Jean-Claude Juncker et Jean Asselborn au sujet de l'arrivée au pouvoir de Barack Obama

Le 20 janvier 2009, le Premier ministre Jean-Claude Juncker s’est exprimé sur les ondes du Deutschlandfunk et dans les colonnes du Hamburger Abendblatt sur l’arrivée au pouvoir du 44e président des Etats-Unis d’Amérique, Barack Obama.

Sur le Deutschlandfunk, Jean-Claude Juncker a tiré un bilan plutôt mitigée des deux mandats présidentiels de George W. Bush : "Il était président le 11 septembre 2001, la confiance du monde entier lui était sûre. Je ne dirai n’a pas qu’il a abusé de la confiance et de la compassion que beaucoup avaient placé dans les Etats-Unis, mais il l’a en tout cas laissé filer", a estimé le Premier ministre avant de souligner que Bush va rester ancré dans notre mémoire collective comme quelqu’un qui a essayé de régler les problèmes essentiellement de manière unilatérale.

Jean-Claude Juncker a brossé, en revanche, un tableau beaucoup plus positif du deuxième mandat de George W. Bush. Même s’il a estimé que le deuxième mandat n’a pas permis de réparer entièrement les relations entre les Américains et les Européens, il a constaté que Bush "a pris les Européens beaucoup plus sérieux durant son deuxième mandat que durant son premier".

Jean-Claude Juncker place une grande confiance dans l’arrivée au pouvoir de Barack Obama

Même s’il place une grande confiance dans l’arrivée au pouvoir de Barack Obama, Jean-Claude Juncker a précisé dans les colonnes du Hamburger Abendblatt qu’il n’appartient pas à ceux qui pensent que "les Américains l’ont élu parce que, nous, les Européens l’ont bien voulu". L’ascension politique du 44e président des Etats-Unis s’explique, selon lui, avant tout pour des raisons de politique intérieure, ce qui le pousse à dire que la première partie de son mandat présidentiel sera avant tout marquée par des préoccupations d’ordre intérieur, une orientation politique qui, selon Jean-Claude Juncker, "ne sera pas désavantageuse pour les Européens".

L’arrivée au pouvoir de Barack Obama, de même qu’une éventuelle fermeture de la prison de Guantanamo, permettront, d’après Jean-Claude Juncker, de rehausser l’image des Etats-Unis dans le monde, et feront en sorte que "nous aurons de nouveau à faire avec une Amérique qui correspondra plus à notre représentation".

Après des décennies où les Etats-Unis ont voulu une Europe forte, "mais seulement dans le sens d’une aliénation inconditionnée aux positions américaines", Jean-Claude Juncker s’est exprimé dans le Hamburger Abendblatt en faveur d’un partenariat plus égalitaire entre l’Europe et les Etats-Unis : "L’Union européenne devra accorder son aide aux Etats-Unis, mais nous devons également montrer clairement que l’UE a ses propres convictions, sa propre conscience et ses propres prudences". Tout en rappelant les liens d’interdépendance qui existent entre les deux continents, le Premier ministre a jugé que les problèmes du monde " ne peuvent pas être résolus par une seule puissance". Alors que les Européens ont compris qu’il faut abandonner leurs visées hégémonistes, Jean-Claude Juncker constate que "les Américains doivent encore l’apprendre". L’espoir est néanmoins grand, selon lui, que Barack Obama "l’a capté intuitivement."

Sur les solutions à apporter à la crise financière

Pour le Premier ministre luxembourgeois, l’espoir en Barack Obama vaut surtout pour résoudre la crise économique. "Le 44e président des Etats-Unis va consacrer beaucoup d’énergie pour résoudre, de concert avec le monde entier, la crise économique", a-t-il estimé sur Deutschlandfunk.

Jean-Claude Juncker a salué le paquet conjoncturel de 100 billions de dollars que Barack Obama envisage de lancer afin d’atténuer les répercussions de la crise financière. Dans son analyse, cette initiative "est une condition absolue pour que les paquets conjoncturels, qui ont été ficelés en Europe, puissent déployer pleinement leurs effets". Vu les multiples liens d’interdépendance entre les économies des deux cotés de l’Atlantique, il a estimé qu’il n’est pas envisageable "que les Européens injectent de l’argent dans les trous de la demande des Etats membres, et que les Etats-Unis fassent le contraire".

Jean-Claude Juncker a indiqué sur Deutschlandfunk qu’il n’acceptera pas que les Américains subventionnent massivement le secteur de l’automobile. "Il n’est pas possible que les Américains maintiennent en vie leur secteur automobile, en y injectant des subventions, alors que les Européens ne peuvent pas le faire", a-t-il indiqué en soulignant la nécessité pour tous les partenaires d’appliquer les règles du commerce international.

Sur le nouveau président Barack Obama

Quant au tempérament politique de Barack Obama, Jean-Claude Juncker l’a décrit dans le Hamburger Abendblatt comme plus exigeant et plus contraignant. "Son arrivée à la présidence s’accompagnera d’un changement d’attitude à l’égard des Européens notamment en Afghanistan où il va sommer les Européens d’assumer plus de responsabilités".

De plus, Barack Obama "fera du bien à la société américaine", a déclaré Jean-Claude Juncker. Selon lui, " il occupe déjà une place dans l’histoire américaine. S’il réussit, en plus, à sortir l’Amérique de la crise économique et de la récession, il va entrer dans l’histoire américaine comme celui qui était au bon moment, au bon endroit et qui a occupé le bon mandat".

Jean Asselborn sur Inforadio Berlin

Le 21 janvier 2009, le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, s’est également exprimé sur l’arrivée au pouvoir de Barack Obama. Sur les ondes d’Inforadio Berlin, Jean Asselborn a tout d’abord salué quelques-unes des déclarations de Barack Obama lors de son discours d’investiture, telles que "le monde a changé et nous (l’Amérique) devons évoluer avec lui", "les problèmes de politique extérieur ne peuvent pas être réglés avec des armes" ou bien "les adversaires de la démocratie ne peuvent vaincus par des moyens militaires".

Le ministre des Affaires étrangères s’est dit convaincu que la collaboration entre l’Europe, les Etats-Unis et aussi la Russie s’améliorera afin de pouvoir résoudre les grands problèmes du monde - au Proche-Orient, en Afghanistan et en Afrique - problèmes qui concernent à la fois l’Europe et les Etats-Unis.

Interrogé sur les éventuelles demandes américaines pour un engagement plus important des Européens dans les différents foyers de crise, Jean Asselborn a souligné que "nous (les Européens) devons tenter de dire aux Américains que nous sommes un partenaire à parts égales et que nous voulons résoudre avec eux les problèmes qui se posent".

Pour ce qui est de la crise financière et économique, Jean Asselborn a souligné qu’elle pourra uniquement être surmontée ensemble par les Américains et les Européens. À ce sujet, il a espéré que la réunion du G20 à Londres permettra de montrer que le monde n’est pas seulement dominé par les pays de l’Ouest mais que des pays comme le Brésil, la Chine, l’Inde, la Turquie et l’Indonésie y sont aussi impliqués.