Déclaration de politique étrangère 2001 (version originale française)

La nouvelle configuration de l'Europe
Les actions de l'Europe au service de la paix et de la stabilité
Des relations privilégiées avec nos principaux partenaires
La responsabilité internationale du Luxembourg
Les priorités

Monsieur le Président
Mesdames et Messieurs les Députés

La déclaration annuelle de politique étrangère du ministre des Affaires étrangères nous fournit l’occasion d’examiner l’évolution de nos relations extérieures, et en même temps d’aborder les thèmes de l’actualité internationale. L’année passée, une première occasion me fut offerte de m’adresser à vous. J’en avais profité pour souligner l’importance de préserver la continuité et le consensus, qui sont deux concepts traditionnels de la politique étrangère luxembourgeoise. De même, j’évoquais les négociations en cours de la Conférence intergouvernementale des pays de l’UE sur certaines questions institutionnelles. Aujourd’hui, je vous parlerai des résultats obtenus.

Le début du XXIème siècle doit surtout être l’occasion de nous interroger par rapport à un siècle qui nous a apporté à la fois les guerres et la paix, de s’interroger également sur un avenir dont nous aimerions découvrir le profil. Comment pourrons-nous tenir compte de ces réflexions dans la définition de la politique étrangère du Luxembourg, pays heureux, semble-t-il, si l’on croit la définition d’un auteur contemporain que vous me permettrez de citer.

"Heureux sont les pays et les peuples à qui l’histoire a donné un développement paisible. Ils ont atteint aujourd’hui le plus haut niveau de la prospérité.

Heureux sont ces petits peuples dans un monde civilisé qui se sont depuis longtemps éloignés de la violence et de prétentions sur des terres, cultures, coutumes et traditions étrangères. Heureux sont les citoyens du pays dont le gouvernement construit sa politique, son économie et sa vie sociale sur le respect des droits de l’homme, tels que repris dans la Déclaration universelle des droits de l’homme."

Voilà une définition dont les membres de votre Haute Assemblée conviendront volontiers qu’elle s’applique à notre pays.

L’auteur de cette phrase vit à un endroit qui ne connaît pas ce bonheur. J’ai choisi de le citer, en raison de la force profonde de son appel à la paix que tant d’hommes et de femmes tant d’enfants dans le monde désirent ardemment atteindre. Que l’auteur, Ramsan Ajdamirow, un instituteur de Grosny, en soit remercié. Le Luxembourg examinera les moyens d’apporter une assistance humanitaire aux enfants de son école.

Les Luxembourgeois se doivent d’être solidaires de ceux qui n’ont pas encore réussi à s’extirper de la misère et de la violence. Ce devoir envers d’autres est en même temps dans notre propre intérêt. Nous restons conscients de la fragilité des acquis du demi-siècle de paix et de prospérité que nous venons de vivre:  la paix et la solidarité se trouvent placées très naturellement au centre de notre engagement qui se veut européen et international.

Se pose désormais avec une plus grande acuité la question de l’avenir d’un petit pays en Europe et sur la scène internationale. Le Luxembourg a, avec succès, basé sa politique étrangère des 50 dernières années sur une série de principes : réconciliation et coopération étroite avec nos voisins les plus immédiats ; intégration dans une Union Européenne qui fonctionne selon un mode qui remplace les rapports de force entre puissances par la protection des institutions et des Traités, et qui permet la participation de tous aux prises de décision ; présence dans les différentes organisations internationales afin d’y asseoir notre souveraineté. Cette politique nous a permis de connaître un développement sans précédent dans la sécurité et la prospérité, et nous a offert par ailleurs l’occasion de jouer sur le plan international un rôle qui allait bien au-delà de notre taille et de notre poids effectif dans l’économie mondiale.

L’année écoulée n’a fait que confirmer une évolution qui s’annonce depuis un certain nombre d’années déjà : les changements fondamentaux qui sont intervenus dans l’environnement international ont conduit l’Union européenne à assumer, sans doute plus vite que prévu, sa vocation d’être l’un des grands acteurs de la société internationale globale qui se forme devant nos yeux. Pour répondre à ce défi, l’Union s’est engagée dans une série de transformations : elle doublera le nombre de ses membres de sorte à atteindre une dimension continentale ; elle adaptera ses institutions et ses modes de fonctionnement à cette dimension nouvelle ; elle développera les instruments qui sont déjà à sa disposition pour assurer la paix, la stabilité et la prospérité en Europe et autour de celle-ci, en vue de promouvoir ses valeurs et de défendre ses intérêts. Elle assumera ses responsabilités dans l’architecture du monde.

L’environnement international dans lequel nos gouvernements successifs ont conduit notre politique étrangère est en train de se modifier de façon radicale. Il nous appartient de définir comment nous entendons assurer à l’avenir la pérennité de notre existence sur le plan international, et quels sont les instruments dont nous devons nous doter pour atteindre cet objectif.

L’Union européenne en voie d’élargissement sera sans conteste le pilier privilégié de notre diplomatie, mais d’autres dossiers demanderont également une attention soutenue : la coopération au développement et le renforcement de l’action multilatérale au sein des grandes organisations intergouvernementales constitueront les autres piliers de notre action internationale.

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LA NOUVELLE CONFIGURATION DE L’EUROPE

En décidant un nouveau cycle d’élargissement, l’Union européenne s’est engagée dans un processus qui est crucial pour le devenir de l’Europe dans son ensemble : il s’agit d’établir un espace de paix, de prospérité et de stabilité étendu aux dimensions d’un continent, dont profiteront 500 millions de citoyens, partageant les mêmes valeurs humanistes et le même attachement à la démocratie.

Au-delà de l’obligation morale qui incombe aux Européens de gommer définitivement l’empreinte du rideau de fer, l’élargissement représente pour l’Union européenne une triple chance :

  • une chance pour la paix ; l’intégration européenne a pour conséquence de prévenir la résurgence de guerres ou de conflits violents entre ses membres. Il s’agit là de l’un des principaux legs que nous ont laissé les pères fondateurs, dont l’impact exemplaire rayonnera bien au-delà de l’Union proprement dite.

  • une chance de croissance économique partagée et de bénéfice mutuel ; l’expérience du passé a montré que le revenu par habitant des "pays de cohésion" s’est rapproché de la moyenne communautaire au rythme de 10% en 10 ans. Le développement des uns s’est ainsi conjugué avec de nouvelles opportunités pour les autres.

  • une chance de renouveau pour l’Union ; les pays qui vont nous rejoindre sont des démocraties neuves, aux racines parfois anciennes, mais qui ont dû tout réinventer au cours de la dernière décennie. L’Union européenne s’enrichira de cet apport, et elle donnera à ces pays son appui actif, tout en offrant la discipline de l’acquis communautaire.

A Nice, une feuille de route a été arrêtée pour les prochains 18 mois. Elle offre la flexibilité nécessaire pour aller de l’avant, tout en respectant pleinement le principe de la différenciation, qui repose sur la reconnaissance des mérites propres de chaque candidat.

Les négociations avec les pays candidats sont désormais bien engagées au niveau technique avec la Commission européenne. Le moment est venu que le Conseil de l’Union européenne s’implique davantage dans les négociations, alors que nous abordons les chapitres les plus difficiles. Faut-il rappeler que d’ores et déjà, plus de 500 périodes transitoires ont été demandées.

Je prends pour exemple la discussion sur la libre circulation des personnes, qui se trouve dans une phase décisive depuis que la Commission nous a soumis il y à une quinzaine de jours une note d’information sur ce sujet sensible.

Sans vouloir entrer ici dans un examen détaillé des différentes propositions, je souhaiterais relever que le Luxembourg, fort de son expérience passée, entend rechercher une solution qui soit constructive, flexible et équilibrée, qui tienne compte à la fois des caractéristiques de notre marché du travail, qui est dynamique mais restreint, et des positions que les pays candidats voudront adopter quant à d’autres périodes transitoires.

La présidence suédoise a fait du dossier de l’élargissement une de ses priorités. Je ne doute point pour ma part qu’il s’agit là du principal défi que l’Union aura à affronter au cours des prochaines années. Le premier rendez-vous est le Sommet de Göteborg en juin prochain, où nous procéderons à une évaluation des progrès réalisés. J’ai bon espoir que nous serons à mêmes de mettre en œuvre les objectifs fixés à Nice, à savoir que l’Union sera prête à accueillir, après 2002, les premiers adhérents dans l’espoir qu’ils puissent participer aux prochaines élections européennes en 2004.

L’Union européenne devra de son côté s’adapter à sa dimension nouvelle, en premier lieu auprès de ses citoyens. Il nous faudra déployer des efforts pour faire comprendre à nos opinions publiques quelles sont les raisons qui font que l’élargissement de l’Union européenne est désormais incontournable, et de quelle manière ces développements se traduiront dans la vie de nos populations, chez les pays membres comme chez les pays candidats.

Ce ne sont pas seulement les pays candidats qui doivent se préparer à l’adhésion. L’élargissement constitue également un défi pour le Luxembourg, notamment en sa qualité d’Etat siège de l’Union européenne. Les contacts que le gouvernement entretient depuis un an au sujet de l’élargissement avec les institutions et organismes européens implantés dans notre pays laissent entrevoir l’arrivée d’un millier de fonctionnaires européens supplémentaires à l’échéance de la première vague d’élargissement. Dans l’esprit d’une politique de siège accueillante, il importe d’assurer à ces nouveaux fonctionnaires comme aux institutions dont ils relèvent les meilleures conditions de travail possible. Le gouvernement continuera les préparatifs à cette fin, dont les Commissions des Affaires étrangères et des travaux publics de la Chambre ont d’ailleurs été informées.

L’Union européenne en tant que telle a procédé à un certain nombre d’adaptations de ses modes de fonctionnement, qui devraient la mettre en mesure d’absorber les premières vagues de nouveaux adhérents.

Ce fut la tâche de la Conférence intergouvernementale, qui se termina au Conseil européen de Nice par un accord, obtenu après d’âpres négociations.

D’aucuns ont déclaré que le Traité de Nice, qui en est résulté, ne représentait pas une grande avancée sur la voie de la construction européenne. Or, il est important de garder en mémoire les développements qui ont mené à ce Traité. A Amsterdam, l’Union n’avait pas réussi à revoir son dispositif institutionnel en vue de l’élargissement. L’objectif de la Conférence intergouvernementale était essentiellement de corriger les imperfections du Traité d’Amsterdam. Au lieu de reprocher à la CIG son ambition limitée, l’analyse réaliste prendra en compte que Nice était en quelque sorte la séance de rattrapage d’Amsterdam, destinée à trouver une solution aux trois "reliquats" : taille et composition de la Commission, repondération des voix au Conseil et passage à la majorité qualifiée.

Jugés à l’aune des ambitions qui avaient présidé à la convocation de la Conférence intergouvernementale, les résultats de Nice ne sont donc nullement décevants, la CIG ayant rempli le mandat reçu en 1997. Elle a même enrichi son ordre du jour en y incluant les "coopérations renforcées".

Les restrictions imposées à l’ordre du jour excluaient d’avancer toute possibilité d’une réforme substantielle de l’Union, la primauté de l’élargissement par rapport à l’approfondissement ayant prévalu. En fait, Nice est l’instrument pour réaliser la grande vision affirmée lors des Conseils européens de Copenhague, de Luxembourg et de Helsinki de voir l’Europe réunifiée après plus d’un demi-siècle de séparation.

L’Union européenne peut désormais entrer dans une nouvelle phase : les hypothèques qui pesaient sur l’élargissement ont été levées, et l’Union peut s’attacher à la plus noble des tâches : constituer pour notre continent finalement réuni, une force de paix, de stabilité et de prospérité. Cette démarche a d’ailleurs été reconnue par les pays candidats, qui ont été unanimes à saluer les résultats obtenus. "Nice a rejeté Yalta", affirmait le président bulgare Stoyanov au lendemain du Conseil européen de Nice.

Si l’on examine les résultats avec réalisme, l’on constate que des solutions, qui sont loin d’être négligeables, ont été trouvées dans chacun des quatre domaines qui appelaient des changements.

Nous aurons encore l’occasion de nous pencher en détail sur les résultats concrets du Conseil de Nice lors de la ratification de ce Traité par votre Haute Assemblée.

Pour le moment, retenons simplement que le principe d’une participation adéquate et équitable de chaque Etat membre a été respecté, que ce soit dans la composition de la Commission européenne et dans la répartition des sièges au Parlement européen. Le Luxembourg est ainsi avec l’Allemagne le seul pays à maintenir le nombre des ses parlementaires.

Pour ce qui est de la repondération des voix, d’aucuns ont reproché au système retenu d’être plus compliqué. Ce système a cependant à nos yeux le mérite de garantir que toute décision prise à la majorité qualifiée bénéficiera de l’appui à la fois de la majorité des Etats et de la majorité démographique, reflétant ainsi la double légitimité de l’Union. Il s’agit là d’une position que le Luxembourg avait défendue dès le début des négociations.

Quant aux articles du Traité soumis à la majorité qualifiée, le grand sursaut espéré n’a certes pas eu lieu. Plus modestement, une trentaine de cas sur 75 échappent désormais à la règle de l’unanimité, pour certains tout de suite et dans leur intégralité, et pour d’autres de manière partielle ou encore différée.

Parmi les avancées les plus importantes de Nice figurent certainement les nouvelles dispositions sur la coopération renforcée. Ces dispositions, introduites sur proposition des pays du BENELUX, permettront aux Etats membres qui le souhaitent de progresser plus rapidement sur la voie de l’intégration dans un certain nombre de domaines, tout en se maintenant dans le cadre des institutions de l’Union, et en étant tenus de respecter l’acquis communautaire.

Soulignons que ce mécanisme a le mérite de rester ouvert, c.-à-d. qu’il est loisible aux autres Etats membres de rejoindre "l’avant-garde" dès qu’ils se sentiront prêts à le faire, évitant ainsi une polarisation au sein de l’Union.

Pour le Luxembourg, l’exercice de Nice devait répondre à deux objectifs :

  • faire sauter le dernier verrou institutionnel vers le processus d’élargissement

  • maintenir un cadre institutionnel axé sur l’équilibre entre les différentes institutions d’une part, et entre les Etats membres d’autre part

Nous constatons que les résultats obtenus ne remettent en cause aucun de ces objectifs. Il ne divisent pas les Etats membres entre gagnants et perdants. Le principal regret que nous ayons à formuler est qu’à un certain moment, le débat se soit axé de façon trop exclusive sur les questions de pouvoir et d’influence, et qu’il y ait eu une cristallisation entre grands et petits Etats membres. Or, une telle polarisation n’a pas de place dans une Union qui est fondée sur le choix librement consenti d’Etats de tailles très diverses et de traditions différentes de mettre leur devenir en commun.

Le texte adopté à Nice présente des potentialités : c’est à nous qu’il appartient de les développer de telle façon que les institutions révisées permettent à l’Union élargie à plus de 20 membres de fonctionner avec efficacité.

Si Nice a levé les hypothèques qui pesaient sur l’élargissement, il reste à redéfinir les objectifs et les ambitions de l’Europe élargie pour la période qui suivra le Traité de Nice. Le Conseil européen l’a reconnu, en fixant un nouveau rendez-vous pour 2004. Il a aussi appelé à un vaste débat sur les questions de la simplification des Traités, du statut légal de la Charte européenne, de la répartition des compétences entre l’Union et les Etats membres, ainsi que du rôle des Parlements nationaux.

La déclaration sur l’avenir de l’Union adoptée à Nice entend associer à ce grand débat toutes les parties intéressées, et l’opinion publique dans son ensemble.

S’il est vrai qu’un tel débat est important, il faudra en revanche éviter le piège de nous engager dans un processus de négociation permanent, qui laisserait planer l’incertitude et le flou sur la manière dont l’Europe entend gérer ses affaires à l’avenir. Nos gouvernements, nos collectivités, nos entreprises, nos citoyens ont besoin que les institutions et les règles qui encadrent leurs activités soient à la fois claires et prévisibles.

Le débat sur le plan européen a été lancé le 7 mars dernier par une déclaration conjointe des présidences actuelle et future du Conseil, du président de la Commission et de la présidente du Parlement européen.

Je souhaite que cette discussion soit également menée au Luxembourg. Aussi je lance un appel pour que la Chambre des députés, mais aussi la société civile et le monde universitaire, et à travers eux tous les luxembourgeois, s’engagent dans un débat approfondi sur le futur visage de l’Europe élargie, et sur ce qu’il attendent de celle-ci. Quelles sont nos aspirations pour cette nouvelle Europe, qui fera quoi au sein de l’Union, quel sera le rôle de la Commission, jusqu’où ira notre volonté de solidarité ? Autant de questions qui demandent une réponse crédible.

A Göteborg, la présidence suédoise présentera un premier rapport sur cette discussion, qui ouvrira la voie à la préparation d’une déclaration qui sera adoptée en décembre de cette année par le Conseil européen de Laeken.

Seule une volonté politique commune, fondée sur une vision partagée de l’intégration européenne, d’aborder les sujets cruciaux que sont l’interaction et l’équilibre futur des institutions est le garant qui permettra d’éviter l’immobilisme, voire l’érosion du projet européen.

Je suis profondément convaincue que l’interaction entre les différentes réalités de l’Europe, la confrontation des idées et des visions conférera un nouveau sursaut au projet de l’Europe élargie. Elle aidera à dépasser les controverses et les conflits d’intérêt qui font le quotidien de la vie dans l’Union, comme elles existent au niveau de chaque Etat membre. Elle constituera, en fin de compte, la meilleure garantie contre l’aveuglement et l’arbitraire.

Ce serait préjuger d’un débat qui sera long et complexe que de commenter à ce stade les différents projets qui ont été présentés sur l’avenir de l’Union, et notamment les propositions de mon collègue Joschka Fischer, qui a eu le mérite de lancer le débat sur la nécessité d’élaborer une future Constitution européenne. Qu’il me soit simplement permis d’ouvrir ici quelques pistes :

Il paraît d’ores et déjà évident qu’une Europe élargie à 30 membres devra agir davantage en se recentrant progressivement sur les grands domaines qui, dans toute confédération ou fédération, sont traités au niveau central, comme la politique étrangère et la sécurité intérieure, à l’instar de ce qui se fait déjà pour la monnaie. De même, confrontés à certaines questions comme l’environnement, la santé ou la sécurité alimentaire, les citoyen européens réclameront une intervention plus efficace et plus directe, que ce soit sur le plan législatif ou dans le domaine de la surveillance ou du contrôle.

Dans certains secteurs, l’Union sera amenée à agir différemment, notamment en matière d’emploi ou de gestion macroéconomique. Ici, les méthodes de la coopération ouverte, de la fixation d’objectifs et de la pression des pairs, qui ont inspiré les conclusions du Conseil de Luxembourg de 1997, permettront d’innover.

Parfois enfin, il sera nécessaire d’agir moins. Certaines politiques traditionnelles ont certes joué un rôle important dans le passé. L’on peut cependant légitimement se poser la question si elles pourront survivre dans leur forme actuelle dans une Europe élargie. Le principe de la subsidiarité, qui exige qu’une action ne soit exécutée au niveau supérieur ou central que dans les cas où cela plus s’avère plus rationnel ou plus efficace devra ici jouer à plein.

Quel que soit le visage que nous donnerons à la future Europe, il me paraît évident qu’elle ne pourra pas reprendre un modèle national particulier, que cela concerne ses institutions ou ses modes de fonctionnement. Le processus d’intégration original et novateur dans lequel nous sommes engagés ne pourra résulter que de la mise en commun de nos expériences et de la renonciation a un certain nombre de particularismes nationaux pour le plus grand bien commun. L’Union qui en résultera sera nécessairement une construction unique, qui répondra aux aspirations communes qui sont les nôtres, tout en tenant compte de la diversité des parcours de ses Etats membres, sans privilégier ni exclure personne.

Elle sera ainsi une puissance d’un genre nouveau ; au lieu de vouloir imposer ses vues, elle choisira de coopérer. Elle choisira d’être un partenaire dans ses relations extérieures, alors qu’elle-même sera l’émanation de la coopération entre partenaires égaux.

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LES ACTIONS DE L’EUROPE AU SERVICE DE LA PAIX ET DE LA STABILITE

Monsieur le Président,

La préservation de la paix et de la stabilité figure parmi nos premières préoccupations. Les événements dans les Balkans montrent à suffisance combien demeuraient précaires les relations entre adversaires historiques. L’un des grands mérites de l’Union européenne est d’avoir enraciné la paix sur son territoire en transformant en profondeur les relations entre ses Etats membres. Nous devons cependant rester vigilants et préserver les conditions de cette sécurité. C’est cette vigilance, et notre aspiration à constituer une Union élargie de démocraties dans un environnement stable qui anime aujourd’hui nos efforts en vue de la défense européenne.

Au cours des derniers dix-huit mois, l’Europe de la sécurité et de la défense a connu des progrès spectaculaires. La crise du Kosovo a été un facteur déterminant dans cette évolution : elle a permis aux Européens, à l’épreuve du feu, de prendre la mesure de leurs profondes convergences et de leur solidarité pour agir ensemble, politiquement et militairement , avec leurs Alliés, pour la défense d’intérêts et de valeurs communes. Elle a surtout montré que l’Union ne peut avoir de poids que si elle s’appuie sur des capacités militaires crédibles.

L’objectif global que s’est donné l’Europe consiste à être en mesure, dès 2003, de déployer en soixante jours, sur une durée au moins égale à un an, une Force de réaction rapide de l’importance d’un corps d’armée.

Ce nouvel instrument permettra à l’Union européenne d’avoir un rôle actif dans la gestion des crises internationales : elle pourra intervenir de façon crédible, que ce soit pour des raisons humanitaires, pour le maintien de la paix ou pour séparer par la force des parties à un conflit. En fait, la Force d’intervention mettra l’Union en mesure d’exécuter toute la gamme des opérations qu’il est convenu d’appeler "Missions de Petersberg".

Ce développement ne se fera pas de façon concurrentielle avec l’Alliance atlantique. Il renforcera au contraire la solidarité et l’efficacité de l’Alliance. La volonté des Européens de disposer d’une capacité militaire propre doit être comprise comme la contribution des quinze Etats membres de l’Union –souhaitée du reste par nos alliés américains- à la sécurité et à la stabilité de leur continent, au service des mêmes valeurs et des mêmes objectifs que l’Alliance atlantique.

Le Luxembourg ne pouvait ni n’entendait se tenir à l’écart de cette nouvelle dimension de l’Union européenne.

Aussi avons-nous annoncé, lors de la Conférence d’engagement des capacités, qui a traduit l’objectif global et les objectifs collectifs de capacité d’Helsinki en engagements concrets des quinze Etats, que le Luxembourg participerait en tant que membre à part entière à la future Force d’intervention rapide.

Afin que notre participation à la gestion des crises par l’Union européenne soit effective et visible, tout en tenant compte de nos responsabilités en tant que membre de l’Alliance atlantique, le gouvernement a décidé d’accroître les efforts que notre pays consacre à sa défense : le budget de la défense sera augmenté sur une base pluriannuelle, il sera procédé à une réforme du service militaire et du recrutement dans l’Armée, qui sera dotée de capacités et de moyens adéquats pour s’acquitter de ses responsabilités nouvelles.

Parallèlement à son engagement dans la gestion militaire des crises, l’Union européenne procède en ce moment à une redéfinition et à un renforcement de ses capacités en matière de gestion civile des crises : il s’agit notamment de l’envoi de missions internationales de police civile, d’opérations de protection civile, de la réhabilitation de l’Etat de droit et de la reconstitution de systèmes judiciaires indépendants, ainsi que l’envoi dans des zones de crise de missions chargées de remettre sur pied un embryon d’administration civile et d’organiser la relève par des administrateurs locaux.

Ici encore, le gouvernement examine de quelle manière il pourra contribuer de façon effective et visible à l’effort commun. Le futur corps civil luxembourgeois pourrait constituer un véhicule intéressant dans ce contexte.

Il s’agira de consolider la paix en vue de mieux prévenir de nouveaux conflits.

L’Union européenne est en elle-même un immense projet de prévention de conflits, dont l’action dépasse de loin le territoire de l’Union. En effet, le projet de paix réalisé en Europe sert déjà de modèle pour une coopération fructueuse dans d’autres régions du monde.

Le fait que nous n’ayons pas été capables dans le passé de prévenir l’explosion de la violence, le déclenchement de guerres ni la perpétration de massacres à grande échelle dans des régions comme l’Afrique centrale ou les Balkans a conduit à des pertes immenses en vies humaines et a dévasté les structures sociales de ces pays pour de longues années. Les interventions a posteriori de la communauté internationale pour tenter de mettre fin à un conflit donné exigent un coût extrêmement élevé pour la communauté internationale.

Aussi est-il essentiel que les Européens développent leurs capacités de prévenir les conflits violents. Pour ce faire, il lui faudra développer des méthodes et des instruments pour projeter la stabilité, et promouvoir la démocratie, la bonne gouvernance, les droits de l’homme, l’Etat de droit et le développement économique et social. L’expérience prouve en effet que les pays démocratiques, où le bien-être matériel de la population s’améliore, ont tendance à préférer une résolution pacifique de leurs différends et de leurs contradictions.

Il faudra également rechercher des voies plus efficaces pour s’adresser en temps utile aux facteurs qui risquent d’exacerber des conflits latents, comme la pauvreté, l’endettement, la distribution inégale des ressources économiques et les inégalités sociales, l’absence d’insertion et de respect pour les minorités ethniques , religieuses et culturelles.

L’an 2000 a été une année importante, pour ne pas dire décisive pour l’évolution de la situation dans les Balkans. Il s’est ouvert avec le changement démocratique intervenu en Croatie, et s’est poursuivi avec le succès des forces d’opposition démocratique en Serbie lors des élections du 24 septembre et du 23 décembre 2000.

Il est indéniable que la situation reste volatile dans la région, et notamment dans le sud de la Serbie, au Kosovo, et en ARYMacédoine où le risque d’un nouvel éclatement des nationalités se fait sentir. Nous devons nous adresser à ces foyers potentiels de crise par des interventions rapides et fermes, destinées à éviter l’éruption d’un conflit ouvert, mais aussi par une action décidée et soutenue de la communauté internationale sur le moyen terme. Le renversement de régimes autoritaires et nationalistes ouvrira désormais la voie à la réconciliation et à la coopération entre les pays de la région. Pour la première fois depuis 10 ans, les pays issus de l’ex-Yougoslavie se voient offrir la perspective de nouer des relations nouvelles et bénéfiques pour chacun d’entre eux avec les autres pays de la région, ainsi qu’avec le reste de l’Europe.

Dès 1999, le Pacte de stabilité pour l’Europe du sud-est offrait un cadre pour promouvoir des réformes politiques et économiques avec des perspectives de sécurité accrues. Il s’agissait surtout de favoriser une coopération régionale qui servirait de catalyseur aux aspirations de ces pays à une intégration progressive dans des structures euro-atlantiques plus vastes.

Le Pacte a aussi donné une impulsion nouvelle à une politique de bon voisinage, qui permettra d’accélérer la transition de ces pays vers des systèmes démocratiques stables, des économies de marché prospères et des sociétés ouvertes et pluralistes respectant les droits des citoyens.

Le Sommet de Zagreb a marqué une étape additionnelle dans ce processus de réconciliation et de développement régional, centrée sur les Balkans occidentaux.

Une stratégie cohérente a été définie, qui vise à offrir aux pays des Balkans occidentaux une perspective réelle de rejoindre à terme le processus d’intégration européenne. Le rapprochement de ces pays avec l’Union européenne devra aller de pair avec un processus de réconciliation et de coopération au niveau régional. Ainsi, les cinq pays participants se sont-il engagés à établir entre eux des accords de coopération régionale permettant un dialogue politique, la création d’une zone de libre échange régionale ainsi qu’une coopération en matière de justice et d’affaires intérieures.

L’UE a pour sa part créé un processus de stabilisation et d’association, qui ouvrira progressivement la voie au statut de ces pays en tant que candidats potentiels pour une future adhésion.

Prenant appui sur l’unification européenne, les perspectives désormais ouvertes dans les Balkans devraient constituer, du moins à moyen terme, une incitation puissante pour les pays concernés à régler leurs différends de façon non violente.

Les circonstances des dernières années ont amené l’Union européenne à se préoccuper, peut être de façon trop exclusive, de la situation dans les Balkans.

Or, l’Union élargie deviendra la voisine immédiate de la Russie, du Caucase, et du Moyen Orient. L’évolution dans ces régions aura une incidence directe sur notre propre devenir. Leur tissu ethnique est complexe, et leur géographie les expose aux tensions.

Nous constatons que les facteurs d’instabilité s’y multiplient : destructions, présence de nouvelles ressources pétrolières, fondamentalisme religieux, criminalité organisée, différentes formes de terrorisme, trafic de drogues, course aux armements, y compris nucléaires, font que cette région figure parmi les principaux foyers de conflits potentiels de ce début de siècle. Il s’agira pour les européens de s’adapter à cette situation nouvelle, et de nous engager davantage en vue de promouvoir un processus de stabilisation par la médiation internationale des conflits et par une coopération régionale accrue.

Un nouveau chapitre s’ouvre dans l’histoire du Proche Orient, qui connaît aujourd’hui une situation sans précédent depuis les accords d’Oslo : la dégradation du climat entre Israël et les Palestiniens devient plus visible chaque jour.

Pourtant, les principes d’un règlement sont connus : celui de l’échange de la terre contre la paix, celui de la sécurité de tous les Etats de la région et celui de l’autodétermination du peuple palestinien.

Mais leur mise en œuvre sur le terrain parait toujours aussi difficile.

L'Europe a un intérêt fondamental à ce que la paix et la stabilité s’installent au Proche Orient. En raison de sa proximité géographique, elle est en effet particulièrement vulnérable aux risques résultant d'une instabilité endémique dans cette région. Certes, la paix ne pourra résulter que d'un accord entre les parties. Mais l'Europe a des motifs légitimes de vouloir jouer un rôle utile dans ce processus. Elle peut notamment user des différents instruments de son action extérieure, et moduler sa contribution financière et économique, qui est loin d'être négligeable, d'une façon qui conforte la recherche de la paix.

L’Europe doit donc se tenir prête à coopérer de façon utile dès la reprise des pourparlers entre les parties, et se préparer dès à présent à participer utilement à la consolidation de la paix, que ce soit en tant que garante des accords ou encore dans le domaine de la reconstruction économique. Le processus de Barcelone, une fois revitalisé, pourrait offrir un instrument utile, qui permettrait d’impliquer la région toute entière dans la construction de la paix.

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DES RELATIONS PRIVILEGIEES AVEC NOS PRINCIPAUX PARTENAIRES

En se renforçant, l'Europe sera amenée à jouer un rôle accru sur la scène internationale. Elle le fera bien en coopération étroite avec ses principaux partenaires.

Les Etats-Unis d'Amérique ont poussé le processus d’intégration européenne après les échecs d’une Europe déchirée qui avait hélas échoué.

Aujourd’hui, une relation étroite et chaleureuse avec nos partenaires américains, ainsi qu'une intégration forte dans les structures de l'Alliance atlantique, continuent de revêtir une importance cruciale pour le devenir de l'Europe.

Notre relation avec Washington devra dépasser les thèmes de la sécurité globale; l'agenda de nos relations transatlantiques s'intéressera davantage à des questions clefs, comme l'évolution des climats, la technologie des gènes ou le système commercial et financier international, pour lesquelles une coopération étroite entre l'Europe et les Etats Unis est nécessaire si nous voulons faire des avancées concrètes dans ces dossiers, essentiels pour l'avenir de l'économie mondiale. De même, nous devrons nous efforcer de rechercher une résolution urgente aux conflits commerciaux, qui jettent un voile sur les relations transatlantiques. Enfin, il nous faudra convaincre nos partenaires américains que la création d'un cadre légal effectif sur le plan  international, ainsi que le renforcement des structures du système multilatéral sont dans notre intérêt mutuel et dans l’intérêt général.

Ainsi aurons-nous l'occasion d’approfondir  le lien entre l'Union européenne et les Etats-Unis, et de faire de la relation transatlantique un partenariat adulte, plus confiant et mieux équilibré, qui donnera toute sa vitalité à notre Alliance.

Beaucoup a été dit au sujet de l'intention de l'Administration Bush de mettre en place un système national de défense par missiles. Il appartient bien évidemment aux Etats-Unis d'Amérique de déterminer quelle est la meilleure façon d'assurer la défense de leur territoire. En tant qu'Allié, le gouvernement luxembourgeois souhaiterait simplement rappeler son attachement au système de sécurité et de défense transatlantique qui nous a si bien servi au cours du dernier demi-siècle, ainsi que son souci que les avancées importantes qui ont été enregistrées en matière de réduction des armements au cours de la décennie écoulée ne soient pas remises en cause.

Aussi souhaitons-nous que la mise en place du NMD se déroule dans la transparence, et fasse l'objet de consultations préalables avec les alliés européens, mais aussi avec le partenaire russe.

La stabilité de notre continent passe aussi par une relation de confiance avec la Fédération de Russie, ce grand pays euro-asiatique. L'Europe souhaite avoir à l'est un partenaire stable, occupant la place éminente qui lui revient sur la scène continentale et mondiale. Une Russie démocratique et pacifique, confiante en son devenir et en sa capacité de jouer un rôle positif dans la solution des problèmes mondiaux est dans notre intérêt à tous. Le renforcement interne et extérieur de la Russie ne saurait se faire par un retour au centralisme et au militarisme, mais bien par un renforcement de l'Etat de droit, de la liberté d’expression, de la démocratie et de la société civile.

Aussi l'Europe et la Russie doivent – elles combiner leurs forces pour affronter ensemble les défis du nouveau siècle, qu'il s'agisse du développement de l'économie russe, de la sécurité nucléaire, de la protection de l'environnement ainsi que la lutte contre la criminalité organisée et les trafics illégaux.

Nous souhaitons également renforcer notre partenariat avec la Russie sur la scène internationale, sur la base de normes communes et de valeurs partagées telles qu’elles ont été agréées dans le cadre de l'OSCE et du Conseil de l'Europe.

La France et l’Allemagne continuent d’avoir un rôle et une responsabilité inemplacables dans le devenir de l’Europe, et une coopération privilégiée entre ces deux partenaires reste essentielle. Le Luxembourg est conscient que son avenir dans l’Europe élargie ne se conçoit pas sans le maintien d’une relation confiante et étroite avec nos deux grands voisins.

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LA RESPONSABILITE INTERNATIONALE DU LUXEMBOURG

L'Union européenne à 30 sera une entité fort différente de celle que nous connaissons aujourd'hui. Aussi faudra-t-il adapter la manière dont le Luxembourg assurera sa présence au sein des institutions communes.

Une idée qui circule souvent est que l'unification européenne, et plus particulièrement la mise en place d'une politique étrangère et de sécurité commune conduira inéluctablement les Etats membres à fondre leurs politiques étrangères dans une politique européenne unique. C'est en fait l'inverse qui est vrai. Ce que les Etats membres de l’Union européenne bâtissent chaque jour, ce n'est pas une politique étrangère unique, mais bien une politique étrangère commune. Je n'hésite pas à dire qu'il n'y aura pas d'actions communes extérieures efficaces de l'Union si elle ne sont pas sous-tendues par une politique étrangère forte des Etats membres. Notre objectif ne doit pas être de faire disparaître les acteurs essentiels que sont les pays européens ; il est de leur faire jouer leurs rôles respectifs dans une action conjuguée qui, par l’apport de leurs expériences en matière de modulation de la souveraineté, représente une vraie valeur ajoutée pour l'Europe.

Pour le Luxembourg, cela signifie qu'il sera amené à court et à moyen terme à développer les thèmes de sa politique étrangère et à renforcer sa présence tant au sein des institutions de l'Union que sur la scène internationale. Ceci s'avère d'autant plus nécessaire que désormais, nous ne pourrons plus nous prévaloir comme par le passé du "bénéfice de la présidence", qui offrait tous les 3 à 4 ans à notre pays l’occasion de se profiler sur le plan diplomatique.

Par ailleurs, il importe que nous restions un partenaire crédible et digne de confiance, voire exemplaire, au sein de l’édifice européen.

Ceci concerne aussi la mise en œuvre dans notre pays des politiques décidées au niveau commentaire. C’est pourquoi je continue d’attacher une importance particulière à accélérer la transposition par le Luxembourg des directives communautaires. L’effort soutenu qui a été déployé à cette fin durant l’année écoulée, avec la coopération des départements ministériels concernés, nous a permis de passer de l’avant-dernière à la dixième position dans ce palmarès européen.

Il est donc essentiel que nous veillions désormais à avoir davantage que par le passé un profil propre dans le domaine de la politique étrangère, qui ne se limite pas à réagir à l'événement ou à assurer la défense de nos intérêts immédiats, mais qui fasse de notre pays une force d'initiative et de proposition.

La Belgique reste un partenaire privilégié. Nous cultivons des liens très étroits avec notre voisin dans le domaine économique, diplomatique et consulaire, dans le domaine du commerce extérieur et dans les opérations de maintien de la paix. Je saisis cette occasion de saluer la prochaine reconduction de l’Union économique belgo-luxembourgeoise, qui lie nos deux pays depuis 1921, et dont le cadre sera adopté et complété.

Nous trouverons par ailleurs des alliés précieux dans le chef de nos partenaires du BENELUX, qui eux aussi souhaitent développer davantage le rôle d'impulsion qu'ils ont eu au sein de l’Union européenne, notamment durant les conférences intergouvernementales.

Enfin, il nous faudra développer d’avantage nos relations bilatérales avec les pays candidats, parmi lesquels nous trouvons nombre de pays "like minded" qui sont proches de nos préoccupations et partagent nos intérêts, et qui un jour pourront être des partenaires ou des alliés précieux au sein de la configuration mouvante de l’Europe à 30.

Nous ferions preuve de myopie politique si nous cantonnions notre action diplomatique à préserver une île européenne des bienheureux, qui se protègerait d'un monde extérieur où menace l'instabilité et la discorde. L’intérêt bien compris, même d'un petit pays comme le nôtre, est de participer à la sécurisation de la paix et de la stabilité en Europe et en dehors de celle-ci, alors que dans un monde globalisé, les  évènements dans les autres régions ont une influence directe sur l'évolution de notre propre continent.

C'est dans le souci de mieux affirmer notre présence sur le plan international et d’assumer nos responsabilités en tant que partenaire solidaire que le gouvernement, comme d'ailleurs  ses prédécesseurs, a estimé dès le début que le Luxembourg ne devait pas rester à l'écart des efforts de la communauté internationale dans le domaine de la gestion des crises et du maintien de la paix.

Ainsi, l'armée luxembourgeoise participe depuis 1991 aux opérations de maintien de la paix successives menées sous l'égide de l'ONU et de l'OTAN en Iraq, puis dans les Balkans, d'abord en Bosnie Herzégovine, et désormais au Kosovo. En tout, plus de 400 soldats de l'armée luxembourgeoise ont participé à ce type d'opérations. La contribution de notre peloton d’éclaireurs à l'effort commun a été unanimement appréciée par nos alliés et partenaires.

Dans le domaine civil, le Luxembourg s'est notamment concentré sur les opérations d'observation électorale menées sous l'égide de l'OSCE ou du Conseil de l'Europe. Depuis 1994, le Luxembourg a ainsi participé à 16 missions d'observations électorales dans les Balkans, en Afrique et en Asie.

Par ailleurs, nous finançons, dans le cadre du Pacte de stabilité un certain nombre de projets qui favorisent la bonne gouvernance et la restauration d'institutions démocratiques et la tolérance entre communautés dans différents pays d'Europe du sud-est.

Nous participons aussi à des projets dans le domaine de la reconstruction et de l’assistance technique à nos futurs partenaires. Ainsi avons-nous développé avec ces pays une coopération concrète dans des domaines aussi variés que l’environnement, la santé ou la jeunesse. Plus récemment, l’accent a été mis sur le développement de capacités administratives et judiciaires, qui sont essentielles pour que ces pays puissent, le moment venu, se rapprocher de l’Union européenne.

Au-delà de notre participation active à l’unification européenne et à des opérations visant au maintien de la stabilité, notre présence et notre engagement se manifestent par la présence de nos missions diplomatiques bilatérales.

Nos gouvernements successifs on fait le choix d’être présents dans les grandes capitales européennes, mais aussi en Amérique du Nord, en Russie et dans un certain nombre de pays d’Asie.

Le rôle de nos missions diplomatiques est d’affirmer auprès de ces pays notre existence en tant qu’Etat souverain, mais aussi de nous y faire mieux connaître et d’y nouer des liens d’amitié et de coopération avec les milieux politiques économiques et culturels.

Dans des structures internationales toujours plus complexes, il ne suffit pas d’affirmer nos positions et de défendre nos intérêts autour des tables de négociation. Il convient de sensibiliser en parallèle les pays concernés aux raisons qui motivent notre action, et de préparer ainsi dans la discrétion les compromis qui se noueront durant les rencontres internationales. C’est là une tâche essentielle de nos missions diplomatiques.

Les contacts noués dans les pays où nous sommes représentés débouchent dans bien des cas sur des coopérations fructueuses dans le domaine économique et culturel. Nombre de nos compatriotes ignorent sans doute le rôle que jouent nos missions diplomatiques en matière économique. Combien d’entreprises étrangères se sont-elles établies dans notre pays, où elles créent des emplois et contribuent à la diversification de notre tissu économique, après qu’elles aient été démarchés avec patience et persévérance par nos représentants.

Notre coopération au développement représente un autre élément important de notre présence bilatérale à l’étranger. D’ici la fin de la législature, les fonds que le Luxembourg consacrera à la coopération au développement devraient représenter 1% de notre PNB. L’importance de ces moyens nous permet d’appuyer des projets et des politiques concrets dans les pays en développement, et d’établir avec les pays récipiendaires de notre aide un véritable partenariat, qui va bien au-delà du témoignage de solidarité symbolique. Ceci est particulièrement vrai pour l’Afrique, sur laquelle se concentre une large partie de notre aide publique au développement. L’ouverture cette année d’une Mission de Coopération à Dakar permettra de mieux coordonner nos activités de coopération dans les pays d’Afrique de l’Ouest.

Le système multilatéral des relations internationales représente l’une des fenêtres importantes par lesquelles notre pays peut élargir son action diplomatique à une dimension réellement internationale. En dépit de ses imperfections et de ses insuffisances, l'Organisation des Nations Unies reste essentielle en ce début du XXI siècle, puisqu'elle est la seule enceinte universelle où tous les Etats du monde peuvent se rencontrer et se parler.

Le multilatéralisme représente une avancée considérable sur la voie de la régularisation progressive des relations internationales, puisqu’il crée un filet de sécurité sans précédent, qui soumet celle-ci à la règle de droit plutôt qu'au caprice des Puissances.

Ceci vaut aussi pour les relations économiques internationales. Le nouveau cycle de négociations commerciales multilatérales, qui est en préparation à l’OMC, devra avoir une portée aussi large que possible et dépasser les questions commerciales proprement dites pour aborder la question du développement dans son ensemble. Nous devons être conscients du fait qu’un affaiblissement de l’OMC, et du cadre de garanties réglementaires qu’il offre, aboutirait à soumettre à nouveau les relations économiques internationales à la loi du plus fort.

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, notre pays a tenu à être présent, en tant que membre fondateur, dans toutes les organisations à caractère universel ou à caractère régional européen. En revanche, nous ne nous sommes pas toujours donné les moyens d'une participation active.

Le Luxembourg dispose pourtant aux Nations Unies d'un certain nombre d'atouts: il est membre de l'Union européenne, qui est un acteur majeur au sein du système onusien et qui est l'un des principaux défenseurs du système multilatéral. D'autre part, depuis l'an 2000, notre pays fait partie du club restreint des cinq pays ayant atteint l'objectif de consacrer 0,7% de son PNB à l'aide publique au développement. Ce fait vaut à notre pays de gagner le respect des autres membres de l'organisation, d'autant plus que désormais même en termes absolus, nous figurons aux alentours du vingtième rang (sur 189) parmi les contributeurs des grandes organisations du système des Nations Unies qui œuvrent en faveur du développement.

Une présence plus affirmée dans les organisations multilatérales devrait être le complément logique des efforts importants que nous consacrons à asseoir notre place en Europe et à exercer une solidarité active avec les pays les plus démunis.

Nous pouvons choisir de le faire au gré des urgences et des circonstances. Nous pouvons aussi agir dans le désir de la constance et de la cohérence, dans l’objectif précis de fortifier la coopération internationale et notre place au sein de celle-ci, et de dégager de cet objectif clair notre action au jour le jour. Le Gouvernement estime qu’il est dans l’intérêt de notre pays de focaliser ainsi son action.

Or il existe un symbole central de la responsabilité partagée pour la paix et la sécurité dans le monde : le Conseil de Sécurité des Nations Unies. Membre fondateur de l’ONU, le Luxembourg n’a encore jamais participé à cet organe suprême du système mondial de coopération internationale. C’est pourquoi le gouvernement luxembourgeois a retenu que notre pays marquerait son intérêt pour une participation à terme au Conseil de Sécurité, en y exerçant un mandat dans le courant de la prochaine décennie.

Certes, une telle participation au Conseil de Sécurité nécessitera la mise à disposition de moyens et de ressources humaines importants, mais elle représentera une contribution au service de la communauté internationale qui ne pourra qu’honorer notre pays.

Nous venons d'examiner ensemble les grandes questions qui se posent autour de notre intégration dans une Europe élargie et de notre présence dans le monde.

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LES PRIORITES

J'aimerais conclure mon intervention en reprenant un certain nombre de priorités que devra se fixer la diplomatie luxembourgeoise dans les années à venir.

L'année dernière, pour ma première déclaration de politique étrangère,  je soulignais que la promotion de nos valeurs, et plus particulièrement des droits de l'homme, représentait un élément essentiel de la politique du gouvernement luxembourgeois; à ce titre, elle sous-tend l'ensemble de nos relations extérieures.

Les droits de l'homme, la démocratie, la liberté d’expression, l'Etat de droit, la bonne gouvernance sont pour nous des valeurs fondamentales que nous défendons aussi bien dans les enceintes multilatérales que lors de nos contacts bilatéraux avec des pays tiers. De même, la politique de coopération luxembourgeoise est-elle fondée sur le respect de ces principes par les gouvernements partenaires. Notre objectif est que la dimension de la démocratie et des droits de l’homme devienne un élément normal des relations que nous établissons avec d’autres pays, au même titre que le sont les dimensions politique, de sécurité ou économique.

Certes, il ne s'agit pas d'imposer nos vues au nom d’un quelconque eurocentrisme, ou en raison d'un rapport de forces qui nous serait favorable. Au contraire, notre objectif est d'établir avec les pays concernés un dialogue constructif, qui favorise une coopération en vue de la mise en œuvre de valeurs qui sont universelles, tout en prenant en compte les sensibilités régionales ou culturelles. Tel est par exemple le cas avec la Chine et avec l'Iran, où un dialogue approfondi a permis un rapprochement progressif des points de vue, même si les progrès ne sont pas toujours aussi rapides qu'on l'eût souhaité.

Dans le cadre du Conseil de l'Europe, où notre pays assumera la présidence du Conseil des ministres en 2002, nous nous engageons en faveur des valeurs de paix, de justice et de solidarité, en vue de développer des sociétés démocratiques et tolérantes, dans l'acceptation de la différence et le respect des citoyens.

Dans le contexte de la mondialisation, les relations économiques avec le reste du monde acquièrent une importance toujours croissante. La présence et la visibilité de notre pays dans le monde passe aussi par le développement de notre commerce extérieur, et par la présence d'entreprises et d'investisseurs luxembourgeois en Europe de l'est, en Asie et sur le continent américain. La promotion de nos exportations, ainsi que les efforts consentis pour rendre notre pays attractif en tant que terre d'accueil pour des investisseurs étrangers, constituent dès lors un volet important de notre présence sur la scène internationale.

Bien que l'essentiel de l'effort dans ce domaine relève en premier lieu de l'initiative de nos entrepreneurs, le rôle de la puissance publique est d'encadrer et de cibler ces activités. Si le Luxembourg dispose d'un certain nombre d'instruments en vue de réaliser cet objectif, force est de constater que ceux-ci n'ont pas été révisés depuis une vingtaine d'années, et que nombre d'entre eux ne répondent plus aux besoins des entreprises. Or, si nous voulons, comme nous en avons d'ailleurs la responsabilité, mettre nos exportateurs sur un pied d'égalité avec leurs concurrents étrangers, notre dispositif a besoin d'être modernisé. A cet effet, un large effort de consultations a été lancé avec les milieux intéressés du secteur privé, et les différents organismes administratifs compétents. L'objectif poursuivi est d'étendre le champ d'application de ces instruments, d'en accroître l'efficacité et d'en faciliter l'utilisation par les entreprises concernées. J'espère être en mesure de tirer de cet échange de vues des conclusions concrètes dans le courant de cette année.

Dans l'environnement médiatisé qui est le nôtre, il est plus nécessaire que jamais pour un petit pays comme le Luxembourg de veiller à promouvoir une image de marque qui reflète le dynamisme, la diversité et les atouts de notre réalité économique et sociale. Nombre de pays amis se sont d’ailleurs engagés dans un exercice similaire.

L'expérience montre en effet que la perception que l'on a du Luxembourg à l'étranger est généralement très partielle, voire partiale, et se limite souvent à des clichés.

Un effort de projection de notre identité à l'extérieur prend toute son importance dans le nouveau contexte du projet européen, où le Luxembourg risque d'être moins identifiable dans un concert de 30 Etats membres.

Si nous voulons qu'une campagne d’information à l’extérieur ait un impact réel, il importe qu'elle soit crédible: pour ce faire, elle ne saurait se limiter à un évènement éphémère, mais elle devra s'inscrire dans la durée et elle doit être portée par les principaux acteurs de notre économie sur les marchés internationaux et notre réseau de représentations à l’étranger.

L’un des objectifs de notre effort est d’assurer une plus grande cohérence de notre message, de sorte à ne pas éparpiller les ressources limitées dont nous disposons.

C'est pourquoi mon Département a entrepris un important effort de concertation avec les forces vives de notre pays , en étroite coopération avec nos missions diplomatiques, en vue d’organiser une telle campagne

Les premiers éléments de recherche font apparaître que les médias étrangers mentionnent presque toujours le Luxembourg en association étroite avec l’Europe, et accessoirement dans le domaine de la finance ou de la sidérurgie. En dehors de ces domaines, le profil du Luxembourg reste très faible, même chez nos voisin immédiats. Pire, notre image, notamment dans le domaine financier, est fréquemment présentée de façon déformée.

Sans vouloir préjuger à ce stade du message définitif, il me semble que celui-ci devrait porter sur ce que nous avons de plus original et de plus noble à offrir, à savoir un certain mode de convivialité,  qui permet à des personnes d'origines et de cultures très diverses non seulement de vivre ensemble en harmonie, mais de s'enrichir mutuellement. En ces temps d'exclusion et de communautarisation, notre pays offre une image différente de ce que pourrait être l'avenir européen, où seraient réconciliés force d'intégration et respect de la diversité.

Nous devrons par ailleurs éviter de privilégier un secteur particulier de notre économie, comme par exemple la place financière ou le tourisme, mais montrer au contraire toute la diversité de notre vie économique et culturelle. Par ailleurs, des valeurs traditionnelles, telles que la stabilité, la flexibilité et la qualité, devront être mises en évidence.

Il est bien évident qu'un tel exercice ne pourra se faire en vase clos. C’est pourquoi je serai reconnaissante à la Chambre pour toute contribution qu'elle souhaiterait apporter à cet exercice. Une fois que les travaux de consultation et d'analyse auront été accomplis, je suis confiante que la campagne proprement dite pourra être lancée au cours de l’été ou au début de cet automne.

Nous l'avons vu, l'évolution qui se dessine en Europe et dans le monde ne signifie en aucune façon la disparition ou l’érosion de notre diplomatie nationale, mais bien une  adaptation et un renforcement de celle-ci. Telle est d'ailleurs la conclusion à laquelle sont arrivés nos principaux voisins en Europe.

Un pays comme le Luxembourg , s'il veut continuer à affirmer sa présence et à défendre son identité sur la scène internationale, a besoin, aujourd'hui davantage encore qu'hier, d'une diplomatie active, servie par un outil efficace et moderne.

Nous aurons encore longtemps besoin d'ambassades, non seulement à Pékin ou à Washington, mais aussi en Europe, dans les pays de l'Union et dans les pays candidats, afin de conforter notre coopération au niveau communautaire par un dialogue bilatéral actif et continu.

De même, nous devons renforcer nos Missions diplomatiques dans les organisations internationales, afin d'y faire entendre notre message et d'apporter notre contribution en faveur de la paix, de la prospérité et du développement de notre planète.

Aussi ai-je l'intention de procéder à un renforcement de notre réseau diplomatique à l'étranger.

Dès cette année, nous ouvrirons une ambassade à New Delhi. Il serait en effet difficilement concevable que nous restions absents d'une démocratie qui compte plus d’un milliard d'habitants, qui est un important pilier de stabilité en Asie du Sud et joue un rôle toujours croissant dans l'économie mondiale.

L'adaptation de notre outil diplomatique aux circonstances nouvelles ne saurait se faire sans disposer de moyens adéquats. Dès mon arrivée au Ministère des Affaires Etrangères, j'ai lancé un vaste effort de modernisation des infrastructures, notamment en matière de communications. Cet exercice se poursuit, et à la fin de l'année prochaine, le Ministère devrait disposer d'installations de transmission des informations performantes, qui correspondent aux exigences de l'ère électronique.

Reste la question des ressources humaines, qui est cruciale. C'est en effet sur l'engagement et la compétence de nos diplomates que repose pour beaucoup le succès de la politique étrangère de notre pays.

Or, la comparaison avec la situation dans d'autres pays montre que le personnel diplomatique luxembourgeois, à la Centrale et dans nos missions à l'étranger, est inférieur de 30 à 50% aux effectifs dont disposent par exemple des pays comparables par les dimensions ou le nombre d'habitants.

Les développements récents sur le plan international, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Union, montrent que des mécanismes de concertation nouveaux se mettent en place, auxquels le Luxembourg a été amené à déléguer des représentants.

L’élargissement de l’UE ne fera que renforcer le phénomène. Le gouvernement est conscient de ce défi et prêt à l’accepter.

Aussi entendons-nous faire un effort conséquent en vue de créer un réseau complet de relations avec tous les pays de notre continent, en ayant recours à des diplomates non résidents, mais aussi en procédant à la création de nouvelles missions diplomatiques. Cet effort s’étalera sur les prochaines années, et devrait en tout état de cause être opérationnel au moment de la prochaine Présidence luxembourgeoise de l’Union européenne au 1er semestre 2005. Varsovie, Prague et Budapest seront les capitales où le Luxembourg envisage d’être représenté à l’avenir par une présence directe.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

L’exposé que je viens de vous faire sur l’état de nos relations extérieures a pu vous paraître adopter une tonalité inusitée. Je n’éprouve cependant pas d’hésitations à soumettre mes réflexions aux commentaires de votre Haute Assemblée.

La responsabilité que j’exerce au ministère des Affaires étrangères exige une vue globale et précise des contraintes extérieures qui s’imposent à notre politique extérieure, autant que des atouts qui sont les nôtres.

Le Luxembourg, qui est un des pays les plus prospères du monde, se doit d’assumer ce « bonheur » dans la pleine conscience des responsabilités qui lui incombent en tant qu’Etat souverain et pays développé. Il doit aussi assumer la chance qui a été la sienne d’avoir été un acteur dans quelques-uns des projets les plus enthousiasmants de l’histoire récente des relations internationales.

Flexibilité et mobilité furent les maîtres mots qui ont caractérisé l’état d’esprit des luxembourgeois, par ailleurs soucieux du travail bien fait comme du maintien de leur identité spécifique.

Voilà qui ne devrait pas changer, et ces principes devraient continuer de guider les responsables de l’action extérieure du Luxembourg.

Je terminerai mon propos par une citation :

2001 n’a pas seulement été déclarée l’année internationale du volontariat, mais encore celle du dialogue entre les civilisations. Cette initiative a été prise à l’ONU sous l’impulsion nul autre que l’Iran.

Il n’aura échappé à personne qu’au même moment, en Afghanistan, les Talibans, au-delà du régime inhumain qu’ils imposent à leur population, et notamment aux femmes, ont franchi un nouveau pas dans la barbarie en procédant à la destruction du patrimoine culturel de leur pays, patrimoine qui appartient en fait à l’humanité toute entière, en dynamitant des sculptures monumentales de la période bouddhiste.

Dans ce contexte paradoxal, le représentant du Sri Lanka s’est référé, lors d’un récent débat devant l’Assemblée générale de l’ONU, à l’enseignement du Bouddha, en rappelant cet adage :

"The greatest warrior among all, is he who conquers himself"

Cet appel s’adresse aussi bien aux pays qu’aux individus.

Je le lis comme une recommandation à être libre et responsable, dans le respect de soi-même et des autres. Par ce dernier aspect, la conquête de soi-même contient la responsabilité et la solidarité envers les autres.

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