M. Biltgen et Mme Jacobs à la présentation du forum "Femmes et Entreprises"

Le mercredi 13 mars 2002, Mme Marie-Josée Jacobs, ministre de la Promotion féminine, M. François Biltgen, ministre du Travail et de l'Emploi et M. Joseph Kinsch, président de l'Union des entreprises luxembourgeoises (UEL), ont présenté le forum de rencontre "Femmes et Entreprises" qui aura lieu le 16 et 17 avril 2002 à la Chambre des métiers.


M. Biltgen, Mme Jacobs et M. Kinsch lors de la présentation du forum

Quelles sont les possibilités qui s'offrent aujourd'hui aux femmes qui souhaitent (ré)intégrer le marché du travail au Luxembourg?

Sous le patronage du ministère de la Promotion féminine, du ministère du Travail et de l'Emploi et en collaboration avec l'ADEM, les organisations et chambres professionnelles regroupées au sein de l'Union des Entreprises Luxembourgeoises (UEL) organisent un forum de rencontre (l'agenda du forum est disponible en format rtf/Word ou pdf) pour permettre aux femmes de s'informer, de s'orienter et d'entrer en contact avec des représentants et représentantes du patronat, des organismes de l'Etat ainsi que des associations et organismes ?uvrant dans l'intérêt des femmes.

Les caractéristiques du marché du travail au Luxembourg

Le marché du travail luxembourgeois connaît depuis plus d'une décade un déficit chronique en main-d'?uvre résidente. Ce phénomène explique la présence massive de travailleurs frontaliers parmi la population active du Luxembourg. Ce déficit a pris au cours de la deuxième moitié des années 1990 une ampleur telle que les emplois nouvellement créés au sein de l'économie nationale ont été repris dans leur très grande majorité par des travailleurs résidant dans nos pays limitrophes.

Le besoin toujours grandissant de main-d'?uvre étrangère a fait que les travailleurs ressortissant des régions frontalières sont de moins en moins disposés à venir travailler au Luxembourg dans la mesure où le lieu de résidence de ces personnes a tendance à être de plus en plus éloigné du Luxembourg et où l'activité économique a repris de l'ampleur au cours des dernières années dans ces régions.

L'offre d'emploi émanant des entreprises luxembourgeoises a ainsi excédé constamment la demande. S'il est vrai que les tensions en découlant sur le marché se sont quelque peu atténuées au cours du passé récent, il n'en reste pas moins que la tendance de base reste inchangée. Même en tablant sur une croissance future moins soutenue que celle que l'économie nationale a connue au cours des années 2000 et 2001, les tendances structurelles dont question ci-dessus persisteront. Cet état des choses est évidemment de nature à constituer un goulet d'étranglement susceptible de compromettre la croissance escomptée.

Les femmes et le marché du travail

Le marché du travail est encore caractérisé par un taux d'emploi féminin faible, comparé à celui de nos pays voisins et à l'ensemble de l'Union Européenne.

En effet, le taux d'emploi des femmes se situe toujours à un niveau moins élevé que celui des hommes au Grand-Duché, même si le taux d'emploi des femmes âgées entre 25 et 55 ans est passé de 40 à 60% de 1983 à 1999, comme il ressort des enquêtes Forces de travail. Selon des chiffres récents du Statec, l'emploi féminin augmente même plus rapidement que l'emploi masculin avec des taux d'accroissement de 6.9 % pour les femmes et de 5.9 % pour les hommes.

Il n'en reste pas moins que le taux d'emploi féminin reste surtout faible pour la catégorie des femmes résidentes ayant dépassé l'âge de 30 ans. Cet état des choses a fait l'objet d'amples discussions notamment au sein des organes chargés de l'établissement des plans d'action nationaux pour l'emploi dans le cadre du processus de Luxembourg.

Cette partie de la population constitue partant un réservoir de main-d'?uvre potentielle pouvant contribuer à résorber à terme les déficits en main-d'?uvre dont question ci-dessus. Il importe donc de sensibiliser à la fois ce public cible en l'encourageant à intégrer le marché du travail et les entreprises des différents secteurs de l'économie de tirer avantage de ce réservoir susceptible de satisfaire leurs besoins en personnel.

Les modes de vie changent

La répartition traditionnelle des rôles - l'homme poursuit une occupation rémunérée à l'extérieur tandis que la femme s'occupe à l'intérieur du foyer du ménage et des enfants - a tendance à évoluer, voire à s'estomper. Au Luxembourg, un nombre croissant de femmes et mères de famille poursuit une carrière professionnelle parallèlement aux tâches familiales. Dans une étude récente menée auprès des femmes au foyer, nombreuses sont celles qui ont déclaré avoir l'intention de retravailler après une pause familiale.

L'introduction du congé parental en 1999 permet dès lors aux parents de mieux concilier les charges familiales avec des occupations professionnelles et aux pères de consacrer plus de temps de leur vie active à l'éducation de leurs enfants, même si la part des hommes en congé parental reste largement inférieure à celle des femmes.

Les femmes en recherche d'insertion professionnelle

Selon l'étude précitée réalisée pour le ministère de la Promotion féminine en 1999 sur les femmes au foyer, c'est surtout le bien-être de leurs enfants qui incite les femmes à rester au foyer. Selon cette étude, 30% des femmes de moins de 45 ans ont déclaré vouloir retourner travailler après une phase d'interruption pour élever leurs enfants.

L'insertion ou la réinsertion en milieu professionnel exige de la part des femmes un effort considérable de réorganisation. Souvent, elles sont indécises face aux multiples démarches à entreprendre. D'autre part, ces catégories de femmes qui sont en situation de non-emploi ne se considèrent pas comme étant des "chômeuses".

Combiner l'activité professionnelle et les responsabilités familiales

Les conditions de vie du ménage dépendent de beaucoup de facteurs. Pour les femmes, la présence et le nombre d'enfants influencent souvent leur comportement au niveau du réemploi. Aussi toutes les questions qui doivent être résolues avant de chercher un emploi concernent-elles le domaine familial, l'organisation du ménage, la garde des jeunes enfants, leur prise en charge en cas de maladie:

  • Comment est-ce que je vais organiser mon travail et mon ménage ?
  • Qui s'occupera de mes enfants pendant mon absence ou quand ils sont malades?
  • Mon conjoint m'aidera-t-il dans les tâches ménagères ?
  • Quel trajet suis-je prête à faire tous les jours pour aller au travail ?
  • Quels moyens de transport sont à ma disposition ?
  • Est-ce que je veux travailler à temps plein ou à temps partiel ?
  • Quels sont les horaires de travail qui m'arrangeraient le mieux ?

Une fois ces questions résolues, comment s'y prendre pour faire les premières démarches sur le marché de l'emploi ? Là encore, elles se posent une série de questions:

  • Quels sont les domaines, les secteurs dans lesquels j'aimerais travailler ?
  • Quels sont les secteurs dans lesquels je pourrais trouver une opportunité d'emploi ?
  • Dois-je accepter toutes les offres d'emploi qui me sont proposées ?
  • Quelle est la valeur de mon diplôme d'études, de ma formation, de mon expérience professionnelle antérieure ?
  • Mes expériences au niveau de l'organisation de mon foyer peuvent-elles être utiles dans la recherche de mon emploi ?
  • Combien est-ce que je veux gagner, quelle est la rémunération que je pourrais obtenir avec mon bagage d'études et d'expériences ?

Consciente des difficultés que peuvent rencontrer les femmes pour s'orienter ou se réorienter, l'Administration de l'Emploi offre des ateliers "Fraen op der Sich no Aarbecht". En outre, l'ADEM organise en collaboration avec d'autres partenaires (surtout des asbl ?uvrant dans l'intérêt des femmes et le Service de la Formation professionnelle) des séminaires d'information et d'orientation ainsi que des formations qualifiantes destinés aux femmes.

Le niveau de scolarisation des femmes en recherche d'insertion sera un autre point à considérer. Après avoir réglé les problèmes organisationnels, matériels et personnels, il importe dans une deuxième étape d'acquérir ou de rafraîchir des connaissances et compétences par des formations adéquates.
Ainsi, les personnes désireuses de rejoindre la vie professionnelle doivent, le cas échéant, souscrire à un effort de formation préalable à leur entrée dans la vie professionnelle.

Aujourd'hui, les femmes sont à l'écoute...

Les femmes qui ont travaillé avant leur pause familiale retournent le plus souvent dans leur profession antérieure. Ceci étant dit, même en l'absence d'occupation professionnelle antérieure, une femme n'est pas pour autant dépourvue d'expérience de travail. Elle a dû organiser son ménage, gérer le budget et s'occuper de l'éducation des enfants ou prendre en charge des personnes âgées ou dépendantes. Toutes ces expériences de vie lui ont apporté des qualités au niveau du relationnel qui sont également importantes pour les entreprises.

Le potentiel des femmes dites "rentrantes", un atout pour l'entreprise

Au niveau des entreprises, il y a lieu de sensibiliser les responsables du recrutement au potentiel des femmes "rentrantes" et de tenir compte davantage de leurs acquis personnels. En d'autres termes, il s'agit avant tout de bien savoir évaluer l'expérience dont peuvent se prévaloir les femmes en recherche d'insertion ou de réinsertion professionnelle.

Les entreprises qui mettent l'accent sur le facteur humain dans leur organisation peuvent trouver dans cette population de femmes des candidates intéressantes apportant de la maturité, de la motivation et des talents polyvalents à l'organisation.

Les expériences du passé

Plusieurs initiatives lancées par des entreprises luxembourgeoises dans ce domaine ont été couronnées de succès. Ainsi une entreprise spécialisée en électroménager a recruté en 2000 quatre femmes en recherche d'insertion pour son nouveau centre d'appel. Cette action de recrutement a été également subventionnée par le Ministère de la Promotion Féminine dans le cadre des actions positives.

Pour ce recrutement, l'entreprise concernée avait mis en place un ensemble de formations et de mesures pour encadrer ces femmes au sein de l'organisation (une des candidates avait même fait une pause familiale de 16 ans).

Aujourd'hui, la direction de l'entreprise est très satisfaite du résultat obtenu. Les femmes sont parfaitement intégrées dans l'entreprise. Elles gèrent leurs horaires en équipe et s'arrangent entre elles pour assurer les permanences téléphoniques en cas d'absence ou de maladie. Entre-temps, une de ces femmes a été promue au service de la comptabilité.

Forum de rencontre: point de départ pour d'autres d'actions

Conscients des efforts déjà entrepris ou projetés s'inscrivant dans cette finalité par de nombreuses entreprises ainsi que par les organisations professionnelles patronales et désireux de soutenir activement la politique que poursuit le Gouvernement en la matière, les représentants des différents secteurs de l'économie, réunis au sein de l'UEL, ont décidé de fusionner les initiatives mentionnées ci-dessus et de lancer au niveau interprofessionnel une vaste campagne de sensibilisation et d'information à l'adresse des femmes. Le Forum organisé les 16 et 17 avril prochain est un premier pas dans cette direction. Afin d'en garantir l'efficacité, il sera suivi d'un "follow up" systématique des demandes émanant des femmes rencontrées lors de cet événement.

Information transmise par le ministère de la Promotion féminine

 

 

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