Discours sur l'état de la Nation 2020

"Renforcer le Luxembourg, saisir les occasions et créer des perspectives"

Le Premier ministre, ministre d'État, Xavier Bettel a prononcé le 13 octobre 2020, devant la chambre des députés la déclaration du gouvernement sur la situation économique, sociale et financière du pays 2020.

  1. ©SIP / Jean-Christophe Verhaegen

    Xavier Bettel, Premier ministre, ministre d'État
  2. ©SIP / Jean-Christophe Verhaegen

    Xavier Bettel, Premier ministre, ministre d'État
  3. ©SIP / Jean-Christophe Verhaegen

    (de g. à dr.) Fernand Etgen, président de la Chambre des députés ; Xavier Bettel, Premier ministre, ministre d'État
  4. ©SIP / Jean-Christophe Verhaegen

    Discours sur l'État de la Nation
  5. ©SIP / Jean-Christophe Verhaegen

    (de g. à dr.) Fernand Etgen, président de la Chambre des députés ; Xavier Bettel, Premier ministre, ministre d'État

Le discours fut prononcé en luxembourgeois et seul le texte prononcé fait foi.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Nous nous retrouvons aujourd'hui encore au Cercle à la Place d'Armes et non pas au bâtiment au Marché-aux-Herbes.

Nous sommes dans en environnement dans lequel les règles sanitaires peuvent être respectées tout en garantissant le fonctionnement de la Chambre. C'est toujours inhabituel et malgré les grands efforts investis ce n'est pas le cadre idéal pour faire le travail parlementaire.

Pourtant, c'est maintenant que ça compte. Si on cède maintenant et on ne respecte pas les règles, tous les mois pendant lesquels nous avons travaillé ensemble pour contrôler le virus seront en vain.

Ainsi, il faut poursuivre l'effort, resister, être attentif et être solidaire avec l'autre.

Et pourtant, on veut regagner la normalité. Une normalité pour laquelle on a donné beaucoup et on continue à donner.

Faisant partie de cette normalité est le fait de s'échanger aujourd'hui et dans les prochains jours sur la situation financière, sociale et économique du pays. Sûrement, nos vues se distinguent dans le détail, mais nos objectifs sont très rapprochés.

Il s'agit de renforcer le Luxembourg, de saisir les occasions et de donner des perspectives pour le futur.

À cet égard, les chiffres joueront un rôle important aujourd'hui.

En fait, ces derniers mois les chiffres étaient le centre d'intérêt.

Les chiffres intéressent et les chiffres dominent.

Nous suivons tous de très près l'évolution de la pandémie ici au Luxembourg, ainsi que dans le reste du monde.

Nous nous orientons, pour ce faire, à une partie de paramètres qui ont gagné une énorme importance:

le nombre des nouvelles infections, le nombre des hospitalisations, le nombre des patients COVID-19 en soins intensifs et également le nombre des décès. 

Au Luxembourg nous avons appris qu'il faut établir des relations entre le nombre de nouvelles infections et le nombre de tests effectués. 

Lors de limitations des rassemblements nous avons aussi avancé des chiffres. Nous avons déterminé le nombre de personnes pouvant se rassembler dans le privé et le public, le nombre de personnes ayant le droit de s'asseoir à une même table et la distance à laquelle les personnes doivent se tenir les uns des autres.

C'est la première fois qu'on discute aussi longtemps et de façon aussi intensive de chiffres; et l'impact de cette pandémie sur notre économie, notre société et nos finances publiques se résume par des sommes et des pourcentages.

Aujourd'hui et demain on parlera beaucoup des chiffres car elles sont utiles pour comparer et pour illustrer la situation à laquelle nous sommes confrontés.

Avant de parler des chiffres, parlons des personnes.

J'ai, comme nous tous, dans les derniers mois, lu, vu et entendu toute sortes de choses. Je l'ai dit en juillet sur cette place et je le répète: je défends la stratégie que le gouvernement - en grande partie avec le soutien de la Chambre - a choisi dans la lutte contre ce virus. Bien sûr, nous avons beaucoup appris depuis, et certaines décisions prises peuvent être jugées différemment, mais au moment même et avec le niveau de connaissance disponible dans le temps, nous avons pris les décisions et les mesures adaptées et nécessaires.

A posteriori, les chiffres nous donnent raison.

Il est hors de question que des vies humaines ont été sauvées et que de nombreuses personnes ne sont pas tombées gravement malades parce que nous avons agi rapidement, de façon déterminée et efficacement.

Il est aussi hors de question - et ça n'a jamais été dit autrement - que pour la grande majorité de la population le COVID19 ne présente pas de risque majeur. Pourtant, il est très dangereux, voire mortel, pour une minorité de la population et c'est cette minorité qui compte.

C'est le rôle de la politique et de la société de protéger cette minorité et ça ne doit pas nous laisser indifférents de pouvoir protéger des milliers de vies humaines.

La semaine dernière j'ai reçu un monsieur dans mon bureau qui a été testé positif cet été et qui en a souffert beaucoup. Cette personne est dans sa quarantaine, sportif, mène une vie saine et n'a pas d'antécédents médicaux connus. Pourtant, il est rapidement tombé malade. Le taux d'oxygène de son sang est tombé à certains moments de 70% et il m'a décrit comment il a eu mal à la tête, puis de la fièvre et finalement des difficultés respiratoires.

Il a été transporté en ambulance à l'hôpital, où il a reçu des soins intensifs. Il m'a également décrit ses pensées en ce moment, il s'est demandé si sa famille s'en sortirait, au cas où il ne survivrait pas. Il voulait leur dire adieu, parce qu'il n'était pas convaincu de gagner la lutte contre le COVID-19. Pourtant, il se sentait bien pris en charge, ce que lui a beaucoup aidé. Le personnel à l'hôpital ne fait pas seulement son travail, mais il accompli une mission en soutenant les patients et en leur montrant qu'ils dépasseront la maladie ensemble.

Il a survécu la maladie, mais il dit qu'il est loin de la forme qu'il avait avant le COVID-19, pratiquer du sport est hors de question. Un homme de 46 ans sans antécédents médicaux connus. Un homme en parfaite santé.

Il m'est toujours incompréhensible que certains pensent qu'il s'agit d'une grippe banale. C'est vrai en principe pour les petits enfants et nous pouvons nous en rejouir.

Pourtant, pour les adultes le COVID-19 est 3 à 13 fois plus dangereux qu'une grippe saisonnière. C'est un fait scientifique, prouvé empiriquement. 

Il faut aborder les faits objectivement et il n'est pas opportun de dramatiser, mais il est aussi irresponsable de dédramatiser et de banaliser le danger. Je me réjouis du fait qu'on n'a pas suivi le parcours de certains pays où le nombre de décès, vu proportionnellement, est deux, trois, voire quatre fois plus haut que chez nous. Sans parler des nombreuses personnes qui souffrent encore pour un long temps des effets secondaires.

Il est aussi difficile d'endurer quand des experts vous disent combien des victimes avaient un âge avancé et quelle aurait été leur espérance de vie sans cette maladie pulmonaire.

Nous avons le devoir de protéger les humains et de tout faire pour sauvegarder les vies humaines. Point.

Il n'y a rien qui a plus de valeur qu'une vie humaine et il n'y a rien de pire que de perdre quelqu'un de cher.

Au cours des quatre dernières semaines j'ai visité plus de 50 grandes et petites entreprises. Des personnes qui se sont fait indépendants tout récemment et des personnes qui ont voulu prendre la retraite mais qui ne peuvent pas, pour cause la pandémie.

J'ai visité des structures sociales, des écoles, des maisons de soins et de retraite, ainsi que des hôpitaux, j'ai parlé avec les responsables d'ONG, d'associations, de fédérations, de syndicats, des représentants du patronat, maires, police, pompiers et l'armée. J'ai eu une douzaine d'entretiens avec des personnes affectées directement et indirectement par cette crise. J'ai rencontré des personnes qui ont perdu un membre de leur famille, des personnes qui ont sauvé des vies, des personnes qui sont au bord de la faillite et des personnes qui ne voient plus d'issue à la crise. Et j'ai vu des personnes qui rayonnent d'espoir et remontent les manches pour continuer dans leur chemin.

L'image que j'ai eu n'ai sûrement pas complète et je suis conscient du fait qu'on nous ne dit pas toujours toute la vérité. Pourtant, ce sont une partie d'impressions et messages qui peuvent être résumés:

  1. Ensemble nous avons réussi, d'un point de vu sanitaire, à bien passer à travers cette crise. Le Luxembourg fait partie des pays dont le système de santé n'était en aucun moment et n'est toujours pas saturé. Le nombre d'infections a varié, mais la pression sur nos hôpitaux est depuis des mois invariablement basse.
    C'est important, parce que ça donne confiance pour le futur.
  2. Nous avons également réussi à stabiliser les entreprises. De par le chômage partiel, les congés pour raisons familiales, les aides financières directes et indirectes, le pire a pu être évité et il n'y a pas d'explosion du chômage.
  3. Les effets secondaires de la crise et surtout du lockdown - qui ne sont pas négligeables - sont restés plutôt gérables. Dans ce contexte, les services qui s'occupent des familles et enfants m'ont reporté qu'il était très important d'avoir assuré un encadrement au pic de la crise en avril. Il y avait très peu d'enfants vivant dans un environnement plus difficile qui n'ont pas été encadrés par l'Office national de l'enfance et autres services. Ceci a évité des potentielles conséquences à long terme.
  4. Malgré tout, il règne aussi le sentiment de l'insécurité. Cette sensation est présente dans tous les secteurs, que ce soit dans l'économie, le secteur social, à l'école ou parmi la population. Il ne faut pas le sous-estimer ou le minimiser. Les gens se posent des questions sur le futur et sur les perspectives pour les prochains mois. Nous avons la mission de leur donner une réponse et de rester engagés.

En ce qui concerne le volet économique, nous avons dans une première phase libéré un paquet de stabilisation de 10,4 milliards d'euros. Afin de soutenir à moyen- et long terme cette initiative a été, dans une deuxième phase avec le "Neistart Lëtzebuerg" complété avec un paquet de 800 millions euros.

L'instrument le plus fort et le plus important mis à disposition par l'État était sans aucun doute le chômage partiel.

Jusqu'à aujourd'hui, des demandes de 14.810 entreprises ont été acceptées. 375.196 salaires ont été ainsi assurés et très rapidement 807 millions d'euros ont été payés.

Nous avons également veillé à ce qu'aucun des salariés en chômage partiel ne tombe en dessous du seuil du salaire minimum. C'était un signe clair de solidarité nationale avec les personnes financièrement faibles de notre société.

Des aides directes en hauteur d'environ 200 millions d'euros ont également été versées. 2.500 euros pour les indépendants, puis 3.000 et 4.000 euros supplémentaires pour les indépendants.

Dans une première phase, 5.000 euros ont été versés pour les PME, puis 5.000 à 12.500 euros supplémentaires par entreprise. Des possibilités de déductions fiscales ont été créées pour les pertes dues au loyer, des avances ont été versées, des moratoires sur des prêts bancaires et auprès de la SNCI ont été accordés. Il y a eu des aides pour les start-ups, pour les artistes, pour la presse et une mesure clé était certainement le congé pour raisons familiales, qui permettait aux gens de rester à la maison avec leurs enfants, sans que cela ne se fasse au détriment de l'employeur ou des employés.

Dans un deuxième temps, nous avons soutenu la relance économique des secteurs les plus vulnérables, avec des aides directes au commerce de détail et à certaines parties du secteur de l'artisanat et le Fonds de relance et de solidarité, notamment pour les secteurs de l'Horeca, de l'événementiel et du tourisme.

Une initiative, dont on prétendait qu'elle ne serait qu'un "gadget", est devenue un grand succès. À ce jour, plus de 60.000 bons ont été échangés dans des hôtels et des campings au Luxembourg. Soit plus de 60.000 personnes qui ont bénéficié de l'offre locale cette année et qui ont ainsi aidé les entreprises du secteur à survivre cette période difficile.

Les différentes mesures ont contribué à maintenir l'emploi et à stabiliser le pays et son économie.

La question qui se pose maintenant est de savoir comment procéder à ce plan.

Au niveau européen, nous nous sommes efforcés de faire en sorte que nous puissions payer une aide supplémentaire, au cours de cette année, aux secteurs où la reprise est lente, voire inexistante.

Nous avons obtenus cet après-midi le feu vert de Bruxelles pour aider ces secteurs de manière très spécifique. Ceci est bien plus qu'une simple modalité, car les règles en matière de concurrence et d'aides d'État sont un instrument central de la Commission européenne, où il est important de prendre des précautions. Mais nous vivons des moments extraordinaires et nous sommes d'accord avec d'autres partenaires européens pour dire qu'une réponse extraordinaire est nécessaire. Nous le faisons parce que nous savons que ces branches - je parle de l'hôtellerie, de l'événementiel, du tourisme et des traiteurs etc. - ont un modèle économique qui fonctionnera à nouveau normalement après le coronavirus. Nous avons tous la responsabilité d'aider les entreprises, qui sont principalement saines et qui l'étaient également avant la crise, à traverser cette période difficile, afin qu'elles soient prêtes pour reprendre leurs activités par après.

Tous ces secteurs n'ont généralement pas de problèmes structurels, mais ils sont victimes de cette situation sanitaire très particulière.

Dans cette optique, nous prévoyons de reconduire le Fonds de relance et de solidarité jusqu'à l'année prochaine, dans les mêmes conditions et pour les mêmes entreprises que celles prévues précédemment dans le fonds, c'est-à-dire les secteurs qui ont été particulièrement touchés.

Nous allons également mettre en place une nouvelle aide directe qui permettra aux entreprises des secteurs vulnérables de compenser une partie des coûts supportés, lorsqu'elles ont subi des pertes de 30% ou plus de leur chiffre d'affaires. 

En outre, nous allons mettre en place un régime supplémentaire pour primo-créateurs, c'est-à-dire un régime pour les personnes désirant créer une entreprise, car c'est surtout en temps de crise que le courage des personnes, qui osent se lancer dans l'entreprenariat, doit être honoré et nous devons les soutenir sur leur chemin vers l'indépendance. Ces initiatives vont créer l'emploi de demain.

Le travail à temps partiel sera également poursuivi au-delà du 31 décembre 2020, principalement pour les entreprises des secteurs vulnérables, mais aussi pour d'autres entreprises qui ont connu des difficultés en raison de la pandémie. Chaque personne que nous pouvons ainsi sauver du chômage coûtera moins cher à l'État à long terme. Mais c'est surtout la cohésion sociale qui est au premier plan de ces mesures. 

Toutefois, il faut également veiller à ce qu'aucune situation de concurrence déloyale ne se présente. Les modalités exactes seront discutées comme auparavant avec les partenaires sociaux dans le cadre du Comité de conjoncture.

 

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Le gouvernement est donc déterminé à faire tout ce qui est nécessaire pour combattre le virus et protéger la vie humaine, d'une part, et pour renforcer notre société, stabiliser notre économie et garantir la cohésion sociale, d'autre part.

Ce n'est pas le moment pour la politique politicienne de provoquer des incertitudes idéologiques et ce n'est pas le moment de remettre en question les fondements du modèle luxembourgeois.

Notre État social a été mis à l'épreuve dans cette crise, notre modèle économique a su utiliser ses avantages et, grâce à la stabilité de la situation financière du pays, nous avons pu et pouvons survivre aux conséquences économiques de cette crise.

Une des questions qui est à l'ordre du jour et qui a déjà fait l'objet de nombreuses discussions, est celle de l'orientation politique - quel est le plan pour les années à venir? La réponse simple à cette question complexe: le programme de coalition de cette période législative est valide et las partis de la majorité parlementaire s'y tiennent. À tout ce qui s'y trouve et justement aussi au fait que certaines choses n'y figurent pas. Il n'y aura pas d'expériments, de spéculation ou de discussion sur ce programme de base pour les années à venir.

Cela signifie que nous n'introduirons pas de nouveaux impôts qui ne font pas partie de l'accord.

Cependant, il est tout aussi clair et évident que des mesures, qui feraient peser une lourde charge sur le budget de l'État, ne sont pas actuellement à l'ordre du jour. Tout comme il serait erroné, à l'heure actuelle, de réduire le pouvoir d'achat par des nouvelles taxes ou des augmentations d'impôts, ce serait également un mauvais signal si le budget de l'État devait être grevé au-delà des choses les plus importantes et imminentes.

En clair, cela signifie que nous nous en tenons à ce que nous avons prévu initialement, mais que pour l'année à venir, nous nous concentrons sur le maintien de notre système de sécurité sociale et sur la maîtrise des effets de la crise dans toute la mesure du possible.

Cela signifie aussi que nous n'avons pas prévu une réforme fiscale générale pour l'année budgétaire 2021.

Toutefois, il est nécessaire d'agir sur des points particuliers qui ne peuvent pas attendre que la situation permette une réforme fiscale de grande envergure, et c'est pourquoi nous réagissons tout de suite sur ces points. Il s'agit de justice, de moralité, de décence et de l'intention d'une chose et de ce qu'on fait en réalité. 

Cela concerne notamment le régime fiscale souvent cité des FIS immobiliers sur le marché luxembourgeois.

Aujourd'hui, il est possible pour différents acteurs d'opérer sur le marché immobilier sur une base quasiment exonérée d'impôts.

Cela n'est plus acceptable. Comme prévu dans le programme gouvernemental, le régime fiscal actuel des FIS et d'autres fonds sera fondamentalement réformé sur ce point à partir du 1er janvier 2021.

Les FIS sont un problème très spécifique. Nous avons quelque 1.800 Fonds d'investissement spécialisés, dont seulement 14% sont actifs dans le secteur immobilier et seulement très peux sur le marché luxembourgeois. Mais il y a là aussi des cas d'abus, et nous allons y remédier.

La pratique des "share deals", qui consiste à acheter et à vendre des immeubles non pas directement mais par l'intermédiaire de sociétés bénéficiant d'avantages fiscaux, devient moins attrayante.

Il sera explicitement interdit aux Sociétés de gestion de patrimoine familial (SPF) d'obtenir indirectement des biens immobiliers par l'intermédiaire d'autres sociétés.

Le régime spécial des ''stock options'' et ''warrants'', introduit en 2002 par une circulaire, sera aboli à partir du 01.01.2021 - comme prévu d'ailleurs par l'accord de coalition.

En même temps, le régime des impatriés sera adapté. Ce régime, réglé jusqu'à présent par une circulaire, obtiendra une base légale. Dans ce contexte, une prime d'impatriation fiscalement avantageuse sera créée, qu'un impatrié pourra obtenir de la part de son employeur pendant un maximum de 8 ans.

Ce régime est un élément clé pour renforcer la compétitivité de l'économie luxembourgeoise, parce qu'il permet d'attirer des talents que l'on ne trouve que rarement au marché de travail luxembourgeois ou dans la Grande Région.

En outre, dans le cadre du budget 2021, une prime participative sera introduite, par le biais de laquelle un salarié pourra participer, avec des avantages fiscaux, au bénéfice de l'entreprise qui l'occupe.

Cette prime, exonérée d'impôts à hauteur de 50%, est néanmoins limitée: d'une part, l'entreprise ne peut pas verser plus que 5% de son bénéfice à cet effet - l'entreprise doit donc être profitable et payer des impôts - et d'autre part, la prime ne doit pas dépasser 25% du salaire annuel du salarié.

Ceci est donc une mesure transparente et bénéfique pour l'attractivité de la place économique luxembourgeoise.

Nous avons besoin de talents, d'une économie puissante et nous avons besoin d'un centre financier attrayant.

Il y a quelques semaines, nous avons gagné 6 positions dans le Global Financial Centres Index, et nous sommes maintenant classés 12e au niveau mondial. Nous avons dépassé Paris et Francfort et nous sommes désormais le numéro 1 dans l'UE. Ce n'est pas le mérite de "niches souveraines" qui n'existent plus, mais uniquement le résultat de l'expertise et de l'efficacité de notre centre financier, qui est internationalement reconnu et apprécié.

Le Luxembourg s'est fait connaître comme centre financier, non pas parce qu'il joue selon d'autres règles que le reste de l'Europe, mais précisément parce que nous appliquons strictement le cadre européen - et souvent avant nos voisins, comme par exemple dans le secteur des fonds depuis les années 1980, ou plus récemment dans le domaine des paiements.

Ces dernières années, le Luxembourg a mis en œuvre toutes les règles et normes internationales et européennes - souvent en avance sur les autres - tant dans le domaine de la transparence fiscale que dans la lutte contre l'évasion fiscale internationale et le blanchiment d'argent.

Ces réformes ont permis au Luxembourg d'attirer de nouveaux acteurs et de nouvelles activités internationales au cours des dernières années.

La Brexit est la meilleure preuve que le Luxembourg reste attractif en tant que centre financier.

Plus de 60 entreprises du secteur financier - banques, compagnies d'assurance, gestionnaires de fortune - ont jusqu'à présent délocalisé leurs activités au Luxembourg ou développé leurs activités existantes. Ces acteurs ne sont pas venus pour des raisons fiscales et le gouvernement n'a pas dû introduire de nouvelles mesures pour les attirer.

Elles sont venues parce que le Luxembourg était le plus à même de développer leurs activités sur le continent européen: parce que le Luxembourg leur offre un cadre stable, prévisibilité, un contrôle reconnu et respecté au niveau international et un écosystème international sans pareil.

Un autre point fort est que notre centre financier est aujourd'hui non seulement hautement spécialisé, mais aussi diversifié: de l'industrie des fonds et tous les acteurs contribuant à ce secteur, à l'assurance-vie, la réassurance, la gestion d'actifs, la banque d'entreprise, les marchés des capitaux jusqu'à la Fintech.

Cela contribue à la stabilité de la place financière et ouvre de nouvelles opportunités.

Ainsi, le développement et la diversification du centre financier reste une priorité pour ce gouvernement.

Un secteur avec un potentiel futur particulier dans ce contexte est bien sûr celui des finances durables. Au cours des dernières années, le Luxembourg est devenu l'un des centres financiers les plus importants pour la finance verte et durable.

Avec la récente émission d'obligations d'État durables et l'introduction d'un cadre correspondant, le Luxembourg a une fois de plus démontré son esprit pionnier et il est ainsi reconnu au niveau international.

Les finances durables sont le futur du secteur financer et le Luxembourg est bien positionné pour jouer un rôle de leader dans ce domaine.

Plus que 50.000 personnes travaillent dans le secteur financier, plus d'un 30% de notre richesse est créée ici. La crise a bien montré à quel point la place financière est inestimable pour le reste de notre économie.

Les banques ont contribué activement, et ont accordé des crédits et des moratoires aux entreprises locales. La place financière contribue aussi à la visibilité du Luxembourg sur le plan international et, ainsi, de le rendre intéressant pour des entreprises et des investisseurs, aussi en dehors du secteur financier.

 

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Du point de vue économique et budgétaire, la situation au Luxembourg, comparée à celle de beaucoup d'autres pays du monde, est plutôt favorable. Nous profitons notamment du fait qu'une partie significative des activités qui ont une incidence directe sur nos recettes fiscales ont pu passer cette crise relativement bien et, entre autres grâce à une transition rapide au télétravail, n'étaient pas entièrement immobilisées, même pendant le lockdown.

Aussi maintenant, nous nous rendons compte que l'activité économique a bien démarré.

Avant la crise, en février de cette année, le taux de chômage se situait à 5,5%, le Statec avait initialement prévu un taux de 5,4% pour cette année ce que nous avons considéré à l'époque comme très réaliste.

Toutefois, à partir du mois de mars, la situation a changé rapidement, de 6,1% en mars à 7,0% en avril.

À ce moment-là, 20.209 personnes étaient inscrites à l'ADEM, une hausse de 31% dans une année.

Néanmois, ce taux a commencé à baisser continuellement jusqu'à 6,4% en août.

 

Il y avait et il y a effectivement une légère reprise qui, selon le Statec, est essentiellement due au secteur Horesca.

Cependant, ce qui nous inquiète est le chômage des jeunes, qui sont particulièrement touchés par cette crise. Ceci est principalement dû au fait que justement durant cette période - donc avant, pendant et après l'été - ils arrivent sur le marché du travail et ont plus de difficultés à trouver un emploi.

À la date du 31 août 2020, 4.000 des 18.500 employés disponibles au Luxembourg ont moins de 30 ans - cela représente une hausse de 34,5% pendant une année.

Cela fait réfléchir et, par conséquent, des mesures spéciales ont été prises pour pallier cette situation.

L'aide à l'embauche a été reformée et étendue aux demandeurs d'emploi de moins de 45 ans, le stage à l'embauche sera ouvert aux jeunes de moins de 30 ans, et aussi pour le contrat de réinsertion l'âge minimum a été abaissé de 45 à 30 ans.

Le stage de professionnalisation est maintenant ouvert aux jeunes de moins de 30 ans.

Ces mesures représentent un soutien important dans la lutte contre le chômage des jeunes. Au cas où ces mesures se montrent insuffisantes, nous agirons avec fermeté. Nous ne permettrons pas un manque de perspectives des jeunes avec toutes les conséquences qui en résultent.

Le gouvernement ne reste pas spectateur, mais assume sa responsabilité et remplit son rôle de maintenir la paix sociale au Luxembourg. Il y a des personnes qui, en ces temps, doivent craindre perdre leur entreprise et leur emploi. C'est le cas en particulier pour les grands entreprises traditionnelles d'envergure nationale comme Arcelor-Mittal et Luxair, où le gouvernement est prêt à assumer, dans le cadre de tripartites sectorielles, une responsabilité sociale et à éviter des licenciements sous condition que le management agisse aussi de manière responsable.

Mais aussi le plan de maintien d'emploi de LUXGUARD implique des charges financières pour le fonds de l'emploi à long terme.

Mais nous avons aussi raison d'être confiants.

L'activité économique augmente à nouveau lentement. La confiance revient, chez les consommateurs tout comme chez les entreprises et les investisseurs.

Les marchés financiers se sont stabilisés, notre secteur financier - pilier de notre économie - fonctionne en dépit des contraintes de la distanciation sociale.

Déjà, les perspectives des finances publiques sont aujourd'hui un peu moins graves qu'en avril quand nous avons transmis le programme de stabilité pour l'année 2020 à Bruxelles.

À l'époque, nous nous attendions pour cette année un déficit de plus de 5 milliards du budget total. Actuellement, il semble que nous arriverons plutôt à 4,4 milliards.

Cela est surtout dû au fait que la situation sur le marché de l'emploi, grâce notamment aux mesures importantes comme le chômage partiel, ne semble plus aussi sombre que l'on aurait pu craindre pendant le confinement.

Malgré cette amélioration légère, ceci représente un déficit historique pour le Luxembourg.

Un déficit qui ne s'explique que par la crise.

D'un côté, des montants record ont été investis avec le but d'aider les gens et les entreprises pendant les derniers mois; de l'autre côté, comme dans le reste du monde, les recettes de l'État se sont fortement effondrées.

Tandis que l'année dernière, à la fin d'août, environ 60% des recettes fiscales devraient être rentrées, cette année-ci, ce n'étaient que 58%, ce qui est encore un résultat considérable. 

Mais le 31 août, par rapport au même moment l'année dernière, il manquait dans la caisse des recettes un montant d'à peu près un milliard. Mais l'austérité n'est pas la bonne réponse et c'est pour cette raison qu'on a décidé de garder les investissements à un niveau élevé et même de les augmenter encore dans l'intérêt des générations présente et future.

Jusqu'en 2020, pendant des années l'investissement s'élevait à environ 3,7% du PIB; en 2021, il augmentera à 4,3% du PIB, soit à plus de 2,7 milliards d'euros.

Heureusement, le Luxembourg dispose des moyens financiers pour faire face à cette situation.

Parce que pendant les années passées nous avons assaini les finances publiques durablement.

Nous avons pu conclure 2018 avec un surplus de 528 millions d'euros, 2019 avec un surplus de 60 millions d'euros. Le Luxembourg est entré dans la crise avec des finances publiques saines.

Au Luxembourg, le triple A a été confirmé pendant la crise par toutes les grandes agences de notation, précisément en raison de sa bonne position de départ et du regain de confiance que nous avions créé grâce à une action cohérente de la politique budgétaire ces dernières années.

Oui, cette crise aura un impact sur notre dette.

Pour cette année seule, la Chambre a autorisée de nouveaux emprunts de plus de 3 milliards d'euros afin de couvrir les coûts de la crise; aussi, une autorisation avait déjà été prévue dans le budget 2020 pour un soi-disant "emprunt soutenable.

Ainsi, on aboutirait à la fin de l'année, de façon purement mécanique, à une dette de 16 milliards d'euros ou 27,4% du PIB. Cela, aussi, est un des niveaux minimaux de l'UE et même du monde entier.

Mais je me souviens bien que, lorsque, déjà en 2013, j'avais lu dans la note au formateur que si nous ne prenions pas de mesures, si nous n'assainissions pas les finances publiques, nous aurions dépassé le pourcentage déjà en 2015. Nous avons pu l'empêcher.

Avant la crise, nous étions à environ 22% du PIB, alors même sous le niveau de 2013.

De ce fait, ce n'est pas le moment d'économiser. Ce n'est pas le moment d'augmenter les impôts. C'est le moment d'investir et de remettre notre économie sur les rails.

Bien des choses - pour ne pas dire tout - dépendent de comment la situation sanitaire est aujourd'hui et comment elle continuera à évoluer.

Pour le moment, le Luxembourg maîtrise la situation. Le nombre des nouvelles infections augmente et ceci n'est définitivement pas bon et nous devons enrayer cette évolution.

Mais dans la gérance de la situation, nous profitons aussi des mesures et décisions que nous avons prises.

Cela est notamment vrai pour la grande et ample stratégie de tests. On a beaucoup parlé et écrit là-dessus.

Nous avons été critiqués et on nous a également demandé si nous n'aurions pas pu faire mieux, en testant moins et en identifiant ainsi moins de cas, et donc en attirant moins l'attention internationales.

Nous n'étions pas d'accord avec cet avis, et nous avons écouté les experts qui disaient que la clé du succès dans la lutte contre le virus était de tester systématiquement.

Jusqu'à présent, nous avons testé plus de 540.000 personnes au moins une fois au Luxembourg. Depuis l'apparition du virus, plus d'un million de tests ont été effectués dans le pays.

Dont 60% sont basés sur des tests du Large Scale Testing. Cela représente 600.000 tests, qui ont tous été effectués pour contrôler et limiter la propagation arbitraire du virus.

En outre, des groupes individuels ont également été ciblés de manière spécifique, qui, à un certain moment, ont fait l'objet d'une attention particulière. C'est le cas, par exemple, dans les secteurs économiques. Plus de 50.000 tests ont été effectués à l'aéroport. Cela nous a permis d'identifier en août et en septembre des personnes qui ont été infectées par le virus pendant leurs vacances et qui, autrement, n'auraient pas nécessairement été testées et pourraient donc continuer à propager le virus sans le savoir.

Une autre information importante est qu'au Luxembourg - si l'on considère l'ensemble de la période de crise - pratiquement le même nombre de personnes avec des symptômes mais aussi sans symptômes ont été testées. Cela signifie qu'une grande partie des personnes, que ce soit par le biais d'un contact ou du Large Scale Testing, ont pu être retirées du circuit d'infection, pour ainsi dire.

La propagation du virus a été limitée de manière efficace. Environ un tiers des personnes testées positives ont pu être identifiées grâce au travail du Contact Tracing. Le système fonctionne donc et nous nous sommes également organisés de manière à pouvoir augmenter le nombre de personnes qui y travaillent ponctuellement. L'équipe qui y travaille actuellement, et qui contacte les gens jour après jour, fait un travail extrêmement précieux qui se déroule en arrière-plan sans qu'on y prête beaucoup d'attention. 

Beaucoup de choses ont changé - j'ose presque dire "amélioré" - depuis le début de la pandémie, mais permettez-moi d'utiliser ce terme avec prudence. Le fait est, cependant, que le nombre de personnes hospitalisées ou même nécessitant des soins médicaux intensifs était autrefois très élevé, puis a diminué constamment, est resté faible par la suite.

Même à la période précédant l'été - comme c'est à nouveau le cas aujourd'hui - où les infections sont en augmentation, cela n'a pas le même effet sur les hospitalisations.

Les raisons en sont différentes. Une chose est sûre: la répartition par âge des personnes infectées par le virus est beaucoup plus basse qu'au début de la pandémie. Actuellement, 5,5% des personnes testées positives sont des enfants de moins de 10 ans. Dans la catégorie d'âge des 10 à 19 ans, le taux est déjà légèrement inférieur à 17% et, parmi les personnes âgées de 20 à 29 ans, le taux est de 21%. Ensuite, le taux diminue à nouveau de manière continue et uniquement 7% ont plus de 70 ans, 3,3% plus de 80 ans.

Fin mars, l'âge moyen des personnes testées positives était de 47 ans, fin avril de 42 ans et aujourd'hui de 37 ans. On peut donc dire que les personnes âgées, en particulier, sont beaucoup moins susceptibles d'être infectées par le virus aujourd'hui qu'elles ne l'étaient au début. Ces personnes sont généralement plus attentives au virus et cela a un effet très important.

Les informations, pour autant que nous les ayons, montrent que les personnes sont infectées là où les gestes barrières ne sont pas appliqués, à savoir au domicile familial, mais aussi là où ils ne sont pas respectés.

Les mesures que nous avons prises, en particulier le fait de devoir porter un masque et le maintien des distances prescrites, ont un grand effet là où elles sont appliquées. Et c'est un point crucial. Les mesures ont un effet important - si elles sont respectées.

Nous n'avons pas besoin actuellement de mesures fondamentalement nouvelles. Le gouvernement a déclaré que nous ne voyons pas de raison d'imposer des restrictions supplémentaires à ce stade. Nous examinons actuellement la situation de très près et il se peut que nous devions clarifier certains points et modifier des ambiguïtés, mais il n'est pas nécessaire d'imposer des nouvelles mesures juridiques à ce stade.

Je ne peux pas et ne veux certainement pas exclure complètement la possibilité qu'il y ait de nouveau une situation où les choses pourraient se passer différemment. Nous ne pensons pas qu'un confinement général sera à nouveau nécessaire. Nous avons pris de l'avance aujourd'hui par rapport à il y a quelques mois, nous avons une organisation complètement différente et nous en savons beaucoup plus sur la propagation du virus, de sorte que nous pouvons également adopter une approche beaucoup plus ciblée.

Nous sommes préparés aujourd'hui. Bien préparés.

Nous nous sommes donné les moyens nécessaires pour renforcer le secteur de la santé en général et le secteur hospitalier en particulier. Nous avons saisi toutes les possibilités d'acquérir le matériel nécessaire.

Environ 90 millions de masques, 34 millions de gants jetables, 2,5 millions de gilets de protection et de vastes quantités de petits matériaux, d'autres produits et de médicaments dont nos hôpitaux avaient besoin.

Le gouvernement a installé des scanners dans quatre de nos grands hôpitaux pratiquement du jour au lendemain.

À l'époque, les hôpitaux avaient réorganisé leurs activités de telle sorte qu'il y avait de la place pour 180 patients COVID dans les unités de soins intensifs. Au plus fort de la pandémie, 45 lits étaient occupés.

En dehors des lits et du matériel, nous étions principalement dépendants de nos concitoyens des pays voisins, des frontaliers. Ils constituent un soutien important pour notre secteur de santé et de soins.

Quelque 13.000 nuitées pour le personnel de ces secteurs ont été organisées à bref délai après l'introduction des contrôles aux frontières par les pays voisins.

Nous sommes nettement mieux préparés en termes de personnel et d'organisation du personnel qu'il y a quelques mois. Nous avons mis en place une réserve sanitaire afin de disposer d'un nombre suffisant d'infirmières/infirmiers et de médecins partout où ils sont nécessaires.

Nous nous sommes améliorés sur le plan logistique au cours des dernières semaines et des derniers mois.

Depuis la fin du confinement en avril, 72 respirateurs supplémentaires ont été distribués aux 4 grands hôpitaux.

Au début de la crise, nous avions environ 223 respirateurs dans les différentes zones hospitalières, nous en avons maintenant 295. Nous avons maintenant environ 80 respirateurs supplémentaires pour les urgences dans notre stock national.

Nous avons aujourd'hui le matériel nécessaire en stock, au cas où il y aurait des goulots d'étranglement dans les prochains mois.

Nous avons tiré les leçons de la situation difficile de la première moitié de l'année et nous avons constitué une réserve stratégique - que ce soit pour notre secteur hospitalier, le secteur des soins dans les maisons de retraite, le CGDIS, les infrastructures critiques ou les services de l'État, qui doivent fonctionner en toutes circonstances.

Grâce à la solidarité et aux efforts collectifs, nous avons transporté 87 millions de masques chirurgicaux et 3 millions de masques FFP2 par avion au Luxembourg.

Quelque 60 millions de masques ont été distribués entre-temps. Environ 27 millions de masques chirurgicaux se trouvent dans notre réserve. 

Les 4 grands hôpitaux de notre pays ont convenu de former une association pour gérer la réserve stratégique du secteur hospitalier et des soins. Le gouvernement soutiendra financièrement cette association.

Nos hôpitaux ont mis à profit les derniers mois pour mieux s'organiser et se coordonner entre eux afin de répartir au mieux les patients COVID. Un plan en quatre étapes a été élaboré. Pour chaque étape, le nombre de patients qu'un hôpital peut admettre en soins normaux ou intensifs a été déterminé.

L'objectif est d'assurer une répartition équilibrée des patients COVID entre les hôpitaux à tout moment, en fonction de la capacité de chaque hôpital. Il s'agit également de faire en sorte que les hôpitaux puissent poursuivre leurs activités normales le plus longtemps possible.

Si le nombre de nouvelles infections évolue de telle manière que nous nous heurtons à des goulets d'étranglement dans les cabinets médicaux ou dans les salles d'urgence des hôpitaux, nous pouvons réagir rapidement.

C'est pourquoi nous avons mis en place des infrastructures prêtes à l'emploi sur deux sites ici dans le pays - dans la capitale au Kirchberg et à Esch - afin de pouvoir traiter les patients atteints de COVID à tout moment. Les conventions nécessaires ont pu être signées récemment avec l'AMMD.

À moyen terme, des efforts seront faits pour donner aux maisons médicales une importance encore plus grande dans ce domaine.

Toutefois, si la situation change, nous devons réagir rapidement.

Nous l'avons fait dans le passé et nous continuerons à le faire à l'avenir.

C'est pourquoi nous devons garder une vue d'ensemble de la situation à tout moment. Nous le faisons grâce à un monitoring permanent, que nous avons créé dans les ministères, les administrations et les services respectifs.

Les médecins nous aident à faire le monitoring. Une convention a été signée avec l'AMMD pour mettre en place un réseau de médecins à travers le pays afin de suivre l'évolution de la grippe et de l'épidémie dans tout le pays.

Nous effectuons également un suivi avec l'aide de l'Administration de la gestion de l'eau et du Luxembourg Institute of Science and Technology, c'est-à-dire le LIST. Chaque semaine, ils analysent les eaux usées de nos stations d'épuration pour vérifier comment la présence des virus Corona se développe dans nos communes à travers le pays. Ces données sont d'ailleurs difficiles à interpréter pour l'instant car les fortes pluies ont un impact majeur sur les stations d'épuration et le virus est dilué dans les eaux usées.

Bien entendu, nous effectuons également le monitoring sur la base de tests, qui se poursuivent et peuvent être adaptés si nécessaire.

De plus, la nouvelle phase du Large Scale Testing peut désormais être réalisée de manière beaucoup plus ciblée que lors de la première phase. La stratégie consiste à tester particulièrement les groupes de la population qui sont beaucoup exposés au virus ou qui sont particulièrement vulnérables.

En outre, les tests généraux se poursuivront, mais ces informations seront traitées afin d'identifier d'éventuels regroupements dans différents secteurs, régions, catégories d'âge et, par exemple, professions. Les tests à l'aéroport se poursuivent et une solution pour des tests rapides est également en cours d'élaboration. Nous cherchons aussi constamment à trouver des kits de test plus fiables et, à partir de ce mois, nous effectuerons également davantage de tests anticorps pour surveiller l'étendue du virus au fil du temps et les endroits où l'immunité pourrait être plus forte à un moment donné - mais nous en sommes encore loin.

Nous voulons établir l'immunité principalement par la vaccination.

C'est ce que le monde entier attend et ce qui fait l'objet de recherches dans le monde entier. Le Luxembourg est fermement intégré dans ce domaine et participe aux efforts au niveau européen. La Commission européenne négocie actuellement au nom des États membres avec dix producteurs potentiels.

La procédure avec un possible fournisseur a été conclue et laisse espérer que les premières vaccinations pourraient être disponibles en décembre. Il s'agira probablement encore de quantités limitées. Ce serait alors le début d'une phase plus longue au cours de laquelle la population pourrait être vaccinée et surtout les personnes les plus vulnérables pourraient être protégées contre le virus.

Le calendrier est ambitieux et nous avons appris, même dans cette pandémie, qu'il y a des développements qui ne peuvent être prévus et qui changent au cours de route.

Cela vaut pour la recherche en général, mais aussi et surtout pour la recherche d'un médicament, où il existe à la fois des principes actifs qui ont un certain effet - en particulier le Remdesivir - mais qui ne peuvent pas être utilisés pour tout le monde et qui ont aussi des effets secondaires qui sont en train d'être étudiés. La Commission européenne achète ce médicament pour l'ensemble du marché européen et le Luxembourg est actuellement bien approvisionné au cas où il devrait être utilisé davantage.

Nous sommes dans une position favorable pour continuer à défier le virus. Mais nous sommes tous encore dépendants les uns des autres pour y arriver maintenant, mais aussi dans les mois à venir, ce qui sera particulièrement difficile. Quand il fera froid et humide dehors, les gens voudront passer plus de temps à l'intérieur et surtout du temps ensemble.

Ce sera un défi pour nous tous et nous devons continuer à faire preuve de la solidarité qui nous a accompagné jusqu'à présent dans cette crise.

Il s'agit toujours de prendre soin les uns des autres et d'accorder une attention particulière aux personnes vulnérables. Je parle bien sûr des personnes dont la santé est plus fragile, mais nous savons aussi aujourd'hui que le virus constitue également une menace particulière pour les personnes vivant dans des conditions précaires.

Dans cette optique, nous avons mis en place un service de garde médicale dans lequel médecins et associations alternent. Les personnes peuvent être examinées gratuitement, même si elles n'ont pas d'assurance maladie. S'ils soupçonnent la présence de COVID-19, ils se voient prescrire un test. Pour les mères célibataires, un médecin est disponible tous les mercredis après-midi pour les examiner, elles et leurs enfants.

Un système a également été mis en place pour les associations en contact avec des personnes en situation de précarité. Ils reçoivent des prescriptions du ministère de la Santé afin que ces personnes puissent être testées rapidement et efficacement en cas de symptômes.

De cette manière, les chaînes d'infection peuvent être interrompues à un stade précoce. Cela nous permettra également de voir à temps si la situation devient plus aiguë, afin que des nouvelles mesures puissent être prises pour offrir un abri aux personnes sans toit et leur donner la protection nécessaire.

À ce jour, les 3 structures d'hébergement disponibles depuis des mois pour cette population ne sont pas encore entièrement occupées, mais nous restons vigilants pour trouver rapidement des nouvelles solutions si le nombre de personnes infectées par le coronavirus en milieu précaire augmente. Pour l'instant, nous prévoyons également de nous rendre sur place avec notre bus de tests du Large Scale Testing afin d'analyser la situation de plus près et plus largement. En outre, une campagne de vaccination à grande échelle contre la grippe conventionnelle sera menée en décembre.

 

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Le nombre de nouvelles infections a encore augmenté ces derniers jours.

Nous sommes alarmés, mais pas choqués.

Il fallait s'y attendre, et nous l'avions aussi dit, que les chiffres risquent d'augmenter à nouveau en automne. Il est important de faire une analyse en détail et de ne pas seulement regarder les chiffres bruts. La moyenne d'âge joue un rôle principal, comme déjà indiqué.

Ainsi, et cela se confirme, se sont surtout les jeunes qui ont testé positifs, tandis que les chiffres concernant les personnes âgées restent très faibles.

Nous sommes à 4% de cas positifs dans la catégorie d'âge critique des personnes au-dessus de 80 ans, la semaine dernière le taux était à 3,3% et la semaine encore d'avant il était à 5,5%. Il est donc stable à un niveau relativement bas.

La moyenne d'âge des personnes testées positives a baissé encore légèrement cette semaine à 36,8 ans.

Il faut continuer à assurer cette situation, car elle a un impact direct sur le chiffre de l'évolution des maladies plus graves.

46 patients sont hospitalisés avec COVID-19, 2 personnes sont en soins intensifs. Par contre, la semaine passée, il y a eu 6 nouveaux décès. Auxquels s'est ajouté un de plus encore hier.

La situation est grave, mais il n'y a pas de raison non plus d'agir dans la hâte.

Nous voulons éviter à tout prix des situations plus dramatiques et ceci ne veut pas seulement dire que nous voulons et souhaitons éviter un lockdown ou des fermetures sectorielles.

Un nombre élevé de nouvelles infections engendre, même sans fermetures obligatoires, une détérioration du fonctionnement quotidien de beaucoup de secteurs, entreprises et domaines.

Je répète. Nous devons redoubler de rigueur et veiller l'un sur l'autre.

Le virus domine la situation actuelle et notre actualité, mais le gouvernement n'a pas travaillé les mois passés et ne travaillera pas les mois prochains exclusivement pour la lutte contre cette pandémie.

Nous avons le projet de développer le Luxembourg, de maintenir notre qualité de vie et de faire face aux défis qui se révèlent à notre pays, à notre économie et à notre environnement.

Nous tenons à ce projet.

Cela comprend un volet qui nous a occupé avant la crise actuelle et qui est resté dans la mémoire. Je l'ai souligné l'année passée à ce même endroit et il n'est pas devenu moins grave: le changement climatique est le plus grand défi de notre époque. Nous nous devons non seulement aux générations futures d'agir maintenant! Et depuis longtemps, il ne concerne plus seulement les personnes qui habitent l'hémisphère sud de notre planète.

Égoïsme n'est pas un noble trait de caractère, mais même en voulant être égoïste, il fallait agir. Rapidement et de façon déterminée!

Les sécheresses deviennent de plus en plus graves d'une année à l'autre, les catastrophes naturelles, les inondations, les puissantes tempêtes et les feux de forêts de plus en plus réguliers. Il est grand temps de renforcer nos efforts à contrebalancer ces situations.

Nous avons entamé les premières mesures au début de cette année et voté le PNEC, le Plan national intégré en matière d'énergie et de climat. Ce plan est un élément essentiel afin d'atteindre nos objectifs ambitieux. Nous voulons réduire jusqu'en 2030 les émissions de carbone de 55%, augmenter les énérgies renouvelables dans le mix national d'énérgie à 25% et accroître l'efficience énergétique de 40 à 44%. Ce sont des objectifs ambitieux, mais il ne s'agit pas seulement de valeurs théoriques. Il s'agit d'un but réel et réaliste à atteindre. 

Nous n'avons pas de temps à perdre. Il n'y a pas de retour en arrière, mais nous continuons à créer des incitations fiscales et financières, qui soutiennent une transition vers des technologies plus écologiques. D'un côté nous suivons le principe du pollueur-payeur et imposons des taxes sur les émissions de carbone afin d'investir ces fonds dans des projets écologiques.

C'est le principe de la solidarité écologique.

Cette contribution s'élèvera à 20 euros par tonne de CO2 en 2021, puis à 25 euros en 2022 et à 30 euros en 2023.

Concrètement, cela veut dire une hausse de 5 cents sur les droits d'accise sur le diesel et l'essence pour l'année 2021.

Il ne s'agit pas de créer de nouvelles recettes avec cette mesure. Il ne s'agit pas non plus d'une nouvelle taxe d'impôt, mais d'un système négocié et accordé au niveau européen.

Il s'agit surtout de lancer le signal que le Luxembourg respecte sérieusement ses objectifs climatiques.

La politique climatique va de pair pour nous avec l'égalité sociale et c'est pour cette raison que nous prévoyons des mesures de compensation pour les membres les plus faibles de notre société, qui risqueraient d'être particulièrement pris par une imposition. Nous déchargeons ceux qui en ont besoin par deux voies:

Premièrement, nous instaurons, parallèlement à la taxe de carbone, un crédit d'impôt pour salariés, pour indépendants et pour personnes retraitées à un montant de 96 euros par an; et deuxièmement, nous augmentons durablement l'allocation à la vie chère de 10%.

Ainsi nous amortissons l'impact pour les personnes qui ne peuvent pas se permettre de vivre ou de se déplacer à la même vitesse que d'autres dans un contexte plus écologique.

Avec l'argent obtenu par les taxes imposées sur les émissions de carbone des primes sont financées dont chacun peut en profiter dans la même mesure. Les primes qui existent déjà ont connu un succès énorme dans les mois passés.

Surtout au niveau de la mobilité, les vélos ont connu un vrai boom avec les vélos électriques, mais aussi les voitures électriques ont eu leur succès.

Au cours d'une année, 13.500 demandes ont été soumises pour des vélos normaux et 10.000 demandes pour des vélos électriques. La moitié des dossiers ont été traités jusqu'à présent.

Depuis nos incentives supplémentaires dans le cadre des mesures de la relance économique, le nombre des demandes s'est multiplié par 10.

Le nombre des demandes pour les voitures électriques a augmenté aussi au cours des 3 derniers mois et il y en avait plus que pour la totalité de l'année précédente. Il y a eu environ 1.100 demandes, dont la majorité ont déjà été traitées et payées.

Jamais auparavant les personnes se sont intéressées autant à rénover leur maison énergétiquement, à installer un système photovoltaïque ou à changer leur chauffage en système plus efficient.

Mais la volonté dépasse aussi les maisons individuelles et les personnes investissent, par exemple, dans des systèmes photovoltaïques plus grands, qui fonctionnent dans des coopératives.

Ainsi, l'année dernière, le nombre des installation de systèmes photovoltaïques a triplé par rapport aux années précédentes. Plus de 200.000 personnes sont approvisionnées par l'énergie éolienne au Luxembourg.

Nous devons prendre garde de ce que nous avons, car cela appartient à nous tous.

C'est un effort collectif et chacun joue un rôle principal. Un acteur que nous ne devons pas oublier est l'agriculture.

Depuis quelques mois beaucoup de personnes se posent des questions, que nous ne nous sommes pas posées depuis des décennies: produisons-nous assez de produits alimentaires au Luxembourg pour pouvoir approvisionner la population si le transport de marchandises international s'arrête? D'un moment à l'autre, les personnes ont réfléchi et agi de manière plus locale à nouveau.

Il s'agit d'un des aspects positifs de cette période difficile, le fait que nous avons appris à nous rencentrer sur ce qui est plus près de nous.

Le gouvernement soutient cette approche et, quand il organisera au cours de ce mois le "Landwirtschaftsdësch", elle sera un des sujets principaux. Nous voulons renforcer la production locale et aider à faire avancer les changements vers une production plus biologique. Le plan d'action PAN Bio 2025 a été mis en place avec l'ambition de cultiver jusqu'en 2025 un cinquième des territoires agricoles selon les critères biologiques et d'assurer que les produits sont commercialisés sur le marché local.

Nous nous sommes engagés à une utilisation responsable des ressources et ceci dans tous les domaines, dans notre quotidien, pour les investissements publics et la diversification agricole.

Nous sommes tous d'accord au sein du gouvernement que dans un cadre écologique, l'impact de notre économie sur notre environnement doit jouer un rôle central.

C'est évident et nous ne pouvons pas nous empêcher de penser que nous ne pouvons pas vivre au-dessus de nos moyens. Nous n'avons pas commencé depuis peu à diversifier l'économie dans ce sens et à nous concentrer spécialement sur des éléments comme l'économie circulaire ou l'innovation dans l'industrie.

Par exemple, l'Automotive Campus Bissen a été planifié, développé et construit selon des règles de l'économie circulaire. Cette philosophie est poursuivie avec détermination. Le gouvernement travaille actuellement sur une stratégie visant à renforcer et à établir l'économie par le biais de nouveaux projets concrets.

En même temps, nous devons faire avancer l'innovation dans les entreprises déjà établies, les aider à se développer et se préparer aux futurs défis. La prévisibilité est importante, non seulement pour les entreprises qui se sont déjà installées au Luxembourg, mais aussi pour celles qui sont intéressées à le faire ou qui se sont déjà engagées à investir chez nous.

Nous avons la responsabilité de créer un cadre légal et des directives qui reflètent nos ambitions - un traitement responsable de nos ressources et le maintien de notre qualité de vie.

Ceci n'est pas contradictoire avec le développement industriel.

Dès le moment lors duquel une entreprise décide de s'installer au Luxembourg et qu'elle respecte le cadre légal, il est important d'assumer la responsabilité de ce qui compte.

Afin d'éviter des malentendus et des divergences dans le futur, des mécanismes sont utilisés pour évaluer dès le début un projet industriel et vérifier s'il est compatible avec les critères que nous nous sommes donnés. Si la réponse à cette question est oui, elle reste oui.

Nous vivons sur un territoire limité, avec des ressources qui sont limitées par le cadre de ce que nous pouvons exiger de nous-mêmes et de notre environnement.

C'est pour cette raison qu'il est essentiel d'effectuer un aménagement territorial cohérent et réfléchi, qui sera établi avec la participation des citoyens et mis en œuvre en dialogue avec les communes.

Voici le but du nouveau processus "Luxembourg in Transition" qui vient d'être lancé cette année. L'application des quatre Plans sectoriels est encore prévue pour cette année et nous sommes en train d'élaborer un schéma pour coordonner l'aménagement du territoire au-delà de nos frontières, schéma qui sera concrétisé cette année. Il faut que nous pensions et agissions en dehors des sentiers battus, et c'est donc ce que nous ferons.

Voici une autre leçon que nous avons tiré de la crise actuelle.

Tout seuls, nous ne sommes plus à même de surmonter des crises. Mais c'est aussi en dehors des temps de crise, dans notre vie quotidienne, que nous comptons sur ceux qui viennent de l'étranger pour travailler, habiter et vivre avec nous, devenant ainsi une partie de notre société. C'est un atout et une nécessité qui nous enrichit.

Il faut que nous soyons plus reconnaissants dans ce domaine. Ceci concerne notamment les accords avec nos pays voisins dans les domaines de la fiscalité et de la sécurité sociale pour les salariés frontaliers, où des solutions simples ont été trouvées dans la crise pour permettre d'effectuer du télétravail sur une durée plus longue.

Ceci concerne aussi la mobilité. Il faut que nous gardions un niveau élevé d'investissements pour améliorer la situation. C'est pourquoi l'expansion du réseau ferroviaire n'est pas mise en question. Le nouveau tronçon entre Bettembourg et Luxembourg-Ville, tout comme l'agrandissement de la Gare de Luxembourg de 9 à 13 quais et la commande de 34 nouvelles automotrices, sont des clés de voûte pour améliorer la situation du transport ferroviaire.

Jusqu'en 2024, la capacité sera augmentée de 25.500 à 38.000 – une différence qui se fera remarquer par les passagers.

Nos investissements et considérations dépassent les projets actuellement envisagés.

Ceci concerne notamment l'extension du tram en direction de Merl et Cessange, respectivement Strassen. Nous investirons davantage dans des pistes cyclables. Pour l'instant, 258km de pistes cyclables sont en planification et des études sont en cours pour 148km supplémentaires.

Les investissements dans la construction de routes seront poursuivis, notamment l'extension de l'A3 sur trois voies entre la Croix de Gasperich et la frontière. Il y a une énorme pression sur les transports publics et le réseau routier, avec un impact sur la qualité de vie, mais aussi sur la compétitivité. C'est d'autant plus difficile de convaincre les gens de venir travailler au Luxembourg s'ils perdent trop de temps à se rendre au travail et à retourner chez eux.

La pression sur le marché du logement continue à être très grande, un problème qui nous occupe depuis des années, pour ne pas dire des décennies, et pour de nombreuses raisons.

Il n'y a ni de solutions simples, ni de solution unique, mais il faudra plutôt une interaction entre une série de mesures qu'il faudra mettre en œuvre pour réduire la pression.

Un élément clé reste certainement une augmentation de l'offre et la création de logements abordables par les pouvoirs publics – par l'État, mais aussi par les communes.

Voilà pourquoi l'État se donne les moyens financiers nécessaires depuis un certain temps. La Société de logement étatique SNHBM a réussi à fournir 1.000 logements au marché pendant les 6 ans passés. Le Fonds de logement a réussi à créer 650 nouveaux logements dans la même période.

D'autres projets d'envergure sont en cours d'élaboration, comme notamment le projet novateur et contemporain Elmen dans la commune de Kehlen, où 750 logements seront construits, ou les deux projets majeurs sur les anciennes friches industrielles à Wiltz et à Dudelange. Nous continuons à investir et nous investissons systématiquement.

Par rapport à l'année en cours, nous avons prévu une hausse du budget du ministère du Logement de 11% en 2021.

Le contexte est notamment la création cette année du Fonds spécial du développement du logement, qui vient de présenter son premier rapport intermédiaire. Pour 2021, nous avons prévu 150 millions d'euros pour construire, mais aussi pour mettre en œuvre les objectifs du Pacte Logement 2.0.

Avec cet outil nous incitons de manière ciblée les communes à continuer leur soutien dans la création de logements abordables. Le Pacte Logement 2.0, que le gouvernement vient d'élaborer ensemble avec les communes, fournira les moyens nécessaires à cette fin: plus de fonds, un meilleur conseil et un accompagnement qualifié par le conseiller en logement nouvellement établi.

L'objectif de cet effort est que les pouvoirs publics sauront créer des logements abordables et qui restent abordables à long terme.

Cet effort considérable réduira la pression pour tous ceux et toutes celles qui se trouvent devant l'impossibilité d'acheter un logement sur le marché privé à des prix raisonnables.

Il nous faut aussi évaluer et mettre en cause les investissements et dépenses dans le domaine du logement d'un point de vue fiscal. C'est dans cet objectif que le gouvernement a décidé d'abolir les avantages fiscaux sur les Fonds immobiliers spéciaux.

Il y a un autre mécanisme qui ne remplit pas la fonction qui lui était originalement attribuée: l'Amortissement accéléré.

L'objectif de cette mesure était d'augmenter l'offre, donc d'inciter des personnes privées à investir dans le logement et de créer des logement supplémentaires. Cependant, nous constatons aujourd'hui qu'elle génère plutôt la demande, car des investisseurs agissent sur le marché pour acheter des logements existants afin de les louer. Ainsi, elle est devenue un facteur de la spéculation. Il faut freiner cette pratique et, en conséquence, l'année prochaine verra la diminution du taux d'amortissement de 6% à 5% et de la durée d'amortissement de 6 à 5 ans.

Pour des investisseurs qui détiennent des immeubles avec une valeur qui dépasse 1 million d'euros, le taux sera diminué à 4%.

Ces nouvelles règles s'appliquent à tout objet qui sera acheté après le 1 janvier 2021.

Les investissements dans la construction et le logement locatif – y compris des propriétaires privés – restent importants. Il faut que les investissements restent attractifs et qu'il y ait une sécurité de planification. En même temps, il faut veiller sur les développements et avoir le courage de reconsidérer des mesures contre-productives pour les retravailler.

Les communes sont un autre acteur important dans le cadre du logement. Elles devront continuer à investir dans la création de logements abordables, tout comme dans les infrastructures et le personnel.

Le gouvernement est conscient du fait que les séquelles de la crise de la COVID ont un impact sur les finances communales. Récemment, lors d'un échange avec le Syvicol, nous avons discuté entre autres des finances communales, ainsi que de la politique en général.

Nous estimons que toutes les communes combinées afficheront un déficit de 213 millions d'euros qui sera le résultat direct ou indirect de la crise actuelle. Ces calculs sont en partie encore théorétiques et estimatives, vu que nous ne disposons pas encore de toutes les données et que l'année n'est pas encore finie. Il est donc trop tôt pour pouvoir estimer l'impact réel.

Il est cependant essentiel pour les communes de rester opérationnelles pour pouvoir remplir leurs obligations. Nous les soutenons dans cet effort. Les subsides seront maintenus et nous avons procédé ponctuellement à des augmentations.

En outre, nous allons évaluer ce qui est approprié et nécessaire. Notamment, la Banque centrale procède à un bilan de la réforme des finances communales. Nous allons procéder à un débat ouvert du bilan dans la Chambre des députés, et nous allons l'analyser ensemble pour identifier où nous pourrons l'améliorer.

Pour nous c'est évident que le contact direct entre les pouvoirs publics et les citoyens passe par les communes, qui jouent un rôle central dans le fonctionnement de notre pays. Il faut qu'elles restent à même d'investir.

Tout comme l'État lui-même d'ailleurs. Jeudi, le ministre des Finances fournira plus d'explications sur les différents volets du budget pour l'année prochaine.

Je viens de souligner que le niveau d'investissements restera très élevé, et surpassera le niveau de cette année, comme conséquence du COVID.

Nous investissons dans l'avenir du pays. C'est aussi une politique qui sera menée dans l'intérêt des générations futures et qui évitera d'hypothéquer l'avenir. Nous investissons dans les infrastructures et nous investissons également dans les personnes.

L'état social est renforcé, les perspectives des enfants sont confirmées, le pouvoir d'achat est conservé et nous allons continuer à investir dans un État fort.

En ce qui concerne le personnel de la Fonction publique, nous n'allons pas économiser, comme convenu dans la tripartite.

Nous nous sommes engagés à pourvoir les postes qui restent libres – et nous avons convenu d'augmenter le personnel dans une série de secteurs, car cela est nécessaire.

Ceci concerne notamment le secteur de l'éducation, où il est nécessaire d'embaucher davantage de personnel pour éviter une pénurie d'enseignants. Ceci concerne aussi d'autres secteurs, dont bénéficieront citoyens et entreprises.

Nous avons besoin d'une Fonction publique forte.

Les filières courtes représentent un atout de notre pays, mais il faut qu'elles soient rapides et directes. La clé de leur succès réside dans un État fort.

Dans la crise, nous avons apprécié une administration, des services, des forces de l'ordre, une école et un secteur sanitaire bien pourvus, et donc nous allons continuer à y investir.

Ainsi, le gouvernement a retenu la création de quelque 1.000 postes l'année prochaine. S'ajoutent naturellement les remplacements d'agents qui partent à la retraite et la régularisation de contrats existants, qui feront presque doubler ce chiffre.

Nous allons également mettre un accent particulier sur la digitalisation, afin de fournir aux citoyens le meilleur service possible.

Depuis longtemps, le service aux citoyens a entré l'ère du digital. Entre janvier et septembre, 1,3 millions de démarches ont été effectuées par MyGuichet. Ce chiffre a triplé face à la même période de l'année passée. 27 nouvelles démarches ont été ajoutées à MyGuichet et le ministère de la Digitalisation poursuit ses travaux intensifs pour une extension des services. Dans les prochains mois, une nouvelle application mobile sera présentée, avec laquelle on pourra faire des démarches sur son smartphone. Nous travaillons également sur un site spécialisé qui permettra aux citoyens d'effectuer et suivre des demandes d'autorisations numériques, et d'y ajouter leurs remarques. 

Cependant, tout le monde ne veut pas ou ne peut pas procéder de manière digitale, ce que nous respectons. Le "Plan national d'inclusion numérique" arrêtera une série de mesures pour que personne ne soit abandonné dans un monde digitalisé. La digitalisation est censée faciliter nos vies et représenter une plus-value. En aucun cas, elle ne devrait être un autre obstacle pour le citoyen.

 

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

On constate que nous ne nous sommes pas arrêtés à cause du COVID-19. Il y a une série de projets très importants que nous sommes en train d'avancer et de mettre en place. Cela compte pour les domaines qui renforcent notre économie, qui facilitent notre vie quotidienne et modernisent notre société comme le projet de loi sur le droit de chaque enfant de connaître ses parents, qui a été récemment déposé.

Nous avons besoin de réformes dans une série de domaines et je pourrais citer la législation sur la protection des jeunes, où actuellement la protection des jeunes et la répression sont mélangées et confondues. Il est envisagé de déposer deux projets distincts, d'un côté sur la protection et les droits des enfants et des jeunes adultes et de l'autre côté sur des mesures restrictives, éventuellement des peines si des mineurs deviennent délinquants.

La crise actuelle a aussi mis en évidence des problèmes dont nous étions déjà conscients auparavant et qui sont maintenant devenus plus visibles.

Je me suis rendu compte, notamment après mon échange avec l'Ombudsman des enfants et jeunes adultes, que cette crise a affecté les enfants et les jeunes adultes sur un niveau général.

Surtout chez les familles dont la situation est déjà plus difficile pour différentes raisons dans un temps normal, les problèmes ont été amplifiés.

Le pire a pu être évité à cause d'un suivi et un encadrement résolus, mais une pression importante a été exercée sur les familles qui n'a pas toujours connu une bonne fin. Il ne faut pas se faire des illusions.

La crise et tout ce qu'elle a déclenché a eu une incidence sur la santé psychosociale de nombreuses personnes. Elle a également aggravé des difficultés et pathologies comme des psychoses et des dépressions ou les a déclenchées de nouveau.

L'encadrement a fonctionné aussi bien que possible, ce qui vaut pour les traitements stationnaires et ambulatoires, mais aussi par exemple pour l'aide aux victimes de violence domestique. Des chambres spécifiques ont été louées et une hotline dédiée a été mise en place.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Dans les dernières semaines et pendant le temps difficile du confinement, beaucoup de personnes ont réalisé des choses extraordinaires pour s'occuper des autres, pour garantir le fonctionnement et les services de notre pays et elles méritent notre gratitude et respect.

Ceci vaut évidemment pour le personnel du secteur de la santé mais aussi de l'alimentation, des services de l'État et des communes et particulièrement des enseignants qui ont fait un grand effort et se sont engagés pour leurs élèves, ils n'ont pas été laissés seuls.

Grâce à l'effort des enseignants et à une capacité de s'adapter aux supports digitaux, mais aussi aux entretiens téléphoniques et aux visites à domicile, les enfants et les adolescents ont reçu un encadrement qui autrement aurait été perdu.

L'année scolaire a été sauvée et les opportunités futures ont pu être préservées.

Les expériences du printemps ont permis de réaliser une rentrée scolaire dans les meilleures conditions possibles étant donné les circonstances actuelles.

Nous avons mieux maîtrisé le fonctionnement scolaire lors de la crise contrairement à d'autres pays parce que nous avions réalisé becaucoup d'investissements pendant les dernières années au niveau du personnel et du matériel dont on profite maintenant et nous continuerons à investir.

Malgré les investissements importants des dernières années, une somme de 169 millions d'euros est prévue dans le budget de l'année prochaine, donc une progression de 6,4%. Au total, le budget pour l'éducation, l'encadrement et la garde d'enfants est de plus que 2,8 millards euros. Ce pays est proportionnellement considéré à la pointe de l'UE et, à l'échelle mondiale, il est de loin le pays qui investit davantage dans l'éducation et dans les perspectives d'avenir des enfants et des jeunes.

Une partie de l'école qui a également souffert lors de la crise est le sport à l'école. Les médecins sont d'accord sur le fait que l'exercise physique dans l'école est très important et, pour cette raison, beaucoup d'efforts ont été entamés pour que cette activité puisse avoir lieu dans certaines conditions lors de la rentrée scolaire.

Le sport a une grande importance pour notre santé et notre développement. Cela va au-delà des sports scolaires. C'est pourquoi nous avons débloqué un budget supplémentaire de 5 millions d'euros dans un délai relativement court, ce qui profitera directement au sport.

Une réforme du congé sportif sera à l'ordre du jour l'année prochaine de même que la création d'un statut professionnel pour les athlètes de haut niveau qui ne veulent pas ou qui ne peuvent pas profiter des conditions de l'armée luxembourgeoise.

Nous continuerons à penser aux enfants et aux adolescents comme nous l'avons fait les derniers mois et également aux personnes âgées.

Surtout au moment le plus fort de la crise, nous avons dû ressentir de manière souvent impitoyable à quel point il est important pour les personnes âgées de pouvoir vivre une vie dans la dignité.

Ceci vaut pour les personnes qui vivent à la maison mais également ceux qui habitent dans une structure, une maison de soins ou de retraite.

Nous avons une qualité élevée mais nous pouvons nous améliorer sur plusieurs niveaux, notamment en ce qui concernent la transparence, la formation du personnel et les soins médicaux.

Nous travaillons actuellement de façon intensive sur ce sujet et notamment une convention récente entre le gouvernement, la COPAS et l'Association des médecins et dentistes a été signée pour le projet pilote d'une ligne de garde pour les maisons de retraite et les maisons de soins.

L'accès aux soins, au matériel médical et aux médicaments sera développé et amélioré.

Nous avons la responsabilité de nous occuper des personnes vulnérables, ce qui englobe les personnes âgées mais également d'autres groupes vulnérables et à risque, d'une infection du COVID-19. On n'est pas seulement à risque lors d'une pandémie et je suis content que nous pouvions nous permettre de prendre soin les uns des autres avec un grand consensus dans le pays de ne pas laisser à l'écart des personnes.

Lors de cette crise, des personnes avec un handicap ont souvent dû endurer plus que la majorité de nous. Pour les personnes qui habitent dans une structure, le contact avec des personnes à l'extérieur, avec la famille et les amis, est souvent vital. Souvent des personnes avec un certain handicap sont justement dépendants des contacts avec d'autres pour mener leur vie quotidienne. À cause de la pression lors de la crise, beaucoup de choses n'ont plus fonctionné comme d'habitude. Ceci vaut, par exemple, pour la communication et les messages officiels, qui, au début, n'ont pas été accessibles pour tout le monde. Il faut en tirer les bonnes leçons et s'améliorer à l'avenir.

Pourtant, il y a d'autres parties de la population qui sont très vulnérables et ce pendant les 365 jours de l'année.

Si on a une vue d'ensemble sur les initiatives comme la "Wanteraktioun" ou si on parle avec les employés des offices sociaux et avec les personnes engagées dans des ONG, qui s'occupent notamment des personnes avec des nombreuses difficultés, on remarque que les petits soucis pour les uns sont de grands soucis pour les autres. Les propres soucis sont souvent beaucoup moins importants.

Une leçon de cette crise pour moi est aussi qu'il est extrêmement important d'aborder, de mettre de la lumière là où il y a de l'obscurité.

C'est une tâche que la presse luxembourgeoise a remplie de manière exemplaire ces derniers mois. C'est toujours un peu spécial quand un homme politique fait l'éloge de la presse, car les journalistes vont alors se demander s'ils ont fait quelque chose de mal.

En tant que Premier ministre et ministre des Communications et des Médias, il est important pour moi d'avoir une presse forte et professionnelle. Il n'est pas bon que les médias soient faibles ou dépendent exclusivement du marché de la publicité.

Ceci n'a pas uniquement été remarqué au Luxembourg lors des derniers mois, mais on le remarque aussi quand on regarde la situation dans d'autres pays où la priorité est uniquement de vendre un produit sans évaluation objective, sans analyse et recherche approfondie et sans remise en question de la politique, de la société et de soi-même en tant que médias.

Nous avons également présenté des réformes lors derniers mois concernant les médias au Luxembourg afin d'affirmer et fortifier leur indépendance. Ceci inclut l'aide à la presse où maintenant la qualité compte plus que la quantité. 

Le travail journalistique est mis en avant et il existe maintenant des incitations supplémentaires pour les éditeurs qui investissent dans la formation, aussi continue, et l'innovation.

Il est également prévu dans ce texte de soutenir des initiatives dans l'espace média, qui fonctionnent en que "Start-Up" et aussi comme des médias communautaires.

Il a été notre but de créer, pour la première fois, une base légale pour les aides étatiques afin d'assurer la sécurité et la prévisibilité. En raison de circonstances diverses, un des médias, Radio ARA, ne peut pas profiter de ces aides comme initialement prévu. Ceci n'est pas le but de la réforme de l'aide à la presse.

Nous sommes d'avis que la contribution précieuse de ces médias à notre société doit être reconnue et soutenue de manière adéquate. Pour cette raison, nous recherchons actuellement des moyens spécifiques pour rendre justice à cela comme initialement prévu. Je suis convaincu que nous trouverons une solution grâce à l'échange avec la commission parlementaire compétente, qui s'occupe du texte après l'avis du Conseil d'État

Nous sommes actuellement en train de créer aussi un cadre juridique pour la radio publique.

Il y a eu un débat ici à la Chambre des députés et je répète que je peux certainement reconsidérer les propositions faites par la Chambre, mais aussi par l'Association européenne des médias de service public.

Nous voudrons fortifier la radio dans son indépendance, créer plus de prévisibilité et assurer plus de transparence, notamment dans la gouvernance. Le texte respectif sera présenté encore cette année dans la commission parlementaire compétente et, nous espérons, également déposé.

En même temps, il y a eu aussi un cycle de négociations avec la CLT sur la poursuite de la convention dans le secteur audiovisuel et nous travaillons actuellement sur le texte de cette convention. Nous présenterons également ce texte à la commission parlementaire compétente avant de parvenir à un accord.

Les médias ont un mandat d'information et d'éducation, en particulier les médias de service public. Mais ce n'est pas tout. Nous sommes de l'avis qu'un débat sur des questions qui occupent les gens peut animer et enrichir le paysage culturel.

Il n'y pas de société sans culture et pas de culture sans société.

La culture est lien qui nous connecte. Cela nous donne un soutien, une orientation et un sentiment de solidarité dans une société qui peut être déchirée par de nombreux facteurs.

L'impact de la crise actuelle sur le secteur culturel est énorme. C'était l'un des premiers secteurs à fermer ses portes et c'est aussi l'un des derniers à reprendre ses activités normales.

1000 manifestations et plus que 100 vernissages ont été annulés pendant le confinement, ce qui a affecté plus qu'un million spectateurs.

Le secteur culturel représente 5% des emplois au Luxembourg. Le secteur culturel emploie au total plus de 12.200 personnes avec une surreprésentation des travailleurs indépendants - près d'un cinquième de ces personnes ne sont pas des salariés - par rapport aux autres secteurs économiques.

L'impact économique et financier dans l'ensemble est grave car la baisse significative des recettes des organisateurs culturels affecte également les revenus des artistes professionnels indépendants et de l'intermittent du spectacle. Les revenus des infrastructures culturelles affichent un fléchissement significatif, puisque 15% à 30% du chiffre d'affaires provient directement de leurs activités.

Un échange avec les fédérations qui représentent les artistes professionnels indépendants et intermittents du spectacle au Luxembourg a été activement recherché. Sur base d'un catalogue de plaintes dressé par les fédérations et d'enquêtes menées auprès de ses membres, il a été possible de mieux appréhender les enjeux et les dangers pour les acteurs culturels dans le contexte de la crise.

Même après la réouverture des institutions culturelles, les conséquences durables de la crise se feront encore sentir dans les mois à venir. Depuis la reprise cet automne, les événements se déroulent dans des conditions strictes, de sorte que les capacités ne peuvent être utilisées que jusqu'à la moitié. Des événements comme des concerts plus importants à la Rockhal ne peuvent pas être organisés jusqu'à nouvel ordre. Le secteur de la musique est donc lourdement touché.

Le gouvernement a donc soutenu le secteur culturel à l'aide de moyens supplémentaires à hauteur de 5 millions d'euros, ceci notamment pour encourager la création de nouveaux formats culturels.

Les troisièmes assises culturelles de fin octobre sont elles aussi placées dans un cadre particulier. En collaboration avec les acteurs culturels, nous essayons de tirer les conséquences de la crise et de déterminer quelles perspectives futures nous pouvons dessiner ensemble.

Il est évident que la loi sur le statut des artistes indépendants et de l'intermittent du spectacle devra être adaptée à la situation actuelle afin de garantir une plus grande flexibilité de ces statuts.

Une autre priorité est la protection des monuments.

Le gouvernement a soumis le projet de loi sur la protection des monuments aux autorités. L'avis du Conseil d'État est disponible et la commission de la culture de la Chambre a commencé ses travaux. Cet important projet fournit un cadre juridique moderne pour la protection et la préservation de l'ensemble du patrimoine culturel, c'est-à-dire du patrimoine archéologique, architectural, mobilier et immatériel. En même temps, des règles internationales issues des conventions culturelles, et ratifiées par le Luxembourg, sont transposées par le biais de ce projet.

Le patrimoine de demain se crée avec les artistes d'aujourd'hui.

Comme prévu dans le plan de développement culturel 2018-2028, le travail des artistes doit être respecté, soutenu et encouragé. Et c'est pourquoi nous allons mettre à l'avenir davantage l'accent sur des emplois accessibles pour les artistes et les créatifs. Cet effort sera lié au soutien financier nécessaire mais aussi aux exportations.

C'est pourquoi nous avons fondé, avant l'été, Culture: LX, le soi-disant Arts Council (Conseil des Arts. Cette nouvelle infrastructure nous permet de soutenir nos artistes de manière plus conséquente, de les accompagner dans la construction de leur carrière professionnelle et de les aider à mieux s'implanter à l'étranger et de s'y faire connaître. La mobilité des artistes est l'une des priorités.

En outre, une homogénéité des mesures en Europe serait importante afin d'encourager et de faciliter la mobilité des artistes actuellement soumis à des restrictions.

La culture contribue souvent à relancer l'économie. Là où elle aura lieu, il existe un certain nombre de services inhérents qui soutiennent le reste de l'économie. Il est donc important de ne pas penser à la culture en dernier. Il est essentiel et dans notre intérêt que Esch 2022 devienne un succès.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Le moment viendra où nous regarderons en arrière sur la crise qui a façonné et continuera de façonner l'année 2020. Nous allons regarder tout ce qui a fonctionné et ce qui a moins bien fonctionné. Je crains que la solidarité et la coopération européenne vont faire partie de la dernière catégorie.

À l'occasion du 25e anniversaire de l'accord de Schengen, nous avons dû constater à quel point les accords, qui sont à la base de la coopération européenne, sont fragiles: frontières ouvertes, liberté de circulation et solidarité. Même si ces valeurs que nous vivons dans notre région sont partie intégrante de notre vie quotidienne, elles ont été remises en question du jour au lendemain.

Les premiers réflexes d'une partie des États membres de s'isoler étaient à l'opposé de ce qui compte réellement pour nous.

Cela tenait bien entendu au fait que l'Union européenne n'était pas préparée à cette situation, et ne pouvait en partie l'être, car le secteur de la santé est pratiquement une compétence exclusive des États membres.

Mais cela était également dû au fait que la crise s'est développée de manière très différente selon les pays - et même au sein des pays, il y avait des situations divergentes entre les différentes régions.

Quand nous voyons aujourd'hui comment certaines régions se renferment sur elles-mêmes vis-à-vis d'autres régions du même pays, alors on remarque que la solidarité n'a pas seulement ses limites au niveau européen - au sens propre du terme.

Mais, Il ne faut pas parler mal de tout. En effet, il faut constater qu'après un premier choc, la coopération a fonctionné rapidement à nouveau, notamment ici dans la Grande Région.

Des patients étaient traités à l'étranger - nous pouvions également faire notre part. Cependant, des solutions pragmatiques ont également été trouvées, notamment en ce qui concerne les frontaliers.

Nous étions en contact permanent avec nos voisins et un accord a été rapidement trouvé pour que personne ne soit empêché de venir à son travail et de rentrer chez lui.

Au niveau européen, le travail en étroite collaboration les uns avec les autres a vite repris. Les institutions européennes ont mis sur pied divers programmes: ainsi des commandes conjointes pour du matériel de protection et d'autres équipements ont été passées. Afin de fournir un soutien financier à la recherche de vaccins contre le COVID, des programmes de l'UE ont été rapidement mis en place.

En outre, des mécanismes ont été établis pour soutenir l'emploi, les entreprises et les fonds publics, et le plus grand succès est sans aucun doute qu'en juillet nous avons pu nous mettre d'accord sur le renforcement du nouveau cadre financier pluriannuel 2021-2027 dans le cadre du COVID.

750 milliards d'euros seront investis de cette manière, en parallèle avec le budget "classique" de l'UE.

L'instrument européen Next Generation est historique, car il permet d'abord à la Commission européenne de prêter de l'argent sur les marchés financiers. Ce nouvel instrument devrait notamment contribuer à soutenir les investissements publics des États membres, ainsi qu'à encourager des réformes structurelles parallèles. Il devrait en particulier aider les pays les plus touchés par la pandémie.

Aujourd'hui, il existe à nouveau une solidarité européenne, tout comme il existe une solidarité globale. En tant que pays avec une politique de coopération historiquement et exceptionnellement forte, nous avons aidé beaucoup ces derniers mois.

Nous avons, pour l'essentiel, contribué aux fonds internationaux pris dans le cadre des initiatives onusiennes, mais aussi dans le cadre des relations bilatérales que nous entretenons avec nos pays partenaires prioritaires, une aide rapide et efficace a pu être apportée dans le cadre de cette crise.

Nous avons été en mesure de transférer dans ces cas 23,5 millions d'euros de fonds disponibles afin de répondre dans ces pays aux besoins urgents relatifs au COVID. Le réajustement de ces activités, qui correspond à environ 2-3 millions d'euros par pays partenaire, est pour la plus grande partie transposé par LuxDev, notre agence de réalisation de programmes bilatéraux, ainsi que par des ONG nationales et internationales.

Avec nos partenaires nous sommes directement sur place et aussitôt actifs. Au Burkina Faso, nous soutenons le système de l'eau et l'assainissement. Au Niger, il existe un projet de protection des populations vulnérables en situation de famine et de crise, au Laos nous soutenons la fourniture de systèmes respiratoires, les soins intensifs, l'identification et la planification des installations dans le cadre de la lutte contre le COVID-19.

Un travail très important y est réalisé, dans lequel des ONG luxembourgeoises sont fortement impliquées et actives.

Il est extrêmement important que la solidarité internationale fonctionne également en temps de crise, et je voudrais vous rappeler que, ces derniers mois, nous avons également fait preuve de solidarité et bénéficié de la solidarité, en particulier pour l'approvisionnement en fournitures médicales dans notre pays. Au cours de ces mois, au plus fort de la crise, nous avons pu ramener plus de 1.000 Luxembourgeois et résidents dans le pays via nos représentations consulaires, et bien entendu, nous étions dépendants de l'aide des autorités locales.

Le Luxembourg a besoin d'une coopération multilatérale aussi forte que possible, nous avons besoin de frontières ouvertes et nous avons également besoin d'une Union européenne forte.

Pas "seulement" maintenant, mais "précisément" maintenant.

Nous sommes confrontés à des défis dans l'Union européenne qui ne sont pas insignifiants: les répercussions économiques possibles de la crise, le changement climatique, la migration et les questions de politique étrangère, comme le Bélarus et nos relations avec la Russie.

L'un des défis actuels et éminemment majeurs est désormais aussi la dernière phase du Brexit.

Il faut être très honnête dans ce contexte. Malgré les efforts considérables et le travail intensif du négociateur en chef Michel Barnier, les négociations sur les relations futures entre l'UE et le Royaume-Uni n'ont pas bien avancé.

Les récentes décisions du gouvernement britannique de ne pas respecter en partie les termes de l'accord de retrait n'ont certainement pas contribué à une atmosphère constructive.

Aujourd'hui encore, les positions sont très éloignées dans des domaines importants; en particulier dans le domaine de la pêche, mais aussi en ce qui concerne le soi-disant Level playing field. Pour avoir accès au marché de l'UE, il faut respecter un minimum de règles et de normes, aussi bien dans le domaine social, dans la protection de l'environnement et du climat, ainsi que dans la fiscalité et les aides d'État.

Le Royaume-Uni a malheureusement quitté l'UE. Nous regrettons mais acceptons cette situation. Cependant, il reste un partenaire important du Luxembourg dans de nombreux domaines - dont l'un est certainement celui des services financiers.

Notre place financière a bien résisté à la tempête du Brexit et dans certains domaines, nous avons pu développer notre position.

A partir du 1er janvier 2021, les relations entre la place financière du Luxembourg et la City de Londres sont celles de nous avec un pays tiers, indépendamment de l'issue des négociations d'un accord de libre-échange avec le Royaume-Uni.

La place financière a de nombreuses années d'expérience avec ce régime avec lequel, en particulier, les relations avec les Américains se poursuivent depuis des décennies.

Nous allons également surmonter cette transition et relever de nouveaux défis.

 

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Ces derniers mois, nous avons dû réitérer à plusieurs reprises qu'il est primordial de respecter la distanciation sociale.

Ce terme a été intégré dans notre langage et nous parlons de "distance sociale" dans un sens où il s'agit de faire attention les uns aux autres. Cela ne pouvait pas être plus contradictoire.

En réalité, nous nous sommes rapprochés les uns des autres dans nos réflexions et nos actions dans notre pays et il y a eu des moments ces derniers mois où on pouvait le ressentir très clairement.

On pouvait sentir et voir à quel point la solidarité entre les gens est grande et profonde quand ça compte.

Aucune distinction n'a été faite entre ceux qui vivent ici et ceux des pays voisins qui viennent travailler chez nous. Il y a eu des initiatives spontanées de particuliers qui s'occupaient de leurs voisins, d'associations et de groupes spontanés qui se sont formés sur les réseaux sociaux. La famille comme lieu de proximité humaine, d'amour et de sécurité a pris un tout nouveau sens.

En même temps, il y avait le côté obscur de la peur et de la détresse, de la pression mentale, de la maladie, de la tristesse et du désespoir.

Nous devons garder le bon des dernières semaines et essayer d'éviter le mal à l'avenir.

Il est donc primordial, notre survie en dépend, que nous fassions preuve de solidarité, que nous l'endurions et que nous nous rappelions d'être prudents.

Tout dépendra des semaines à venir. Cela dépend de notre vigilance. Cela dépend de nous. Nous déterminons nous-mêmes en bonne partie comment nous organisons notre vie quotidienne, ce à quoi nous attachons de l'importance et ce dont nous pouvons nous passer.

Il est désormais important de désister encore plus souvent afin de pouvoir en profiter plus tard.

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