Visite officielle du Premier ministre Jean-Claude Juncker en République de Chypre

C’est sur invitation du président chypriote, Tassos Papadopoulos, exprimée lors de sa visite officielle au Luxembourg, le 16 octobre 2003, que Jean-Claude Juncker s'est rendu du 25 au 26 janvier 2004 en visite officielle en République de Chypre. Il était accompagné du Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères Lydie Polfer.

La visite en République de Chypre a eu lieu à un moment crucial pour ce pays méditerranéen, qui adhérera à l'Union européenne au 1er mai 2004.


Tassos Papadopoulos accueille Jean-Claude Juncker et Lydie Polfer

Accueil chaleureux

Le 25 janvier 2004, en début de soirée, le Premier ministre Jean-Claude Juncker et la délégation luxembourgeoise furent accueillis à l'aéroport de Larnaka par le Vice-ministre des Affaires étrangères et ministre de l'Intérieur, Andreas Christou.


Jean-Claude Juncker et Andreas Christou, ministre de l'Intérieur de la République de Chypre

Lors d'un bref point de presse, le représentant du gouvernement chypriote s'est dit particulièrement heureux de pouvoir accueillir le Premier ministre du Luxembourg - un petit pays de l'Union européenne, certes, mais un grand pays pour Chypre. " Il ne faut pas mesurer le Luxembourg par sa taille", a-t-il precisé, "mais par son appui efficace en faveur de l'adhésion de la République de Chypre à l'Union européenne.

Jean-Claude Juncker, de son côté, s'est dit très heureux d'être en Chypre pour une première visite officielle, tout en ajoutant en souriant qu'il regrettait aussi qu'il vînt "avec un énorme retard sur l'histoire". "Je connais cependant bien Chypre", a-t-il tenu à preciser, "car ce fut lors du Conseil européen de Luxembourg, en 1997, que la décision d'ouverture de négociations fut prise. Les débuts ne furent, certes, pas faciles, mais mon gouvernement a toujours appuyé la candidature chypriote". "Aujourd'hui, à cent jours de l'adhésion à l'Union européenne, je suis en Chypre pour rencontrer les responsables politiques afin de discuter de certains problèmes qui subsistent; c'est un moment important pour Chypre et pour l'Union européenne", a affirmé Jean-Claude Juncker.

"Les prétendus petits Etats membres doivent veiller à ce qu'ils fassent toujours partie des solutions et non pas des problèmes", a déclaré le Premier ministre luxembourgeois dans ce contexte.

Le soir, le président Tassos Papadopoulos offrit un dîner privé en l'honneur de ses invités luxembourgeois.

Entrevues politiques

Le 26 janvier 2004, Jean-Claude Juncker a eu une entrevue avec le président Tassos Papadopoulos au Palais présidentiel.

Par ailleurs, le chef du gouvernement luxembourgeois et sa délégation ont eu l’occasion de rencontrer le président du Parlement, Demetris Christofias. Des entrevues avec le chef de l’opposition chypriote grecque, Nicos Anastasiades, et des représentants politiques turcs chypriotes eurent également lieu.


Jean-Claude Juncker et Demetris Christofias

Le Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères Lydie Polfer, pour sa part, a eu des entrevues avec le ministre du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme, George Lillikas, ainsi qu’avec le chef de la délégation de la Commission européenne en République de Chypre, Andriaan van der Meer.

La question de la réunification de l'île au centre des discussions

En raison du mouvement intervenu dans la question chypriote quelques heures avant l'arrivée de la délégation luxembourgeoise à Nicosie, l'essentiel des entretiens avec les interlocuteurs chypriotes a porté sur les multiples aspects de cette question. Le Premier ministre luxembourgeois était considéré par la partie chypriote comme un interlocuteur de premier choix dans la mesure où la Présidence luxembourgeoise de 1997 avait été déterminante pour la future adhésion de Chypre.

A l'issue de sa rencontre avec le président Tassos Papadopoulos, Jean-Claude Juncker a exprimé sa conviction que beaucoup d'ingrédients étaient réunis pour permettre à une démarche judicieuse d'apporter une solution à la question chypriote avant le 1er mai 2004, date de l'adhésion de la République de Chypre à l'Union européenne. "Le Luxembourg a toujours exprimé le point de vue que Chypre adhère en tant que pays unifié à l'Union européenne", a rappelé Jean-Claude Juncker, avant de spécifier: "A l'époque, la République de Chypre s'est engagée à oeuvrer en faveur de la réunification de l'île; aussi revient-il aujourd'hui à cette dernière de prendre ses responsabilités et de réaliser ses engagements pris à l'époque".  

Selon les affirmations du président chypriote, suite aux récentes déclarations du Premier ministre turc Tacyp Erdogan, la Chypre vient, en effet, de demander auprès des Nations unies des clarifications sur certains points en vue d'une relance des négociations avec la partie turque chypriote.


Visite de la "ligne verte", la ligne de démarcation qui scinde l'île en deux parties

Le président du Parlement chypriote, Demetris Christofas, a tenu à remercier Jean-Claude Juncker pour son "soutien sans faille et son engagement exemplaire", tout en rassurant la délégation luxembourgeoise que la République de Chypre ferait tous les efforts nécessaires pour régler le différend avant le 1er mai 2004. Demetris Christofas a, en outre, exprimé l'espoir que la Turquie et la partie chypriote turque changent leur philosophie afin que l'île puisse finalement accéder, unifiée, à l'Union européenne.

"Nous sommes prêts pour rejoindre la famille européenne", a signalé par ailleurs le président du Parlement, soulignant que Chypre a fait son devoir en matière d'harmonisation législative et donc en matière d'adoption de l'acquis communautaire.

Le ministre des Affaires étrangères, Lydie Polfer, pour sa part, a estimé que les deux parties devraient désormais surmonter leur méfiance réciproque et se libérer de leurs "grands" partenaires respectifs, afin que les négociations puissent reprendre rapidement.

L'entrevue informelle de Jean-Claude Juncker et de Lydie Polfer avec des représentants chypriotes turques était, par ailleurs, une première de la part d'un leader politique d'un Etat membre de l'Union européenne. Les nouvelles données dans la question chypriote ont été déterminantes pour cette démarche innovante. Le président de la Chambre de commerce chypriote turque, Ali Arel et le président du parti "Peace and Democratic Movement", Mustafa Akinci ont déclaré qu'ils étaient tout à fait favorables à ce qu'une solution soit trouvée avant le 1er mai 2004.

Les relations bilatérales

Lors de la rencontre du ministre des Affaires étrangères et du Commerce extérieur, Lydie Polfer, accompagnée du directeur de la Chambre de commerce luxembourgeoise Pierre Gramegna, avec George Lillikas, le ministre du Commerce, de l'Industrie et du Tourisme, il est ressorti clairement que la partie chypriote grecque souhaite renforcer davantage les relations économiques bilatérales. Deux secteurs ont particulièrement été identifiés lors de cette entrevue: le secteur du tourisme et celui des services financiers.

La présence du Luxembourg à la Foire internationale de Chypre, en février 2004, au travers d'un stand de la Chambre de commerce luxembourgeoise et de l'Office national du tourisme, constituera une première initiative à ce niveau.

Par ailleurs, selon les informations fournies par le Premier ministre, des réflexions sont en cours du côté de la compagnie aérienne Luxair en vue de relancer le dossier d'une liason aérienne entre Luxembourg et Larnaka.

75% de l'économie chypriote étant basée sur le secteur financier, la partie chypriote a exprimé le souhait d'établir des contacts avec l'ABBL, l'ALFI et l'ATTF en vue d'un accord en matière d'échange de stagiaires d'un échange de formation et d'expérience.

Visite de la "ligne verte"

En marge de la visite, Jean-Claude Juncker et Lydie Polfer se sont rendus, en compagnie du maire de Nicosie, Michalakis Zampelas, à la "ligne verte" qui divise l’île en deux parties depuis presque 30 ans mais dont le franchissement est autorisé depuis 2003.


Invité à signer le livre d'or du mémorial créé en hommage aux disparus des suites de l'invasion de l'île par les forces turques en 1974, Jean-Claude Juncker écrit: "This has to disappear!" ("Ceci doit disparaître!")

De Chypre Jean-Claude Juncker s'est rendu en Grèce dans la région de Thrace où l'Université démocrite de Thrace lui a decerné le titre de "Docteur honoris causa".

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