvons. Après les déceptions et les revers, l’heure est venue pour nos États membres de l’Union de surmonter ensemble les difficultés afin que notre Europe soit à la hauteur des défis de l’avenir.

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"Für ein besseres Europe". Von Nicolas Schmit und Alberto Navarro

Auf Initiative Spaniens und Luxemburgs treffen sich heute in Madrid die 18 Länder, die die europäische Verfassung ratifiziert haben. An dieser Stelle sei daran erinnert, dass wir zwei Drittel der 27 Mitgliedsländer der Union und der über 270 Millionen europäischen Bürger ausmachen.

Wir möchten die deutsche Ratspräsidentschaft bei der schwierigen und wegweisenden Aufgabe unterstützen, einen Ausweg aus der Sackgasse zu finden, in dem sich der Verfassungsprozess gegenwärtig befindet. Ausserdem möchten wir in der Debatte über die Zukunft Europas, über unsere gemeinsame Zukunft, gehört werden. Die grosse Frage, die wir Europäer zu beantworten haben, ist nicht, ob die europäische Verfassung noch lebt. Die wesentliche Frage, auf die wir eine Antwort geben müssen, ist: "Welches europäische Modell wollen wir für das XXI. Jahrhundert?". Oder anders gesagt: "Was wollen wir Europäer gemeinsam tun?".

In dieser immer stärker globalisierten und verflochtenen Welt ist ein geeintes und handlungsfähiges Europa wichtiger denn je. Unsere Bürger, die ihren Lebensstil und ihre europäischen Werten hoch schätzen, zeigen sich angesichts der Globalisierung besorgt. Um sich den Herausforderungen und Sorgen zu stellen, die diese heraufbeschwört, wären wir auf zahlreichen Gebieten effizienter, wenn wir auf europäischer und nicht auf rein nationaler Ebene handelten; siehe die Beschäftigung, die Gesundheit, den Kampf gegen den Terrorismus und die Kriminalität, die illegale Einwanderung, die Klimaveränderungen, die schlechten Arbeitsbedingungen in Europa, die Armut in der dritten Welt oder die Energiesicherheit. Ausserhalb unserer Grenzen erwarten die Vereinigten Staaten, Russland, China, Japan, Lateinamerika, Afrika oder Asien, dass Europa aktiv an der Lösung der großen Fragen und Debatten teilnimmt, die unseren Planeten spalten.

Aber seit einiger Zeit ist Europa nicht auf der Höhe dieser Herausforderungen. Es hat nicht mit der Entschiedenheit und Zielstrebigkeit gehandelt, die von einer politischen und wirtschaftlichen Macht und von dem grössten Freiheitsraum der Welt zu erwarten wäre. Mehrere Faktoren, einige sind real und andere fiktiv, haben dazu beigetragen, Mutlosigkeit und Apathie zu säen. Zu dem schwachen Wirtschaftswachstum sind die Ängste vor Standortverlegungen, vor dem Verlust von Arbeitsplätzen, vor einer schlecht erklärten Erweiterung und die ständigen Kritiken gegen "Brüssel" hinzugekommen, "Brüssel", das für alles Negative verantwortlich gemacht wird.

Einige glauben heute, dass es zuviel Europa gibt, und fordern die Renationalisierung der Politik, die Reduzierung der gemeinschaftlichen Gesetzgebung und die Rückbesinnung auf die nationalen Identitäten. Dies wäre ein Rückschritt ohne Zukunft. Wir hingegen glauben, dass ein besseres Europa nötig ist; eines, das fähig ist koordinierter und effizienter zu handeln, und das über eine gemeinsame Politik verfügt, zum Beispiel auf dem Gebiet der Einwanderung oder der Energie. Diese Probleme, die tagtäglich die Bürger betreffen, können nicht auf rein nationaler Ebene gelöst werden.

Die europäische Verfassung wurde ausgehandelt, um die Handlungsfähigkeit einer größeren Union in einer komplexeren Welt zu stärken. Der Vertragstext definiert das Modell Europas, das die 18 Länder, die sich heute in Madrid treffen, als Basis für die Zunkunft sehen; ein Modell, das sich in vier Ideen zusammenfassen lässt:

  1. Ein politisches Europa mit Gemeinschaftspolitiken. Wir dürfen uns nicht damit begnügen, dass Europa nur ein grosser Markt oder eine grosse Freihandelszone ist. Wir brauchen ein Europa, das handelt und nicht nur Zuschauer ist, das unsere Werte und unsere Interessen verteidigt, das seine Bürger schützt, indem es ihnen mehr Sicherheit innerhalb und ausserhalb seiner Grenzen bietet.

    Wir wollen ein politisches Europa, das mit einer Stimme spricht, mit einem Aussenminister und einem gemeinsamen diplomatischen Dienst. Wir wollen ein Europa, das aus seinem großen Binnenmarkt Nutzen zieht, aber auch über eine gemeinsame Politik verfügt. Schließlich ist sie es, die unseren Bürgern einen wirklichen „zusätzlichen Wert“ bringt, wie im Falle der Wirtschafts- und Kohäsionspolitik, der Umweltschutzpolitik, der Agrar-, Handels-, Wettbewerbs-, Fischerei- und Verkehrspolitik. Wir müssen aber auch eine neue Politik in Sachen Einwanderung, polizeilicher und gerichtlicher Zusammenarbeit, Energie und Klimawandel, Außen- oder Verteidigungspolitik entwickeln.

  2. Ein Europa der Werte und der Solidarität. Die Prinzipien und Werte sind es, die uns einen: der Respekt vor der menschlichen Würde und den Menschenrechten, Freiheit, Demokratie, Rechtsstaat, Gleichheit zwischen Frauen und Männern. Diese Werte sind die Basis unserer europäischen Identität. Unsere Gesellschaften definieren sich über den Pluralismus, die Nicht-Diskriminierung, die Toleranz, Gerechtigkeit, Gleichheit und Solidarität sowohl im Inneren, besonders mittels der wirtschaftlichen und sozialen Kohäsion und des sozialen Schutzes, als auch auf internationaler Ebene mittels der Handelspolitik, der Politik der Entwicklungszusammenarbeit, der Verteidigung der Menschenrechte, der humanitären Hilfe oder der Konfliktprävention.

  3. Ein Europa der und mit den Bürgern. Europa muss näher an die Bürger heranrücken, ihnen den Zugewinn verständlicher machen, den die unterschiedlichen Gemeinschaftspolitiken der Union für ihre Rechte, ihren Wohlstand und ihre Sicherheit haben. Europa darf kein Synonym für Bürokratie sein. Eher im Gegenteil, Europa muss einen breiteren Weg für die Beteiligung der Bürger öffnen. Es muss sich auf die doppelte Legitimität der Staaten und der Bürger stützen. Wir müssen den Begriff des europäischen Bürgers entwickeln und diesen mit größerem realen Inhalt füllen, was eine große Aufgabe für die Zukunft ist.

    Die Charta der Grundrechte und die Gesetzesinitiative der Bevölkerung sind gute Beispiele für die Forschritte, zu denen der Verfassungsvertrag in diesem Bereich beiträgt. Europa wird mit seinen Bürgern gemacht oder gar nicht.

  4. Ein effizienteres, transparenteres und demokratischeres Europa. Europa ist bisher attraktiv gewesen, weil es effizient war. Wir brauchen starke, demokratische und effiziente Institutionen, die es ermöglichen, gemeinsame Aktionen und Politiken zu beschließen, durchzuführen sowie neue zu entwickeln, dies unter Anerkennung des Prinzips der Subsidiarität. Wenn es schon mit 15 Mitgliedsstaaten schwierig war, einstimmige Entscheidungen zu treffen, so ist die Einstimmigkeit mit 27, so wie sie in den aktuellen Verträgen beschrieben ist, ein Synonym für Lähmung. Unser gemeinsames Ziel ist daher, den Gebrauch der qualifizierten Mehrheit auszubauen sowie die Verfahren zu vereinfachen, damit das europäische Handeln für die Bürger verständlicher ist. Mit diesem Ziel müssen wir auch unsere nationalen Parlamente mehr einbeziehen, so wie es der Verfassungsvertrag vorsieht.

    Dies ist unser Vorschlag, der offen für den Dialog und die Reflexion mit den Staaten ist, die aus dem einen oder anderen Grund den Vertrag nicht ratifiziert haben. Auf diese Weise wollen wir einen Beitrag zur Anstrengung leisten, die Deutschland während seiner Präsidentschaft unternehmen wird, damit wir aus unserer gegenwärtigen Lähmung herauszukommen. Nach den Enttäuschungen und Rückschlägen ist es an der Zeit, dass die Mitgliedstaaten der Union gemeinsam die Schwierigkeiten überwinden, damit unser Europa auf der Höhe der Herausforderungen der Zukunft ist.

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