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Débat de consultation sur l'évolution de la crise internationale concernant l'Irak: prise de position du gouvernement luxembourgeois
Lors d’un débat de consultation à la Chambre des députés, le 26 février 2003, le Premier ministre Jean-Claude Juncker et le Vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Lydie Polfer ont exposé la position du gouvernement luxembourgeois sur l’évolution de la crise internationale concernant l’Irak.
Depuis le dernier débat à la Chambre des députés sur la crise irakienne, le 11 février dernier, deux événements importants sont survenus, a dit le Premier ministre : les manifestations contre la guerre partout dans le monde, le 15 février, et la réunion informelle du Conseil européen, le 17 février.
Comme les manifestants du 15 février, le gouvernement luxembourgeois continue à refuser « l’option de la guerre en tant que prolongement automatique de la politique » voire « la tendance à considérer la guerre comme une alternative émancipée à la politique et à la diplomatie ».
Pour ce qui est des conclusions du Conseil européen sur l’Irak, le gouvernement luxembourgeois se déclare entièrement en phase avec leur contenu qui correspond aux positions que le gouvernement a défendues depuis le début de la crise
Le Premier ministre a souligné que le message envoyé à Saddam Hussein était clair : il devait immédiatement et complètement désarmer, il devait coopérer avec les inspecteurs de l’ONU au risque de devoir faire face aux conséquences.
Les 15 Chefs d’Etat et de Gouvernement étaient d’accord pour dire que le désarmement de l’Irak devait se faire de manière pacifique. Ils étaient par ailleurs tous d’accord que le Conseil de sécurité de l’ONU devait être au centre de l’ordre international. C’était au Conseil de sécurité de tirer les conclusions de la non coopération de Saddam Hussein, et à lui seul.
Le Premier ministre a estimé que le Conseil européen avait montré clairement que le recours à la force ne pouvait être qu’un tout dernier moyen pour résoudre la crise.
Rappelant que le Conseil de sécurité était, depuis lundi, saisi d’un projet de résolution présenté par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Espagne, M. Juncker a indiqué que le gouvernement luxembourgeois ne voit pas « l’opportunité d’une deuxième résolution sur l’Irak ». Selon le Premier ministre, le travail des inspecteurs n’est pas encore terminé. Les inspections doivent être poursuivies, ce qui présuppose que Saddam Hussein fait enfin preuve de la pleine coopération requise par la communauté internationale.
« Nous sommes convaincus que l’Irak peut être désarmé pacifiquement et c’est pour cette raison que nous ne voulons pas que le processus de désarmement pacifique soit interrompu. ». Bien au contraire, les ressources et moyens des inspecteurs doivent être renforcés.
Les chefs d’Etat et de gouvernement avaient dit qu’ils n’excluaient pas le recours à la force, ils n’avaient pas dit qu’il s’agissait là de la prochaine étape, a souligné le Premier ministre en concluant. Le Vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Lydie Polfer, a insisté sur les efforts entrepris par le Gouvernement luxembourgeois au sein de l’UE, à l’OTAN et aux Nations Unies, pour faire entendre et renforcer la voix de la solution diplomatique et pacifique.
Elle a estimé qu’il importe de traiter de la crise irakienne dans les fora multilatéraux, où des règles et procédures nous guident et où petits et grands Etats se trouvent autour d’une même table pour trouver une solution aux grandes questions internationales. Pour nos intérêts à moyen et long terme une telle approche est également essentielle.
Mme Polfer a expliqué que lors du Conseil Affaires Générales et Relations Extérieures de lundi dernier, les Ministres des Quinze avaient débattu des deux textes qui allaient être soumis le même jour au Conseil de sécurité, à savoir le projet de résolution US/UK/ESP et le mémorandum franco-germano-russe. Elle s’est réjouie que les uns et les autres continuent à chercher une solution dans le cadre des Nations Unies, et a espéré que les discussions à venir au Conseil de sécurité allaient encore permettre de trouver des voies communes.
Pour le Vice-Premier ministre, un rôle particulier revient à l’Union européenne pour rappeler que la crise irakienne doit aussi être vue dans son contexte régional, et que l’engagement en faveur du processus de paix au Proche-Orient ne doit pas faiblir.
Les deux intervenants ont lancé un appel pour l’unité de l’Union européenne dans cette situation grave et ont mis en garde contre les conséquences négatives qui pourraient résulter d’une division.