Interview de Romain Schneider dans GUDD

"La philosophie verte de la LUGA"

Interview : GUDD

GUDD : L'idée pour une exposition horticole au Luxembourg couve depuis longtemps. Quels facteurs ont finalement mené é la réalisation du projet?

Romain Schneider: La LUGA a effectivement une histoire. Niki Kirsch, président de longue date de la Fédération horticole, a toujours été l'une des forces principales poussant le projet et, déjà lors de mon premier mandat de ministre durant les années 2009 a 2013, nous avions décidé de concrétiser l'idée et d'organiser une LUGA ensemble avec le ministère du Tourisme et la Ville de Luxembourg. Nous voulions créer un événement inspiré des Bundesgartenschauen allemandes. Elle était initialement prévue pour 2020, mais nous souhaitions organiser quelque chose de plus polyvalent et d'une plus grande envergure qu'une simple exposition horticole. Ce nouveau concept a donc été intégré dans le programme gouvernemental et la date définitive de la LUGA a été fixée pour 2023.

GUDD : Quels sont les objectifs principaux de la LUGA du point de vue du ministère de l'Agriculture?

Romain Schneider: L'idée est évidemment de promouvoir le volet de l'horticulture avec la culture de légumes et toute la branche "verte". Si on parle de production maraichère et de fruits, le Luxembourg a encore une belle marge de progression. Le deuxième thème de la LUGA porte sur la durabilité et la protection du climat. Nous vivons une époque où il est nécessaire de penser écologique. Le troisième volet est celui du nation branding. Le Luxembourg n'est pas uniquement un pays de finances, mais aussi un pays de sport, de tourisme, de culture et de développement urbain. Nous avons beaucoup a offrir, et c'est ce que l'on voudrait montrer au monde extérieur.

GUDD : Comment ces idées seront-elles réalisées?

Romain Schneider: Le pâle principal sera bien sûr la ville de Luxembourg, mais l'idée est aussi de montrer tout le pays. La capitale devra servir d'exemple et les autres communes pourront alors l'imiter. Ce sera une sorte de laboratoire expérimental. La LUGA sera une plate-forme que nous pourrons utiliser afin de renforcer l'idée de la philosophie verte dans les esprits de la population. Ainsi, les écoles seront fortement impliquées dans le programme de la LUGA, pour nous permettre de présenter notre vision dès le plus jeune âge.

GUDD : Quel est le rôle du ministère de l'Agriculture concernant la LUGA?

Romain Schneider: Nous voulons évidemment soutenir encore plus l'agriculture au sens large et essayer de trouver des solutions aux problèmes du secteur. Pour cela, la LUGA sera très axée sur la production régionale, sur les produits saisonniers et bio, mais le sujet du gaspillage alimentaire aura aussi un rôle important. Sera aussi traitée la thématique de l'avenir du métier. La LUGA devra nous aider â renforcer l'image de l'agriculture afin de lui donner un nouveau visage. Nous voulons rapprocher les consommateurs des producteurs, voilà pourquoi nous sommes heureux d'avoir le rôle de leader dans l'organisation de l'expo.

GUDD : Quelles sont les difficultés actuelles auxquelles le secteur doit faire face?

Romain Schneider: Etre agriculteur est un très joli métier, et avec le mot "agriculteur", je pense évidemment à tout les métiers incluant la viticulture et l'horticulture. On y a beaucoup de libertés, mais il est clair que cela ne doit pas seulement être un hobby, et que les gens doivent pouvoir en vivre. D'un côté se pose le problème des terrains en raison de la surface disponible. D'un autre côté, il y a la technique et la formation, cette dernière posant d'autres difficultés. Et naturellement, il y a les frais liés à la main d'œuvre, au matériel et autre. Tout ceci nécessite du soutien pour le secteur de l'agriculture. Dans une période où les exigences légales deviennent de plus en plus nombreuses — et je ne dis pas que ce n'est pas légitime faut créer un équilibre budgétaire afin que le bilan soit positif.

GUDD : Quelles sont vos attentes en tant que ministre de l'Agriculture en vue de la LUGA?

Romain Schneider: Pour nous qui sommes du secteur, ceci constitue une bonne opportunité pour redessiner l'image de l'agriculture. On entend toujours parler des scandales concernant la production alimentaire et ceci projette une image négative sur le métier. Pendant la LUGA et même au-delà des six mois de l'événement, les agriculteurs auront l'opportunité de présenter tout ce qu'ils font pour la nature. Il s'agit donc aussi, en quelque sorte, de "secteur branding" interne.

GUDD : Les différents projets ne seront élaborés qu'après novembre entre les différents acteurs. Que peut-on déjà l’imaginer?

Romain Schneider: Les mots-clés sont urban farming, jardins communautaires, création de toitures végétales, isolation, mobilité douce (le tram par exemple), mais aussi la vie sociale dans de grandes structures. Voilà pourquoi le Kirchberg joue un rôle si important, car il est souvent la porte d'entrée pour le pays. Il s'y passe beaucoup d'activités, aussi au niveau européen, et de nombreuses personnes ne voient que ce quartier quand elles se trouvent à Luxembourg. Voilà pourquoi il est important que cette porte d'entrée soit accueillante. Après 2023, le Kirchberg pourrait se présenter tout à fait autrement, ceci constitue la dernière pièce du puzzle.

GUDD : Vous avez déjà souvent visité des expositions horticoles à l'étranger. Quelles sont vos exigences personnelles concernant la LUGA?

Romain Schneider: J'ai visité personnellement la Gartenschau régionale à Trèves et la Bundesgartenschau à Coblence. Ce que nous avons beaucoup aimé et ce sur quoi nous sommes d'accord depuis le début est le fait que nous ne voulons pas créer des réalisations one shot mais qu'elles devront encore pouvoir être utilisées après 2023 et devront continuer exister et rester visibles. L'événement prendra fin officiellement en 2025, mais l'exposition demeurera. J'ai encore été fortement impressionné par la diversité de l'horticulture, diversité que l'on retrouve surtout à la Floriade aux Pays-Bas. Et aussi l'esprit créateur des participants, toutes ces nouvelles idées qui sont nées à l'occasion de l'expo. C'était simplement formidable.

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