Déclaration du gouvernement sur la situation économique, sociale et financière du pays 2009 (traduction française)

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Chers collègues,

Voici le 15e et peut-être – suivant la décision des électeurs de juin prochain – le dernier discours sur l’état de la nation que je peux prononcer devant la Chambre des députés. Cinq fois, j’ai tenu le discours sur l’état de la nation au nom d’un gouvernement PCS-PD et dix fois au nom d’un gouvernement PCS-POSL. Ce discours n’a jamais été – ni n’est – un discours émanant de ma seule personne. Il en va de même pour la présente déclaration, qui n’est pas une déclaration personnelle, ni un exposé présenté en mon nom personnel, ni encore un essai rédigé par moi seul. Si elle l’était, cette déclaration serait plus complexe, plus nuancée et probablement, elle comporterait plus de points d’interrogation derrière les phrases qui portent sur les perspectives à long terme, celles dont la portée dépasse l’actualité du jour. Or, c’est au nom d’un gouvernement arrivé en fin de mandat que je parle. Il ne m’appartient pas de parler au nom du gouvernement appelé à diriger le pays après le mois de juin. Si je voulais parler en son nom, vous qualifieriez mon approche à juste titre d’arrogante et de présomptueuse. Mon parti – et partant moi-même – nous sommes loin d’être certains de faire partie du prochain gouvernement. Et, dans cette enceinte, beaucoup rêvent – comme ils l’avouent eux-mêmes périodiquement – d’un gouvernement sans PCS. Parfois, ils ont rêvé tout haut au point que, le soir des élections – lorsque l’électeur les aura brusquement réveillés – je me souviendrai de leurs rêves. À ce moment-là, ils ne pourront pas dire que, des années durant, ils ont parlé dans leur sommeil. Je prends pour argent comptant ces rêves anti-PCS et c’est aussi en argent comptant que je rendrai la monnaie de leur pièce à ceux qui ont fait ces rêves.

Or, étant donné que ce discours ne doit être ni un essai personnel ni une déclaration de mon parti, mais une déclaration du gouvernement, j’en viens sans trop de digressions aux points principaux des explications que je vous donnerai aujourd’hui. Et ces points se composent des questions sur l’avenir du Luxembourg et de celles qui touchent à la cause du Luxembourg.

La cause du Luxembourg, la cause des Luxembourgeois, ici et en Europe, la cause de l’Europe au Luxembourg, voilà quelque chose qui nous concerne tous au même titre. C’est à cette cause que nombre de Luxembourgeois ont travaillé, avec plus ou moins de succès, au cours des dernières décennies. Les partis politiques étaient le vecteur de leurs volontés et ambitions. Les représentants du PD, du POSL et du PCS – les seuls qui aient eu à assumer la responsabilité gouvernementale au cours des dernières décennies – ont, sans exception, fait de leur mieux afin de servir pour le mieux la cause du pays. À ce jour, j’ai travaillé, au sein du gouvernement, avec 40 collègues appartenant à ces trois partis. L’impression que j’ai eue, et que j’ai toujours, c’est que chacun d’eux voulait bien s’acquitter de sa mission et que, dans l’ensemble, chacun d’eux y est parvenu. Si, en pleine crise, le Luxembourg va mieux que les autres pays européens, le mérite leur en revient collectivement. Et si nous ne sommes pas parvenus à surmonter certains points faibles, la responsabilité leur incombe aussi collectivement.

Vu que – c’est probablement une question d’âge – j’en suis arrivé à la biographie de ceux qui avaient à assumer des responsabilités dans ce pays, je veux ajouter deux remarques très personnelles à cette rétrospective, remarques qui, probablement, ne plairont pas à tout le monde, mais qui me tiennent néanmoins à cœur.

Ce débat est le dernier auquel vont participer deux collègues que je peux considérer comme des amis personnels, même s’ils ne sont pas membres du même parti que moi. L’amitié entre les hommes et la complicité qui les unit dans la poursuite d’un objectif commun n’ont rien à voir avec les partis. Les partis ne doivent pas créer de frontières entre les personnes qui – dans l’ensemble – veulent servir les mêmes objectifs.

Charles Goerens a décidé de faire ses adieux à la politique purement nationale. Il est désormais candidat aux élections européennes – un choix qui mérite le respect, parce qu’il correspond à son engagement européen qu’il prouve avec brio depuis de longues années. Sans vouloir anticiper sur la volonté de l’électeur, j’aimerais croire qu’après le 7 juin, il sera l’un des 6 eurodéputés luxembourgeois. L’engagement pour l’Europe et en Europe n’exclut pas un engagement purement national. Les deux sont compatibles, et c’est pour cette raison que le choix de Charles Goerens mérite le respect. Il était un bon ministre, il sera en Europe une voix forte pour le Luxembourg et tous mes vœux l’accompagnent dans sa nouvelle mission. Si ce choix est bon pour l’Europe, cela ne veut pas dire qu’il soit mauvais pour le Luxembourg. La présence d’un homme capable en Europe, c’est un avantage pour le Luxembourg. La nouvelle mission de Charles Goerens sera à la fois une bonne chose pour le Luxembourg au sein de l’Europe et pour l’Europe au Luxembourg. Tous mes meilleurs souhaits, Charles. Tu seras à la hauteur de la tâche.

Le départ de Charles Goerens, je le vois en pleurant d’un œil et en riant de l’autre. Parce qu’il ne disparaît pas de la scène politique. Cependant, il y en a un autre dont je vois le départ en pleurant des deux yeux. C’est de John Castegnaro que je parle. Il n’est plus candidat aux élections législatives, bien qu’il soit tout à fait clair qu’il aurait été réélu. Il quitte une scène publique sur laquelle il a exercé, en tant que syndicaliste et homme politique, une grande influence dans de nombreux domaines. Il quitte à présent la scène politique directe, lui avec qui j’ai eu de nombreux conflits, conflits qui, toutefois, n’étaient jamais haineux. Sans le concours et les réfllexions de John Castegnaro – et tant le concours que les réflexions impliquent une part de responsabilité à assumer – le dialogue social et le modèle social luxembourgeois n’auraient pas atteint leur degré de maturité actuel. John Castegnaro a bien mérité de ce pays, et ce de manière exceptionnelle. C’est en ami partageant bon nombre de ses points de vue que je lui présente mes meilleurs souhaits, non sans le remercier des bons conseils qu’il m’a donnés et de la complicité qui a résisté à toute épreuve, même dans les moments difficiles. Tous mes meilleurs souhaits, John, ennemi et ami de longue date. Merci.

C’est en des termes similaires, voire identiques, que je pourrais parler de et en faveur de Marcel Glesener, qui met également un terme à sa carrière publique. Mais on ne dit pas ce genre de choses aux membres de son propre parti. On ne les remercie pas coram publico – on le fait à l’abri du public. Toutefois, dans son cas, je veux et je dois faire une exception, même dans cette enceinte. À John Castegnaro et à Marcel Glesener, je dis: si vous n’êtes pas d’accord avec ce qui se fait et ce qui se passe, dites-le. Mais faites-le avec un peu plus de discrétion que lorsque vous étiez au sommet de votre carrière. Et comme j’ai grandi à Belvaux, je me sens dans l’obligation de remercier également l’ancien bourgmestre de Sanem, Fred Sunnen – parce que lui aussi met un terme à sa carrière politique active – pour tout ce qu’il a fait pour «notre» commune et pour la réanimation de Belval. Tout mon respect, Fred, et merci à toi aussi.

Monsieur le Président,

En fin de législature, celui qui fait cette déclaration est toujours confronté à la même question: faut-il mettre l’accent sur le bilan du gouvernement ou faut-il décrire les solutions possibles aux problèmes qui nous guettent à l’avenir? Toutefois, cette question n’est qu’à première vue intéressante. Car, quoi que je fasse et quelle que soit la manière dont je le fais, il est clair a priori quelles seront les réactions, comme si elles étaient coulées en béton. Les partis gouvernementaux font l’éloge du bilan, l’opposition le critique. Présenter un bilan est le garant d’un débat stérile. D’un autre côté, si vous renoncez au bilan, on dira que vous n’avez pas de bilan à présenter. Que faire face à cette situation? Peut-être serait-il judicieux de commencer par des extraits – je l’avoue – bien choisis de la déclaration gouvernementale d’août 2004. La déclaration gouvernementale d’août 2004 a donné le ton, la mélodie ne s’est fait entendre qu’au cours des années suivantes. Commençant pianissimo, elle a connu par la suite un crescendo progressif; actuellement, la musique universelle ressemble à une pièce jouée par un orchestre global entraîné par la panique et le chaos, à une improvisation dysharmonique sans chef ni partition.

Comme si j’avais eu un léger pressentiment de ce qui allait se passer, j’ai dit lors de la présentation du programme au début de la législature les phrases suivantes qui, lorsque je les ai prononcées, n’ont pruduit aucun effet, mais qui, cinq ans plus tard, prennent un relief particulier. Le 4 août 2004, j’ai dit dans cette enceinte: «Le programme gouvernemental contient beaucoup de choses, mais pas tout. Il contient tout ce que nous voulons faire», ai-je dit. Et j’ai continué en disant: «Il ne contient pas tout ce que l’évolution du monde nous obligera à faire. Car à côté du Luxembourg, il existe un monde tout entier qui se développe selon ses propres lois, lois que le monde lui-même ne connaît pas encore, mais qui, une fois formulées, s’imposeront aussi à nous.» Voilà exactement ce qui s’est passé: le monde a connu des changements dramatiques depuis août 2004. Chez nous, d’aucuns ne l’ont pas encore remarqué. Or, ceux que le chômage partiel ou la suppression de leur emploi suite à des mesures de rationalisation privent d’un cinquième de leur revenu, soit 20% de leur pouvoir d’achat, ceux-là s’en sont rendu compte. Pour eux, la crise n’est pas un bruit qui court, une rumeur qui circule: pour eux, la crise est aujourd’hui une dure réalité vécue au quotidien.

La crise financière et économique n’est pas tombée du ciel. Loin d’être une catastrophe naturelle, elle est, en grande partie, d’origine humaine.

Dès l’entrée en fonction du gouvernement, la planification de la politique économique et financière a dû se faire dans un environnement extrêmement incertain et volatil. Le caractère embrouillé de la situation générale dans laquelle devaient s’inscrire l’économie et les finances se manifeste à travers deux chiffres. Le 4 août 2004 – le jour de la déclaration gouvernementale – le taux de change euro/dollar était de 1,1983, alors que le prix du pétrole s’élevait à 41,75 dollars le baril. Quatre ans plus tard, en juillet 2008, le taux de change frôlait la barre des 1,60 – maximum absolu depuis l’introduction de l’euro – alors que le prix du baril était de 143,68 dollars. Et en juillet 2008 – c’est-à-dire il y a neuf mois – tous les observateurs étaient d’avis que le cours de change euro/dollar et les prix pétroliers allaient rester plus ou moins au niveau qu’ils avaient atteint à l’été 2008. Or cette année, le 15 avril, le cours de l’euro n’était plus que de 1,3173, alors que le prix du baril a chuté à 52,80 dollars. Rien que l’évolution de ces taux et prix montre qu’une prévision exacte de la croissance et des chiffres budgétaires a été et reste impossible. Quant aux fluctuations de nos chiffres fondamentaux ayant une incidence sur le budget et l’économie, l’explication objective en est la suivante: le gouvernement n’a ni triché ni raconté des histoires. Il s’est basé sur les mêmes prévisions internationales que les autres gouvernements européens. En l’espace de cinq ans, ces prévisions ont changé dix fois; cependant, grâce aux mesures d’économies décidées par la Tripartite en 2006, nous avons pu stabiliser nos finances publiques, si bien qu’aujourd’hui, face à la crise la plus grave depuis des décennies, nous pouvons mener une politique budgétaire permettant d’atténuer les effets de l’effondrement conjoncturel et d’éviter des coupes claires au niveau des prestations sociales. Une fois de plus, on voit l’intérêt de mener une politique budgétaire prudente lorsque l’économie va bien afin de pouvoir éviter une politique sociale imprudente en période difficile. Leçon à retenir!

L’incertitude et le manque de précision des prévisions et pronostics subsistent. En octobre 2008, tous les États de la zone euro se sont attendus à une croissance positive pour 2009. Aujourd’hui, quelques mois plus tard seulement, la zone euro est en pleine récession. En octobre 2008, nous croyions encore que l’économie luxembourgeoise afficherait en 2009 une croissance de 3%. Or actuellement, le Statec s’attend à une diminution du PIB de l’ordre de 1,8% en 2009. Dans quelques semaines, la Commission européenne nous informera que notre économie pourra connaître cette année une croissance négative pouvant aller jusqu’à 3%.

Mais au fait, que signifient ces chiffres abstraits?

Ils signifient que pour l’économie, 2009 sera une très mauvaise année. Et que 2010 sera une année exceptionnellement difficile.

Ils signifient que – dans le cas d’une croissance négative de 1,8%, comme le prévoit le Statec – la somme des revenus des ménages et entreprises, de l’ordre de 36 milliards 662 millions, plutôt que d’augmenter d’un milliard 100 millions, comme on s’y était attendus en octobre 2008, diminuera de 700 millions d’euros. En d’autres termes, la prospérité globale du pays sera, fin 2009, de 1800 millions d’euros ou de 72 milliards de francs luxembourgeois inférieure aux prévisions d’il y a six mois seulement. Si la prévision de moins 3% de la Commission se confirmait, nos revenus seraient de 2 milliards 200 millions d’euros, soit près de 89 milliards de francs luxembourgeois, inférieurs aux prévisions.

La réalité de ce tassement apparaît déjà clairement à travers les chiffres budgétaires connus à ce jour. Toutefois, le plein effet de cette évolution négative de l’économie ne sera perceptible qu’en 2010.

Au 31 mars de cette année, l’État a réalisé des recettes de 2 milliards 440 millions d’euros, soit 24,9% du budget voté. L’année dernière, nous avons réalisé au cours des trois premiers mois 28,1% des recettes votées. Pour les recettes brutes, le moins perçu s’élève à ce jour à 65 millions d’euros. Certaines recettes fiscales directes ont connu, au cours des trois premiers mois de cette année, une légère augmentation, comme par exemple les recettes au titre de l’impôt sur le revenu, qui ont augmenté de 1,3%. Ces recettes ont augmenté du fait de la création de 3.345 nouveaux emplois au cours des mois de janvier et février. Plus de 3.000 nouveaux emplois, ce chiffre paraît important et il est vrai que c’est un chiffre important. Or, il faut savoir qu’au cours de la même période de l’année 2008 – c’est-à-dire en janvier et février – nous avons créé plus de 6.000 nouveaux emplois. Si, en 2009, nous étions aussi performants qu’en 2008, nous aurions près de 3.000 contribuables et certainement plus de 3.000 cotisants supplémentaires. D’autres recettes fiscales diminuent: moins 53 millions d’euros ou 14,8% pour l’impôt sur les collectivités, moins 59 millions d’euros ou 35% pour la taxe d’abonnement, moins 17 millions ou 2,6% pour la TVA et moins 17 millions ou 5,1% pour les recettes douanières.

Voilà les chiffres des mois de janvier, février et mars. Ils ne disent pas tout. Il importe cependant de les connaître, parce qu’ils permettent de se faire une idée de l’évolution éventuelle de demain.

Pour le budget 2009, cela veut dire que, vu d’aujourd’hui – et compte tenu des augmentations de dépenses dues à la crise – nous aurons un déficit global des finances publiques de 640 millions d’euros, soit au moins 1,7% de notre PIB. Personnellement, je pense que d’ici la fin de l’année, il aura nettement dépassé 2%. En effet, les recettes fiscales continueront de diminuer, alors que les dépenses sociales, que, pour accompagner la crise, nous maintenons à un niveau élevé, continueront à augmenter. Actuellement, les réserves de nos fonds d’investissement s’élèvent à 1,9 milliards d’euros. Ces réserves risquent d’être épuisées d’ici fin 2010. Dans ce cas, les réserves des fonds d’investissement seraient égales à zéro, à sec, comme je l’ai dit ailleurs. Les fonds de réserve. Non pas le pays. Même si les réserves des fonds d’investissement sont épuisées, le Luxembourg, en tant qu’État et en tant que pays, ne sera pas à sec. Il faut bien faire attention aux mots et à leur signification réelle.

Monsieur le Président,

Nous déplorons la dégradation des finances publiques. Certes, le niveau actuellement faible de l’inflation et des taux d’intérêt ont, dans l’ensemble, un effet bénéfique sur les finances publiques. Toutefois, il faudra accepter l’idée qu’en 2009 et 2010, les comptes de l’État afficheront un déficit et que la dette publique augmentera. Il s’agit là d’une évolution inévitable, compte tenu de la croissance actuellement négative de l’économie et du faible niveau de croissance positive attendu pour 2010. Je ne peux pas vous dire quelle sera la perte de vitesse économique en 2009 et dans quelle mesure nous serons en mesure de la récupérer en 2010. Et je ne connais personne qui soit capable de me le dire avec précision. Beaucoup dépendra de l’évolution de l’économie mondiale et de l’évolution économique dans la zone euro, notamment chez nos voisins immédiats. Nous sommes d’avis que les paquets conjoncturels décidés en Europe – paquets équivalents à non moins de 3,5% du produit intérieur brut européen – auront des impacts positifs en 2010. Nous sommes d’avis que cette revitalisation de l’économie européenne aura également un impact favorable sur la situation au Luxembourg. Mais en attendant, nous ne pouvions pas rester les bras croisés au Luxembourg, en espérant que de bonnes nouvelles nous viendraient de l’étranger. Nous étions obligés d’agir nous-mêmes, de manière autonome – bien que dans un cadre coordonné à l’échelle européenne. Nous sommes tout à fait conscients qu’une économie petite et extrêmement ouverte comme la nôtre n’a pas la masse critique nécessaire pour lancer une politique de croissance exclusivement luxembourgeoise nous permettant de nous catapulter de nos propres forces sur le chemin de la croissance. Cependant, nous sommes également conscients de notre obligation de tout faire pour préserver au maximum nos emplois et nos capacités productives. Et surtout, nous savons que nous disposons des moyens financiers nécessaires pour lutter énergiquement contre la crise en 2009 et 2010. Grâce à une politique budgétaire prudente et conçue sur le long terme, grâce aux marges budgétaires rendues possibles par les mesures d’économies décidées par la Tripartite en 2006 et grâce à une faible dette publique, nous sommes mieux préparés aux défis actuels et futurs que nos voisins qui croulent sous l’ampleur de leurs déficits budgétaires et de leur dette publique. La question était la suivante: profitons-nous de cette situation relativement favorable pour relancer la conjoncture – quitte à augmenter les déficits et la dette publique – ou mettons-nous l’accent sur la consolidation budgétaire – quitte à provoquer une augmentation supplémentaire du chômage et du nombre de faillites? Le gouvernement a fait son choix: l’État doit compenser l’insuffisance des investissements et de la demande du secteur privé par une augmentation des investissements publics et un renforcement des instruments de stimulation de la demande. Pour cette raison, nous sommes convaincus qu’il est actuellement judicieux de dépasser le niveau des déficits et des dettes initialement prévu. À une condition cependant: une fois que la reprise aura commencé et que l’économie ira mieux, il faut tout de suite commencer à consolider les finances et à faire des économies. Les déficits sont comme le dentifrice: il est facile de le faire sortir du tube, mais il est beaucoup plus difficile de l’y faire rentrer. Davantage de déficit maintenant, d’accord. Davantage de dettes maintenant, d’accord. Mais non pas dans des proportions entraînant une charge démesurée pour les générations futures. Ce sont ces conclusions et réflexions fondamentales qui ont présidé, au cours des derniers mois, à l’action du gouvernement. Le programme conjoncturel que nous avons proposé en tient compte. Il se monte à 1.228 millions d’euros, soit 3,24% de notre produit intérieur brut. Il vise à préserver le pouvoir d’achat et, partant, la consommation dans le pays. À cet effet, nous avons procédé à une réduction de la charge fiscale des particuliers moyennant un ajustement du barème de l’ordre de 9% au lieu des 6% prévus en mai: ce faisant, l’État renonce à 342 millions d’euros de recettes. La consommation peut aussi être stimulée par l’introduction de crédits d’impôt nets destinés aux salariés, retraités, pensionnés et parents isolés disposant de revenus plus faibles. Leur coût s’élève à 98 millions d’euros. Nous avons introduit une allocation de vie chère deux fois plus élevée que l’allocation de chauffage, soit des dépenses supplémentaires de 17 millions. 20 millions d’euros seront utilisés pour exempter l’épargne-logement de la retenue à la source, pour opérer des améliorations en matière de remboursement de la TVA logement et pour multiplier par deux la part fiscalement déductible de l’assurance solde restant dû. Grâce à l’ajustement des rentes et pensions, les personnes concernées disposeront d’un revenu supplémentaire de 63 millions d’euros. Bref, ces mesures, auxquelles il convient d’en ajouter d’autres, correspondent – notamment si on prend en compte la tranche indiciaire échue en mars et l’augmentation du salaire social minimum garanti – à une augmentation du pouvoir d’achat de 950 millions d’euros en 2009. Il est inexact de dire que le pouvoir d’achat a diminué. Même si l’on prend en compte quelques augmentations fiscales isolées et limitées introduites au cours des dernières années, ce constat reste inchangé.

Le restant du paquet conjoncturel se compose d’investissements publics supplémentaires – 17 millions d’euros cette année et 80 millions l’année prochaine –, des mesures spécifiques en matière de logement et des programmes d’aide temporaires s’adressant notamment aux PME.

Je lis régulièrement que le programme d’investissement que nous avons lancé serait du n’importe quoi, qu’il serait le résultat d’une démarche actionniste sans proposer aucune mesure réfléchie et qu’il abandonnerait les objectifs de durabilité. Nous rejetons cette critique. Ce que nous faisons dans le domaine de la performance énergétique des logements, des voitures peu polluantes, de la prime à la casse, des énergies renouvelables, des articles ménagers à faible consommation d’énergie, des chemins de fer, des autoroutes de l’information, de l’infrastructure postale et dans le domaine de la recherche et du développement s’inscrit dans une approche durable, crée des emplois qui, autrement, n’existeraient pas et améliore nos atouts et nos chances d’un redémarrage réussi pendant la première phase de la reprise économique.

Or, tout cela coûte beaucoup d’argent.

Je viens de dire qu’une fois la crise terminée, il faudra réduire nos dettes et déficits. Cela veut dire aussi qu’en 2010 et 2011 – années pendant lesquelles il faudra continuer à soutenir la conjoncture – il faudra commencer à s’engager à nouveau dans la voie de la consolidation. Il faudra passer au crible les crédits budgétaires: chaque dépense doit être remotivée dès le premier euro. En principe et dans l’ensemble, la croissance des dépenses courantes ne doit pas être supérieure à celle de l’indice des prix à la consommation. Toute subvention facultative accordée par l’État doit être scrupuleusement justifiée. À défaut d’une telle justification, elle devra être supprimée. Certes, il faut également prévoir certaines améliorations fiscales pour la prochaine législature, mais personnellement, je ne vois pas comment on pourrait mettre en œuvre au cours des 24 à 30 premiers mois un allègement généralisé de la charge fiscale. En matière d’indexation, la perspective d’une inflation faible nous permet de revenir au régime légal en vigueur jusqu’en 2006. En ce qui concerne le développement éventuel des prestations de sécurité sociale, il faut scrupuleusement peser le pour et le contre avant de se décider soit pour des prestations en nature soit pour des prestations en espèces. Vu d’aujourd’hui, je suis d’avis que de toute manière, on ne sera guère en mesure de faire des folies en matière sociale. Toutefois, le démontage social est une réponse à la crise que je veux exclure. Le salaire social minimum garanti tout comme d’autres prestations sociales et, d’une manière générale, une protection sociale performante sont des facteurs de cohésion sociale. Nous ne devons pas mettre en jeu de manière irréfléchie la cohésion et la solidarité sociales. Au cours des années passées, nous avons bien fait de ne pas suivre les recommandations du Fonds monétaire international et de l’OCDE visant à supprimer le salaire social minimum garanti et l’indexation et à réduire la protection contre le licenciement. À l’avenir, nous voulons rester sur la bonne voie. Il faut que le contrat de travail à durée indéterminée reste la règle au Luxembourg. Un contrat de travail favorisant la précarité empêche les gens de planifier leur vie et celle de leurs enfants. Ils ont besoin de cette sécurité afin de pouvoir travailler tranquillement et fournir un travail de qualité dans de bonnes conditions de productivité.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

J’ai dit il y a quelques instants que la crise financière et économique, qui nous rend la vie actuellement si difficile, n’est pas une catastrophe naturelle devant laquelle il faut plier l’échine, mais qu’elle est d’origine humaine. Si nous voulons éviter qu’elle ne se reproduise après-demain, nous devons dès à présent tirer de ce qui s’est passé les leçons qui s’imposent.

Les descriptions des origines de la crise sont en train de remplir des étagères entières. Il y a de nombreuses explications à cette crise, et il est impossible de les passer en revue toutes. J’aimerais cependant évoquer quelques éléments, des points qu’on ne peut plus changer et des évolutions négatives qu’il est possible de renverser.

- La crise a son origine sur le marché hypothécaire américain. Les banques avaient accordé des prêts à des gens qui ne disposaient pas des ressources nécessaires pour les rembourser. Les banques avaient sous-estimé les risques, et une fois qu’elles s’étaient rendu compte de leur véritable ampleur, elles ont, par le biais de produits financiers complexes, pris encore davantage de risques dont elles ne saisissaient ni l’ampleur ni la qualité. De nombreuses banques aux États-Unis – malheureusement aussi en Europe – ont tout simplement mal fait leur métier. Conclusion: il faut une régulation plus stricte et plus poussée du système bancaire et financier. À l’avenir, aucun produit financier, aucun acteur financier, aucune place financière ne devra plus fonctionner sans contrôle ou surveillance. Il faut une collaboration beaucoup plus étroite entre les autorités de surveillance, et ce aux niveaux tant européen que mondial. Cela veut dire qu’au Luxembourg – où les instruments de surveillance fonctionnent de manière efficace – nous devrons renoncer à une partie de notre liberté d’action, de notre autonomie et de nos possibilités d’arbitrage. Une place financière sérieuse comme la nôtre doit pouvoir faire face à ces défis, et elle le fera.

- Ces dernières années, on a assisté à l’apparition d’une mentalité aux effets pervers. De plus en plus de gens voulaient gagner de plus en plus rapidement de plus en plus d’argent sans travailler pour cet argent. «Lassen Sie Ihr Geld über Nacht für sich arbeiten» (Faites travailler votre argent pour vous pendant que vous dormez), voilà ce qu’on pouvait lire il y a quelques semaines, en pleine crise donc, dans un quotidien luxembourgeois, incitant quasiment le lecteur à refaire les mêmes erreurs. Non, on ne s’enrichit pas en faisant travailler les autres pour soi. Il faut travailler soi-même pour parvenir à quelque chose. La leçon qu’il faut tirer de cette crise, c’est que le plus important est le travail personnel de chacun. C’est pourquoi il mérite plus de respect que jusqu’ici. Ce qu’il faut respecter, c’est le travail personnel et non pas la spéculation aux dépens d’autrui.

- Au cours des deux dernières décennies, on a trop souvent écouté ceux qui, dans les grandes banques, la grande industrie, les organisations financières internationales et les groupes et actions de réflexion axés sur les résultats, ont défendu une dérégulation sans gêne sur toute la ligne. Parmi les politiques aussi, beaucoup ont rejoint les chantres de la shareholder value et du profit à tout prix. «Le marché règle tout», voilà un mot d’ordre auquel on s’est opposé avec trop peu d’énergie. Le marché ne règle pas tout si l’État ne le dote pas de règles appropriées. Le marché en tant que tel ne crée pas de solidarité. La solidarité ne peut naître que de la combinaison de l’efficacité des marchés et d’une politique sociale de l’État. La philosophie radicale du marché a fait naufrage; elle est bonne à jeter. Les principes de base et les vertus cardinales de l’économie sociale de marché doivent revenir au centre de la vie économique. L’économie n’est pas une fin en elle-même, elle doit être au service de l’homme. C’est pourquoi je suis content qu’au Luxembourg, nous n’ayons pas cédé aux chants des sirènes de l’anti-solidarité, qui avaient essayé de nous faire accepter ce nouveau monde dérégulé en nous persuadant de son charme. C’est pour la même raison que je suis content que nous n’ayons pas privatisé la poste, la Banque et Caisse d’Épargne de l’État ou les CFL, que nous nous soyons abstenus de flexibiliser et de défigurer complètement le droit du travail, de démanteler les services de santé, de supprimer le salaire social minimum garanti et le revenu minimum garanti et de démanteler la protection sociale. À l’étranger, on nous a souvent taxés de représentants d’un romantisme social dépassé, lorsque nous nous sommes opposés à une dérégulation à outrance d’inspiration néolibérale. Au Luxembourg, une renaissance de l’économie sociale de marché n’est pas nécessaire, parce que nous ne l’avons pas laissée mourir. Au Luxembourg, on ne parle plus de l’État dégraissé, et c’est une bonne chose. Au Luxembourg, on ne parle plus d’un État qui, à force de tout réglementer, étranglerait tout, et c’est encore une bonne chose. Ce qu’il nous faut, c’est un État responsable et actif, qui ne se mêle pas de la vie privée des gens, mais qui se mêle de l’économie lorsque l’intérêt du pays et des gens l’exige.

Un État faible n’est pas capable de protéger les faibles. Or, les forts sont également faibles si l’État n’est pas fort. C’est là un fait que nous avons constaté très clairement, lorsque l’État a aidé Fortis et Dexia à rester forts. Un État faible et anémique n’en aurait pas été capable.

Je dois revenir à l’action de sauvetage de ces deux banques, parce que je continue à lire et à entendre dire que l’État aurait fait cadeau à ces deux établissements – aux banquiers, comme disent les gens – de milliards d’euros sans motif vraiment valable et sans contrepartie. C’est inexact.

Pourquoi avons-nous sauvé, pourquoi avons-nous dû sauver ces deux banques? Fortis Luxembourg et Dexia Luxembourg n’avaient pas commis d’erreur, elles n’avaient pas elles-mêmes de problèmes de solvabilité. Cependant, elles ont été entraînées dans le tourbillon des événements par leurs maisons mères lorsqu’après la faillite de la banque d’investissement américaine Lehman Brothers le 15 septembre 2008, celles-ci furent confrontées à des problèmes gigantesques. Le risque de voir s’écrouler Fortis et Dexia était tout à fait réel. Si une seule de ces deux banques avait dû fermer ses portes, ne fût-ce que pour une journée ou, pire, pour toujours, les conséquences en auraient été extrêmement graves. Les clients par exemple n’auraient plus eu accès à leurs comptes courants ou leur épargne. Les entreprises qui avaient leurs comptes auprès de ces banques n’auraient pas pu payer leurs salaires et traitements. En plus, d’autres banques travaillant avec les deux établissements en difficulté auraient connu à leur tour une situation difficile: si une banque systémique s’écroule, d’autres établissements bancaires suivront. Quant aux employés de Fortis et de Dexia, ils auraient perdu leur emploi. Sans parler de l’impact négatif qu’une telle catastrophe aurait eu sur la crédibilité de la place financière, mettant ainsi en péril d’autres banques luxembourgeoises fondamentalement saines qui, à leur tour, se seraient écroulées.

Bref, le pays et ses habitants en auraient fait les frais, des existences auraient été détruites, des projets prévus auraient dû être abandonnés.

Face à une telle situation, le gouvernement n’avait pas le temps d’organiser séminaires et hearings. Il fallait agir, et ce rapidement – du vendredi en début de soirée au dimanche tard dans la soirée.

Le gouvernement a dû trouver près de trois milliards d’euros, 2,5 milliards pour Fortis-BGL, 376 millions pour Dexia-BIL, plus une garantie étatique plafonnée à 4,5 milliards d’euros.

Ces aides ne constituent pas un cadeau pour les banques. Elles sont soumises à un taux d’intérêt de 10%. Dans le cas de la BGL, nous sommes devenus actionnaires, alors que pour Dexia, nous pouvons convertir notre prêt en actions. En plus, l’État a acquis les participations stratégiques des deux banques dans Luxair, Paul Wurth et la Bourse. Il l’a fait pour éviter qu’à Paris ou à Bruxelles, on ne dispose de ces participations de manière à nuire à nos intérêts économiques. Le ministre du Trésor, Luc Frieden, a piloté l’ensemble de ces opérations. Dans ce contexte, je tiens à lui exprimer mon respect. Il a réussi son brevet de pilote. Jeannot Krecké et moi, nous n’étions que copilotes. Jeannot Krecké est non seulement un spécialiste de la voile, mais encore un bon pilote.

L’État ne devient pas banquier. Il n’appartient pas aux ministres de diriger une banque. Nos représentants accompagneront la gestion de ces deux banques jusqu’à ce qu’elles soient à nouveau capables de voler seules. À ce moment-là, l’État se retirera – sans perte, mais si tout va bien, avec un bénéfice considérable.

Ces interventions dans le secteur bancaire ont fait monter la dette publique brute à 14,5%, la dette nette étant bien sûr moins élevée, parce que le soutien accordé par l’État a valu à celui-ci des actifs considérables.

Juste un mot pour terminer: je suis conscient que beaucoup de petits actionnaires de Fortis sont fâchés soit parce que, employés ou anciens employés de la banque, ils étaient loyaux envers leur patron, soit parce qu’ils ont aidé la BGL à augmenter son capital. Je comprends que les petits actionnaires soient fâchés. Ensemble avec la Belgique, nous cherchons des solutions permettant de les indemniser, avec la Belgique, parce que «nos» petits actionnaires sont en fait des actionnaires du holding Fortis belge.

Et un tout dernier mot dans ce contexte: j’ai lieu de remercier les partis de l’opposition dans cette enceinte pour le soutien qu’ils nous ont accordé. Ils ont réagi de manière responsable et n’ont pas essayé de profiter de la situation. Voilà la démarche qu’il faudra adopter toujours dans notre petit pays: nous disputer quand nous en avons envie, être solidaires et nous entraider quand c’est nécessaire.

Monsieur le Président,

Qui dit banque, dit également secret bancaire.

Le secret bancaire luxembourgeois n’est pas à l’origine de la crise. Ni directement, ni indirectement.

Toutefois: si on plaide, à juste titre, en faveur de plus de transparence sur les marchés financiers et, partant, sur les places financières, on ne peut complètement éviter les questions liées au secret bancaire.

Le Luxembourg n’est pas un paradis fiscal. C’est pour cette raison qu’il aurait été impossible à Monsieur Müntefering d’envoyer des soldats au Luxembourg, parce qu’une fois arrivés chez nous, ils n’auraient pas su que faire ici. Bien qu’envoyés dans un paradis fiscal, ce n’est pas dans un paradis fiscal qu’ils seraient arrivés. Il n’en reste pas moins que le président du SPD aurait bien fait de garder cette remarque pour lui. Dieu merci, nous ne recourons plus en Europe aux soldats pour régler nos problèmes.

Le Luxembourg est une place financière dotée d’un secret bancaire. Depuis des années, nous disons chez nous et à l’étranger que nous renoncerions à la forme actuelle du secret bancaire si nos concurrents au niveau européen et mondial le faisaient en même temps et selon les mêmes modalités quant au contenu. Ils y sont prêts maintenant et nous pouvons dès lors adopter les standards de l’OCDE et intégrer l’échange d’informations sur demande dans nos conventions de non-double imposition. Cela nous permet de conclure plus de conventions de non-double imposition, et ce à de meilleures conditions. Il faut savoir en effet que ces dernières années, nombre de pays ont refusé de négocier ce genre de traité avec nous – précisément à cause du secret bancaire. À présent, nous ne sommes plus bloqués en matière de traités au niveau international, ce qui est une bonne chose pour notre industrie des fonds et d’autres secteurs de notre économie. Beaucoup s’étonneront probablement que nous ne perdions pas grand-chose, mais qu’au contraire nous bénéficiions de nouvelles opportunités.

Cependant, je reste fâché de ce qui s’est passé, avec tant de bruit, au G20 de Londres. Le fait que le Luxembourg, après avoir accepté d’introduire l’échange d’informations sur demande, ait été inscrit, avec beaucoup d’autres, sur une liste grise, est incompréhensible. Si les îles Anglo-Normandes sont tombées, du jour au lendemain, entre les mains de M. Propre et que celui-ci est parvenu à les blanchir avant la fin de la nuit, cela témoigne de l’efficacité du nettoyant utilisé. Je ne savais pas que la nouvelle adresse de M. Propre se situait au 10 Downing Street. Le fait que Macao et Hongkong se soient détachés de la Chine, alors qu’ils n’avaient rejoint son territoire qu’il y a quelques années, n’a pas seulement surpris des géopoliticiens bien informés. Le fait que les États américains du Delaware, du Wyoming et du Nevada aient reçu la bénédiction du G20 garantit à ces paradis de nouvelles richesses. Et que les places financières russes soient aujourd’hui, selon la liste du G20, plus «blanches» que le Luxembourg, la Suisse et l’Autriche, même les Russes n’y croient pas.

Le G20 aurait mieux fait d’établir une liste blanche des pays consacrant plus de 0,7% de leur PIB à la politique de développement et une liste noire comme jais des pays qui ne tiennent pas leurs promesses d’augmenter massivement les fonds consacrés à la politique de développement. Dans ce cas-là, nous aurions figuré sur la liste blanche, alors que ceux qui nous ont inscrits sur la liste grise se seraient retrouvés sur la liste noire comme jais. Concluant à présent nos conventions de non-double imposition, nous figurerons sur la liste blanche. Or, les autres restent inscrits sur la liste noire de ceux n’assumant pas les responsabilités qui leur incombent dans le monde. Nous assumons les nôtres.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Je ne vous ai pas caché que 2009 sera une mauvaise année pour l’économie. Or, d’autres mauvaises nouvelles suivront tant avant qu’après les élections. Le chômage, le nombre de faillites, les déficits et les dettes continueront à augmenter. Les partis auraient tort d’idéaliser la situation. Les citoyens quant à eux feraient bien de vérifier dans quelle mesure les programmes des différents partis sont réalisables, compte tenu de la crise. Les élections ne feront pas disparaître la crise. Il n’y a pas de différence entre l’avant-élections et l’après-élections. La crise continuera même si le gouvernement change. Et elle continuera également si le gouvernement reste en place. C’est pour cette raison que nous devons nous occuper ensemble de la crise et de ses conséquences à court, moyen et long terme. C’est ce que les gens attendent de nous. À juste titre. Un alarmisme excessif n’est pas de mise: je suis convaincu que nous arriverons à surmonter la crise et que notre pays trouvera de nouvelles chances, de nouvelles possibilités et de nouvelles opportunités. Ce qu’il nous faut pour le moment, c’est un réalisme calme.

Nous en avons notamment besoin pour venir à bout du chômage.

Le chômage est le problème qui nous préoccupe le plus.

La situation sur le marché du travail n’est pas bonne. Certes, notre taux de chômage reste l’un des moins élevés en Europe. Dans les autres pays européens, la situation du marché du travail s’est dégradée encore plus rapidement que chez nous. Toutefois, le fait est que nous avions en février un taux de chômage de 5,6% contre 4,5% l’année dernière. Les chiffres sont très clairs: en février 2009, 13.006 personnes étaient sans emploi, alors qu’en février 2008, leur nombre ne s’était élevé qu’à 10.185, soit un plus de 2.821 personnes, une augmentation de 27,7%! Parallèlement, le nombre d’offres d’emplois est passé de 2.301 à 1.495. Soit un recul de 35%! Le nombre de chômeurs indemnisés était de 7.107 en février 2009, contre 5.077 en février 2008. L’augmentation de ce chiffre montre que le nombre de licenciements est actuellement plus élevé que d’habitude. Les contrats de travail à durée déterminée et les contrats de travail intérimaire sont les premiers à être résiliés. Heureusement que nous sommes le pays européen présentant, avec 95%, le taux le plus élevé de contrats de travail à durée indéterminée. Si, comme d’autres l’ont fait, nous avions procédé à une «ultraflexibilisation» du droit du travail, le nombre de chômeurs serait considérablement plus élevé dans notre pays. Notre droit du travail constitue une protection contre les licenciements précipités. Je dis cela à ceux qui, en 1999, ont critiqué dans cette enceinte la réforme de la protection contre le licenciement en lui reprochant un excès de rigidité et un manque de flexibilité.

10.000 personnes sont en chômage partiel, tendance à la hausse. La réforme de la loi sur le chômage partiel contribue à éviter l’augmentation du chômage. Cependant, cette réforme a un prix: en 2009, le Fonds pour l’emploi doit faire face à des dépenses supplémentaires de 130 millions d’euros, 130 millions que nous puisons dans les plus-values réalisées en 2008. Le chômage partiel vaut mieux que le chômage tout court. Nous invitons les patrons à donner la priorité au chômage partiel plutôt qu’aux licenciements. Je leur dis ceci: évitez les licenciements qui ne sont pas absolument nécessaires, parce qu’une fois la reprise engagée, vous aurez besoin de votre personnel. Organisez des actions de formation continue ou laissez votre personnel suivre des cours de formation continue. Dans ce cas, les personnes concernées toucheront à titre d’indemnité, au lieu des 80% actuels, 90% de leur dernier salaire ou traitement. D’une manière générale, les entreprises sont invitées à recourir dans la mesure du possible aux instruments de la politique de l’emploi existants que sont les plans de maintien dans l’emploi, les aides fiscales en cas d’embauchage de chômeurs, qui seront augmentées par la loi, l'aide au réemploi que nous voulons étendre aux frontaliers, la préretraite-solidarité, les possibilités de stages en entreprise. En un mot, les entreprises ont une responsabilité sociale qu’elles doivent assumer. Grâce au programme conjoncturel, les entreprises ont travail et commandes. Il ne faut pas qu’elles contrarient son impact sur le marché du travail en procédant à des licenciements précipités.

J’ai invité les partenaires sociaux à se réunir le 6 mai pour discuter les possibilités de stabilisation de l’emploi. Ce ne sera pas une simple petite réunion autour d’une tasse de café, ni une manifestation alibi. Je veux des accords concrets. Des engagements de la part des uns et des engagements de la part des autres. Ce n’est pas la peine de revendiquer des mesures de démantèlement du droit du travail. Je rejetterai ces revendications comme par le passé. Le rendez-vous du 6 mai est important. Il se basera sur les conclusions du ministre du Travail et de l’Emploi et du ministre de l’Économie, auxquels je tiens à exprimer mon respect pour les actions préventives qu’ils mènent discrètement dans le cadre de leurs relations quotidiennes avec les entreprises en difficulté. Ces deux ministres – et notamment le ministre du Travail – ne gèrent pas le chômage. Dans des douzaines d’entretiens avec des entreprises, ils cherchent à éviter le chômage. Les journaux ne parlent pas de leurs efforts. Du reste, ce n’est pas nécessaire. Vous devriez savoir toutefois que ces efforts sont faits.

Même en temps de crise, il ne faut pas considérer le chômage comme une fatalité. La lutte contre le chômage doit être reprise jour après jour. C’est épuisant, mais ceux qui n’ont pas d’emploi, bien qu’ils en recherchent un, sont eux aussi las de leur situation.

Il est un autre point qui nous préoccupe et qui ne se limite pas au court terme. Il s’agit de la durabilité, de la soutenabilité à moyen et long terme de nos systèmes de pension. L’expérience de la crise rend ce point encore plus préoccupant.

Le financement futur de notre système de pension dépend dans une très large mesure de notre puissance économique. Si la puissance économique diminue, les prestations de pension et de rente ne peuvent augmenter. Ceux qui peuvent me prouver le contraire sont invités à le faire dans le cadre de ce débat sur l’état de la nation. Personnellement, je pense qu’au cours de la prochaine législature, un relèvement général des rentes et pensions ne sera pas possible. Il est vrai que les réserves de nos caisses de pension augmentent actuellement au rythme de 800 millions d’euros par an. Par conséquent, il n’y a aucun besoin urgent de reconfigurer le système. Toutefois, sur le long terme, les choses risquent de se présenter différemment: la Commission européenne a reconfirmé hier son estimation selon laquelle les dépenses liées, dans notre pays, aux rentes et pensions augmenteront entre 2007 et 2060 de 18 points de pourcentage du PIB. D’ici 2060, la charge liée au paiement des pensions passe de 8,7% du PIB à 23,9%. Si cela est inexact – s’il est inexact de dire que dans 50 ans, nous devons affecter un quart de notre richesse nationale au paiement des rentes et pensions – essayons de prouver à la Commission qu’elle a tort. Avis aux amateurs! Aux amateurs!

La probabilité que cela n’est pas totalement faux est confirmée par le fait que pendant la crise et après la crise, le potentiel de croissance de l’économie luxembourgeoise diminue et aura diminué. Rien ne garantit qu’à l’avenir, notre économie nationale connaisse une croissance annuelle de 4%. À terme, notre potentiel de croissance sera inférieur à 3%, voire, à très long terme, inférieur à 2%. Cela n’est pas certain. Mais c’est possible.

Les partis n’aiment pas trop ce sujet. Les retraités non plus, bien que leurs pensions soient assurées. Ceux qui ne sont plus loin de la retraite ne l’aiment pas non plus. Par contre, ceux qui commenceront à travailler demain et qui seront retraités dans 40 ans dressent l’oreille.

Je ne crois pas que le système de pension aille à la catastrophe. L’amélioration de la productivité du travail, le renforcement de l’emploi et l’amélioration de la performance de l’économie sont des garanties potentielles. Mais si, malgré tout, la Commission avait raison…? Que ferons-nous dans ce cas, quand ce sera trop tard? Quand cela fera-t-il vraiment mal? Vu qu’il n’est pas nécessaire d’agir à court terme, j’aimerais proposer ceci: dans les années à venir, réunissons-nous tous autour d’une même table. Examinons ensemble – partis et partenaires sociaux – comment nous pouvons réagir par étapes à une situation correspondant aux prévisions de la Commission européenne. Disons aux gens avant les élections qui suivent les prochaines élections – car pendant les cinq prochaines années, il n’y aura vraiment pas de problème – comment nous entendons réagir au cas où la Commission et d’autres auraient malgré tout raison. Où et de quelle manière ferons-nous des économies? Quels autres modes de financement existe-t-il? Quels efforts et réformes sommes-nous prêts à faire? Et si les prévisions de la Commission européenne et d’autres acteurs ne se réalisent pas, eh bien, dans ce cas-là, nous déciderons de ne pas faire ce que nous croyons nécessaire pour le cas où les prévisions de la Commission européenne et des autres se réaliseraient. La table ronde des pensions que nous avons eue n’a d’ailleurs pas exclu l’éventualité de devoir adopter une politique plus modeste; en même temps, elle a proposé des pistes concrètes pour sa mise en œuvre. Je vous invite à nous repencher sur la question dans les années à venir. Là encore, il n’y a plus de place pour le lamento-alarmisme; ce qu’il faut, c’est un réalisme calme et pragmatique. Le résumé des entretiens menés avec les partenaires sociaux au sujet des rentes et pensions, que le ministre de la Sécurité sociale est en train de finaliser, constitue une base valable pour la poursuite de nos réflexions.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Je viens de dire que la fiabilité de nos systèmes d’assurance vieillesse dépendait de notre puissance économique. Voilà une affirmation qui concerne plutôt le long terme. Cependant, elle est également vraie en ce qui concerne le court et moyen terme. Notre avenir immédiat dépend de la consolidation de notre tissu économique et de son développement diversifié.

C’est pourquoi – malgré la nécessité de diversifier notre économie dans son ensemble – il faut que notre place financière reste solide. La place financière conserve une importance capitale. Elle doit s’adapter, et elle est d’ailleurs en train de le faire. Après la crise, elle n’aura plus l’importance primordiale qui lui revient actuellement. Cependant, elle restera l’un des «grands axes» de notre «réseau de transports économiques». C’est pourquoi les activités de promotion de la place financière revêtiront une importance croissante. L’initiative Luxembourg for Finance – tout comme, à un niveau plus général, Luxembourg for Business – véhicule une image positive de la place et, ce faisant, elle en corrige un certain nombre de perceptions erronées. La place financière doit continuer à élargir l’éventail de ses produits financiers en favorisant des spécialités spécifiquement luxembourgeoises, actuelles et futures. Ce gouvernement a établi un étroit partenariat de promotion avec la place financière et le prochain gouvernement doit en faire autant. La politique luxembourgeoise ne fait pas une croix sur la place financière. Bien au contraire: il faut la renforcer. Et nous la renforcerons. Car la place financière reste un élément essentiel de notre paysage économique.

Toutefois, si nous voulons rester un ensemble économique en croissance, nous ne pouvons pas compter sur la seule place financière. Il faut renforcer d’autres secteurs économiques. L’approche idyllique d’une prospérité reposant sur la place financière doit faire place à une approche agressive de diversification multisectorielle. La place financière n’est pas un oreiller pour se reposer. Nous devons changer les draps de notre lit économique. Un lit sans oreiller n’est pas confortable. Cependant, un oreiller ne suffit pas pour faire un lit. Si on veut s’allonger, il faut plus qu’un oreiller. Surtout si on a de longues jambes. Et de longues jambes, c’est bien ce que nous voulons. C’est pourquoi il faut la mise en œuvre intégrale du plan d’action Logistique. La logistique est un domaine d’avenir que le ministre de l’Économie a mis au jour avec un jugement sûr. Son potentiel est important. Il faut en profiter. C’est pour la même raison qu’il faut redoubler nos efforts dans le domaine des technologies de la santé et des écotechnologies. Ces dernières années ont vu s’implanter au Luxembourg une douzaine d’entreprises du secteur de la communication et des médias. Non pas pour des raisons fiscales. Le ministre des Communications, monsieur Schiltz, s’attend à en accueillir encore beaucoup chez nous. Une fois qu’elles seront là, elles contribueront à élargir notre paysage économique.

La recherche et l’innovation au sens le plus large du terme revêtent une importance prioritaire. Un pays qui ne fait pas de recherche, un pays qui n’ose pas explorer des espaces inconnus est un pays sans envie d’avenir. Or, il faut que nous ayons envie d’avenir. Et du reste, nous avons montré que nous avons envie d’avenir: pendant cette législature, les investissements dans la recherche sont passés de 72 millions d’euros à 215 millions d’euros. Ce qui veut dire que pendant cette législature, nous avons triplé nos efforts en matière de recherche. Ces efforts, il faut les poursuivre en respectant les grandes lignes que j’ai exposées dans cette enceinte lors du discours sur l’état de la nation de mai 2008. Je suis d’avis que pendant la prochaine législature, nous devrons être en mesure de faire passer l’effort de recherche – tant public que privé – à 3% de notre PIB. Si nous y parvenions – et il faut que nous y parvenions – notre place dans l’avenir serait définitivement assurée. Seuls ceux qui font de la recherche aujourd’hui, qui cherchent aujourd’hui, découvriront ce dont nous aurons besoin demain. Nous devons devenir un peuple avec des perspectives d’avenir, sinon nous risquons de rester des chauffeurs qui regardent dans le rétroviseur plutôt que de porter leur regard sur les larges avenues qui se trouvent devant eux. C’est précisément en temps de crise qu’il faut appuyer sur l’accélérateur de l’avenir, le frein et la marche arrière sont des instruments de bord réservés aux peureux.

Nous nous préoccupons du chômage et du financement à long terme de notre Sécurité sociale. Nous voulons faire avancer la stratégie de diversification multisectorielle, parce que nous voulons nous affranchir de notre dépendance de la place financière, bien que nous continuions à rechercher son essor.

L’environnement nous préoccupe également. Particulièrement en temps de crise. Je veux éviter de donner l’impression que le gouvernement veut profiter de la crise et du programme conjoncturel par lequel il veut la combattre, pour accorder moins d’importance à l’environnement. Il ne faut pas que la protection de l’environnement et le souci écologique soient victimes de la crise et de la lutte contre celle-ci. On ne lutte pas contre la crise économique en oubliant la catastrophe climatique et en inscrivant le développement durable de notre environnement dans les «etc.» de nos préoccupations. Le gouvernement ne l’a d’ailleurs pas fait et le prochain gouvernement ne doit pas le faire non plus. La crise économique passera. La catastrophe climatique restera. C’est pourquoi le redressement économique ne doit pas se faire aux dépens de l’environnement.

La nécessité d’accélérer les procédures d’autorisation ne constitue pas un attentat contre le soin de l’environnement. Il ne faut pas décider dans un délai de trois mois si un projet répond aux exigences écologiques et de durabilité ou non. Mais d’un autre côté, il ne faut pas non plus sept ans. Nous voulons accélérer les procédures sans porter atteinte à l’environnement.

Au contraire: je pense que la crise économique est – comment dire – «une chance» pour l’environnement et la protection du climat. Protection de l’environnement et lutte contre la crise vont ensemble. La crise, c’est le moment de promouvoir les énergies alternatives. La crise, c’est le moment de nous affranchir progressivement de notre dépendance des énergies fossiles. La crise, c’est le moment de profiter des écotechnologies sur les plans économique et social. «J'aime», disait le philosophe français Blaise Pascal, «les choses qui vont ensemble». La lutte contre la crise et l’écologie vont ensemble. Nous l’avons prouvé au cours de la législature écoulée. Peut-être pas encore à cent pour cent. Mais en tout cas plus que jamais auparavant. Je peux faire ce genre de comparaison, parce que cela fait déjà assez longtemps que je suis en fonction. Ces cinq dernières années, le ministre de l’Environnement a plus que rempli sa mission.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

La crise économique dont j’ai tant parlé – mais j’étais obligé d’en parler autant, parce que c’est la principale préoccupation des gens – n’est pas le seul point qui nous préoccupe. Le gouvernement avait, au cours de cette législature, encore d’autres préoccupations. Il a essayé de donner une réponse cohérente aux questions qui préoccupent la société. Une réponse homogène.

On pouvait le constater notamment dans le vaste domaine de ce qu’on appelle la politique sociétale. La politique sociétale définit la façon dont nous vivons ensemble et dont nous nous arrangeons avec les autres. Les progrès réalisés dans ce domaine sont évidents.

Nous avons voté une nouvelle loi sur l’immigration. Nous avons voté une nouvelle loi sur l’intégration. Nous avons voté une nouvelle loi d’asile. Nous avons introduit un nouveau droit de la nationalité en votant une loi sur la double nationalité. Nous avons voté une loi sur le congé linguistique. Toutes ces lois renforcent la cohésion de la société luxembourgeoise.

Cette cohésion concerne également les relations entre les adultes et les enfants. La garde des enfants est importante. En 2004, l’État et les communes ont assuré la garde de 7.481 enfants. En 2008, ce nombre est passé à 23.000. Dans les maisons relais, 9.000 places supplémentaires sont en cours de projet. En 2000, l’éducation précoce a accueilli 2.802 enfants. Actuellement, leur nombre s’élève à 4.032. En termes de chiffres et en termes de qualité, la garde des enfants a été considérablement améliorée au cours des dernières années. Il faut poursuivre ce processus. L’introduction des chèques-services a fait l’objet de nombreuses critiques. Or sur le terrain, les chèques-services sont bien accueillis: à ce jour, quelque 30.000 demandes de chèques-services ont été introduites. C’est un succès! Et, d’une manière générale, madame Marie-Josée Jacobs peut être fière de ce qu’elle a fait pour les familles et les enfants au cours des dernières années.

Bien sûr, le vivre-ensemble concerne également la vie en couple. Nous avons étendu les avantages fiscaux des couples mariés aux couples hétéro- et homosexuels vivant en partenariat. On parle très peu de ce progrès juridique. Il est masqué par la revendication du mariage homosexuel, revendication qui me déplaît. Il est plus important de donner aux homosexuels les mêmes droits. Le reste viendra lorsque la société y sera prête.

La politique de l’enseignement est elle aussi un élément de la politique sociétale. Au cours de cette législature, l’enseignement a fait l’objet d’une réforme en profondeur, et ce plus que pendant aucune autre législature. La réforme de la loi de 1912 a donné de nouvelles bases à l’enseignement fondamental; la formation professionnelle a été réformée; on a introduit le Neie Lycée; on a donné une nouvelle chance à la Nei Schoul; nous avons diversifié les filières de formation; nous avons endigué l’échec scolaire; notre enseignement est à présent adapté au présent et à l’avenir. L’ensemble de ces réformes, auxquelles il faut en ajouter d’autres, est le fruit du travail énergique de la ministre de l’Éducation nationale, Mady Delvaux. Si ces réformes ont pu être votées, c’est grâce à la détermination et la volonté communes des deux partis de la coalition.

Nous avons modernisé notre économie. Nous l’avons modernisée en adoptant une logique poussée de diversification: e-commerce, écotechnologies, technologies de la santé, biotechnologies, nouvelles initiatives dans le domaine de la recherche et de l’innovation.

Cette vague d’innovations est particulièrement manifeste dans le secteur de la communication et des médias. Au début de la législature, nous nous étions fixé comme objectif l’amélioration des infrastructures de communication et notamment le développement des lignes à haut débit nationales et transfrontalières. Nous savions que ce serait bon pour l’économie.

Nous savions qu’il y avait une demande générale pour surfer plus rapidement et dans de meilleures conditions.

Au début de l’an 2000, nous nous étions fixé comme objectif d’étendre la couverture haut débit, c’est-à-dire Internet rapide, à 95% des ménages et entreprises. Nous avons dépassé cet objectif. Le Luxembourg est le premier pays de l’OCDE à disposer d’une couverture de quasi 100%, c’est-à-dire que partout dans le pays, on peut avoir accès à lnternet à haut débit. Au cours des cinq dernières années, le nombre de raccordements à haut débit a été multiplié quasiment par huit pour s’élever en 2008 à 128.500. 80% des ménages ont actuellement accès à Internet à haut débit. Seuls trois pays européens font – légèrement – mieux.

La connectivité dans l’ensemble excellente dont nous bénéficions a un impact direct sur la compétitivité internationale de notre pays.

Parmi les 154 pays dont la performance est mesurée, nous occupons actuellement la 7e place en matière d’utilisation par les entreprises des technologies de communication. En ce qui concerne les prix d’utilisation des services de communication, les nôtres sont les troisièmes plus bas au monde. Nous voulons développer notre position parmi les leaders internationaux de la communication. Pour cette raison, nous investissons au cours des prochaines années 200 millions d’euros dans Luxconnect et Tera-Link. Le ministre des Communications, Jean-Louis Schiltz, est tombé amoureux des technologies d’avenir. Son amour produit de bons résultats.

Bien sûr, la modernisation du pays implique également son écologisation. Là encore, si l’on considère le résultat final, les efforts du gouvernement sont en fait remarquables. Les émissions de CO2 ont reculé de 5,2% par rapport au niveau de 1990. Les émissions de CO2 baissent nettement. Cette baisse est, pour une part, liée à la crise économique. Pour l’autre part, elle est le résultat d’une politique active de réduction.

La proportion de voitures peu polluantes augmente, celle des «empesteurs» diminue.

Au cours des dernières années, des milliards d’euros ont été investis dans le transport ferroviaire, les chemins de fer. En l’espace de cinq ans, les investissements dans les transports ferroviaires ont augmenté de 179%. Le nombre de passagers ferroviaires a augmenté de 25% par rapport au niveau d’il y a quelques années. Le volume du fret ferroviaire n’a jamais été aussi important qu’aujourd’hui. Globalement, le nombre d’utilisateurs des transports en commun a augmenté de 20,6%. En matière d’offre publique de bus et de ramassage scolaire, on constate une augmentation de 28%. Depuis 2004, le réseau de bus publics a bénéficié de la mise en service de trente nouvelles lignes, dont onze lignes transfrontalières. Trente-cinq nouvelles lignes de ramassage scolaire ont été mises en service pour desservir les différents lycées du pays. Vingt-six lignes de bus publiques ont vu l’introduction d’un horaire cadencé, si bien qu’actuellement 135 des 288 lignes de bus du RGTR fonctionnent selon un horaire cadencé. Le kilométrage annuel des autobus est passé de 33,5 à 43,7 millions de kilomètres, soit une augmentation de 13%. Quant au nombre de passagers, il est passé de 33.600.000 à 38.400.000, soit un plus de 14,3%. 13% de kilomètres et 14,3% de passagers en plus, n’est-ce pas là une politique de transport durable? C’en est une!

Les efforts de modernisation du pays se manifestent également à travers la nouvelle loi agraire, le nouveau plan quinquennal d'équipement de l'infrastructure touristique, les multiples simplifications administratives que les différents ministères, notamment celui des Classes moyennes, ont mises en œuvre au cours des dernières années. Cette approche orientée vers l’avenir se manifeste à travers le pacte logement, la nouvelle loi sur le bail à usage d’habitation, les plans sectoriels et globaux finalisés ou presque du ministre de l’Aménagement du territoire, Jean-Marie Halsdorf, et la réussite extraordinaire du réaménagement du site Belval, qui montre que ce gouvernement, loin de faire une croix sur le sud, a plutôt la volonté de le mettre sur orbite.

La volonté d’avancer se manifeste encore à travers la politique de la fonction publique. Avec le consentement de l’authentique syndicat représentatif de la fonction publique, la CGFP, nous avons conclu au cours de cette législature des accords salariaux modérés. Vous les avez votés. Vous étiez donc d’accord. En plus, nous nous sommes mis d’accord avec la CGFP – qui n’est que très rarement un interlocuteur facile – sur les conditions d’accès à la fonction publique luxembourgeoise des citoyens de l’Union européenne. Je dois la remercier pour les concessions qu’elle a faites sur ce point. Les négociations avec la CGFP sont toujours difficiles. Mais elles sont toujours productives. Parce que le gouvernement et la CGFP poursuivent le même objectif. Celui d’une fonction publique performante et efficace qui ne refuse pas le progrès. J’attache une grande importance à la poursuite, avec la CGFP, d’un dialogue ambitieux en termes de contenu. C'est la manière dont nous avons procédé au cours de cette législature. Et c’est de la même manière que doit procéder le prochain gouvernement. Et, dans ce contexte on peut dire que, d’une manière générale, le dialogue social est essentiel au Luxembourg et répond à une nécessité existentielle. Le modèle social luxembourgeois, la tentative de tout faire pour trouver des dénominateurs communs entre les points de vue du gouvernement, du parlement et des partenaires sociaux, doit rester au cours des cinq prochaines années un élément déterminant de la politique luxembourgeoise. Bien qu’élus, le gouvernement et le parlement ne représentent pas la totalité de la réalité socio-économique du pays. Nous avons besoin du concours des syndicats, nous avons besoin du concours des organisations patronales. Le Luxembourg est un ensemble qui se compose de la manifestation de volontés politiques et d’un paysage de revendications représenté par les syndicats et les organisations patronales. Si le Luxembourg était une entreprise, le gouvernement, en tant que dirigeant suprême du pays, pourrait s’imposer contre l’ensemble des autres forces, sensibilités et états d’esprit. Or, le Luxembourg n’est pas une entreprise. Le Luxembourg est un État. Le Luxembourg est une nation. Une nation ne se compose pas que du gouvernement et du parlement. Le Luxembourg est un impressionnant ensemble d’interactions. Un ensemble d’interactions entre le parlement et les partis, le gouvernement et la coalition, les patrons et les syndicats, les organisations non gouvernementales et la société civile, un ensemble d’interactions entre les plus précieux éléments de notre pays. Une démocratie moderne ne se résume pas à la Chambre des députés et au gouvernement. Cependant, c’est à la Chambre des députés et au sein du gouvernement que doivent se dessiner et se dégager les décisions suite aux discussions avec les représentants non élus de la société. Voilà ce que nous avons fait par le passé. Et c’est également ce qui doit se faire à l’avenir.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Ceci est ma 15e déclaration sur l’état de la nation. Aucune des déclarations précédentes n’a été aussi difficile que celle-ci. Et si aucune de ces déclarations n’a été aussi difficile que celle-ci, c’est parce qu’on sait si peu de choses sur ce qui va se passer. Nous vivons dans un monde incertain, dans un environnement incertain, nous évoluons dans un contexte économique dont personne ne connaît exactement les plis. Jamais le chemin de la sécurité – si vous me permettez ce clin d’œil – n’a été aussi difficile à trouver qu’aujourd’hui. Non seulement pour ceux qui déclarent le suivre, mais aussi pour ceux qui s’en moquent.

Cependant, je ne me suis pas uniquement cassé la tête sur l’avenir, et ce non seulement parce que je vieillis sans malheureusement – tout le monde s’en rend compte – gagner en maturité. J’ai également fait défiler dans ma tête les dernières décennies. Et je me suis rendu compte – je vous l’ai déjà dit – que j’ai assumé pendant 27 années des responsabilités gouvernementales que j’ai partagées avec 40 collègues. Des membres du PCS, du POSL et du PD. Je dois constater – bien que j’espère ne pas être arrivé à la fin de ma carrière politique – que tous ceux avec qui j’ai gouverné ce pays étaient animés par la volonté de bien s’acquitter de leur fonction. Vu cette expérience et vu que je sais que tous les partis candidats aux prochaines élections ont, en fait, de bonnes intentions, je ne suis pas prêt à condamner globalement l’un ou l’autre d’entre eux. Chacun de nous veut bien accomplir sa mission. Ne commençons pas, en ce début de campagne électorale, à insinuer que les autres veuillent le malheur du pays. Considérons que chacun veut le bien du pays. Les politiques et les partis ne s’affrontent pas en ennemis. Ce sont des concurrents qui se disputent au sujet de la meilleure voie à suivre par le pays. Je ne veux être l’ennemi de personne. Je veux être un concurrent respecté des autres. Et c’est pour cette raison qu’à la fin de mon discours, je veux tirer des conclusions «douces», non pas antinomiques ou hostiles.

Nous sommes en pleine crise économique. Je ne sais pas – et si je le savais, je vous le dirais – quand cette crise économique sera passée. Je sais uniquement qu’il s’agit de la crise la plus grave et la plus profonde depuis des décennies. Nous n’en sommes pas responsables, mais nous en souffrons. Je suis convaincu que les mesures internationales, notamment européennes, et nationales de lutte contre la crise produiront des effets positifs non pas en 2009, mais en 2010. Je suis convaincu que tous ces programmes conjoncturels, tant européens que nationaux, n’auront guère d’effets positifs si nous ne parvenons pas à remettre en marche le système bancaire et à rétablir le flux des crédits. Or, nous n’y parvenons que si nous arrivons à maîtriser la problématique de l’illiquidité liée aux produits bancaires et financiers toxiques. C’est un devoir mondial. C’est un devoir européen. Ce n’est que dans une très faible mesure un devoir national.

Je suis convaincu que nous autres Luxembourgeois pouvons nous libérer de la captivité babylonienne de cette crise financière et économique. Je crois que notre peuple et nous-mêmes, notre économie et nos partenaires sociaux sommes capables de nous libérer dans un esprit de solidarité de l’étreinte de cette crise. Or, nous n’y parvenons que si le contexte international le permet. Notre influence sur ce contexte est limitée. Quant à la présidence de l’Eurogroupe, elle ne confère pas non plus toutes les possibilités d’influence dont on aurait besoin pour faire en sorte que ce qui doit se faire, se fasse effectivement. Nous sommes un peuple intelligent. Nous sommes réalistes. Nous connaissons la différence entre le grand et le petit, nous connaissons les possibilités des grands ensembles et les possibilités marginales de correction de ceux qui sont plus petits. Nous nous sentons à l’aise – et nous l’avons prouvé si souvent – dans un contexte marqué par les actions parallèles, conjointes et parfois, malheureusement, antagonistes, des grands acteurs du terrain économique. Je suis convaincu qu’une fois la crise passée, le peuple que nous sommes, certes petit, mais animé par l’intelligence et le réalisme, sera en meilleure position que beaucoup d’autres. C’est ce que j’espère. Et c’est en même temps la volonté qui m’anime: la volonté de tout faire pour qu’après la crise, nous soyons plus forts que les autres. Nous avons créé les conditions nécessaires pour atteindre cet objectif. En réformant en profondeur – ceci est une considération à moyen terme – notre enseignement pour l’orienter vers l’avenir. En étendant notre diversification économique à de nouveaux domaines. En multipliant nos efforts dans les domaines d’avenir que sont la recherche et l’innovation. En conférant une dimension nouvelle, parce que pratique, à la conciliation entre activité professionnelle et vie familiale. En investissant avec détermination dans les technologies d’avenir, les TIC, l’e-commerce, les écotechnologies, la biomédecine. En donnant une nouvelle impulsion à la politique de l’environnement, politique de l’environnement qui n’est pas incompatible avec les exigences de la lutte contre la crise économique. En étant d’accord pour que, pendant la crise économique, on ne commence pas, en secret, à écrire solidarité avec un petit «s», mais qu’on l’écrive précisément en temps de crise avec un grand «S». La crise économique continuera de s’aggraver en 2009. Je veux lever tout doute sur ce point. Cependant, en automne, après les élections, personne ne viendra – moi du moins, je ne le ferai pas – démolir le système social du pays à coups de gros marteau. Ce qu’il nous faut, c’est un tournevis pour serrer différentes vis pour éviter que nos structures sociales ne s’écroulent. Le tournevis permet des ajustements, le gros marteau ne permet que des mesures violentes et destructrices. Nous ne voulons ni la violence ni la destruction. Nous voulons procéder à des ajustements fins quand nous croyons qu’il faut serrer les vis.

Il faut que tout le monde sache ceci: il y a des choses qui ne se produiront pas. Enfin des choses, dont je crois qu’elles ne doivent pas se produire. Il ne faut pas que les personnes à faible revenu, qui ne savent pas comment joindre les deux bouts à la fin du mois, soient les victimes de la crise. La solidarité est d’abord une obligation envers elles. Les forts peuvent porter des fardeaux plus lourds. Dans les années à venir, ils doivent éventuellement être prêts à le faire temporairement. Les faibles ne peuvent porter de fardeaux supplémentaires. C’est un principe dont je me porte garant. Dont les deux partis de la coalition se portent garants. S’il y a des fardeaux supplémentaires à porter, ce ne sont pas les faibles qui devront les porter.

Au cours de la prochaine législature, période où on sera confronté, au début, à des problèmes financiers, d’aucuns revendiqueront une réduction de l’aide au développement. Aujourd’hui personne ne le dit. Mais il y en a qui le diront demain. Je veux dire, les deux partis de la coalition veulent dire que pendant la crise, nous poursuivrons la politique de développement que nous avons engagée au cours des dernières années. Tant que, chaque jour, 25.000 enfants crèvent de faim, tant que toutes les neuf secondes un enfant meurt de faim, l’Europe et le Luxembourg n’auront pas fait face à toutes leurs obligations. Nous voulons maintenir notre aide au développement à un niveau élevé.

Il ne faut pas non plus que le budget de la culture soit revu à la baisse de manière drastique. En temps de crise, lorsque les finances vont mal et qu’il n’est plus possible de répondre à toutes les revendications, les gouvernements et les parlements ont tendance à réduire les budgets culturels. Nous sommes un pays dont le budget de la culture représente plus de 1% de son budget total. Nous devons rester un tel pays. Le Luxembourg est également un pays de culture. C’est ce que nous voulons rester.

Nous sommes un pays de culture, d’accord. Cela veut dire que nous sommes également un pays attaché à sa langue. J’aime beaucoup notre langue. Je m’efforce de la parler le plus correctement possible. Je suis d’avis que quiconque veut devenir Luxembourgeois doit être capable de s’exprimer dans notre langue. Je ne suis pas d’avis que tous ceux qui veulent devenir Luxembourgeois doivent savoir s’exprimer en luxembourgeois comme un avocat. De toute façon, les avocats luxembourgeois parlent français. Je veux que ceux qui viennent de plus loin nous comprennent correctement. Et je veux que, lorsqu’ils s’expriment dans notre langue et non pas dans la leur, nous les comprenions également. Je ne veux pas exagérer l’importance du luxembourgeois. Exagérer l’importance du luxembourgeois me déplaît. Cependant, minimiser l’importance du luxembourgeois me déplaît autant. Je veux qu’à l’intérieur de nos frontières, nous soyons capables de nous parler dans la même langue. Cela veut dire que nous autres Luxembourgeois parlent de temps en temps allemand ou français. Mais cela veut dire également que ceux qui viennent de plus loin sachent nous parler en luxembourgeois. C’est là une exigence, un «must», comme nous disons en luxembourgeois, de la cohésion nationale, demain plus qu’aujourd’hui.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Je l’ai déjà dit: c’est mon 15e discours sur l’état de la nation. Peut-être le dernier. Peut-être qu’il y en aura encore cinq, à voir. Aucune déclaration ne m’a coûté autant d’efforts. Je n’avais pas vraiment envie de dresser le bilan de l’activité gouvernementale. Parce que nous traversons une crise économique profonde: à quoi bon dresser des bilans sur plein de domaines à un moment où les gens sont préoccupés par leur avenir matériel et leur emploi? J’aurais pu dresser un vaste bilan. Parce que le gouvernement peut se prévaloir d’un bilan positif. Il peut le faire entre autres, parce que les deux partis gouvernementaux, bien que de poids différent, ont coopéré dans un esprit d’égalité, de collégialité et très souvent d’amitié. Sur le plan humain, les cinq dernières années ont été très enrichissantes pour moi. Sur le plan politique, c’étaient des années où on a travaillé pour le bien du pays. Cependant, ce qui est important, ce ne sont pas les cinq dernières années, mais les cinq prochaines années. Il ne m’était pas vraiment possible d’en parler, bien que beaucoup l’aient attendu de moi. Or, le mandat de ce gouvernement vient à échéance le 7 juin. Il m’était impossible de vous présenter ma vision de l’architecture politique d’ici 2014. Il m’était impossible de le faire, parce que je ne dispose pas de mandat gouvernemental m’autorisant à tenir un discours sur les cinq prochaines années. J’ignore ce que, le 7 juin, l’électeur décidera de faire du gouvernement et, partant, de moi. La seule chose que je sais, c’est que la crise est grave, qu’elle est grave dans le monde, qu’elle est grave en Europe et qu’elle est grave chez nous. Pour nous, c’est la crise la plus grave depuis des décennies. Et je sais que cette crise peut nous faire prendre du retard, mais qu’elle ne renversera pas les Luxembourgeois. Nous y arriverons. Nous y arriverons si nous nous entraidons et si nous sommes solidaires. Cela n’exclut pas les controverses sur les questions de détail. Mais ce qui importe, c’est la solidarité au service de la cause, de la cause des Luxembourgeois. J’aimerais continuer, au-delà du 7 juin, à me mettre au service de cette cause.

Membre du gouvernement

JUNCKER Jean-Claude

Organisation

Ministère d'État

Thème

Vie politique

Date de l'événement

21.04.2009

Type(s)

Déclaration sur l'état de la nation